Cette semaine je fête mon anniversaire, mais en septembre c’est un autre que j’aurais aimé fêter, celui qui marque un parcours de cinquante années dans les arts martiaux, cela ne sera malheureusement pas le cas, pour des raisons connues de tous.
Certes, c’est à cinq ans que j’ai revêtu mon premier judogi, mais c’est en 1971 que je suis entré dans le monde des arts martiaux pour en faire mon métier. Je n’ai pas commencé à donner des cours à l’âge de 17 ans, il s’agissait de ce que l’on pourrait appeler une formation en alternance. En quelques lignes, je vais tenter de résumer ce demi-siècle consacré presque exclusivement aux arts martiaux.
Comme indiqué plus haut, j’ai débuté la pratique à l’âge de cinq ans, mais avec une régularité relative, c’est en 1971 que les choses sérieuses ont commencé. En septembre de cette année-là je rejoignais mon père dans son dojo parisien de la Rue des Martyrs pour commencer ma formation par le bas de l’échelle : l’aspirateur, la serpillière, l’accueil et l’assistance aux professeurs lors des cours destinés aux enfants. Tout cela en continuant ma formation et mon renforcement technique.
A l’époque existaient deux niveaux avant d’accéder au Graal, à savoir le diplôme de Professeur de judo, karaté, aïkido et méthodes de combats assimilées (un sacré diplôme). On passait d’abord par animateur, puis moniteur. C’est en 1976 que j’accédais au sésame tant convoité.
Entre 1971 et 1976, en plus de la préparation aux diplômes, il y a eu le Bataillon de Joinville ; une année essentiellement consacrée au judo. En 1977, j’étoffais mes capacités avec le diplôme de professeur de boxe française.
Les cinquante années qui viennent de s’écouler ne se sont pas limitées à l’enseignement, même s’il a occupé la plus grande partie de mon activité et tout simplement de ma vie. En effet, dés la fin des années 1970, avec le ju-jitsu (l’atemi-ju-jitsu), j’ai encadré de nombreux stages fédéraux et privés, effectué des démonstrations en France et à l’étranger, écrit des bouquins, réalisé des vidéos, participé à des réunions fédérales, et puis il y a eu beaucoup d’entraînement, les compétitions en judo, etc.
J’ai enseigné dans différents dojos, c’est tout naturellement dans celui de la Rue des Martyrs que j’ai commencé. Ensuite j’ai subi quelques déménagements, toujours en professant dans des dojos privés qui étaient le fruit de mes initiatives. Prochainement je reviendrai, à la fois sur ce choix d’indépendance, mais aussi sur des événements qui ont parfois contrarié le bon déroulement des choses ; l’entrepreneuriat ne se réalise pas sans obstacles, même s’il est préférable qu’ils ne soient ni trop hauts, ni trop nombreux.
Une vie dans laquelle, par la force des choses, le « professionnel » et le « personnel » ont été intimement liés, pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. Je ne suis pas le seul à connaître et à subir les épreuves que le destin parfois nous impose, cependant elles ont été nombreuses et parfois douloureuses ; elles ont rendu moins fluide le cours de l’existence. C’est aussi dans ces moments là que l’on teste notre capacité de résistance.
En septembre prochain, je pensais vraiment « marquer le coup », cela ne se fera pas, cet anniversaire ne sera que virtuel ; en aucun cas comme je l’aurais souhaité. Nul ne peut ignorer ce qui nous est arrivé en mars 2020 et qui a bouleversé notre existence, à des degrés divers. Je fais partie de ceux qui « ont pris cher ». Un investissement matériel réduit à néant, suivi de dix huit mois sans travail, et ce n’est pas terminé. Il y a des épreuves, face auxquelles, malheureusement, la volonté n’est pas suffisante et où les combats consistent à affronter des moulins à vent. Seule la volonté et la capacité de résistance permettent de ne pas sombrer ! Sur cet effroyable gâchis, je suis déjà revenu à de multiples reprises. Il est indispensable de chasser le pessimisme, mais parfois il faut se rendre à l’évidence, pour beaucoup d’entreprises privées, il sera difficile de repartir autrement qu’en claudiquant, et encore. Et puis, la vie que nous vivons et l’ambiance dans laquelle nous évoluons sont exécrables.
Cet anniversaire raté n’est qu’une déception de plus, certains y verrons de la futilité, mais la vie n’est pas faite que d’évènements graves. N’avons-nous pas besoin de temps à autre d’un peu de légèreté, et de quelques petits plaisirs qui rendent notre vie plus supportable et lui donnent un sens ? Les anniversaires sont des points de repaire qui sont un peu comme des petits cailloux semés pour ne pas se perdre !
Finissons malgré tout sur une note positive, en espérant un retour rapide à une « vie normale » et à une pratique de nos disciplines dans des conditions qui le seront tout autant !
Quant à cet anniversaire, il sera dans ma tête, c’est déjà bien !