Avec le ju-jitsu, nous avons la chance de pratiquer une discipline on ne peut plus complète. Tout y est étudié : travail à distance, au contact, debout et au sol. Entre l’atémi-waza (le travail des coups), le nage-waza (le travail des projections) et le ne-waza (le travail au sol), chacun possède un terrain de prédilection et un secteur qu’il affectionne plus particulièrement. Souvent parce que l’on s’y sent plus à l’aise, mais parfois la fascination n’y est pas étrangère, ou encore l’aspect pratique et éthique.
Me concernant, je n’ai jamais caché que ma préférence allait vers les projections, avant le sol et le travail des coups.
Les projections représentent la perfection dans le domaine de l’efficacité en matière de corps à corps, dans la mesure où, lorsque certains principes de base sont assimilés, « tout le monde peut faire tomber tout le monde » et cela est fascinant. C’est là que le principe d’utilisation de la force de l’adversaire prend toute sa signification. Ensuite se dégage un côté artistique indéniable. Et puis, qui n’a pas connu l’intense émotion que représente une projection parfaitement réussie après un long apprentissage ne peut partager cette opinion. La récompense de l’assiduité et de la persévérance. On pourrait leur reprocher qu’en randoris (combats d’entraînement), elles peuvent être dangereuses, pour peu que l’on s’entraîne avec une brute ou un maladroit. Sur le plan purement utilitaire, elles nécessitent le contact, mais malheureusement (ou heureusement), on y arrive très vite… au contact !
Le travail au sol est différent dans la mesure où la vitesse n’est pas déterminante, au contraire de celui des projections et des coups. Par contre, il ne faut pas se leurrer, l’entraînement dans ce secteur est vorace en énergie. Mais du coup, il donne une excellente condition physique et participe à un développement harmonieux du corps. Une musculation naturelle, en quelque sorte ! Très peu de blessures sont à déplorer, il est l’un des secteurs dans lequel l’expérience joue un rôle inestimable et permet de s’exprimer très longtemps. Enfin, pour peu que l’on ait eu la patience d’acquérir une certaine maîtrise, il ne faudra surtout pas bouder le malin plaisir que l’on éprouvera en jouant « au chat et à la souris ». Côté pratique, et bien que ce ne soit pas dans ce secteur que débute un combat, son efficacité est incontestable en l’occurrence pour finaliser.
Quant aux atémis, leur étude est indispensable, mais bien plus encore l’est l’art de les éviter. Par contre, pour « doser » une riposte, il faut une très grande maîtrise. Pour ce qui est du plaisir éprouvé à l’entraînement, il sera essentiellement fonction du partenaire. C’est pourquoi il sera indispensable d’être dans un environnement dans lequel l’intégrité physique est une donnée primordiale. Il s’agit là d’un secteur dans lequel, sauf à se transformer en machine infernale, il est nécessaire de faire preuve d’un parfait contrôle, ce qui à la longue peut engendrer une certaine frustration. A l’inverse du travail au sol et du travail debout, dans lesquelles nous pouvons nous engager totalement et aller au bout de l’action. Enfin, les frappes au sol me gênent considérablement. Parce que, dans un affrontement, soit nous les portons à fond et c’est impraticable, soit elles faussent les données du combat.
Avant que s’exprime une préférence, il est nécessaire de tester tous les domaines ; notre art offre cette découverte. Et puis, chaque secteur a son utilité et enfin et surtout, il n’existe pas de bon ou de mauvais domaines, mais des bonnes et des mauvaises façons de les pratiquer.
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com