Le dojo

Dans quelques jours certains vont troquer le maillot de bain pour le kimono et il n’est pas inutile de faire quelques rappels. Aujourd’hui, intéressons-nous au dojo, cet endroit quelque peu particulier dans lequel nous assouvirons notre soif de progresser tout au long de la saison à venir.

Littéralement dojo signifie le « lieu où l’on trouve la voie », ou le chemin. Mais quelle voie, quel chemin ? Et s’il s’agissait tout simplement de la voie de la sagesse ? Et si l’enseignement dispensé dans ce lieu était un prétexte à cette recherche ? De toute évidence, on y enseigne et on y pratique des techniques particulières. Apprendre à nous servir de nos « armes naturelles » n’est pas banal. Aboutir à la maîtrise d’une personne, soit pour lui prouver (de façon prétentieuse, parfois et même souvent) notre supériorité, soit tout simplement pour ne pas se laisser faire, c’est-à-dire se défendre, n’est pas un apprentissage sans conséquences, pour peu qu’il ne soit pas entouré de sages précautions. L’on pourra revenir prochainement, plus en détail, sur le contenu de ce qui est enseigné dans un dojo et surtout sur la manière et le but. Aujourd’hui, l’objectif est de rappeler les quelques règles qui doivent et devront y être observées, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Une certaine forme d’indiscipline est synonyme d’un manque de concentration, celui-ci pouvant être fortement « accidentogéne ». Et puis il s’agit bien souvent d’une tradition empreinte de règles de politesse élémentaires.

Ainsi, lorsque l’on pénètre dans le dojo (et que l’on en sort), il est de coutume de saluer en inclinant le buste sur l’avant (à la japonaise pour simplifier). Et pas simplement lorsque l’on monte sur le tatami. Il est demandé d’en faire de même à chaque changement de partenaire, avant et après et qui plus est dans une tenue correcte. Quand le professeur démontre une technique, il est malvenu de sortir du tatami, pour quelque prétexte que ce soit ! Imaginons un seul instant que l’ensemble des élèves aient simultanément un comportement identique ! Idem, quand l’enseignant démontre, il est demandé d’éviter de changer de place au risque de lui donner le tournis et surtout de masquer l’explication aux autres élèves. Le professeur prend soin de démontrer la technique ou l’enchaînement sous différents angles. C’est la raison pour laquelle pour certaines disciplines les élèves sont en « seïza » (à genoux) durant les démonstrations et explications. En principe, si l’on doit quitter le tatami, en dehors des explications, on avertira le professeur. Il ne s’agit pas de demander la permission, mais simplement d’informer. On ne doit pas non plus parler fort lors de l’étude technique (on peut communiquer à voix basse avec son partenaire) et encore moins interpeller quelqu’un. Enfin, une règle très peu respectée : la bise sur le tatami est proscrite ! Et puis, après avoir salué son partenaire dans la coutume du pays d’origine de l’art pratiqué, il est tout à fait superflu d’ajouter un autre signe de politesse.

Que cela ne rebute pas les débutants qui pourraient trouver ces remarques trop « rigides ». Ces habitudes ne sont pas trop difficiles à mettre en place et à respecter. Elles sont les conditions d’une pratique sécuritaire, empreinte de politesse et de respect.

Un petit post-scriptum sur les règles d’hygiène élémentaires ne sera pas superflu. Celles-ci imposent une tenue parfaitement propre (les corps devront l’être aussi). De plus, il est absolument proscrit de marcher pieds nus en dehors du tatami. Enfin, pour finir, il est n’est pas inutile de rappeler l’importance de la ponctualité. Un cours n’est pas un self-service !

Je ne suis pas sans ignorer que ces recommandations ne sont pas forcément appliquées dans tous les dojos, mais est-ce une raison pour accepter l’envahissement d’un laisser-aller qui n’aura plus de limites ?

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Nos origines

Les pratiquants de notre discipline connaissent parfaitement l’histoire racontée ci-dessous. Mais un petit rappel n’est jamais superflu et puis, surtout, pensons à tous les novices, ils seront vraisemblablement conquis par le principe énoncé ci-dessous. Dans cette période « entre-deux », confirmés ou débutants,  il est n’est pas inutile de revenir à nos origines.

Le médecin Shirobei Akiyama était parti en Chine pour étudier la médecine, l’acupuncture et quelques prises de shuau-chiao, la lutte chinoise.

De retour au Japon, il s’installe près de Nagasaki et se met à enseigner ce qu’il avait appris. Pour lutter contre la maladie il emploie de puissants remèdes. Dans sa pratique de la lutte il utilise beaucoup sa force. Mais devant une maladie délicate ou trop forte, ses remèdes sont sans effets. Contre un adversaire trop puissant, ses techniques restent inefficaces. Un à un ses élèves l’abandonnent. Shirobei, découragé, remet en question les principes de sa méthode. Pour y voir plus clair, il décide de se retirer dans un petit temple et de s’imposer une méditation de cent jours.

Pendant ses heures de méditation il bute contre la même question, sans pouvoir y répondre : « Opposer la force à la force n’est pas une solution car la force est battue par une force plus forte. Alors, comment faire ? »

Or, un matin, dans le jardin du temple où il se promène, alors qu’il a neigé, il reçoit enfin la réponse tant attendue : après avoir entendu les craquements d’une branche de cerisier qui cassa net sous le poids de la neige, il aperçoit un saule au bord de la rivière. Les branches souples du saule ploient sous la neige jusqu’à ce qu’elles se libèrent de leur fardeau. Elles reprennent alors leur place, intactes.

Cette vision illumine Shirobei. Il redécouvre les principes du tao. Les sentences de Lao Tseu lui reviennent en tête :

Qui se plie sera redressé, qui s’incline restera entier

Rien n’est plus souple que l’eau. Mais pour vaincre le dur et le rigide, rien ne la surpasse.

La rigidité conduit à la mort, la souplesse conduit à la vie.

Le médecin de Nagasaki réforme complètement son enseignement qui prend alors le nom de y?shin-ry?, l’école du saule, l’art de la souplesse, qu’il apprendra à de nombreux élèves.

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Une belle leçon

« La meilleure utilisation que l’on puisse faire d’un sabre, c’est de ne pas l’utiliser. » En cette période plus calme qui peut aussi être propice à la réflexion, je ne résiste pas à citer à nouveau Jigoro Kano. Et pour illustrer cette maxime, j’ai pensé proposer une petite histoire issue du recueil Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon.  Bonne lecture et… bonne réception !

Le célèbre maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maîtrise au sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire :

— Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot ?

Bokuden répondit calmement :

— Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu.

Le samouraï se gratta le crâne et demanda :

— Mais alors, quelle est ton école ?

— C’est l’école du combat sans arme.

— Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ?

— Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi.

Exaspéré, le samouraï continua :

— Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ?

— Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne !

Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bokuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat.

Bokuden enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.

Bokuden se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria :

— Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme !

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Thierry Redler

C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le week-end dernier la disparition du comédien et acteur Thierry Redler. Ceux qui souhaitent découvrir sa bio pourront le faire sur Internet. Le connaissant assez bien,  j’ai souhaité  consacrer un billet à cet homme disparu à l’âge de 56 ans. Il a été mon élève et a même obtenu sa ceinture noire dans les années 1980. Pour moi, il était un peu plus qu’un élève. Il avait aussi participé à l’aventure de la série La Défense dans la ville diffusée sur Antenne 2 en 1987. Et puis, ayant eu trois de ses enfants inscrits dans mon club, il a participé un temps à l’encadrement des cours enfants, à l’époque de la rue des Martyrs. Enfin, avec Soulac-sur-Mer, nous avions un autre point commun que nous affectionnions particulièrement.
Sur le plan professionnel, certes, il devait en grande partie sa notoriété aux Filles d’à côté. Je ne me permettrai pas de juger cette série qui n’était pas dans mes créneaux horaires. Personnellement, dans son parcours très complet, j’avais particulièrement apprécié sa sensibilité issue d’une enfance douloureuse qu’il avait su retranscrire dans deux très beaux téléfilms qu’il avait lui-même réalisés : La Traversée du phare et sa suite Les Inséparables en 2001. C’était un peu de son enfance qu’il voulait nous faire partager. On n’y échappe jamais complètement. Il possédait plusieurs cordes à son arc ; acteur, comédien, réalisateur, scénariste.
La vie a fait que nous nous étions perdus de vue depuis quelques années. Cela n’empêche pas les sentiments de perdurer. Aujourd’hui, je pense à ses enfants, qui, pour certains, ont suivi les traces de leur papa.

Ambiance vacances et ju-jitsu

Une ambiance de vacances pour ce billet conçu au milieu de l’été. Vacances et stages pour être plus précis. Durant plusieurs années, le mois d’août et parfois le mois de juillet ont vu se dérouler une semaine d’entraînement intensif, soit à la campagne dans le Lot-et-Garonne, ou bien au bord de la mer, principalement sur l’Atlantique, mais aussi sur les rivages méditerranéens. Sans oublier les périodes à la montagne, quand il s’agissait de stages fédéraux.
Il y a eu tout d’abord Beauvallon-sur-Mer, dans le golf de Saint-Tropez. Ensuite le Temple-sur-Lot et enfin Soulac-sur-Mer. Je n’oublie pas Chamonix, dont j’ai assuré la direction pendant plusieurs années, et qui relevait de l’initiative de la Fédération de judo, à l’époque où existait une osmose entre nous.
À quoi sert un stage ? Pourquoi ces différents sites ? Et pour finir, pour quelles raisons n’y en a-t-il plus de depuis quatre ans et pourrions-nous espérer une reprise ? Voilà les questions qui reviennent souvent, alors, je vais tenter d’y répondre.
L’utilité d’un stage est double. Se perfectionner et se divertir. Je parle pour les « amateurs » dans la mesure où pour les professionnels et/ou les sportifs de haut niveau la motivation se situe exclusivement dans le perfectionnement. Le perfectionnement, justement, à l’aide d’une pratique quotidienne intensive, il est quasiment assuré. Par contre, les deuxième et troisième jours sont redoutables au niveau fatigue et courbatures, pour le moins ! Les progrès réalisés le sont sur le plan technique et sur celui de la condition physique. Mais survient aussi et surtout un regain d’intérêt envers la discipline. En effet, il existe une véritable immersion et elle est abordée de façon différente et complémentaire à celle de la saison. Et puis, c’est l’occasion de rencontres avec des pratiquants d’horizons divers. Sur le plan des loisirs, le plaisir est réel quant à l’implication totale dans un domaine que l’on affectionne et puis on reste dans un environnement et une ambiance « vacances ».
Concernant les lieux, le premier stage, en 1977, s’est déroulé tout naturellement au camp du Golf-Bleu, en face de Saint-Tropez. Les non-initiés pourront s’instruire à l’aide du billet publié le 27 juin 2008 et connaître la fabuleuse histoire de cet endroit unique qui a su laisser de fantastiques et inoubliables souvenirs dans l’esprit de ceux qui s’y sont rendus. Ensuite il y a eu le Temple-sur-Lot au début des années 1980. La pleine campagne au bord du Lot, au milieu des arbres fruitiers, des canards, des oies et des pruneaux. Au goût de certains, cela relevait un peu trop de la nature et les activités de loisirs complémentaires n’étaient pas assez nombreuses, pour ne pas dire inexistantes. Cependant, cela permettait de se reposer ! Parallèlement, il y a eu les stages fédéraux.  C’est ainsi que plusieurs années de suite, la ville de Chamonix nous accueillait. Faisant découvrir les bienfaits de la montagne en été. Les stages fédéraux ont déménagé et moi je n’ai pas suivi le changement d’orientation imposé par la Fédération de judo en matière de ju-jitsu. Arriva ensuite Soulac, après une recherche active en direction de toutes les stations balnéaires allant de la pointe Bretagne au Pays basque. Soulac a été la première à répondre et surtout, la cité médocienne proposait une infrastructure capable de recevoir un tel rassemblement. C’est ainsi qu’à partir de 1986 et pendant vingt-cinq étés, et même parfois quelques printemps, nous nous sommes rendus dans cette station balnéaire située au-dessus de Bordeaux, à l’extrémité de la pointe de Grave. En vingt-cinq années, beaucoup de stagiaires sont passés et beaucoup de souvenirs sont restés ! Je n’oublie pas non plus un petit retour sur la côte d’Azur, plus précisément à Ramatuelle en 2009.
Et puis, depuis 2010, plus rien. Tout simplement parce qu’il existe des périodes de la vie où il est nécessaire de ne pas trop se diversifier, et aussi de se reposer, tout simplement. Mais comme dans la vie tout est bien souvent une question d’organisation ou plus exactement de réorganisation, il n’est pas exclu que l’aventure puisse se poursuivre sur l’un des beaux rivages de notre pays.
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Le judo est-il (encore) un art martial ?

Dans le numéro d’été de l’excellente revue L’Esprit du judo, dirigée par le non moins excellent Emmanuel Charlot, la question « le judo est-il (encore) un art martial ? » fait la une.
D’une certaine façon, la réponse est dans la question ou tout du moins, dans la façon de la poser. Mais immédiatement, on pense à la question qui devrait suivre : si la réponse est non, qu’est-il devenu, alors ? Un sport ? Cela ne peut osciller qu’entre ces deux hypothèses, art martial ou sport. Mais, à mes yeux, une troisième question surgit : le sport de l’époque de Kano était-il le même que le sport de maintenant ? Large débat là aussi !
La lecture de ce dossier très complet éclairera le lecteur et je me permets juste de donner mon opinion.
De façon directe, je répondrais non, le judo n’est plus un art martial,  mais, ce n’est pas si simple. A l’origine, son fondateur, Jigoro Kano, le considérait comme tel. Un héritage des méthodes de combat, dont il avait souhaité faire sa synthèse personnelle. Ceci étant, il n’était pas contre l’aspect sportif, mais à son époque, comme évoqué plus haut, la notion de sport n’était pas la même que de nos jours. D’ailleurs le sport n’existait pas vraiment. A notre époque, il y a sport et sport. Il y a le sport qui est considéré comme un entretien physique ayant pour simples buts le loisir et l’amélioration corporelle et il y a celui de la recherche de la performance avec parfois ses dérives et ses excès.
Je pense qu’il est ce que le professeur dispense dans ses cours. Il peut être un art martial si l’enseignant ne se limite pas à la simple étude des techniques autorisées en compétition.  Si tel est – malheureusement – le cas, il ne s’agit que d’un simple sport. Mais lorsque, au contraire, le maître des lieux prend soin d’élargir son enseignement à tout ce qui compose le judo originel, il contribue à faire durer le classement de celui-ci dans la famille des arts martiaux. Cette analyse peut paraître quelque peu rapide et simple (pour ne pas dire simpliste) aux yeux de certains, mais pour être tout à fait sincère, il s’agit de la volonté de simplifier l’analyse qui donnera envie – ou pas – d’aller plus loin dans la réflexion et la recherche d’informations pouvant  contribuer à cette analyse.
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Un beau métier

Les fidèles de ce blog connaissent mon attachement à la reconnaissance du métier d’enseignant et cela quelle que soit la matière ou la discipline enseignée. Chaque secteur à sa spécificité, certains   ? que je connais bien   ? sont plus contraignants physiquement, d’autres sont entourés d’une responsabilité on ne peut plus importante. C’est le cas, il me semble, des professeurs des écoles (les instits). La lourde tâche de réussir la construction de solides fondations sur lesquelles toute une vie devra s’appuyer leur incombe. Enthousiasmant, mais terriblement stressant, surtout quand ce métier est parfois stigmatisé et souvent dévalorisé, comme c’est le cas depuis plusieurs décennies. Ceci étant, il serait peut-être trop simple et trop rapide de faire quelque amalgame que ce soit avec l’horrible drame qui s’est déroulé la semaine passée à Albi, mais c’est peut-être le moment pour rendre hommage à cette profession et pour saluer ses mérites, surtout à une époque où les fondamentaux de notre société sont en mal de repère et tout simplement d’existence.  
Autre réflexion, toujours à propos d’enseignement. Et dans un registre beaucoup plus agréable, mais en parfaite osmose avec le sujet précédent. La semaine passée, j’ai pu m’apercevoir que la reconnaissance professionnelle était une chose, mais que la reconnaissance   ?  mutuelle   ?  de valeurs humaines en était une autre et peut-être encore plus importante. Créer de tels liens grâce à notre dojo n’est pas une moindre fierté. C’est là que l’art martial prend toute sa valeur. Au-delà d’un accomplissement personnel, il permet aussi d’améliorer le quotidien des humains grâce à un relationnel apaisé, empreint de respect mutuel et de valorisation de sentiments affectifs puissants.   
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Les classiques de fin de saison

Une saison se termine, laissant place à une interruption toute relative pour ce qui nous concerne, puisque le club assurera une permanence pour les adultes durant cet été. Mais pour bon nombre d’entre vous ce sera le moment de savourer des vacances vraisemblablement méritées.
A cette période, inévitablement, une activité comme la nôtre voit refleurir certains faits. Cela va du sentiment du travail accompli, jusqu’à des événements précis propres à ce moment comme les départs annoncés pour la saison prochaine. Mais il y en a bien d’autres.
Prenons le cas des animations proposées aux enfants, avec à l’occasion d’une coupe technique ou d’une petite compétition, un classement qui est prétexte à créer une saine émulation. Invariablement, chaque année, le même scénario se présente, il y aura un ou plusieurs parents qui demanderont pourquoi leur enfant n’a pas eu de coupe. Il semble tellement évident que le principe de la coupe, c’est qu’il n’y en a pas pour tout le monde, il n’empêche que le même genre de réflexion s’impose. Il s’en dégage un mélange d’étonnement et de découragement. Étonnement qu’un adulte puisse formuler ce genre de réflexion et découragement quant à l’éducation qu’il peut en découler. Le simple fait de monter sur un tatami et de disputer une coupe technique ou une compétition est déjà un fort investissement personnel et pour certain une première victoire sur soi-même, celle qui est essentielle. « Se surpasser plutôt que dépasser ». Mais tout le monde ne bénéficie pas du  minimum de psychologie qui devrait être imposé. Le summum s’étant présenté l’an passé, lorsque la maman d’un élève, qui avait pourtant terminé troisième, m’a affirmé que comme sa progéniture n’avait pas gagné, elle en déduisait que son enfant n’était pas fait pour cette discipline et qu’à ce titre il était sans doute préférable qu’il ne persiste pas.
Heureusement, ce n’est pas le fait d’une majorité.
Dans la case des mauvaises nouvelles  de ce mois de  juin, comme indiqué plus haut, il y a les élèves qui nous quitteront pour cause de déménagement, souvent liés à des mutations professionnelles. Même si cela s’avère presqu’inévitable, on ne s’y fait pas facilement. Et puis, il y a tous ceux qui ne reprendront pas le chemin du dojo pour des raisons personnelles : situation familiale, santé, lassitude, etc., les motifs sont nombreux.
Dans la colonne des satisfactions, toujours côté enseignant, existe donc le plaisir du travail accompli qui se manifeste par le constat de progrès réalisés au cours de la saison, enfin pour tous ceux qui ont voulu – ou pu  –  faire preuve de régularité. Notamment cette année, au club, avec sept  nouvelles ceintures noires et un nouveau 2e Dan. Et puis, en juin et juillet il y a les premières demandes d’information pour la rentrée. C’est la perspective du plaisir de pouvoir proposer à nouveau une activité qui satisfera grands et petits, sportifs ou pas et je n’oublie pas que cela entraîne inévitablement  un brassage social que tout sport et tout art martial permet et qui voit des personnes de conditions sociales différentes et exerçant divers métiers s’entraîner ensemble et lier parfois de solides amitiés qui n’auraient sans doute pas vu le jour sans inscription au dojo. La qualité des relations humaines qui se créent dans ce lieu n’est certainement pas l’élément le moins important de ce beau métier qui est le mien.
À nouveau, je souhaite un bel été à toutes et à tous et bon courage pour ceux qui ne prendront pas ou peu de congé. Comme énoncé la semaine dernière, ils auront en compensation le dojo à leur disposition.
Site du club de ju-jitsu Éric Pariset : www.jujitsuericpariset.com 

Méthode

Rien ne résiste à une méthode. Sans faire preuve de provocation, on  pourrait d’ailleurs affirmer qu’une  mauvaise méthode est préférable à « pas de méthode du tout ». Mais à choisir…

Les pratiquants d’arts martiaux n’y échappent pas. En judo et en ju-jitsu, il y eut la fameuse méthode Kawashi, il y eut aussi la méthode atemi-ju-jitsu, appelée par certain la « méthode Pariset ». Et puis bien d’autres. Mais pour moi, ce sont davantage des programmes d’enseignements. J’entends par méthode, une organisation de travail. Prenons comme sujet la préparation d’un enchaînement libre, pour un examen ou une coupe technique. Cet enchaînement sera soumis à plusieurs obligations. Tout naturellement il y aura nécessité d’exécuter correctement chaque technique présentée et faire état d’une bonne condition physique permettant d’assurer le même rythme du début jusqu’à la fin. Mais le premier vrai problème sera de créer un enchaînement au contenu à la fois révélateur des préférences du candidat, mais aussi représentatif d’un maximum d’aspects de notre discipline. Pour cela il sera préférable de faire état d’une bonne méthodologie.

Tout d’abord, montrer le plus possible de situations d’attaques. Ensuite, présenter toutes les composantes du ju-jitsu : coups, projections et contrôles. Au sein de chacune de ces trois grandes familles, il faudra que soient proposées les grandes techniques qui les forment. Prenons l’exemple de la catégorie le plus fournie, à savoir les projections. Il sera souhaitable de présenter des techniques de jambes, d’épaules, de hanches, etc. Idem pour les coups et les contrôles. Et comme nous avons la chance de posséder tous les aspects du combat à mains nues dans notre art, il sera tout aussi incontournable de présenter différentes combinaisons ou schémas de riposte. Exemple coup, projection et contrôle, mais pas systématiquement et pas forcément dans cet ordre, bien que celui-ci soit le plus logique ! Donc, l’organisation pourra être la suivante : faire une colonne dans laquelle nous mettons les attaques. Une deuxième les grandes techniques et une troisième les schémas de riposte. Il ne restera plus qu’à faire l’interconnexion de tous ces éléments. Sans compter que la mémorisation, qui est un élément qu’il ne faut absolument pas négliger, s’en trouvera facilité par la mise en place d’une bonne structure.

Voilà une méthode simple, mais efficace ! 

Que cela puisse aider tous ceux qui ont prévu de se présenter la saison prochaine au grade de ceinture noire, ou plus ! Pour cette saison, c’est un peu tard, elle se termine dans quelques jours. Je profite de l’occasion pour féliciter tous ceux qui ont satisfait aux épreuves de la ceinture noire, ou plus, et qui pour y arriver ont organisé leur planning afin de dégager le temps nécessaire à la préparation de leur examen. Là aussi, il s’agit d’une question d’organisation et de méthode. Et je ne peux qu’encourager tous les autres à suivre la même voie.

Le blog ne sera pas totalement en vacances, il tentera de continuer à vous informer et à vous faire partager mes passions durant cet été que je vous souhaite le plus agréable possible. Quant au club, une permanence sera assurée au niveau des entraînements adultes, de façon à ce que ceux qui n’ont pas la possibilité de s’évader puisse transpirer et continuer à progresser et, pourquoi pas, dépasser techniquement les vacanciers à leur retour.

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Tel armurier, telle arme

Pour ce nouveau billet, je ne résiste ni à l’envie ni au plaisir de vous proposer un petit conte. Il est issu d’un recueil que tout pratiquant devrait posséder comme livre de chevet. Il s’agit de Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon. Ces contes et récits ont été réunis par Pascal Fauliot aux éditions Albin Michel.  Leur vocation est de faire passer à chaque fois un message, prouvant ainsi que les arts martiaux ne sont pas que des exercices techniques et physiques, mais bien davantage. Et que l’esprit qu’insuffle tout créateur dans quelque ouvrage que ce soit peut s’avérer lourd de conséquences. Bonne lecture !
« Le sabre est l’âme du samouraï », nous dit l’une des plus vieilles maximes du Bushido, la Voie du guerrier. Symbole de virilité, de loyauté et de courage, le sabre est l’arme favorite du samouraï. Mais dans la tradition japonaise, le sabre est plus qu’un instrument redoutable, plus qu’un symbole philosophique : c’est une arme magique. Il peut être maléfique ou bénéfique selon la personnalité du forgeron et du propriétaire. Le sabre est comme le prolongement de ceux qui le manient, il s’imprègne mystérieusement des vibrations qui émanent de leur être.
Les anciens Japonais, inspirés par l’antique religion Shinto, ne conçoivent la fabrication du sabre que comme un travail alchimique où l’harmonie intérieure du forgeron est plus importante que ses capacités techniques. Avant de forger une lame, le maître armurier passait plusieurs jours à méditer, puis il se purifiait en procédant à des ablutions d’eau froide. Revêtant des vêtements blancs, il se mettait alors au travail, dans les meilleures conditions intérieures pour donner naissance à une arme de qualité.
Masamune et Marasama étaient d’habiles armuriers, qui vivaient au début du XIVe siècle. Tous deux fabriquaient des sabres d’une très grande qualité. Murasama, au caractère violent, était un personnage taciturne et violent. Il avait la sinistre réputation de forger des lames redoutables qui poussaient leurs propriétaires à de sanglants combats ou qui, parfois, blessaient ceux qui les manipulaient. Ces armes, assoiffées de sang, furent rapidement tenues pour maléfiques. Par contre, Masamune était un forgeron d’une très grande sérénité qui se livrait à un rituel de purification pour forger ses lames. Elles sont considérées aujourd’hui comme les meilleures du pays.
Un homme, qui voulait tester la différence de qualité entre les modes de fabrication des deux armuriers plaça un sabre de Marasama dans un cours d’eau. Chaque feuille dérivant à la surface, qui touchait la lame, fut coupée en deux. Ensuite, un sabre fabriqué par Masamune fut placé dans le cours d’eau. Les feuilles semblaient éviter la lame. Aucune d’elles ne fut coupée, elles glissaient toutes, intactes, le long du tranchant comme si celui-ci voulait les épargner.
L’homme rendit alors son verdict : « La Murasama est terrible, la Masamune est humaine.
Il est sans doute inutile d’ajouter un commentaire.  
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