Maître Kawaishi

Kawaishi2Ce nouveau billet est en parfaite liaison avec le précédent, puisqu’il s’agit d’un hommage à un personnage qui a écrit les pages les plus importantes du judo et du ju-jitsu français et qui n’est autre que l’inventeur des ceintures de couleur, il s’agit de Mikinosuke Kawaishi (1889 – 1969).
Maître Kawaishi est arrivé en France en 1936. Incontestablement il a été une des figures les plus marquantes du judo français et européen. C’est lui qui a véritablement installé le judo dans notre pays. C’est autant sa forte personnalité que ses compétences techniques qui ont fait aboutir sa mission et fondé sa réputation.
C’est davantage pour donner mon sentiment sur cet illustre personnage que pour retracer sa vie que j’avais envie de lui consacré ce billet. Il sera facile de retrouver tout son parcours via Internet.
Je ne l’ai pas connu personnellement. Pour moi il représente trois choses : les ceintures de couleur, en judo : la « méthode kawaishi », et puis, parallèlement  un programme de self-défense.
C’est lui qui a mis en place le système  des ceintures que nous évoquions dans le précédent article. En effet au Japon, avant la ceinture noire, n’existaient que la blanche et la marron. Maître Kawaishi a très vite compris l’esprit français empreint d’un besoin de reconnaissance matérialisé par des récompenses. C’est ainsi que naquirent les ceintures de couleur qui existent toujours à notre époque. Elles ont même fait des petits avec les demi-ceintures dans les années 1990. D’autres disciplines qui n’ont rien à voir avec les arts martiaux ont d’ailleurs adopté un système de graduation calqué sur ce modèle. Les « flocons » en ski, les « galops » en équitation, etc.
Pour gravir ces échelons, il eut une autre bonne idée en créant la fameuse « méthode Kawaishi ». Il s’agissait dans un premier temps de « nomenclaturer » les techniques en les classant par famille et en leur attribuant un nom bien français. Ainsi o-soto-gari devint 1er de jambe, de-ashi-barrai : 2e de jambe, ippon-seoe-nage : 1er d’épaule, ainsi de suite. Je pourrais presque toutes les réciter par cœur, elles ont été mon apprentissage. Par la suite, pour des raisons évidentes d’universalisation, l’appellation japonaise a été adoptée.
Parallèlement il a mis au point une méthode de self-défense. Pour des raisons que j’ignore, il ne souhaitait pas l’appeler « ju-jitsu », mais bien « self-défense ». Peut-être pensait-il  que nous étions réfractaires à l’appellation japonaise. Et que pour être bien compris, mieux valait utiliser un mot  plus facile à prononcer et très explicite. Pourtant, le mysticisme qui entourait tout ce qui venait d’Orient était bien présent à cette époque. Peut-être jugeait-il aussi que l’appellation ju-jitsu était dépassée par l’avènement du judo, ce qui fut le cas au japon, lorsque Jigoro Kano, à partir de l’ancien ju-jitsu, créera le judo.
Pour réaliser ses travaux, il ne faut pas oublier qu’il était assisté, entre autres de Moshe Feldankrais, physicien israélien proche de la famille Curie. Il a sans doute aidé Kawaishi à comprendre notre mentalité. En tout cas, cela s’est révélé être une collaboration fructueuse qui permit l’éclosion du judo en France et dans toutes les couches sociales. Les « mystères de l’est » fascinaient les novices, une méthodologie rigoureuse satisfaisait et fidélisait les pratiquants. Ceux d’aujourd’hui sont tous un peu des enfants de Maître Kawaishi.
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

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