Professeur : quelques bonnes raisons…

Professeur : quelques bonnes raisons d’aimer ce métier. Un métier que j’exerce avec la même passion depuis plusieurs décennies.

Pour ma part, je vois cinq bonnes raisons.

1 – D’abord le plaisir de transmettre un Art que l’on aime, participer modestement à sa longévité et ne pas garder pour soi ce que nos professeurs nous ont légué.

2 – Ensuite, se sentir utile. Utile dans le dojo en faisant pratiquer une activité physique (éducative et non pas destructive), mais pas que…Il faut réfléchir, se concentrer, ce qui n’empêche pas de se divertir. Ce qui est bon pour le corps l’est aussi pour l’esprit. N’oublions pas l’aspect utilitaire qui permet, grâce à une pratique assidue, d’acquérir des techniques utiles en cas de mauvaises rencontres, de nombreux témoignages émanant d’élèves en attestent.

3 – Puis, il y a la satisfaction de voir les élèves progresser. Que ce soit dans les disciplines où existent les compétitions, avec des résultats (sans leur donner une importance démesurée), ou tout simplement voir les élèves évoluer et s’exprimer avec de plus en plus de facilité, au travers des techniques et des enchaînements. Conduire un débutant jusqu’à la ceinture noire procure une belle satisfaction dont je ne me lasserai jamais. (Surtout si au départ ce n’était pas gagné !)

4 – On continue avec la reconnaissance des élèves. Effectivement, leurs remerciements dans lesquels ils avouent que parfois la pratique leur a changé, tout du moins modifié, la vie. Une pratique régulière, bien évidemment.

5 – Enfin, et ce n’est pas la moindre raison : participer à l’amélioration de la vie en société, grâce à un enseignement dans lequel on retrouve des valeurs et des comportements qui, appliqués à l’extérieur du dojo, seront utiles dans les relations humaines. Le respect, le contrôle, la relativisation de certains comportements, le goût de l’effort, la concentration, le rapport aux autres, tout simplement.

Voilà cinq bonnes raisons qui me font aimer ce métier. Peut-être que d’autres enseignants en trouveront des différentes et/ou des complémentaires.

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Le respect…

Le premier article de la saison porte sur un sujet majeur, un des piliers de l’éducation, une valeur fondamentale, notamment dans les arts martiaux : le respect.

Faisons le tour de ce qui doit être respecté dans un dojo.

Tout d’abord l’endroit. Rien de sacré dans ce lieu d’apprentissage et de partage, juste le respect de quelques règles de base de politesse, comme le salut, en y entrant et avant de monter sur le tatami. Pour des raisons d’hygiène, on ne marche pas pieds nus en dehors du tatami, et bien évidement on arbore la tenue dans laquelle la discipline doit être pratiquée et, cela va sans dire, elle se doit d’être propre. Quant au salut, il est exécuté collectivement au  début et à la fin de la leçon mais aussi avant de pratiquer avec un partenaire et au moment d’en changer. Il se fait dans une tenue correcte, c’est-à-dire que l’on rajuste son dogi avec la veste sous la ceinture, on ne salue pas débraillé.

Ensuite, dans un dojo on ne parle pas fort, on ne s’interpelle pas. Lorsqu’on échange avec son partenaire, on le fait à voix « mesurée ». Quand le professeur démontre, on s’abstient de discuter avec son voisin.

La ponctualité est aussi une marque de respect, vis à vis du professeur et des autres élèves. Je n’ignore pas que nous ne faisons pas toujours ce que nous voulons, mais un cours est un ensemble et le salut du début en fait partie. Il est une marque de politesse, de respect, « on se dit bonjour ». C’est aussi le moment où le professeur donne le ton de la séance, avec quelques mots il insuffle l’élan nécessaire ; il ouvre la séance. Lorsqu’on arrive en retard, ce qui peut arriver à tout le monde, sans que cela devienne une habitude, l’élève doit attendre sur le bord du tatami que le professeur l’invite à y monter.

On doit évidemment respecter les consignes du professeur. Le « hajime » (commencez), le « maté » (arrêtez), il s’agit de politesse, mais aussi de sécurité. Imaginons qu’en randori un des deux combattants ne respecte pas le « mate » du professeur et continue à attaquer alors que l’autre s’est déjà relâché en respectant la consigne en question !

A l’inverse, il y a le respect du professeur vis-à-vis de ses élèves. Il doit se faire respecter, avec une autorité naturelle qui ne nécessite en aucun cas un langage de garde-chiourme. Il doit respecter le niveau et l’aspiration des élèves, par rapport aux compétitions par exemple, dans les disciplines qui en proposent. Quant à arriver à l’heure et être présent, sauf cas grave, cela semble évident. Il doit aussi veiller à ce que l’intégrité (physique et mentale)  des élèves soit respectée. Il est aussi un éducateur et non pas un destructeur. Il n’est pas non plus qu’un distributeur de techniques, il doit veiller à ce que soient respectées toutes les règles attachées au dojo.

Toutes ces marques de respect ne doivent pas être considérées comme superflues ou ringardes. Non, elles sont la condition « sine qua non » d’une pratique harmonieuse dans le respect du lieu, des personnes et tout simplement de l’art qu’on pratique. Elles permettent une pratique sécuritaire, il s’agit de disciplines de combat, un maximum de concentration est donc indispensable. Tout cela sans pour autant sacrifier ni à la bonne humeur ni à une bonne ambiance qui nous rappellent que nous sommes aussi dans le loisir.

Pour aller un peu plus loin, mentionnons le respect du souvenir des « anciens ». De ceux qui ont marqué leur discipline et de ceux qui ont été à un moment nos professeurs. En premier lieu le « premier professeur », celui qui participé en grande partie à faire de nous le pratiquant que nous sommes devenu.

Je n’ignore pas que les pages se tournent de plus en plus vite, la mémoire est de plus en plus relative,  mais justement, marquons notre différence dans nos disciplines qui sont des disciplines à traditions, dans lesquelles la transmission est capitale.

Ne nous contentons pas d’afficher de belles valeurs, appliquons les lorsque cela est nécessaire.

Si dans nos disciplines nous ne respectons pas certaines consignes, où seront-elles respectées ? Les respecter participe à leur valorisation.

Alors, comme nous sommes en début de saison, au moment des bonnes résolutions, ces marques de respect s’imposent. Elles ne rendront que plus agréable le déroulement des cours et plus largement notre existence.

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Réflexions et conseils à l’approche de la rentrée

Cet article vient en complément de celui de la semaine dernière. Il s’adresse plus particulièrement à ceux qui souhaitent entrer dans le monde des arts martiaux et des disciplines de combat.

1- C’est la rentrée, parmi les débutants, certains se sont déjà décidés, d’autres pas encore. Une fois l’art martial choisi, il faut savoir que le choix du professeur est aussi important que celui de la discipline.

J’ai souvent évoqué le premier professeur, celui qui construit les fondations. Il ne doit pas avoir simplement des compétences techniques, mais aussi savoir transmettre ; cela s’appelle la pédagogie.

Certes, quand on est débutant, il n’est pas facile d’apprécier les qualités techniques, mais au niveau du ressenti à l’issue d’une séance d’initiation, on peut déjà se faire une idée.  Il doit aussi transmettre les belles valeurs attachées à nos arts, le respect sous toutes ses formes, en l’occurrence.

2- Ensuite, il y a une question récurrente venant de la part de ceux qui font le choix d’une pratique essentiellement utilitaire : quelle est la méthode de self défense la plus efficace ? Ce qui ne veut pas dire grand-chose dans la mesure où (toujours le professeur), si elle n’est pas bien enseignée, aucune méthode n’est efficace.

Sur le plan du contenu technique, il est préférable qu’elle utilise le plus possible de ripostes sur un maximum de situations d’attaques. Après, ça dépendra aussi de

l’investissement de chacun et chacune, la régularité notamment.

3- Enfin, ce paragraphe concerne davantage les enfants et donc les parents. Certains prônent une pratique dans la durée, d’autres pensent que c’est bien de changer de sport à chaque saison. Les deux points de vue se conçoivent (?) et s’affrontent, j’ai ma préférence pour la première hypothèse. Dans la mesure où, si j’avais choisi la seconde, jamais je ne serais devenu professeur.

Mes arguments pour un investissement à long terme sont les suivants : est-ce qu’une seule saison suffit pour faire des progrès et par conséquent pouvoir s’exprimer, tout simplement pouvoir s’amuser ? Constater une évolution et des progrès est un réel plaisir, une vraie satisfaction et une certaine fierté, celle d’atteindre ses objectifs.

Ensuite, comme évoqué plus haut, si l’ensemble de la population choisissait l’option de changer chaque année de sport, comment pourrions-nous former des professeurs ? On ne devient pas prof en une saison. Enfin, dans nos arts martiaux, la ceinture noire qui ne s’obtient pas en une saison, est accomplissement personnel très fort. Il faut l’avoir obtenue pour le savoir.

Sans oublier que dans l’ensemble des sports de compétition, comment aurions nous les champions qui nous font vibrer ? Sûrement pas après une seule saison sportive de pratique.

4- Un dernier paragraphe pour revenir sur l’article publié il y a deux semaines et qui traitait des vidéos que je publie sur Facebook.

Je souligne à nouveau que ce sont des vidéos qui présentent le ju-jitsu traditionnel (à l’efficacité incontestable pour peu qui s’y consacre pleinement) dans un cadre éducatif, non pas destructif. Elles sont appréciées par une grande majorité, dans laquelle se trouvent des sommités.

Certes on ne peut pas plaire à tout le monde. On peut ne pas aimer, chacun est libre. On peut donner son avis, mais le faire avec respect. Cela n’empêche pas non plus d’être de bonne fois et ne pas mettre en question des techniques et des enchaînements, sous prétexte qu’on ne les maîtrise pas, ou qu’ils ne nous intéressent pas

Je reconnais que cela demande du temps, du temps pour comprendre, apprendre et maîtriser des techniques qui réclament une certaine finesse corporelle et mentale.

Bonne rentrée à tous.

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Irréaliste, irréalisable ?

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Cet article vient en complément de celui de la semaine dernière et même, par moment, en juxtaposition.

Parfois, mais pas souvent, on peut entendre ou lire que les techniques de ju-jitsu sont irréalistes, donc irréalisables en matière de self défense. On se doute que ce n’est pas mon point de vue. C’est vrai que la maîtrise dépend de la personne qui pratique, surtout si elle ne se donne pas la peine d’étudier les techniques en question.

Tout le monde à le droit de donner son avis, à la condition que cela se fasse avec la politesse et le respect que nous enseignent les arts martiaux.

Pour en revenir à l’aspect purement utilitaire, Il est évident que certaines techniques demandent beaucoup de travail, mais offrent une incontestable efficacité, pour peu qu’on se donne la peine de les étudier sérieusement et de les répéter intensément.

A noter que certains styles ou écoles se sont spécialisées en reléguant quelque peu l’aspect utilitaire ; mais à l’origine le ju-jitsu est une méthode de combat qui propose l’utilisation de toutes les armes naturelles du corps pour contrôler un adversaire.

La meilleure façon de ne pas maîtriser une technique, c’est de ne jamais la pratiquer. Ce n’est pas parce qu’on n’arrive pas à la réaliser qu’elle est inefficace, il suffit juste d’un peu de volonté et de travail (et de bonne foi).

Il est dommage d’ignorer toute une palette de moyens permettant, debout et au sol, non seulement de se défendre, mais aussi de moduler la riposte en fonction de l’attaque. Ce n’est pas toujours possible, mais ce serait préférable de ne pas ignorer cet aspect. Se défendre n’entraîne pas systématiquement l’élimination physique de l’agresseur.

Ensuite, pour qu’une pratique s’inscrive dans la durée, ce qui est une des conditions à remplir pour être efficace, il faut des motivations, comme progresser dans les techniques de bases en termes de rapidité, de tonicité, de condition physique, de précision, de recherche de la finesse technique, mais aussi découvrir de nouvelles techniques et de nouveaux enchaînements. Cela s’appelle « s’élever », ce qui est la fonction de « l’élève ». Ne pas se limiter dans la découverte. Pour cela il faut de la patience, les miracles n’existent pas. Et puis « Qui peut le plus, peut le moins ».

Dans notre discipline, existent aussi des techniques que l’on peut utiliser rapidement. Mais dans les démonstrations, un des intérêts est de susciter l’envie en présentant des techniques et des enchaînements plus élaborés qui rassemblent efficacité, finesse et (pourquoi pas) esthétisme. Des exemples qui donnent envie d’évoluer aux personnes ouvertes d’esprit.

Le ju-jitsu traditionnel est à la fois une méthode de défense et un art martial qui développe des qualités qui ne sont pas en contradiction avec l’efficacité. Ce qui est vrai aussi, c’est que c’est davantage le pratiquant que la discipline qui fait l’efficacité.

Enfin, concluons avec un poncif : « la critique est facile, l’art (martial) est difficile. »

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Efficacité, sécurité et éducation

L’été n’empêche pas de réfléchir.

Il y a presque un siècle et demi, en ressuscitant le ju-jitsu et en l’épurant, Jigoro Kano proposait une méthode complète : utilitaire, physique et mentale. Efficace en self défense, développant de nombreuses qualités physique et inculquant de belles valeurs morales.

En termes d’efficacité, toutes les techniques du ju-jitsu sont redoutables, certaines peuvent même être fatales.

La première idée de Jigoro Kano avait été de conserver – de l’ancien ju-jitsu – les techniques en fonction de deux critères : efficacité en situation et sécurité lors des entraînements. Il voulait que la recherche de cette efficacité s’accompagne d’une pratique sécuritaire développant des qualités physiques, en évitant des blessures causées par des techniques trop brutales. Il souhaitait aussi développer des qualités éducatives dans le sens large du terme. D’où ce triptyque : efficacité, sécurité et éducation (physique et mentale).

Concernant la sécurité et l’efficacité, en plus de sélectionner les techniques répondant aux critères énoncés plus haut, il a mis au point plusieurs types de méthodes d’entraînement dans le but de ne pas se satisfaire de simples répétitions statiques.

D’abord des enchaînements comme les katas, dont certains sont le reflet d’un combat. Ensuite, des exercices de répétitions en déplacement, puis les randoris qui sont des exercices d’opposition très codifiés. Le but étant de progresser en limitant les blessures qui forcément limitent les entraînements, donc les progrès. N’oublions pas que l’un des buts était d’acquérir une bonne santé et le développement de qualités physiques.

A ceux qui ne cessent d’affirmer que le travail en dojo ne reflète pas la réalité, je répète que c’est heureux, parce que « dans la réalité » ça se termine mal, en général. Il est souhaitable que l’ambiance d’un dojo ne ressemble pas à celle de la rue en cas d’agression. Le dojo est le lieu dans lequel on trouve sa voie. La voie de la sagesse, du contrôle du corps et de l’esprit.

Un travail régulier, avec une bonne intensité technique et physique en respectant des règles de sécurité apportera une incontestable efficacité, un développement physique, une confiance en soi, la maîtrise de ses émotions et une bonne hygiène mentale. Il évitera les blessures pour préserver l’intégrité physique, il fournira des capacités de maîtrise et assurera une régularité dans la pratique. Tout cela permettra d’ouvrir les portes du dojo à tous, y compris et surtout au moins « costauds » pour qu’ils apprennent à se défendre.

La pratique d’un art martial est une pratique exigeante, s’y astreindre est l’assurance de renforcer le corps et l’esprit.

Pour conclure avec l’efficacité, j’ai une multitude d’exemples d’élèves qui ont pu affronter des agressions et se sortir de fâcheuses situations grâce aux techniques apprises et répétées. Hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, mais aussi de différents niveaux techniques.

J’ai même un élève qui m’a confié que je lui avais  « sauvé la vie », face à un tesson de bouteille, grâce à une clef au bras apprise et répétée. Je ne m’en étais jamais vanté, mais parfois il est bon de remettre les pendules à l’heure en rappelant quelques évidences.

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Réflexions sur le ne-waza, le travail au sol

La période estivale n’empêche pas quelques réflexions, surtout sur un sujet comme le travail au sol (le ne waza). Un domaine efficace, formateur et amusant.

En matière de self défense, si on peut éviter d’aller au sol, c’est préférable. D’abord pour éviter de « salir le costume », ensuite parce qu’on risque de se trouver sur un revêtement moins confortable que celui d’un tatami et enfin, dans ce cas, il est préférable qu’il n’y ait pas plusieurs adversaires.

Donc, si on s’y retrouve, c’est souvent contraint et forcé.  Mais parfois on choisit d’y aller pour contrôler l’adversaire sans le blesser gravement, question de responsabilité !  Lorsqu’un éducateur doit maîtriser un adolescent « en difficulté »,  ou encore quand ça dégénère dans des foyers où règne une certaine violence.

D’autres situations existent et dans lesquelles l’extermination n’est pas l’option.

Et puis, il y a un contexte qui se passe principalement au sol : la tentative de viol.

Il est certain que dans le domaine du travail au sol, en particulier, l’efficacité demande du temps, peut-être davantage que dans les autres secteurs. Il faut étudier les techniques, les assimiler, les répéter et les pratiquer dans des formes d’opposition codifiées avec des exercices à thème. Il faut du temps pour « modeler » le corps, le rendre à la fois souple et tonique et capable de se mouvoir dans des positions qui ne sont pas forcément naturelles ; lui donner une « forme de corps ».

Il est donc nécessaire d’être  motivé. Motivé par le besoin d’apprendre à se défendre, mais aussi en trouvant d’autres intérêts, comme l’expression corporelle, le renforcement de qualités physiques et mentales. Enfin, avec un aspect ludique qui ne gâche rien, bien au contraire. Quand on peut rassembler l’utilitaire, le développement physique et le bien être mental, on rassemble les éléments qui nous donnent un « mental d’acier ».

Comme indiqué plus haut, il ne faut pas négliger l’aspect ludique que l’on trouvera dans le ne-waza, lorsqu’il est pratiqué avec un bon état d’esprit. On peut s’exprimer, s’investir totalement tout en s’amusant, ce qui n’a rien de contradictoire avec l’efficacité, je pense même que c’est un atout supplémentaire pour une pratique assidue. Loin des pratiques brutales qui exacerbent la violence, qui blessent souvent et qui ne satisfont que les brutes. Je maintiens que l’on peut être efficace sans en être une (de brute).

Comme dans tous les domaines, il peut exister des prédispositions, mais rien ne remplacera l’entraînement. On en revient toujours aux mêmes qualités : volonté, régularité, persévérance.  « On ne peut rien contre l’entraînement » !

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Inévitables « Trois mouches ».

Encore une petite histoire qui permet de découvrir ou redécouvrir (puisque je la propose chaque été) une leçon de sagesse issue du précieux et délicieux recueil intitulé « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Cela ne peut être que bénéfique, quelque soit la saison, d’ailleurs.

Le récit proposé ci-dessous matérialise l’art de vaincre sans combattre, ce qui est pour le moins une conduite dans laquelle intelligence et efficacité se marient à merveille.

Trois mouches

Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

(Ronin, selon la définition du Larousse : Samouraï qui quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d’aventures.)

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Anticipation, réaction, gestion !

Bon, c’est vrai nous sommes en vacances scolaires, alors prenons cela comme des devoirs de vacances.

La semaine dernière l’article hebdomadaire proposait un de ces contes savoureux qui sont issus de « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Ils sont autant de  leçons de vie. Il était question d’un maître de sabre qui en avait invité un autre pour boire le thé et participer à une expérience avec ses trois fils.

Le maître avait placé un vase au-dessus de la porte coulissante qui donnait dans la pièce. Le test consistait à éprouver le comportement de chacun des trois fils et leur capacité de maîtrise face à un danger.

Il appela le plus âgé, qui déjoua le piège avant même que l’objet ne commence à tomber. Le second fils réussit à attraper le vase et évita ainsi de le recevoir sur la tête. Quant au troisième, il reçut l’objet sur le crâne, puis il dégaina et le coupa en deux, juste avant son arrivée sur le tatami.

Le maître donna des appréciations sur chacune des réactions. Le plus âgé est parfait et fera sans aucun doute un excellent maître de sabre. Le second est sur la bonne voie, quand au troisième il a encore beaucoup à apprendre.

Mon interprétation est la suivante : le plus âgé, grâce à une longue et sérieuse pratique à acquis une  capacité d’anticipation qui lui permet d’échapper au danger sans combattre. L’efficacité et la sagesse. Le deuxième à une bonne capacité de réaction, lui reste à acquérir l’anticipation. Quant à l’appréciation donnée à propos du troisième,  elle est terrible : « il lui reste beaucoup à apprendre ». Même s’il réussit d’un coup de sabre dévastateur à fendre le vase avant qu’il ne touche terre. Une belle riposte, mais sans trop de sens, puisque exécutée trop tard… Selon la formule : « à méditer ».

Ces contes nous distraient, mais ils nous en apprennent beaucoup sur la vie. Dans des situations autres que les arts du combat, ils nous sont utiles : capacité d’anticipation, de réaction et gestion de l’énergie !

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Les trois fils (et un sixième sens)

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L’été offre un peu de légèreté, même à ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir prendre des vacances. C’est donc un plaisir de renouer avec une habitude, celle de proposer de temps en temps une histoire savoureuse, extraite de l’ouvrage « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Ce qui ne manque pas de nous offrir plaisir et matière à réflexion !

Bokuden et ses trois fils

« Il y avait autrefois un grand maître de kenjutsu (sabre) très célèbre dans tout le Japon qui, recevant la visite d’un autre grand maître, voulut illustrer l’enseignement qu’il avait donné à ses trois fils.

Le maître fit un clin d’œil à son invité et plaça un lourd vase de métal sur le coin des portes coulissantes, le cala avec un morceau de bambou et un petit clou, de façon à ce que le vase s’écrasât sur la tête du premier, qui, ouvrant la porte, entrerait dans la pièce.

Tout en bavardant et en buvant du thé, le maître appela son fils aîné qui vint aussitôt. Avant d’ouvrir, il sentit la présence du vase et l’endroit où il avait été placé. Il fit glisser la porte, passa sa main gauche par l’entrebâillement pour saisir le vase et continua à ouvrir la porte avec sa main droite. Puis, serrant le vase sur sa poitrine, il se glissa dans la pièce et refermant la porte derrière lui, il replaça le vase dans sa position initiale. Il avança alors et salua les deux maîtres. « Voici mon fils aîné, dit l’hôte en souriant, il a très bien saisi mon enseignement et il sera certainement un jour un maître de kenjutsu. »

Ayant appelé son deuxième fils, celui-ci entra sans hésitation, et n’attrapa le vase qu’au dernier moment ; il faillit le recevoir sur la tête. « Voici mon deuxième fils, dit le maître, il lui reste beaucoup à apprendre mais il s’améliore chaque jour. »

On appela alors le troisième fils. Entrant précipitamment dans la pièce, il reçut le vase sur la tête. Le coup fut sévère, mais avant que le vase n’atteigne les tatamis, il tira son sabre et d’un mouvement vif, coupa la pièce de métal en deux. « Voici mon fils cadet, Jiro, dit le vieil homme, c’est le benjamin de la famille, il lui reste une longue route à parcourir. »

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Les mots, pas les maux. De la parole aux actes

Dans mes articles j’évoque souvent le combat contre la violence. Ce combat est légitime et indispensable. Dans le cas contraire je ne le mènerais pas, pareil si dans notre milieu certaines dérives n’existaient pas.

Il existe plusieurs formes de violence. La plus « spectaculaire » étant la violence physique. Mais n’oublions pas la violence verbale et la violence comportementale ou relationnelle, quand, par exemple, le mépris est la réponse à de légitimes demandes ou réclamations.

La violence physique s’identifie facilement, la violence comportementale est plus sournoise.

Quant à la violence verbale, qui est notre sujet du jour, dans certains réseaux sociaux il semble qu’elle soit parvenue à son apogée. En attestent les torrents de haine qui s’y déversent, juste avec les mots. Ce n’est pas fait pour éradiquer la violence physique, au contraire. Les mots et les formules ont une importance, les paroles engendrent les actes.  Les discours positifs, souvent, donnent des résultats positifs, le contraire est aussi vrai.

Donc, aujourd’hui intéressons-nous à l’expression verbale, dans notre domaine.

« Construire un système de défense » sera préférable à « s’entraîner à détruire ». Apprendre à ne pas se faire mal, sera mieux qu’apprendre à faire mal. S’élever plutôt que d’abaisser. Contrôler ou maîtriser un agresseur en se contrôlant ou en se maîtrisant est préférable à « l’exterminer ». Surtout dans la mesure où la riposte doit être proportionnelle à l’attaque, et que parfois au moment d’un verdict rendu par un tribunal, certaines nuances peuvent engendrer des surprises aux fâcheuses conséquences.

Sans négliger le respect de toute vie humaine. Répondre à la barbarie par la barbarie n’est pas la meilleure option sur un plan éducatif. « Eliminer » quelqu’un n’est pas sans conséquences sur bien des plans.

Quand on défend sa vie, ce discours peut s’apparenter à du « baratin », mais à l’entraînement on ne défend pas sa vie, par contre on apprend sérieusement à pouvoir le faire en cas de besoin.

Lorsqu’on enseigne des techniques de défense, les mots choisis ont autant d’importance que la démonstration, la parole prime sur le geste. La preuve, le professeur peut donner des explications sur une démonstration effectuée par deux élèves. Les mots choisis et le ton donné influencent forcément l’ambiance du cours et le comportement des élèves.

Quand la violence envahit le lieu d’entraînement, on ne la combat pas, on l’entretien, pire on l’augmente, on la sanctifie.

La plupart des professeurs  respectent un enseignement emprunt d’une sagesse chère aux arts martiaux traditionnels. Ce qui n’enlève rien à une pratique efficace, bien au contraire, leur richesse technique permet de répondre à diverses situations d’agressions, elle module les réponses en fonction de la gravité de l’agression. Cela demande du temps, de la patience, des efforts, cela en vaut la peine, c’est même indispensable !

La « sagesse verbale » est un des leviers pour renverser une tendance qui ne cesse de croitre.

En matière de lutte contre la violence, il y a deux remèdes : la sanction et l’éducation. Le professeur a pour mission d’éduquer. Techniquement, physiquement et mentalement.

Techniquement et physiquement, cela s’explique aisément. Mentalement, c’est parfois une autre histoire. C’est là que le choix des mots a son importance, pour insuffler consciemment et même inconsciemment, dans l’esprit des élèves des valeurs telles que le contrôle, la volonté, le courage, le goût de l’effort, la relativisation, l’esprit d’analyse, etc.

J’insiste souvent sur l’aspect éducatif qui incombe au professeur. Il est aussi un éducateur (c’est ce qui est marqué sur sa carte professionnelle) et pas un simple destructeur, parfois on pourrait en douter.

La meilleure victoire reste celle que l’on obtient sans combattre. Ce n’est pas de la lâcheté, mais de la sagesse, du bon sens, de l’intelligence tout simplement et ça, on peut l’apprendre avec les MOTS.

Bel été à toutes et à tous.

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