Professeur et entraîneur

Professeur et entraîneur : ce n’est pas pareil. Les objectifs sont différents, il en est de même pour les qualités indispensables à la fonction et le public auquel on s’adresse n’a pas les mêmes aspirations.

Sans professeur, il n’y aurait pas d’entraîneur, puisqu’on ne peut entraîner qu’une personne qui possède déjà un bagage technique conséquent. Or, parfois on constate que la case professeur est sautée au profit de celle d’entraîneur. En clair, inconsciemment ou pas, certains oublient leur statut de professeurs au profit de celui d’entraîneur.

Chacun son métier et chacun sa mission.

Je n’emploierai ni des mots trop savants, ni des formules trop compliquées pour donner mon humble point de vue.

Le métier de professeur est un des plus beaux métiers du monde mais aussi un des plus difficiles. Pour transmettre les connaissances que l’on possède, il faut de la patience, du bon sens et une bonne « boîte à outils » pédagogique.

Entraîneur, c’est différent, dans la mesure où on s’occupe de personnes qui doivent se surpasser, qui doivent « performer » (pour reprendre un mot « particulier »). Donc on s’adresse à des athlètes qui ont comme but « la gagne ».

Si l’entraîneur se substitue au professeur, il se coupe de la base, de ceux qui sont venus pour une simple pratique physique, pour se défouler, s’amuser ou apprendre à se défendre. Ce qui représente une majorité de personnes mises de coté, ou tout simplement qui ne commencerons pas. Les deux peuvent être compatibles, mais trop souvent l’entraîneur « oublie » le professeur, pourtant indispensable.

Que la compétition puisse être proposée, cela se comprend, mais souvent elle est imposée, même insidieusement avec une forme d’ostracisme involontaire.

Certes, dans l’esprit de certains, il est plus valorisant de s’occuper d’une élite, encore faut-il en avoir les capacités. Un entraîneur doit être un meneur d’hommes et de femmes, doté de qualités psychologiques pouvant s’adapter à chaque athlète. C’est volontairement que j’utilise le mot athlète pour souligner que les personnes qui ont droit à cette appellation appartiennent à une élite qui est forcément coupée de la base. Cette base qui, comme déjà indiqué plus haut, n’a ni les capacités nécessaires, ni  tout simplement l’envie d’appartenir à ce groupe, et qui risque d’être mise sur la touche, si le professeur n’est plus qu’un entraineur.

Cette base qui représente l’immense majorité des pratiquants a besoin d’un professeur, tout simplement. Et si possible un bon professeur. D’où l’importance qui doit être donnée à la formation des futurs enseignants, ne serait-ce que pour éviter cette confusion professeur/entraîneur.

Commencer à entraîner avant d’enseigner, c‘est comme apprendre à plonger sans que l’élève sache nager ! Ou pire, dans une piscine sans eau !

La description faite dans ces quelques lignes n’est pas une règle générale, tant mieux ! Mais il faut être prudent pour qu’elle ne le devienne pas !

Le loyer et l’injustice

Il ne s’agit pas d’une fable, ou alors très mauvaise.

J’ai pensé disserter un peu sur le loyer. Il a été la principale cause de la fermeture de mon dojo en juin dernier. En ce moment pour beaucoup d’entreprises, c’ est un vrai problème, puisqu’elles sont obligées de le régler même quand l’activité est interdite.

Dans ce domaine, j’ai quelques  connaissances et expériences. D’ailleurs, étant enfant, ne voulais-je pas devenir avocat ? (Ou écrivain !) Je suis devenu  professeur d’arts martiaux. Un métier qui concerne l’éducation et qu’à ce jour, comme beaucoup d’autres enseignants, je n’ai plus le droit d’exercer.

Je voulais  évoquer ce sujet par rapport à ce que nous vivons depuis le mois de mars. Il semble incompréhensible et inacceptable qu’un locataire se trouve dans l’obligation de régler un loyer pour un endroit qu’il lui est  interdit d’exploiter. Il y a un non-sens et une injustice manifeste.

A la fin du mois d’avril dernier, je reçois un appel de l’agence  gestionnaire du local où avait été récemment installé le dojo.

– Monsieur Pariset, vous n’avez pas réglé le loyer du mois d’avril.
– Et bien non, je ne peux pas travailler, donc je ne peux pas payer mon loyer. Cela semble évident ! Et comme vous le savez mieux que tout le monde, l’entreprise est toute jeune et n’a pas pu faire des réserves de trésorerie.
– Oui, je comprends bien, mais la propriétaire n’y est pour rien.
– Moi non plus.
– Vous comprenez, elle a besoin de ses loyers pour vivre.
– Et vous, vous ne comprenez pas que j’ai besoin de pouvoir travailler pour régler mon loyer ?  Vous savez, cela ne va pas pouvoir durer longtemps de cette manière, à savoir que d’un côté on m’interdise  de travailler et que de l’autre on me harcèle afin que je paie des loyers pour un endroit que je ne peux exploiter. (Fin de la conversation surréaliste)

Le problème, c’est que contrairement aux promesses, rien n’a été fait pour les loyers. Le Président avait déclaré qu’ils seraient bloqués, mais la forte influence des possédants a dû avoir raison de déclarations faites le 15 mars au soir.

Du côté du gouvernement, on nous dit qu’il est impossible d’agir, puisqu’il s’agit d’un domaine privé. Je m’inscris en faux, dans la mesure où c’est bien ce même  gouvernement nous a bien imposé la fermeture de nos établissements qui, pour  certains, sont des établissements privés. On me dit que c’est pour des raisons sanitaires ; et bien,  ces  mêmes raisons pourraient être évoquées pour imposer – au moins – un partage équitable entre le propriétaire et le locataire. Il ne semble pas juste que seul le locataire assume les conséquences de la crise.

Et puis, je pense qu’il existe tout simplement un problème de droit et je m’étonne que personne ne se soit penché sur le sujet. Dans un bail commercial, il est indiqué que le bailleur (le propriétaire) a l’obligation de faire jouir paisiblement le preneur (le locataire) pendant la durée du bail. Si tel n’est pas le cas, le bail doit être rompu avec en compensation le versement d’une indemnité d’éviction. J’avoue qu’à ce moment-là,  je ne me sentais pas d’attaque pour partir dans une procédure dont on ignore la durée (de longs mois et parfois des années) et dont l’issue n’est jamais inscrite dans le marbre.

Il  n’empêche que ni la propriétaire, ni les assurances (aux abonnés absents), ni l’état n’ont indemnisé les entreprises qui ont dû fermer. Personne ne devait rester au bord du chemin, « quoiqu’il en coûte ». Certaines ne sont pas au bord du chemin, mais au fond du ravin. Il est certain que les premiers de cordés sont hyper protégés, c’est celui qui est en bout de chaîne qui se prend la déflagration.

Plus d’outil de travail, plus de travail et plus de revenu et en tant qu’indépendant, pas de droit au chômage (Sans compter le montant de l’investissement jeté à la poubelle lorsque l’entreprise est récente). Les propriétaires, les assurances et l’état – eux – ont peu de chance de se retrouver à la rue. Belle démonstration d’égalité et de solidarité.