Les fidèles connaissent presque par cœur l’histoire proposée dans les lignes qui suivent, mais comme l’été et les vacances, pour ceux qui ont la chance d’en bénéficier, sont propices à la détente et à la réflexion je ne résiste pas à publier une nouvelle fois ce conte extrait du précieux et délicieux recueil intitulé « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ».
Le livre en question aborde plusieurs thèmes illustrés par différentes petites histoires. Le récit proposé ci-dessous matérialise l’art de vaincre sans combattre, ce qui est pour le moins une conduite intelligente (et manifestement efficace). Il vient aussi en appui à l’article du 10 juillet consacré à la souplesse comportementale.
Trois mouches
Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.