Les sutemis sont la parfaite illustration du principe de non opposition et de l’utilisation de la force de l’adversaire. Mettre hors d’état de nuire l’adversaire en stérilisant ses attaques, en lui faisant gâcher son énergie, en permettant que celle-ci se retourne contre lui et à sa force ajouter un peu de la notre, me semble être une riposte « intelligente », dénuée de toute violence. Elle donne à un gabarit modeste l’assurance de maitriser plus fort que lui.
Sutemi signifie sacrifice. En se mettant soi-même au sol (en sacrifiant son corps), le principe est de créer le vide devant l’assaillant et de l’aspirer dans ce néant volontairement provoqué. Comme beaucoup de techniques de self-défense appartenant au ju-jitsu, les sutemis se réalisent à condition qu’il y ait attaque (ou agression). En judo, c’est surtout dans l’application du principe action-réaction et en contre-prises qu’ils se pratiquent.
Il existe les sutemis de face et les sutemis de coté. Le plus célèbre d’entre eux appartient à la première catégorie, il s’agit de tomoe-nage. Littéralement : projection en cercle. (Les deux corps formant un cercle parfait au moment où Tori fait basculer Uke par-dessus lui.) Cette projection est aussi connue sous l’appellation populaire de « planchette japonaise ». En judo, une variante a vu le jour au début des années 1970, avec yoko-tomoe-nage.
Dans cette famille de techniques se trouvent aussi les makikomi qui sont un peu à part dans la mesure où nous sacrifions notre corps dans le but « d’enrouler » celui de l’adversaire.
Ces techniques sont très spectaculaires et impressionnent toujours. Si elles ne demandent pas d’efforts physiques, en revanche elles réclament de la précision et une forme de corps qu’il aura fallu façonner avec de nombreuses répétitions. Mais comme dans beaucoup de moment de la vie, la satisfaction des progrès réalisés sera LA récompense.