C’est toujours un grand plaisir que celui de proposer, de temps en temps, quelques lignes issues du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Cette fois elles nous conduisent à quelques réflexions sur les « forces de l’esprit », qui peuvent nous habiter à partir d’un certain niveau d’engagement et de pratique.
« Tajima no Kami se promenait dans son jardin par un bel après-midi de printemps. Il semblait complètement absorbé dans la contemplation des cerisiers en fleur. A quelques pas derrière lui, un jeune serviteur le suivait en portant son sabre. Une idée traversa l’esprit du jeune garçon : « Malgré toute l’habité de mon maître au sabre, il serait aisé de l’attaquer en ce moment par-derrière, tant il parait charmé par les fleurs de cerisier. » A cet instant précis, Tajima no Kami se retourna et chercha autour de lui, comme s’il voulait découvrir quelqu’un qui serait caché. Inquiet, il se mit à fouiller dans tous les recoins du jardin. Ne trouvant personne, il se retira dans sa chambre, très soucieux. Un serviteur finit par lui demander s’il allait bien et s’il désirait quelque chose. Tajima répondit : « Je suis profondément troublé par un étrange incident que je ne peux m’expliquer. Grâce à ma longue pratique des arts martiaux, je peux ressentir toute pensée agressive émise contre moi. Quand j’étais dans le jardin, cela m’est justement arrivé. A part mon serviteur, il n’y avait personne, pas même un chien. Ne pouvant justifier ma perception, je suis mécontent de moi. » Le jeune garçon, apprenant cela, s’approcha du maître et lui avoua l’idée qu’il avait eue, alors qu’il se tenait derrière lui. Il lui en demanda humblement pardon. Tajima no Kami se détendit et, satisfait, retourna dans le jardin. »