J’avais promis de revenir sur la remise en valeur du ju-jitsu dans notre pays au début des années 1970, avec la méthode « Atemi ju-jitsu ». Un sujet déjà évoqué, mais peut-être est-il oublié chez certains et méconnu pour d’autres, l’évoquer à nouveau n’est donc pas inutile.
Nous étions au tout début des années 1970. Le judo connaissait une popularité croissante, malgré tout une partie de la population ne se retrouvait pas dans un aspect sportif trop présent et s’orientait vers d’autres disciplines.
Mon père, Bernard Pariset, après avoir mis un terme à une carrière de compétiteur au palmarès exceptionnel, se consacrait essentiellement à son club parisien de la rue des Martyrs : « Le Club Français de judo ju-jitsu ». A ce titre il était attentif à la demande des néophytes qui se présentaient à l’accueil du dojo. Ce qui lui permettait de constater que beaucoup de demandes de renseignements n’évoquaient pas le judo, mais le karaté. Cet « art de la main vide » attirait de plus en plus d’adeptes. En l’occurrence des personnes à la recherche d’une méthode de self défense. Étant ouvert d’esprit et ayant dans son club une belle section de cet art martial, mon père n’était pas jaloux, cependant il pensait que c’était dommage d’avoir mis de côté un secteur qui appartenait au judo ju-jitsu : l’atemi-waza.
C’est à partir de ce constat qu’il a souhaité accoler le mot « atemi » à celui du ju-jitsu, pour marquer les esprits et signifier la remise en valeur d’un secteur qui avait été négligé.
« L’idée force » était la création d’une méthode rassemblant plusieurs critères : self défense, activité physique et mentale et loisir. Une méthode accessible à tous les âges, à toutes les conditions physiques et à but non compétitif. Non pas qu’il ait été contre la compétition (comment aurait-il pu l’être avec son palmarès ?), mais il estimait que tout le monde n’en possédait pas l’envie ou les capacités, et qu’un art martial traditionnel ne pouvait être pratiqué en affrontement direct. Et puis, tout simplement, l’aspect utilitaire est (et restera) toujours présent dans les esprits. Cependant il fallait dépoussiérer ce ju-jitsu quelque peu oublié et lui donner davantage de dynamisme, notamment dans les méthodes d’entraînement.
C’est ainsi qu’en accord avec Henri Courtine, à l’époque Directeur Technique National, mon père a conçu une méthode de « ju-jitsu self défense » en parallèle à celle du judo. Ce qui permettait d’offrir un complément de techniques axées sur l’aspect utilitaire tout en respectant l’esprit et les principes de nos disciplines. On élargissait le champ d’accueil des populations. On offrait un potentiel supplémentaire aux professeurs.
Les premières sections ont vu le jour dans ces années 1970. A partir de 1980, le développement a été fulgurant. J’y ai pris une part très active avec des responsabilités fédérales, des stages, des démonstrations en France et à l’étranger (dont douze Bercy), la publication de nombreux supports techniques, sans oublier l’enseignement au quotidien.
Au milieu des années 1990, d’autres orientations ont été prises au niveau national, en termes de contenu technique, notamment. Ces changements ne me convenaient pas et contrariaient mon attachement et ma fidélité à une forme de travail et d’enseignements que j’avais appris, pratiqués et démontrés. A regret j’ai pris mes distances pour pouvoir continuer à promouvoir et enseigner un ju-jitsu qui me correspond totalement. Et puis, j’éprouve trop de passion pour renier mes convictions.