Jiu-jitsu : la défense du faible…

Aujourd’hui, c’est la réponse à une question posée par un pratiquant résidant en Belgique qui fera office de billet hebdomadaire.

Bonsoir Monsieur Pariset,Puis-je vous demander votre avis sur un sujet qui fait « parler » en ce moment ?Pensez-vous que le Jujitsu doit se « moderniser » en faisant ressortir un peu plus son aspect « self-défense » ? Quand je dis moderniser je ne veux pas oublier la tradition, mais étant donné la dérive de notre monde et les agressions de plus en plus courantes que ce soit sur les femmes, les hommes ou même les plus jeunes ; beaucoup se dirigent vers les « nouveaux » sports de combat du style Krav Maga, Penchak Silat…et notre ju-jitsu commence à perdre de sa popularité.Je me pose donc la question, faut-il tout en gardant la tradition enseigner plus sur le coté self-défense du Ju-jitsu ?  Bien à vous. David Lobrie

On pourrait répondre de façon résumée en affirmant que non, le ju-jitsu ne doit surtout pas évoluer (par rapport à sa conception et à sa vocation première évidemment !). Ce sont les dérives et/ou déviances dont notre belle discipline est la victime depuis des années qui ont conduit à cette situation et aux nombreuses confusions qui en résultent. Mais il me semble qu’il est utile de développer quelque peu !

Il suffit de pratiquer et surtout d’enseigner le ju-jitsu en respectant sa vocation première, c’est-à-dire la self-défense ; « la défense du faible contre l’agresseur » comme l’indique l’ouvrage rédigé par Monsieur Feldenkrais dans la première partie du XXème siècle et dont la couverture nous sert d’illustration. Ou encore visionner l’excellent film d’Akira Kurosawa réalisé en 1954 « les 7 samouraïs » qui raconte comment au Moyen-âge, la tranquillité d’un petit village japonais est troublée par les attaques répétées d’une bande de pillards et comment Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants … et de les former aux techniques de défenses….

Je vois donc trois grandes raisons au mal que vous évoquez. Tout d’abord, le ju-jitsu est victime de dérives, ensuite (ce qui fait partie de ces dérives) de certaines façons de l’enseigner. Enfin, il lui manque une organisation au plus haut niveau.

Premièrement, à propos de dérive, le développement de l’aspect compétition en est une belle illustration. En effet, il retire automatiquement de la valeur en matière de self-défense, dans la mesure où pour des raisons de sécurité (souhaitables) les techniques les plus dangereuses, donc les plus efficaces en matière de défense, sont exclues. A cela il faut ajouter que, bien souvent, lorsqu’il s’agit de compétition, une forme d’élitisme s’installe au détriment de ceux qui ne sont pas intéressés par cet aspect. Autres dérives, avec des postures (les gardes) adoptées dans certaines façons de pratiquer ; elles ne sont pas naturelles et incompatibles avec l’efficacité en situation réelle. A ces dérives on peut ajouter l’existence d’un nombre important de styles et d’écoles de ju-jitsu qui pour certaines n’ont en commun que le…nom, ce qui ne manque pas de semer la confusion.

Deuxièmement, la façon dont le ju-jitsu est enseigné, ce qui est en liaison avec la première cause. A partir du moment où existe la compétition dans une discipline, beaucoup de professeurs ont tendance à limiter leurs enseignements aux seules techniques qui y sont autorisées. Sans tenir compte de la vocation première de l’art martial en question. On peut aussi ajouter un manque de formation qui concerne une partie des enseignants, ce qui amène naturellement le troisième point.

Donc, et enfin, ce troisième point qui concerne l’absence d’une structure forte au niveau national pour fédérer, organiser et promouvoir.

Face à ce constat quels sont les remèdes ? Une grande et vraie structure indépendante, mais cela a déjà été tenté à plusieurs reprises, il s’agit d’un travail colossal, surtout que, en ce qui concerne la France, une structure – la FFJDA – possède déjà la délégation ministérielle qui lui permet de gérer la discipline dont elle a la charge. Est-ce fait correctement ?

Fort de ce constat, à court terme, que peuvent faire les enseignants du « ju-jitsu originel » ? Pour ma part, même si cela peut paraitre désuet, j’opte tout bonnement pour le bon sens qui consiste à enseigner le ju-jitsu selon sa vocation première (venir à bout d’un agresseur plus fort que soi).  Et puis, expliquer aux élèves et futurs élèves que le ju-jitsu, s’il est enseigné comme il doit l’être, est une méthode de self-défense complète, composée de toutes les défenses répondant à toutes les formes d’agressions, qu’il existe des principes de bases qui permettent aux plus faibles de triompher des plus forts, que le travail des coups et l’étude des points vitaux font partie de l’enseignement. Certes, cela prend du temps, mais il n’y a pas de méthodes miracles qui permettent de savoir « se défendre en dix leçons » et de toutes les façons, l’invincibilité n’existe pas.

J’ai conscience que parfois (et même souvent) le « faire-savoir » est plus important que le « savoir faire ». Avec une bonne communication, c’est surtout plus facile, certaines méthodes l’ont bien compris.

Il faut garder espoir ; le ju-jitsu existe depuis des lustres, il en a vu d’autres et tel le Phénix, il renait toujours de ses cendres. Peut-être, et même sûrement, afin de souligner l’aspect utilitaire il faut accoler plus systématiquement le mot self-défense à celui de ju-jitsu. Ou encore, à l’instar de l’ouvrage présenté, ne pas hésiter à utiliser des formules qui captent l’attention.

Concernant les solutions, quelques uns ont fait le choix d’enseigner le ju-jitsu sous un autre nom, cela se passe de commentaires.

Maintenant, il y aura toujours des gens pressés et d’autres qui prennent leur temps, il y aura toujours des personnes préférant les « fast-foods » aux bons petits plats. Ce qui n’empêche pas certains de changer d’avis, par la suite. L’important est de croire en ce que l’on fait, et surtout de bien le faire.

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Nouveau rendez-vous

Les rendez-vous parisiens se déplacent un peu à l’Est pour devenir  « montreuillois », du nom des habitants de la commune de Montreuil, qui est la deuxième ville la plus peuplée du département auquel elle appartient, la Seine-Saint-Denis. C’est également la cinquième de l’Ile-de-France. Appelée aussi Montreuil-sous-Bois (quand il y avait des bois, sans doute), la ville est limitrophe du XXème arrondissement parisien, son accessibilité est très facile ; avec le métro par la ligne 9, station Robespierre, en voiture par la sortie périphérique Porte de Montreuil.   Ce petit cours de géographie pour présenter l’endroit où se déroulera le 24 mars le prochain stage.

Un nouveau lieu et un nouveau créneau. Un nouveau lieu avec aussi un beau et grand dojo pour bénéficier davantage d’espace. Mais aussi un autre moment du week-end, peut-être plus adapté, ce qui permettra d’élargir le cercle des habitués.

Au programme de ce premier rendez-vous, des enchaînements « très ju-jitsu » dans lesquels seront proposées des techniques assez avancées. Quand je parle d’enchaînement « très ju-jitsu » c’est pour insister sur le fait que tous les secteurs de notre discipline seront évoqués : coups, projections, contrôles, travail debout et au sol, etc.

Je n’oublie pas les méthodes d’entraînements parmi lesquelles on retrouvera le « randori de situation ».

Ce stage est ouvert à tous les pratiquants d’arts martiaux ; il est quand même conseillé de maîtriser quelque peu l’art de la chute.

J’espère que cette première édition rencontrera le succès, il n’est pas trop tard pour se décider.

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A comme arts martiaux

Il y a quelque temps un de mes anciens élèves, qui se reconnaitra, m’avait suggéré de réaliser un dictionnaire des noms et des mots qui ont marqué ma carrière. J’avais mis de coté cette idée, aujourd’hui elle me revient. Aussi, j’ai commencé à établir une liste alphabétique des personnes et des sujets qui me venaient assez spontanément.

La matérialisation de cette idée n’altérera pas la publication régulière d’autres articles, comme c’est le cas depuis de nombreuses années sur ce blog. Pour ce dictionnaire, toujours sur ce même moyen de communication, je donnerai une définition courte, étant entendu que par la suite, sera proposé un recueil dans lequel chaque sujet sera plus largement développé.

Aujourd’hui commençons donc par le début : la lettre A, comme Arts martiaux, on ne pouvait mieux commencer.

Grâce à de nombreux outils d’information chacun peut avoir accès à la définition et à l’histoire de ces arts de combat ; aussi, ce sera essentiellement mon interprétation personnelle qui sera proposée.

Tout d’abord, les arts martiaux sont une part importante de ma vie, ils sont mon métier. Et même si je me suis spécialisé dans l’un d’entre eux, le ju-jitsu, j’ai eu aussi la possibilité de pratiquer le judo bien sûr, mais aussi, le karaté et l’aïkido, sans oublier la boxe française que je considère comme « notre art martial ».

Dans « art martial », il y a d’abord le mot art. La première définition proposée par le Larousse est la suivante : «Aptitude, habilité à faire quelque chose » ; cela est explicite et me convient. Ensuite, il y a le mot martial. Toujours dans le même dictionnaire (en première définition): «Qui manifeste des dispositions belliqueuses ». Ah !  Pour belliqueux on trouve : «qui aime la guerre et cherche à la provoquer » ! Donc un raccourci logique donne pour art martial : « art de la guerre », mais la provocation en moins, puisque le principe est de combattre quand n’existe plus d’autres solutions, le bagage technique représentant avant tout une force de dissuasion. C’est, en tout cas la conception que j’en ai.

Bien que « tombé dedans » tout petit, s’il n’était question que de guerre, je n’aurais pas persévéré. Nous ne sommes plus au temps des samouraïs qui se trouvaient en situation quasi permanente de survie, les combats se finissant bien souvent pas la mort d’un des deux protagonistes ; ces valeureux combattants ont disparu, mais ils ont légué un mythe puissant et les valeurs qui y sont attachées, celles du code du bushido. Gardons les principes de courage, d’honnêteté, de fidélité, de tout ce qui fait le code d’honneur pour les mettre au service d’une éducation physique et mentale. La sagesse que l’on retrouve dans certains contes que je me plais de proposer régulièrement sur ce blog, est un des principaux intérêts qui m’anime, peut-être encore davantage avec le temps.

La self-défense – l’aspect technique – représente bien évidemment un intérêt majeur ; faire en sorte que chacun puisse acquérir une technique protectrice et une confiance en lui ! Et puis, la notion d’affrontements très codifiés lors des séances d’entraînement pouvant s’apparenter à une forme de jeu est un autre aspect que je retiens. Elle permet de s’engager tout en ne dramatisant pas la situation, ce qui est sain. « Nous nous sommes bien amusés » est une phrase que mes élèves connaissent bien et que j’utilise volontiers, avec facétie, après un randori.

Dans une version plus fouillée que j’espère publier à l’occasion d’un dictionnaire complet de mes préférences, à la lettre A comme Arts martiaux, je ne manquerai pas d’étoffer le contenu de ce court billet et de donner mon sentiment sur chacune des principales disciplines, mais aussi sur les personnes qui, de mon point de vue, les ont le mieux représentées. Ce sera aussi l’occasion de proposer les nuances que je mets entre arts martiaux et sports de combat. Et tout simplement d’exprimer mon sentiment sur l’évolution de nos disciplines. Je ne manquerai pas d’évoquer celles que j’aurais bien aimé pouvoir pratiquer, comme le Kendo, et plus largement traiter les techniques plus anciennes, ainsi que les nombreux « Styles et Ecoles » attachés à certaines disciplines, comme le ju-jitsu.

En conclusion et en un résumé on ne peut plus court, les arts martiaux sont pour moi des méthodes de combats entourées de fortes valeurs éducatives, physiques et mentales, à condition de respecter « réellement » leurs traditions.

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(Dé)formateurs…

Un formateur d’enseignants à l’occasion d’une séance qui n’hésite pas à utiliser un qualificatif déplacé pour interpeller et faire remarquer son retard à un futur professeur (quel exemple !), un autre (ou le même) qui informe les futurs enseignants qu’ils ne doivent pas espérer faire une activité professionnelle, même partielle, de la dispense de leurs savoirs et encore moins que celle-ci puisse un jour devenir leur métier (quelle motivation !). Voilà des faits qui sans doute ne reflètent pas une majorité, mais qui se sont déroulés dans un lieu où doivent être « formés » les futurs professeurs. Ceux qui dispenseront leurs connaissances techniques et qui donneront l’exemple en matière de politesse, de respect, bref d’éducation et à qui il reviendra donc la tâche de faire appliquer le fameux code moral affiché dans les dojos.

On poursuit avec un jeune enseignant, dont plus de la moitié d’un cours de judo destiné à des enfants se déroule avec un ballon de foot et qui propose un échauffement de quarante cinq minutes aux adultes (quelle formation a-t-il reçu ?, ou bien cède-t-il à une forme de facilité ?). On enchaîne avec un jury peu convaincant quant aux raisons qui l’ont amené à recaler deux candidats à un haut grade, si ce n’est que le partenaire était trop complaisant (!?). Il faut espérer que ces quelques faits, véridiques et navrants, soient minoritaires. Ils m’ont incité à revenir sur un sujet déjà abordé il n’y a pas si longtemps sur ce même blog, à savoir la formation des enseignants, c’est-à-dire ceux qui sont en charge, entre autres missions, de développer une activité qui se réclame aussi de valeurs éducatives exemplaires sensées nous distinguer d’autres pratiques plus « sommaires ». Je n’ignore pas une certaine récurrence sur le sujet, mais il y a des clous qui méritent d’être enfoncés et puis l’indignation est plus saine que la résignation.

C’est le professeur qui « fait » la discipline, il est le premier contact, le référent technique, mais aussi moral, l’exemple qui motive (ou pas) les futurs adhérents à devenir des pratiquants et (encore plus difficile) à le rester.  Il est censé posséder la connaissance technique et maîtriser les outils pédagogiques que lui avait légués en son temps son propre professeur. Le tout pourra être complété lors d’une formation pour la quête d’une qualification au cours de laquelle il serait habile de ne pas remettre en cause le professeur qui a été la référence, par des formateurs qui, pour certains, n’ont jamais fait l’expérience d’accompagner un pratiquant à partir de la ceinture blanche.

Un bon professeur se juge sur la durée, par la qualité de ses élèves, sa capacité à les motiver, pas simplement à ses prouesses techniques sur le tatami (quand il en est capable). Il ne doit pas céder à la tentation de s’intéresser uniquement aux meilleurs (au contraire) et à ne pas stigmatiser une catégorie par rapport à une autre ; bref, tout mettre en œuvre pour que la motivation reste intacte chez l’ensemble de ses adhérents.

A partir de ce constat, il ne faut pas s’étonner d’une baisse d’enthousiasme se concrétisant par moins d’adhésions. Aux raisons évoquées plus haut en rapport avec la formation des futurs professeurs et au manque de considération que ceux-ci peuvent ressentir, on peut y ajouter de fréquentes refontes des programmes liés à l’enseignements et aux passages de grades, des modifications régulières concernant les règles d’arbitrage (pour les compétiteurs), sans oublier une gestion de l’aspect utilitaire (le ju-jitsu) dans lequel règne une grande confusion, laissant ainsi la part belle à d’autres activités se réclamant de la self-défense.

Si l’on veut des résultats à la hauteur des ambitions, il faut que les acteurs principaux que sont les professeurs s’impliquent totalement, et cela passe par une formation adaptée, un statut revalorisé et une considération méritée.

Ayant mis de la distance depuis bien longtemps avec l’institution évoquée dans ces lignes, je ne suis pas directement concerné, mais simplement désolé !

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Une bombe à retardement

Ces périodes durant lesquelles certains ont la chance d’être en vacances sont propices à la publication de récits emprunts de sagesse et qui donnent à réfléchir. Celui-ci se nomme « Une bombe à retardement », il est issu du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », dans lequel fourmillent de belles leçons.

« Depuis quelques semaines, un expert de boxe chinoise s’était installé dans un petit village isolé. Il commençait à s’y plaire car la crainte qu’il inspirait aux paysans lui permettait de se comporter en seigneur des lieux. Ce qu’il appréciait par-dessus tout, c’était de voir que personne n’osait lui résister, ni se trouver en travers de son chemin, jusqu’au jour où… un petit vieillard à barbe blanche, ne lui céda pas le passage et continua à marcher droit devant. Fidèle à son image de marque, l’expert essaya de bousculer le vieillard mais son corps poussa dans le vide car le vieil homme avait esquivé le geste. Furieux, le boxeur se jeta sur le vieux pour lui distribuer une série de coups. Dans la mêlée qui s’ensuivit, le vieillard tenta maladroitement de parer les coups et il réussit même à toucher légèrement la poitrine de la brute. Mais, ne faisant visiblement pas le poids, il finit par aller rouler dans la poussière. Satisfait de la correction, le champion laissa là le corps inanimé de ce vieil impertinent qui avait osé lui résister. Dès que la brute se fut éloignée, le petit vieux ouvrit un œil, puis deux, se releva, s’épousseta un peu et quitta le village d’un pas tranquille.

Plus les jours passaient, moins le boxeur se sentait en forme. Son corps s’affaiblissait, sa respiration et sa digestion devenaient difficiles et il avait des maux de tête de plus en plus fréquents.

Le jour arriva où, fiévreux et frissonnant, il du rester au lit. Il n’avait plus la force de bouger, il pouvait à peine parler.

Après avoir longuement réfléchi aux raisons de son état, il ne trouva qu’une explication probable : le léger coup que lui avait porté le vieillard avait certainement atteint un point vital et son effet avait agi à retardement. Comprenant finalement que c’était le vieil homme qui lui avait donné une leçon, il réalisa combien les apparences étaient trompeuses et combien, jusque-là, il avait vécu dans l’illusion de sa force. Pris d’un réel remord, il envoya chercher le vieillard pour lui demander pardon de son inqualifiable conduite et le remercier de lui avoir ouvert les yeux.

Le petit vieux, qui vivait dans un ermitage proche du village, ne tarda pas à arriver. Touché par le repentir sincère du voyou, il décida de le soigner lui-même. Après plusieurs séances de shiatsu (acupuncture digitale) et un traitement de plantes médicinales, le jeune homme fut remis sur pied. Habité d’un véritable besoin de reconnaissance, il supplia humblement le vieil ermite de l’accepter pour élève.

Il resta ainsi dans l’ermitage jusqu’à la mort de son Maître, et quand il redescendait dans le village, sa présence n’inspirait plus la crainte, mais un paisible respect.

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La loi du plus fort

En sport, cela peut paraitre étrange d’affirmer que lorsque c’est le plus fort qui gagne et que par conséquent l’échelle des valeurs est respectée, se manifeste parfois un manque d’intérêt . Pas tant que cela, finalement. D’abord, assister au renversement de l’ogre par le « le Petit Poucet » est toujours sympathique, et pour ce qui concerne les disciplines de combat comme le judo, que les principes de bases et les techniques affutées permettent à David de triompher de Goliath l’est tout autant.

Avant l’instauration des catégories de poids, le petit qui projetait le grand participait à la « magie du judo ». Ces catégories ont eu aussi comme conséquences fâcheuses (la compétition dénature forcément l’art martial) de déshabituer les pratiquants les plus petits à utiliser des techniques et des stratégies permettant de se défaire des plus grands et plus lourds. Même si elles ont permis à davantage de combattants de s’exprimer, elles ont retiré un peu de l’exaltation que procurait le fait de voir le moins fort (physiquement) triompher.

Cependant, il n’était pas question de magie, mais de techniques affutées, ciselées et surtout de principes dans lesquels était offerte la possibilité que la force de l’adversaire se retourne contre lui. Et plus cette force était importante, plus le « retour » était efficace. Lorsque l’on ne bénéficie pas de suffisamment de puissance, se servir de celle de l’adversaire semble être du bon sens. Encore faut-il savoir le faire, faut-il l’avoir appris ! C’est d’autant plus important que si ces préceptes permettent de se sortir d’une mauvaise situation en cas d’agression, leur transposition dans la vie sociétale qui ferait que le chêne rompe, mais pas le roseau, que la force se retournerait contre celui qui l’utilise, l’espoir d’une société plus juste renaîtrait sans doute !

La compréhension de tels principes et l’assimilation des ces techniques réclament de la patience, cette qualité ne caractérise pas une époque dans laquelle l’immédiateté semble devenir la règle.

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Brise-chute et brise-glace

L’épisode hivernal que nous venons de vivre a permis de constater que savoir chuter n’était pas inutile en dehors d’un dojo. Certes, on peut penser que lorsque l’on chute sur un tatami on doit « frapper » avec le bras et que par conséquent il ne sera pas possible de faire de même sur un sol dur ; sur ce point il faut préciser que ce serait un moindre mal, nous verrons pourquoi plus loin.

Lors des séances d’entraînement on ne peut apprendre les projections que si l’art de la chute est parfaitement maîtrisé, puisque les rôles (Tori celui qui fait chuter, et Uke celui qui chute) sont endossés en alternance. Pour cela, en fonction des projections, il y a deux façons de se réceptionner : les chutes arrière et les chutes avant. En ju-jitsu on se doit aussi de maîtriser ce que l’on appelle les « chutes de situation » (celles qui devront être utilisées dans la réalité), elles nous permettront de nous retrouver debout et face à un éventuel agresseur.

Quoiqu’il en soit et même si nous ne passons pas notre vie à nous « casser la figure », savoir se réceptionner correctement est souhaitable et permet de limiter les dommages, sur du verglas mais aussi dans des disciplines sportives comme l’équitation, par exemple !

Lorsque l’on perd l’équilibre et que l’on tombe, il y a trois priorités. La première consiste à protéger sa tête. Celle-ci est très lourde (même si, comme je le dis parfois avec malice, il n’y a pas grand-chose dedans, pour certains) ! Pour cela il faut apprendre à la préserver et empêcher le moindre contact avec le dur. Les multiples répétitions, menton dans la poitrine lorsque l’on part sur l’arrière, sont une garantie. Placer son bras correctement devant afin qu’il serve à la fois de roue et d’amortisseur sera la consigne pour les principales chutes sur l’avant. En deuxième, il faudra protéger les articulations du bras. C’est au poignet, au coude et aussi à l’épaule que les traumatismes sur sol glissant sont à déplorer. Tendre le bras dans l’alignement du corps sera le bon reflexe, afin d’éviter de poser la main directement au sol pour éviter qu’une articulation (poignet, coude ou épaule) n’encaisse le poids du corps dans une position qui entraînera fractures et/ou luxations. Enfin, il faudra éviter de tomber à plat dos, et favoriser une réception légèrement sur un coté, celui du bras tendu. Sur un tatami, comme indiqué plus haut, on fera ce que l’on appelle « frapper » le sol, n’ont pas pour faire du bruit, mais pour répartir l’onde de choc.

Donc l’apprentissage de ce que l’on appelle en japonais les « ukémi » est tout sauf une perte de temps.   Je n’ignore pas que certains sont quelque peu réfractaires à leur égard, il faut admettre que ce n’est ni très naturel, ni le moment le plus agréable d’une séance. Là aussi tout est question de dosage et de progressivité, que ce soit pour habituer le corps ou bien pour prendre confiance et faire en sorte de franchir cette barrière psycologique. Enfin lors de démonstrations et dans certaines projections, l’esthétisme obtenu grâce à une osmose parfaite entre les partenaires pourra être un facteur supplémentaire de motivation.

Il est dommage que certaines disciplines fassent l’impasse sur un secteur qui est d’une utilité incontestable.

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Self-défense, suite…

Décidément ce qui touche à la self-défense ne laisse pas insensible. L’article de la semaine dernière a rencontré un beau succès et a suscité quelques réactions qui m’inspirent ce nouveau billet.

Je n’ignore pas qu’il existe un nombre important de méthodes de défense plus ou moins efficaces (bien que cette considération dépende de celui qui l’enseigne). Je n’ignore pas non plus que « self-défense » ne rime pas forcément avec ju-jitsu. Par contre, se consacrer au ju-jitsu traditionnel relève automatiquement de la self-défense, il suffit pour cela de se référer à sa longue histoire. A moins, bien sûr, que ce  soit un pas du ju-jitsu ! ou encore l’aspect compétition, par exemple, qui transforme l’art martial en sport et produit une certaine confusion ; une internaute évoquait des réflexions de néophytes recherchant la self-défense et qui ayant testé un cours du ju-jitsu, ne désiraient pas « faire ça », que ce n’était pas ce qu’ils recherchaient. C’est évident que s’il s’agissait d’un cours de ju-jitsu à option sportive, ils ne pouvaient y adhérer, tout comme on ne peut adhérer à certaines formes « dénaturées ».

Maintenant, il y a aussi ceux qui résolument ne veulent pas « enfiler le judogi » pour apprendre à se défendre, ni se plier aux règles d’usage d’un dojo. Ce choix est respectable ; à ce moment-là, nous ne sommes plus dans un art martial.

Je poursuis sur le thème des réactions engendrées par le précédent article, en rappelant qu’en son temps (on parle bien de ce que l’on connait bien), la méthode appelée « atemi-ju-jitsu » avait été créée pour que les professeurs de judo puissent facilement maîtriser une méthode de self-défense. Elle était calquée sur la progression de judo de l’époque et ne demandait pas un effort considérable d’adaptation. Certains penseront que j’évoque (trop) souvent cette histoire, mais aujourd’hui, c’est pour aller dans le sens d’un commentaire dans lequel l’auteur regrettait que la fédération de judo « ait laissé partir tout cela », permettant à d’autres méthodes éloignées – pour certaines – de l ‘esprit des arts martiaux de s’épanouir. Je ne peux qu’adhérer à cette remarque frappée du bon sens.

En guise de conclusion je rappellerai que le ju-jitsu n’est pas la seule méthode de défense, mais qu’avant tout, il s’agit de sa « substantifique moelle » ! Cette méthode de défense possède des particularités techniques sur lesquelles je suis revenu à maintes reprises, auxquelles s’ajoutent, en principe, un renforcement physique et une formation comportementale, ce qui peut la différencier de certaines autres !

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Self-défense, encore !

img017Récemment j’ai été interpellé par le contenu d’une affiche sur laquelle était proposée – entre autres thèmes – de la « self-défense » au programme d’un stage de ju-jitsu. Cela sous entend (volontairement ou involontairement) que le ju-jitsu n’est pas une méthode de défense (à moins que ce soit dans un souci approximatif d’information destiné aux néophytes). C’est surprenant dans la mesure où je pensais que lorsque l’on pratiquait cette discipline on pratiquait forcément de la self-défense. Certes le ju-jitsu a l’avantage de ne pas se limiter au simple aspect utilitaire ; on travail le physique et le mental – qui ne sont pas incompatibles avec l’efficacité, bien au contraire -, mais il s’agit avant tout d’un art de combat. Ses principes et la majorité de ses techniques possèdent des spécificités qui sont la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire, la recherche du contrôle de l’adversaire, mais aussi celle du détail qui tente de conduire à la perfection, partant du principe que « qui peut le plus, peut…le plus ». Même si pour différentes raisons – éthiques et éducatives -, son enseignement et sa pratique ne se limitent pas à l’aspect utilitaire, chaque technique étudiée, chaque méthode d’entraînement travaillée et chaque kata exécuté ont comme principaux objectifs de progresser et de renforcer l’efficacité dans l’art du combat. Et puis surtout n’oublions pas que dans l’arsenal technique existent des projections et des coups qui peuvent être fatales (ne pas l’ignorer n’est pas superflu, à bien des égards). Tout cela pour affirmer que la self-défense est l’ADN du ju-jitsu.

Peut-être et même sûrement, la mise en place de compétitions d’affrontements directs – contre nature – dans cette discipline a contribué à jeter une confusion, puisqu’à partir du moment où un art martial devient un sport, pour des raisons évidentes de sécurité, il se prive des techniques les plus dangereuses, donc des plus efficaces ; à ce titre il n’est plus considéré comme une méthode d’auto-défense (et reste-t-il un art martial ?). C’est pour cette raison que je n’adhère pas à cet aspect.

Les précédentes lignes nous ramènent à l’article publié sur ce blog il y a quinze jours et qui traitait principalement de la violence en liaison avec certains apprentissages d’auto-défense. Il a suscité de l’intérêt et des réactions. Entre autres, l’affirmation, à juste titre, que le travail en dojo et l’application « dans la réalité » n’ont rien de commun. Mais, comme je l’avais indiqué, heureusement ! Il n’est quand même pas souhaitable de provoquer des situations réelles pour pouvoir progresser et pour tester ses compétences.

Quoiqu’il en soit, ce sujet passionne. Il en a toujours été ainsi. La défense de sa propre intégrité et l’assistance à personne en danger sont des priorités légitimes. C’est pour cette raison qu’il me semblait utile de rétablir ce qui me semble être la vérité sur cette discipline qu’est le ju-jitsu.

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Les « 16 Ter »

pariset-eric-ju-jitsu-defense-personnelleC’est au début des années 1980, dans la suite logique des 16 techniques et des 16 bis que l’enchaînement des « 16 Ter » a vu le jour. Si son appellation n’est pas originale son contenu l’est assurément.

Pour faciliter la mémorisation, les attaques sont presque toutes les mêmes que celles des 16 techniques ; par contre les ripostes sont d’un niveau plus élevé. Proposer une graduation dans la difficulté était le but que j’avais recherché dans cette « trilogie ».

Les techniques proposées réclament donc une certaine habileté (que l’on acquiert par la pratique). Continuer à découvrir, à progresser et à se surpasser (raisonnablement), n’est-ce pas l’un des buts que nous recherchons dans une pratique évolutive ?

De surcroît, ce qui ne gâche rien, lors de leur exécution, ces techniques et ces enchaînements dégagent un esthétisme certain, ce qui n’est pas incompatible avec l’efficacité. Cela demande effort et rigueur, comme tout domaine dans lequel on souhaite progresser.

Reflet d’un ju-jitsu moderne qui a su conserver ses traditions, les 16 ter vont permettre de progresser dans chaque technique proposée, mais aussi dans le domaine des liaisons et de la fluidité qui doit les accompagner.

Comme pour les 16 et les 16 Bis, l’exécution de l’enchaînement dans sa totalité permettra d’acquérir et/ou de conserver une excellente condition physique, indispensable à un pratiquant d’arts martiaux.

L’apprentissage de cet enchaînement se fera d’abord technique après technique, avant de les enchaîner vite et fort.

Aucune vidéo n’a été réalisée à ce jour ; seul existe un support papier dans l’un de mes livres. Ceux qui auront la possibilité de suivre mon prochain stage parisien pourront découvrir ou redécouvrir les « 16 Ter ». Ci-dessous la liste de ces techniques. Je n’ignore pas que cela manque d’images, reste à faire travailler votre imagination en attendant…

1ere technique : sur menace de face : double mae-geri et o-soto-gari.

2ème : sur poussée aux épaules : kata-guruma.

3ème : sur saisie à la gorge par l’arrière : hiji à gauche, dégagement par l’intérieur, sumi-gaeshi enchaîné et ude-gatame.

4ème : sur mawashi-geri : ashi-guruma.

5ème : sur saisie de tête waki-gatame « à l’envers » avec amenée au sol.

6ème : sur saisie de manche : mawashi-geri, ude-gatame, hiji, (uke pose un genou au sol), renversement et juji-gatame.

7ème : au sol Tori sur le dos : kakato-geri, kochiki-daoshi.

8ème : sur menace de face : yoko-geri retourné, o-soto-gari.

9ème : sur saisie à la gorge de face à une main : kote-mawashi, kakato-geri, sumi-gaeshi et juji-gatame.

10ème : sur saisie d’épaule de côté avec naname-tsuki : eri-seoe-nage.

11ème : sur reprise d’initiative sur tentative de waki-gatame : waki-otoshi.

12ème : sur poussée au sol : chute arrière, morote-gari à l’envers et clef de jambe.

13ème : sur attaque arrière : ushiro-geri, mae-geri, hiji, hadaka-jime, renversement et clef de cou.

14ème : sur menace de couteau de face 1ère forme : mikazuki-geri, hiji, eri-jime. 2ème forme : mikazuki-geri, ura-mawashi-geri, mawashi-geri, hiji, eri-jime.

15ème : sur double coup de bâton : yoko-wakare, hara-gatame et kakato-geri.

16ème : sur menace de revolver de face : kote-inéri.

 

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