Ces cinq mots commençant par la même lettre, résument ma conception du ju-jitsu. Celle-ci m’a guidé tout au long de mon parcours.
Efficacité. Cela semble évident pour une discipline de combat. Avec le ju-jitsu toutes les formes d’attaques sont envisagées et en matière de ripostes aucun secteur n’est négligé : travail à distance, en corps à corps, debout et au sol !
Education. Une méthode d’éducation physique et mentale, la grande idée et le grand principe qui ont été développés par Jigoro Kano. Elever l’art martial au-dessus d’une simple forme de combat, à savoir vers une Ecole de vie, un idéal de comportement. Développer son corps, l’assouplir, parfaire sa condition physique, tous ces éléments seront garants d’une bonne santé et ne nuiront pas à l’efficacité, il s’agit là de l’aspect physique. Ensuite, l’éducation mentale Dans un premier temps celle-ci se construira naturellement, au travers d’une pratique encadrée où s’imposera le respect des règles de vie d’un dojo. Comme celles concernant la politesse, l’entraide et celles liées aux traditions ; le salut et la tenue, etc. Ensuite, et c’est essentiel, une pratique non violente et sécuritaire. Une des idées géniales de Kano avait été de faire le tri dans les techniques pour ne conserver que celles qui répondaient à deux critères : efficacité et sécurité. (Dommage de constater parfois des retours en arrière) Ensuite il faudra apprendre à faire la nuance entre partenaire et adversaire, respecter les deux et ménager son propre corps, pour se garantir une pratique durable ; apprendre à contrôler ses pulsions, donc à se maîtriser. Enfin, il faudra aussi renforcer son mental et développer le goût de l’effort et s’imposer de la rigueur. La plupart de ces qualités acquises dans le dojo pourront être transposées dans la vie en société.
Ethique. En liaison directe avec l’éducation, l’éthique se matérialisera par le respect des règles de morale. Le fameux code moral du judo et du ju-jitsu,
Evolution. Il s’agit là de l’évolution du pratiquant dans la mesure où il progressera. Il y a aussi l’évolution des techniques qui consiste à les affiner, à chercher de nouvelles opportunités, sans jamais trahir la forme et l’esprit. Pour les enseignants, l’évolution devra aussi se faire dans la recherche de nouvelles méthodes d’entraînement et de nouveaux outils pédagogiques.
Esthétisme. Une technique peut être belle et efficace. Elle peut être aussi inesthétique et inefficace. La beauté du geste relève du talent, sans doute, mais aussi et surtout du travail. (Le talent sans le travail n’est qu’une sale manie », Nietzsche). « Faire beau » est parfois (je dis bien parfois) contesté par deux catégories de personnes. Celles qui – dans tous domaines – critiquent systématiquement ce qu’ils ne maîtrisent pas, et souvent ils ne maîtrisent pas grand chose. Et celles intéressées uniquement par l’aspect utilitaire (dommage). Il se trouve que la discipline que j’ai la chance d’enseigner, à savoir le ju-jitsu, est un art martial et dans cette appellation il y a le mot « art ». Plusieurs définitions le définissent. En voici deux, extraites du Larousse. Art : « aptitude, habilité à faire quelque chose ». Mais aussi : « manière de faire qui manifeste un sens esthétique ». Leur association me satisfait pleinement.
Bravo pour ce magnifique article.
Merci Jacques !