Pratiquer une activité physique régulièrement, c’est bien. Pratiquer un art martial, c’est très bien. Pratiquez un art martial de façon régulière, c’est très très bien !
Les habitués de ce blog, ainsi que mes élèves, connaissent mon attachement à certaines valeurs. Je suis conscient qu’il est nécessaire de s’adapter à l’évolution des habitudes de « vie moderne ». Néanmoins il me semble dommage de se satisfaire d’une simple « consommation d’humeur du moment », surtout dans une société en mal de repères. Certes, le fait de commencer une pratique sportive, en se promettant de s’y tenir est louable – sans forcement faire preuve d’une régularité de métronome. Mais pour ceux qui ont choisi les arts martiaux, essayer de se fondre dans leurs exigences (bien vite récompensées, par ailleurs, comme chaque effort), c’est déjà leur marquer une forme de respect et c’est aussi s’imposer une rigueur nécessaire à tout accomplissement. Loin de moi l’idée d’incriminer ceux qui font ce qu’ils peuvent au milieu d’un emploi du temps difficile ou d’une vie compliquée. Mais, il y a une autre catégorie d’élèves qui existe et grandit. C’est celle qui décide un peu au dernier moment de sa participation à une séance. Une catégorie que ça prend comme ça… de venir – ou pas – à une séance.
J’ai connu une époque, au dojo de mon enfance « la rue des Martyrs », ou bien que chaque jour soient proposés des cours, il y avait les élèves pour qui l’entraînement était le mardi et le vendredi, d’autres le lundi et le jeudi et enfin ceux qui venaient le mercredi et le samedi. Cette forme de régularité a davantage de signification qu’il n’y paraît. La pratique de la discipline était tout simplement prioritaire. Il était hors de question de s’y soustraire et cela pour quelque motif que ce soit. Il ne serait pas venu à l’idée d’accepter autre chose ces soirs-là, ni invitation, ni réception, ni sortie. Je n’ignore pas que pour certains, c’est toujours le cas. Mais pour d’autres, la séance passe bien souvent après d’autres sollicitations et devient : « parce-qu’on-n’a-pas-mieux-à-faire » ! Caricatural : pas tant que cela.
On trouve toujours une bonne raison pour reporter une séance : absence de forme ce jour-là, un dossier urgent à traiter, l’anniversaire d’untel, etc. Mais ne pas faire l’effort de la régularité, ce n’est pas simplement dommage pour l’art que l’on pratique, c’est tout simplement dommage pour soi-même. Les arts martiaux demandent une implication particulière, c’est aussi leur force et cela fait partie de leur intérêt. Ils y en a qui rétorqueront que beaucoup de contraintes leur sont déjà imposées quotidiennement et que par conséquent, il est hors de question d’en avoir d’autres dans le domaine des loisirs ! C’est un point de vue que je respecte, sans l’approuver. S’impliquer régulièrement entraînera tout d’abord d’inévitables progrès, ensuite il s’agira du plaisir de retrouver les mêmes personnes avec lesquelles seront comparés les progrès et avec qui pourront se nouer d’agréables relations. C’est aussi se prouver qu’il nous est possible de faire des efforts juste pour soi-même, sans être sous l’effet de la contrainte d’un supérieur ou d’un employeur. Et puis, installer plus profondément des points de repère sur l’échelle du temps, ce n’est pas anodin et cela participe à une certaine forme de structure de sa vie personnelle.
Ceci étant, mettre sa tenue et monter, même irrégulièrement, sur le tatami : c’est déjà « presque pas mal » !
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com