« Bravo, félicitations à une personne qui a toujours continué sur sa voie malgré les modes. Bravo ». Voilà une appréciation qui m’avait été adressée en 2023 ; elle me touchait particulièrement.
Effectivement, je suis resté fidèle à la discipline que je pratique, démontre et enseigne depuis des décennies. Fidèle au ju-jistu et à tout ce qui l’entoure.
Je n’ai aucune envie de retourner ma veste (de judogi) ni mon pantalon, comme dans la chanson « l’opportuniste » de Jacques Dutronc. Ni d’ailleurs d’abandonner cette tenue. Le respect commence par celui que l’on doit à sa discipline.
Je reste fidèle à mes convictions, je n’ai aucune raison de renier une discipline techniquement aussi riche et porteuse (quand elle n’est pas dénaturée) de précieuses valeurs. Elle a traversé les siècles et donné tant de satisfactions à tant de monde et elle continue à en donner.
Certes, ce n’est pas d’elle dont on parle le plus depuis quelque temps. Mais ce n’est pas une raison (bien au contraire) pour faire la girouette en cédant aux sirènes de la mode.
Il ne s’agit pas d’un manque d’ouverture d’esprit. En tant que professionnel, en plus du ju-jitsu et du judo, j’ai pratiqué le karaté, l’aïkido, la boxe française et ce qu’on appelait à l’époque la boxe américaine.
On va me dire que ce sont des disciplines anciennes, qu’elles sont ringardes et dépassées. Que le kimono est à ranger au vestiaire des antiquités, ou pire au terminus de la ringardise. Évidemment je n’adhère pas à ces points de vue, mais chacun fait ce qui lui plaît, parfois pour le malheur des autres.
De toutes les façons, nous avons tous deux bras et deux jambes et sur le plan de l’efficacité, ce n’est pas l’effet de mode qui changera quoi que ce soit, mais la composition technique de l’art, la qualité de l’enseignant et évidemment le potentiel de l’élève. Un élève qui devra s’imposer une régularité dans les entraînements.
Et puis ces disciplines (que l’on dit anciennes) sont porteuses de valeurs éducatives que nous ferions bien de ne pas négliger.
Maintenant, une anecdote qui n’avait pas manqué de m’étonner, avec la confession d’un de mes ancien élève devenu enseignant, m’avouant qu’il appliquait « ma méthode », mais sous un autre nom, celui d’une discipline « plus à la mode ». On ne peut pas garantir la santé morale de tous nos anciens élèves !
D’autre part, je ne manque en aucun cas de respect envers les nouvelles pratiques – il faut que mille fleurs s’épanouissent – pour peu qu’elles remplissent un rôle éducatif.
Pour qu’un art martial s’inscrive dans la durée, ce qui n’est pas loin d’être un pléonasme, plusieurs conditions doivent être réunies, au moins trois, je les appelle les 3 E : Efficacité, Éducation et Épanouissement.
Enfin, quand vous êtes en parfaite harmonie avec l’art que vous pratiquez, pourquoi changer ? Cette fidélité et cette absence de compromission m’ont parfois joué des tours, mais on ne se refait pas !