Jeudi dernier, le billet hebdomadaire devait vanter les mérites du « kimono ». Les tragiques événements qui ont ensanglanté notre pays et qui nous ont traumatisés m’ont retiré l’envie d’aborder un sujet qui me paraissait quelque peu en inadéquation avec l’horreur qui nous était imposée. Bizarrement, le sujet suivant était en gestation, il devait s’attaquer à la violence et la contribution de chacun pour y remédier, plus particulièrement celle des éducateurs sportifs !!! Notre tenue fétiche attendra encore quelques jours pour que l’on s’occupe de sa défense sur ce blog. Cette violence qui, pour le moins, « enlaidit notre société » remporte ma préférence cette semaine (si je puis m’exprimer ainsi). Je me suis donc attelé à la finition d’un thème pour ? ou plus exactement contre – lequel nous avons, chacun à notre place un rôle à jouer.
Pour ce qui me concerne, je n’ai pas d’autre prétention que celle de rester dans mon domaine de compétence, afin d’aborder un sujet qui l’a déjà été sur ce blog ; preuve qu’il me tient à cœur.
Je pense sincèrement que même si chacun à son » tempérament », la violence n’est pas forcément innée, ou plus exactement si tel était le cas, elle n’a pas obligatoirement vocation à se révéler, pour peu qu’elle ne soit pas dans un environnement qui la favorise.
Pour lutter contre ce fléau, chacun peut agir à sa place. Il s’agit, d’une certaine forme de chaîne dans laquelle il serait souhaitable qu’il n’y ait pas de maillon faible. Parents, professeurs des écoles, éducateurs sportifs et simple citoyen, à chacun sa mission. Les parents sont responsables de l’éducation de l’enfant sur un plan global, les professeurs de la culture générale et les enseignants de sport le sont pour l’éducation physique. Mais pas simplement. Le sport et les arts martiaux sont porteurs de valeurs morales. Ils ne doivent pas se limiter à la simple acquisition d’une technique, d’un renforcement musculaire ou bien d’une performance. Il existe un règlement sportif, et tout simplement des règles de vie attachées à un groupe aux objectifs communs. Que ce soit sur un terrain de foot ou sur un tatami. Sans ces règles, toute pratique devient impossible. Cela participe inévitablement à un bien-vivre en société.
Maintenant, il est certain que notre tâche sera plus ardue si l’on nous confie des enfants qui n’ont pas l’habitude de respecter les consignes basiques. Cela peut venir de foyers très défavorisés par une déstructuration totale, dans lesquels il n’y a pas du tout d’éducation, mais aussi de familles dans lesquelles règne une certaine passivité face aux interdits. Le problème n’est pas le même entre « pas d’éducation du tout », et une « mauvaise éducation ». Le premier cas de figure étant peut-être plus facile à régler.
Il existe un autre domaine dans le quel il serait bon d’intervenir, je veux parler de la propagation de scènes de combat d’une violence forcément contagieuse. L’éducation se fait par la transmission orale mais également par l’exemple. Des vidéos dans lesquelles sont présentées – entre autres – des frappes sur un homme ou une femme à terre, ne vont pas dans le bon sens.
Les arts martiaux se doivent être une véritable « école de vie », grâce à une pratique éducative et à la diffusion d’images dans lesquelles transpirent la maîtrise, la loyauté et le respect du partenaire (de l’adversaire en compétition) et de son intégrité physique.
Nous pouvons ainsi apporter une contribution au mieux-vivre en société !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
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Décalé
Résolutions
Le dernier billet daté de 2014 pour souhaiter à nouveau de belles fêtes ainsi qu’une très heureuse nouvelle année. Ce peut être aussi l’occasion de proposer une petite réflexion sur ce qui nous rassemble, à savoir les arts martiaux et plus précisément sur la place qu’ils occupent dans la vie de chacun. Pour les enseignants, qu’ils soient appelés maître, senseï, professeur, tout simplement monsieur, ou encore par leur prénom, l’implication est totale. Comment pourrait-il en être autrement. Bien qu’existent deux cas de figure. Ceux qui exercent à temps complet et ceux qui le font partiellement. Avoir la possibilité et la chance d’en faire son unique métier n’est pas évident. Pour beaucoup, c’est en complément d’une autre qualification professionnelle qu’ils s’adonnent à la transmission du trésor des samouraïs. Cela ne retire aucune qualité à leur prestation, sauf que l’implication générale n’est pas forcément identique. Même si, sur le plan de la passion, n’existent pas de différences. Maintenant, côté élèves, celles-ci se font davantage ressentir. Entre les mordus qui ne rateront pas une séance quelle que soit l’invitation qu’il leur sera faite et celui qui, au contraire, prépare sa tenue au dernier moment et encore quand il la prépare, puis se rend au dojo, un soir où il n’y a pas mieux à faire ; pas de copain disponible pour un apéro, ni pour un ciné. Bref, une soirée où l’on va en profiter pour effectuer une petite transpiration qui ne permettra pas de réaliser de réels progrès, mais donnera bonne conscience en éliminant quelques toxines. Malgré tout, un effort existe et il est peut être dans les attributions de l’enseignant de tenter d’insuffler une motivation plus importante. Non pas pour devenir un «?ultra?», il n’y a pas que les arts martiaux dans le vie, mais pour gravir la colline et réaliser des objectifs qui seront autant de sources de progrès et de satisfactions génératrices de bonheur. J’avais déjà dessiné, sur ce blog, les contours d’une bonne implication qui devraient entourer notre pratique. Un minimum de rigueur matérialisée par certains faits. En tout premier, une régularité. Venir même une seule fois par semaine, mais toutes les semaines. Être sur le tatami au moment du salut. Question de respect par rapport aux autres élèves et au professeur. Préparer avec attention son sac, en prenant soin de ne rien oublier, et que la tenue qui s’y trouve présente toutes les garanties d’hygiène. Se faire un peu violence un soir de petite fatigue, alors que l’on se dit que l’on serait bien mieux au chaud devant la télé et pourquoi pas en se gavant de spectacles de combats. Attention, il n’est pas question non plus de faire n’importe quoi, lorsque l’on est vraiment malade ou blessé. Faire souffrir son corps au-delà du raisonnable ne l’est pas ! Et puis comme évoqué plus haut, se fixer des objectifs. Par exemple, même si elle ne représente pas une finalité, la ceinture noire est une excellente motivation. Une fois acquise, il ne faut pas bouder le plaisir qu’offre une fierté légitime. Nous entrons dans un cercle privilégié. Citons un de mes élèves : «?La ceinture noire n’est pas un aboutissement, mais un accomplissement.?» Il se reconnaîtra au travers de cette belle formule. À l’aube de cette nouvelle année, et parmi ces quelques lignes, il y a déjà matièreà fabriquer quelques très bonnes résolutions… et à s’y tenir !
Très bonne année 2015.
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Entraide
Nous voilà arrivés à ces fameuses fêtes de fin d’année. Est-ce vraiment une période de joie pour tous ? Évidement non. Voilà un moment où les gens habituellement heureux le sont souvent davantage et au cours duquel les gens malheureux le sont parfois encore bien plus. Quel rapport avec le ju-jitsu et les arts martiaux, me direz-vous ? Tout simplement la solidarité et l’entraide, chères au fondateur du judo, Jigoro Kano. Ce petit homme par la taille, mais immense par la connaissance et l’humanité, souhaitait que la pratique des arts martiaux ne développe pas uniquement des principes techniques et des qualités physiques, mais suscite aussi une ouverture d’esprit faite d’entraide qui se vérifierait en dehors des tatamis. L’entraide au sein d’un dojo, du plus haut gradé vers le novice, par exemple, n’a rien d’extraordinaire, quoique parfois dans certains clubs, le souffle de Kano n’y soit plus vraiment. Finalement, la planète ne pourrait-elle pas être un immense dojo au sein duquel les règles de ce lieu seraient ainsi appliquées à son échelle. Utopie, naïveté, etc. Peu importe, en cette période de l’année, il n’est pas interdit de rêver. Au cours des autres non plus, d’ailleurs ! De l’abbé Pierre à Coluche, ils sont nombreux à avoir dénoncé une certaine forme d’égoïsme qui entraîne une exclusion imméritée et inhumaine. Le message de ce billet ne se veut pas moraliste mais réaliste et il n’est pas superflu, en tant qu’éducateur, de sortir parfois de sa simple zone de compétence technique pour encourager et pour faire progresser ? également ? l’esprit et le cœur.
Bonnes fêtes à tous.
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L’EAJJ
L’EAJJ (École atemi ju-jitsu) a été créée en 2001. Il s’agit d’une association sous la loi de 1901. Son objet est de rassembler en France les clubs qui se réclament du ju-jitsu traditionnel, plus particulièrement sous la bannière et le nom « atemi-ju-jitsu ». Un ju-jitsu à but non compétitif, ou la self-défense est l’incontournable prétexte à l’étude d’une méthode d’éducation physique et mentale.
Lors de la création de ce rassemblement, l’objectif n’était absolument pas de s’ériger contre quelque institution que ce soit, mais simplement d’œuvrer pour permettre aux pratiquants qui ne se retrouvaient plus dans les pratiques offertes de pouvoir s’épanouir dans un art accessible à tous, reconnu et considéré.
L’association dispose de moyens relatifs et son moteur essentiel réside dans la volonté et la passion de ses dirigeants. Partant du célèbre adage qui dit que l’union fait la force, depuis quelques saisons, l’EAJJ s’est affiliée à la FEKAMT (Fédération européenne de karaté et d’arts martiaux traditionnels). Au-delà d’une union sous une houlette à l’état d’esprit commun, ce regroupement offre de riches et sympathiques moments d’échanges.
J’ai été « quelque peu » à l’origine de cette initiative et à titre personnel j’ai l’honneur d’en assurer la direction technique. Malheureusement, la vie nous réserve parfois des périodes durant lesquelles la possibilité d’assurer exactement tout ce que l’on voudrait ne nous est pas systématiquement offerte. Les meilleures volontés sont parfois contrariées. Cependant, il n’est pas de problème qui ne trouve sa solution, alors…
Tous ceux qui souhaitent obtenir davantage de renseignements pourront le faire via le site de l’association : www.atemi-jujitsu.org
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Compétition et ju-jitsu
Le week-end dernier se déroulaient à Paris les championnats du monde de ju-jitsu, organisés par la F.F.J.D.A. (Fédération française de judo et disciplines associées). À plusieurs reprises, au cours de ces dernières années, j’ai donné mon opinion sur ces compétitions et il n’a pas changé. Certains avanceront qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, mais s’il suffisait de renier ses convictions les plus profondes pour ne plus l’être (imbécile), cela se saurait. Non, effectivement, je n’ai pas changé de point de vue.
Les participants à ces combats d’affrontement direct font preuve de belles qualités dans une discipline qui, à mon sens, n’est pas du ju-jitsu. Certes, cela est très encadré, assez spectaculaire et n’a rien de « barbare » dans la pratique, mais appelons cela plutôt judo–boxe ou karaté-judo. Le ju-jitsu est un art martial dans lequel sont travaillées toutes les techniques que le corps peut utiliser dans un but de survie. À ce titre, notre art, d’une extrême richesse technique, ne peut être pratiqué en affrontement direct sans risque, sauf à perdre sa principale raison d’être à savoir sa pluralité. Puisque systématiquement le règlement qu’impose toute compétition dans un sport, qui se veut civilisé, réduira le panel technique afin d’en interdire les techniques les plus dangereuses, retirant ainsi les plus efficaces. Et puis, et c’est ainsi, lorsqu’il y a compétition dans une discipline, lors des séances d’entraînement, les enseignants et les pratiquants privilégient uniquement les techniques autorisées lors des affrontements, mettant systématiquement au rebut celles bannies de la compétition. Voilà pour l’aspect combat, dans lequel, d’autre part, est proposé un arbitrage assez compliqué, tout du moins pour les novices.
Quant à l’expression technique, le « duo-system », affrontement en couple par prestations techniques interposées, à l’instar de la gymnastique et du patinage artistique, je ne suis pas opposé à la forme, bien au contraire, mais ce sont les attitudes qui posent problème. Outre une robotisation parfois dérangeante, elles ne sont pas en phase avec le ju-jitsu ancestral. Que l’on ne me parle pas là non plus de manque d’ouverture d’esprit, d’adaptation et d’évolution, c’est tout le contraire. Avons-nous vu quelqu’un se battre que ce soit dans la réalité, sur un ring ou un tatami avec de telles postures, qui de surcroît ne sont pas compatibles avec les principales projections. C’est d’ailleurs un paradoxe que de constater que c’est au sein de la fédération de judo qu’existent des gardes absolument inadaptées à ce qui fait la substance même du judo, à savoir l’art de la projection.
Comme indiqué au début de cet article, rien ne remet en question les qualités des participants et ils n’y sont pour rien ! Maintenant, chacun est libre de pratiquer ce qu’il veut, et plus encore d’être en phase avec une certaine idée de son Art dans le souci de ne pas trahir ses racines. Enfin, loin de moi de me situer comme « anti-compétition » en général, bien que nous puissions disserter et débattre sur les dérives et les excès qu’engendre parfois une championnite aiguë. Mais ça, c’est une autre histoire.
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Sondage de novembre et nouveaux promus
49 % des votants qui ont participé au sondage de novembre pensent que le secteur de l’atemi-waza est le plus efficace dans notre discipline. 33 % optent pour les projections et donc 17 % choisissent le travail au sol.
Ce résultat est somme toute assez logique. L’atemi-waza (le travail des coups) permettra d’empêcher l’agresseur de venir au contact. Ensuite s’il franchi la barrière des bras et des jambes, ce seront les projections qui seront utilisées. Enfin, si cela se déroule un peu plus mal, c’est au sol que cela se conclura.
Maintenant, reste à savoir si ce résultat est celui du cœur ou celui de la raison. Nous avons tous nos préférences, qui sont bien souvent celles dans lesquelles nous sommes le plus à l’aise. Mais ce n’est pas une raison pour affirmer que les domaines que nous maîtrisons le moins ne sont pas efficaces pour autant. Tentons de développer davantage.
Sur le plan logique, ce sont les « coups » qui seront les plus adaptés. Pour des questions de distance. Puis contre plusieurs adversaires, question de rapidité. Maintenant, il ne faut surtout pas négliger les projections. Saisies par derrière, sans avoir eu le temps d’entendre l’arrivée de l’agresseur et défense contre plusieurs adversaires, en cas d’impossibilité d’avoir pu les garder à distance sont autant de raisons majeures. Quant au travail au sol, il sera l’ultime rempart. Mais outre le fait que fatalement nous ne pourrons éviter de « salir le costume », les actions seront forcément plus limitées et notamment contre plusieurs adversaires. Cependant, il serait assez présomptueux de ne pas se sentir concerné par cette éventualité, en se targuant de ne pas douter un seul instant de ses capacités à empêcher un agresseur de franchir ce que l’on pourrait appeler le « périmètre de sécurité ».
En plus d’une bonne efficacité dans l’ensemble des domaines, l’avantage de tous les aborder permettra d’en parler en connaissance de cause et tout simplement d’enrichir sa « culture technique ».
Un nouveau sondage sera mis en ligne pour le mois de décembre.
Je profite de ce billet pour féliciter les trois nouveaux promus du club au grade de ceinture noire EAJJ. Gary Dominguez, Rémi Hénon et Alexandre Salzmann.
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L’échauffement
L’échauffement est une composante incontournable d’une séance et il est indispensable avant tout effort intense. Mais encore faut-il savoir exactement ce que l’on désigne par ce terme, à quoi sert-il exactement et comment doit-il être mené.
Il y a l’étymologie, l’utilité, les habitudes… et la réalité !
Étymologiquement échauffement signifie qu’il faut « chauffer » le corps. Partant du principe qu’avec deux degrés supplémentaires celui-ci atteint sa plénitude physique. Les habitudes ont quelque peu banalisé cette phase qui ne revêt pas qu’une utilité physique, mais qui a également son importance sur le plan psychologique. Quant à ce qu’elle devrait réellement être, cela est parfois différent des habitudes !
Commençons par la question essentielle : à quoi sert l’échauffement et de quoi doit-il être composé ? Les quelques lignes qui suivent n’étant juste que mon point de vue sur le sujet, fruit d’une petite expérience, disons sur le terrain ou plutôt sur le tatami en l’occurrence.
Le principal objectif de l’échauffement sera la mise en condition pour le développement du thème principal du cours. Il sera fonction des objectifs que l’on s’est fixés pour les minutes qui suivent. À l’occasion d’une séance d’art martial, par exemple, le but est tout simplement de mettre le corps et l’esprit dans les meilleures dispositions pour recevoir et assimiler l’enseignement qui va être dispensé ! Sans risques corporels et avec de la motivation.
Il faut distinguer l’échauffement pour une épreuve sportive et celui destiné à une simple séance. Entre une personne qui s’apprête à battre un record ou à livrer un combat lors d’un championnat et une autre devant suivre une simple séance, cela n’entre pas dans le même registre. Au sein de ce dernier exemple faudra-t-il distinguer quel type de séance. S’il s’agit d’une préparation – justement à une compétition – ou bien d’un cours très technique. En fait l’échauffement devra être réalisé en fonction de l’orientation que l’on pense donner à la suite. Son contenu technique et physique. Ainsi, un cours qui s’annonce très technique pourra commencer, pourquoi pas, par de la technique à condition que celle-ci réponde à des critères compatibles avec un début de séance et pour que l’intégrité physique soit préservée grâce à une progression adéquate.
Sur le plan purement physique, il sera indispensable de distinguer l’échauffement « cardio » et l’échauffement des muscles et des articulations. L’un n’ira pas sans l’autre si on s’attaque à un record. Mais dans le cadre d’un simple cours à but non compétitif, l’impératif ne sera pas le même. Bien échauffer les articulations et les muscles sera l’essentiel, le « cardio » pourra se réaliser par les répétitions techniques elles-mêmes, puis par des exercices, tels que les « uchi-komis » bien connus des pratiquants, qui permettrons de monter en intensité et qui alliant acquisition technique et essoufflement. Dans tous les cas, il faudra en même temps prendre soin de ne pas entamer le capital énergie par des exercices trop forts ! Ne pas confondre échauffement et épuisement.
Quant à l’absence totale d’échauffement lors d’une agression, le problème est différent. À ce moment de stress intense, il se produit une décharge d’adrénaline qui met le corps instantanément en condition. Mais il est bien évident, et c’est tant mieux, que nous n’allons pas nous mettre dans un tel état avant chaque cours afin de gagner du temps sur l’échauffement.
Maintenant, pour aborder l’aspect concret des exercices à utiliser. Il en existe une multitude. Suffisamment pour ne pas tomber dans la lassitude. Ils doivent tous posséder un point commun, qui sera celui de ne jamais brusquer le corps et ne pas confondre échauffement et épuisement ni échauffement et renforcement musculaire. Celui-ci pouvant être le thème d’une séance. Il ne faut pas oublier qu’un cours d’arts martiaux est avant fait pour apprendre et répéter des techniques… d’arts martiaux ! Le temps sacrifié à autre chose est autant de temps que l’on ne consacre pas aux répétitions et donc autant de progrès potentiels en moins. Et puis, comment s’échauffent les joueurs de tennis ?
Enfin et concernant un aspect qu’il ne faut surtout pas négliger, l’échauffement donnera le ton et l’impulsion également sur le plan psychologique pour la suite du cours, c’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à varier les façons de se « mettre en condition ». Tout en restant dans l’esprit traditionnel des disciplines que nous pratiquons.
Pour conclure et d’une manière générale, cette toute première partie de cours doit être progressive et si possible attrayante. Il faut savoir aussi que parmi les « outils » prévus à cet effet et s’ils sont exécutés un peu n’importe comment – trop vite ou trop fort, ou encore maladroitement –, ils peuvent se révéler dangereux. À l’inverse certains qui à la base ne sont pas catalogués comme tel, intelligemment pratiqués, permettent à la fois de s’échauffer et d’entrer directement dans le vif du sujet. Là aussi, tout est question de comportement et d’état d’esprit. Une fois de plus, il semblerait que ce soit la tête qui commande le corps. Tout est question « d’équipement de l’étage supérieur » !
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Les 16 atémis
Parmi l’arsenal technique dont dispose notre discipline existe un enchaînement qui n’est pas forcément le plus représentatif de notre art, ni le plus spectaculaire, mais qui a toute sa place et dont l’étude est parfaitement justifiée. Il s’agit des « 16 atémis ». Pour les novices, « atémi » signifie « coup ».
Créé au début des années 1980, sa pratique permet d’aborder de façon assez simple un domaine important du ju-jitsu et de se perfectionner dans l’art de donner les coups et plus encore de ne pas les recevoir.
L’unique pratique de cet exercice ne serait pas compatible avec une méthode de défense complète. C’est pour cette raison que l’on doit très vite envisager de le travailler assorti de suites mettant en scène les autres composantes du ju-jitsu. Les atémis, les parades et les blocages doivent être compatibles avec les projections et les contrôles, notamment au niveau des postures utilisées. Il est bon de rappeler que les atémis ne sont pas la finalité d’une défense, mais un moyen d’y parvenir dans les meilleures conditions.
Une des particularités de cet enchaînement sera justement l’absence de « garde ». Il s’exécute à partir d’une position naturelle dans laquelle rien ne laisse à penser qu’Uke va attaquer et pour ce qui concerne Tori, il s’agit de s’habituer à réagir à partir de cet état de fait, d’une part et d’autre part prendre l’habitude de le faire dans une position naturelle sans avoir besoin de se mettre « en garde ». Des attaques peuvent survenir soudainement sans que nous ayons eu le temps de nous mettre en position de combat. Cette possibilité ne nous sera forcément toujours offerte.
Parmi les particularités de ces « 16 atemis », Tori et Uke changent de place entre chaque technique et entre l’exécution à droite et l’exécution à gauche à partir de la sixième. A l’instar du nage-no-kata (kata de judo), chaque technique est présentée des deux côtés.
Et puis, le fait que notre école (l’EAJJ) le programme pour l’obtention des « dans » (les degrés) rend cet enchaînement incontournable.
Pour terminer par un aspect positif qui ne se ressent pas forcément dans celui qui est imposé dans un programme, il ne faut surtout pas négliger le simple plaisir éprouvé lors des répétitions, ainsi que le constat de progrès réalisés. Cela sera une belle récompense.
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…Ce héros !
Il y a dix ans, le 26 novembre 2004 précisément, disparaissait mon père, Bernard Pariset. S’il ne s’agissait que d’une simple histoire de famille, la pudeur m’imposerait le silence en dehors d’un cercle restreint. Mais il n’était pas simplement mon père, il était aussi une personne qui a marqué son époque, laissé son empreinte et à qui le judo et le ju-jitsu français doivent beaucoup. Il ne m’a pas seulement appris la vie, il m’a transmis quelques passions et notamment celle pour les arts martiaux.
Un caractère et une personnalité exceptionnels lui ont permis d’accomplir le parcours qui fut le sien.
A l’aide de ce résumé, les plus jeunes pourront découvrir une personne atypique, qui n’a pas laissé indifférents ceux qui ont eu la chance de le connaître.
Le champion qu’il a été – mais également le professeur, l’entraîneur, le dirigeant et le visionnaire – mérite ces quelques lignes, en forme d’hommage.
Le champion tout d’abord. C’est par ses exploits de compétiteur qu’il se fit connaître. Depuis, des palmarès plus étoffés ont été constitués, mais le sien réalisé grâce aux « toutes catégories » avait une saveur incomparable. 1, 70 m et 70 kilos lui ont quand même permis de remporter plusieurs titres de champion de France, un titre de champion d’Europe et une médaille de bronze aux championnats du monde à Tokyo en 1958. Tout cela avec d’énormes différences de poids. Son plus grand exploit fut sans aucun doute sa victoire contre le géant hollandais Anton Geesink, en finale des championnats d’Europe, contre un adversaire à qui il rendait 30 kilos et 30 centimètres et qui, par la suite, n’a plus jamais été vaincu, c’était en 1955. Soit dit en passant, avec peu ou pas d’écart de poids, le judo n’est plus tout à fait le même. S’il reste incontestablement un sport et une discipline où l’efficacité des combattants est indiscutable, il fait sans doute un peu moins rêver qu’à l’époque où le petit pouvait battre le grand. D’ailleurs, parmi les formules que mon père se plaisait à employer, il y a celle-ci : « Les catégories de poids ont été inventées pour mettre les grands à l’abri des petits. » Sans commentaire. Pour se forger son palmarès, il possédait trois atouts de choc. Un terrible seoe-nage (mouvement d’épaule), une maîtrise du ne-waza (travail au sol) redoutable et surtout une volonté indestructible ainsi qu’une détermination sans faille qui le faisait combattre jusqu’à la dernière seconde. Une autre de ses formules empruntée sans doute à la légende et qui met en scène une maman spartiate auprès de qui son fils se plaint d’avoir une épée trop courte pour le combat : « Eh bien, tu feras un pas de plus » ; tout est dit.
Il a été aussi un professeur d’exception, armé d’une pédagogie naturelle, celle qui ne s’apprend pas dans les livres, mais qui transmet la connaissance par l’évidence.
Il fut également entraîneur et directeur de l’équipe de France de judo dans les années 1970, cette équipe qui, entre autres, avait remporté aux Jeux olympiques de Munich, en 1972, trois médailles avec cinq athlètes engagés.
Il a également assumé différentes charges au sein de commissions de la FFJDA.
Enfin, il était un excellent visionnaire et n’anticipait pas uniquement sur les tatamis. C’est lui qui, toujours dans les années 1970, a ressenti le besoin de procéder à la résurrection du ju-jitsu que nous pratiquons aujourd’hui.
Sa formation, il l’avait commencée en 1947, à l’âge de 17 ans, en poussant la porte du dojo du 11 de la rue des Martyrs à Paris. Ce club qu’il a ensuite dirigé jusqu’à la fin de ses jours et qui avait contribué à sa notoriété en l’identifiant à cette salle mythique. Incorporé à 20 ans pour deux ans à l’école des sports de combat d’Antibes, il put parfaire sa formation dans tous les domaines du combat à mains nues.
Sur le plan de la notoriété, on ne peut évoquer sa carrière sans lui associer celle d’Henri Courtine. Sur les tatamis, avec deux styles complètement différents, ils ont été les « meilleurs adversaires ». Dans la vie, une amitié indéfectible les a unis tout au long de leur vie. Quant à leur carrière elle a été riche et exemplaire. Parmi leurs « faits d’armes », ils ont été les premiers 6e dan en 1968. Porter une ceinture blanche et rouge à cette époque n’était jamais arrivé à des Français. Il en a été ainsi jusqu’au 9e Dan. Puis mon père a laissé son alter ego obtenir seul le titre exceptionnel de 10e dan en 2007. M. Courtine vivant maintenant une retraite active et méritée dans le Sud de la France.
Dans cette vie d’une intensité exceptionnelle, mon père a eu le temps d’assouvir sa seconde passion qui s’appelait « le cheval ». Il possédait aussi un don pour la sculpture, preuves en sont les quelques figurines qu’il nous a laissées.
Rigoureux, mais animé d’une grande tolérance qui pouvait paraître en contradiction avec une autorité naturelle, il faisait preuve à la fois d’une certaine relativité face aux événements, mais aussi d’une terrible détermination lorsque cela le méritait, parfois jusqu’à l’excès !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com