Le 28 mars 1945, le professeur de judo et de ju-jitsu Roger Piquemal déposait les statuts d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901, dénommée « Club français de jiu-jitsu ». Dans les années 1950 et au début des années 1960, ce club allait devenir l’un des plus titrés du judo français, mais aussi et surtout une « école » qui a permis à des centaines de ju-jitsukas, de judokas, mais aussi de karatékas, aikidokas et autres « tireurs » (pratiquants de boxe) de tenter de percer le mystère des arts martiaux, d’apprendre, de se perfectionner, de transpirer, mais aussi de s’épanouir.
Au travers de l’article consacré à la « rue des Martyrs », paru sur ce même blog le 1er octobre 2015, les lecteurs ont déjà pris connaissance de l’histoire de ce lieu et partiellement de ce club. Tous les deux sont forcément liées et – pour moi – inoubliables.
Aujourd’hui, c’est davantage au club en tant que « personne morale » à qui je consacre cet article, par rapport à l’aspect disons plus géographique abordé dans le billet indiqué ci-dessus.
Roger Piquemal a fait l’acquisition d’un vaste local situé au 11 de la rue des Martyrs dans le bouillant et attachant quartier du IXe arrondissement de Paris. Il a créé une association qu’il a appelée « Club français de jiu-jitsu ». Ensuite, avec la prédominance de l’aspect sportif, cette « personne morale » est devenue « Club français de judo ». Enfin, avec la multiplicité des disciplines venues d’Orient, « Club français d’arts martiaux ». Mais en fait, pour plus de simplicité, on disait « le Club français ».
Différents présidents se sont succédé, mais seulement deux directeurs techniques ont animé cette association. Roger Piquemal depuis la création jusqu’à sa disparition en 1954, puis Bernard Pariset à partir de cette date jusqu’à son décès en 2004.
Roger Piquemal, professeur de « culture physique » de son état, avait commencé le judo et le jiu-jitsu avant la Seconde Guerre mondiale avec Maître Kawashi, il portait la ceinture noire numéro 7 et avait conquis un titre national en 1943.
Bernard Pariset (aussi et surtout – pour moi – mon père) a commencé en 1947 à l’âge de 17 ans sous la férule du maître des lieux. Ensuite, il s’est fabriqué l’un des plus beaux palmarès du judo français, qui plus est en toutes catégories, avec – entre autres – un titre européen et une médaille de bronze aux championnats du monde de Tokyo en 1958.
Quant au club par lui-même, il conquit en judo de nombreux titres individuels nationaux et internationaux, avec une kyrielle de champions. Mais aussi, grâce à ses judokas, il brilla dans les compétitions par équipe, glanant les titres nationaux et européens, allant jusqu’à offrir au public de Coubertin des finales « Club français 1 » contre « Club français 2 ».
A la fin des années 1960, d’autres clubs se sont livrés à une farouche politique de recrutement et ont ainsi constitué des écuries – souvent – à coups de débauches de talents issus de clubs formateurs tels que le « Club français » . ll devenait difficile de lutter contre un procédé qui n’allait pas manquer de se généraliser. Aussi, au sein du club, l’aspect compétition a été délaissé au profit d’une vocation purement éducative.
C’est à cette époque que j’ai commencé ma carrière de professeur, après avoir enfilé mon premier kimono à l’âge de cinq ans, quelques années auparavant, en 1959 précisément !
Un nombre impressionnant de personnes ont participé au rayonnement de cette institution. Bénévoles et professionnels, occasionnels et permanents, célèbres et anonymes, pratiquants de base et champions, maîtres et disciples.
Depuis la fermeture de l’établissement en 2005, le « Club français » en tant qu’association n’avait plus de raison d’être. Celle-ci a été mise en sommeil. Mais aujourd’hui m’anime l’envie de la sortir de sa torpeur, avec une autre vocation. J’ai donc pensé la ressusciter officiellement ; l’objet serait différent de celui qui était justifié à sa création. Le CFJJ pourrait devenir un rassemblement – une sorte d’amicale – de personnes adeptes d’un ju-jitsu traditionnel, sans autre but que le plaisir de soutenir une forme de travail attachée à l’art martial emblématique que l’on appelle jiu-jitsu, ju-jutsu ou encore ju-jitsu. Ou bien, en deuxième option, un regroupement de pratiquants ayant été proches de cette association en son temps. Prenons le temps de la réflexion.
Site Internet du ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Très bel article qui fait revivre ces moments inoubliables.
L’Histoire s’est écrite là.