La semaine dernière j’ignorais que cette magnifique région allait à nouveau être la victime d’un terrible incendie, cela me fend le cœur !
Malgré tout, comme promis, je vous propose le second volet de cet article qui couvre des « jours heureux ».
Dans cette seconde partie j’évoque ce qu’était notre quotidien, à la fin des années 1950, lorsque pendant deux mois nous étions installés dans ce lieu inoubliable.
Les prises de vue de la carte postale de 1974 qui illustre cet article font remonter de très forts souvenirs. Il y en a une qui me marque particulièrement (en dehors d’Anton Geesink, hors catégorie), c’est celle qui se trouve en haut et à gauche. Elle représente le chemin qui descendait jusqu’à la plage.
Avec mon amie d’enfance Katy, la fille d’Henri Courtine, accompagnés de nos mères, nous allions tous les matins sur cette petite plage qui appartenait au camp de vacances. Nos pères étaient sur les tatamis pour diriger le cours technique.
Après beaucoup de temps passé sur le sable et dans l’eau, nous remontions vers les 13 h 00. Il fallait d’abord traverser la route qui longe le littoral, la nationale 98, ou bien emprunter un souterrain plus prudent mais assez sinistre. Nous commencions alors à gravir le chemin qui nous menait au « camp ». La première partie se déroulait sous un soleil de plomb, surtout à la mi-journée et puis d’un seul coup nous empruntions un tunnel de mimosas. Une délicieuse ombre naturelle nous délivrait d’une chaleur accablante. Seuls les végétaux peuvent procurer un tel bien-être.
Avant de rejoindre la « salle à manger » installée sous des platanes centenaires qui nous abritaient eux aussi de l’astre solaire, nous passions par le bloc sanitaire pour un efficace dessalage.
Je sors un peu de la carte postale pour disserter quelque peu sur nos occupations quotidiennes.
L’après midi, après l’indispensable sieste, nous ne retournions pas à la plage. Sur les tatamis les judokas suaient sang et eau dans leurs judogis, les compagnes assistaient bien souvent aux exploits de leurs moitiés, assises sur les bancs qui entouraient le dojo de plein air. Je précise qu’à l’époque, très peu de femmes pratiquaient le judo, c’est pour cette raison que j’emploi le mot compagne et non pas compagnon.
Quant à nous, les plus jeunes, nous nous retrouvions pour nous livrer à différents jeux. Les enfants savent toujours s’occuper lorsqu’ils sont ensembles, même sans écran, Dieu merci.
Après l’entraînement, nous nous retrouvions tous pour le dîner, et juste un peu avant la fin du repas, avec la permission des parents, il y avait un grand moment que nous attendions tous, nous les enfants, c’était lorsque nous investissions le tatami, jusqu’à ce que nos parents qui finissaient la soirée au bar viennent nous arracher à ce lieu transformé en véritable cours de récréation.
Le dimanche, le judo faisait une pause. Bien souvent en quête de fraîcheur, nous montions dans l’arrière pays pour un pique-nique au pied de Bargème, un magnifique village, qui à l’époque était abandonné. Je me souviens qu’en ce temps un petit ruisseau qui descendait de la montagne nous permettait de mettre les melons au frais. Voilà le genre d’image qui me reste avec une précision hallucinante. Ce n’est pas la seule, on n’échappe pas à son enfance.
Avant de redescendre dans la fournaise, s’imposait une halte à Bargemon, autre village typique du Haut-Var, pour un dîner où la charcuterie régionale et les écrevisses faisaient bon ménage dans les assiettes. Le retour était un peu laborieux dans la mesure où pour rejoindre Beauvallon, la route n’était absolument pas celle qui existe maintenant. Traverser ce qu’on appelle le « Gratte-loup » qui appartient au magnifique Massif des Maures, relevait presque de l’exploit, surtout de nuit. Entre Le Muy (ceux qui se rendent dans le golfe de Saint-Tropez connaissent bien ce nom, puisque c’est là que se situe la sortie de l’autoroute) et la côte il fallait une heure et demi, alors que trente minutes suffisent maintenant. Les virages qui étaient la cause de ce trajet sans fin représentaient une véritable épreuve pour nos estomacs.
Après une nuit, quelques fois en compagnie de nos « amis » les moustiques, nous étions prêts pour une nouvelle semaine de vacances inoubliables.