Jigoro Kano

JIGOROIl ne sera fait offense ni aux  judokas ni aux ju-jitsukas en leur épargnant le récit de la vie de Jigoro Kano, que chacun pourra retrouver sur Internet.
La vocation première de ce billet consiste à faire partager le sentiment que j’éprouve à propos de cet homme qui a su, par l’intermédiaire de la restauration d’un art martial tombé en désuétude, nous proposer à la fois une discipline physique et mentale, une méthode de défense, mais plus encore une école de vie ; à savoir le ju-jitsu moderne qu’il a appelé « judo ». Certains vont se demander pourquoi en tant que ju-jitsuka, je fais l’apologie du judo et de son créateur ? 
Le judo imaginé et créé par Kano était un peu différent du sport qu’il est essentiellement devenu. Jigoro Kano n’était d’ailleurs pas opposé aux compétitions, seulement il les considérait comme une étape dans la vie d’un budoka. Passer de l’appellation ju-jitsu à celle de judo répondait à deux nécessités. La première, parce que le mot ju-jitsu était usé et qu’il n’était pratiqué que par quelques personnes peu recommandables. La seconde motivation résidait dans la volonté d’élargir le champ d’actions en passant de technique (jitsu) à voie (do). A propos d’appellation, l’histoire « repasse les plats », puisque dans les années 1970, la remise à l’honneur de notre méthode est passée par une appellation originale (atémi ju-jitsu) loin du mot judo, catalogué sport de compétition. Mais, ce qui est intéressant, ce n’est pas le flacon, mais le contenu. Poursuivre le travail sur les principes que Kano a su mettre en avant et sous quelque appellation que ce soit reste l’essentiel.
Concrètement, les réalisations que je retiens, et dans l’ordre d’importance, sont les suivantes : tout d’abord, d’un gabarit plutôt frêle, il a forcément conservé et développé les premiers principes de base, à savoir la non-résistance, l’utilisation de la force de l’adversaire et l’addition de forces, sans oublier le principe d’action-réaction. Ensuite, il a procédé à l’épuration des anciennes techniques en ne conservant que celles qui correspondaient à deux critères : efficacité et sécurité. Il a tout de suite compris que la première règle pour pouvoir progresser, c’est d’être en capacité de pratiquer, ne pas être continuellement blessé par des entraînements sauvages. Il était soucieux de préserver l’intégrité physique. Et puis, sa grande idée a été de ne pas se satisfaire d’une simple méthode de combat ou de défense, mais de proposer, par son intermédiaire, une élévation du corps et de l’esprit, une méthode d’éducation globale, avec une rigueur, dans la tenue à respecter au dojo, dans l’exécution de certains rites, dans le respect mutuel, etc. Faire du judo était pour cet homme un principe, un précepte. Cela ne se limitait pas à évoluer physiquement sur un tatami. Pour Kano, l’on pouvait faire du judo dans la vie de tous les jours. Dans la conduite de ses affaires, dans ses relations familiales et sociales. Tout comme dans un combat de judo, l’affrontement force contre force reste stérile, un parallèle est aisément transposable dans nos relations quotidiennes. De bonnes relations doivent être accompagnées de souplesse comportementale. Ensuite, ne surtout pas oublier l’un de ses « slogans » : « Entraide et prospérité mutuelles », celui-là reste intemporel ! Enfin sa définition du grade : Shin-gi-tai. Elle n’est pas le fruit du hasard. Shin l’esprit, la réflexion, c’est ce que nous conservons le plus longtemps. Gi la technique, nous pouvons la pratiquer de façon relativement durable, surtout lorsqu’elle est « intelligente ». Enfin, tai le corps (le physique, en fait), ce qui est le plus éphémère.
Certes, tous ce qui est énoncé ci-dessus peut paraître banal à l’heure actuelle, puisque beaucoup de disciplines sportives ont tenté de s’en inspirer. Mais à l’époque, cela était sacrément novateur. Et puis, aujourd’hui ces principes sont-ils vraiment appliqués par tout le monde, dans tous les sports et à commencer par le premier concerné ?
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Le plus fort ?

Dans le sondage de janvier, actuellement en ligne sur le site du club, nous demandons aux internautes de désigner la discipline qu’ils pensent être la plus complémentaire au ju-jitsu. Le résultat sera délivré à la fin du mois. Cette question m’a rappelé un vieux débat qui agitait les passions et animait les discussions dans les années 1960, au travers de la question suivante : quelle est la discipline la plus efficace, le judo ou le karaté ? A cette époque, il n’y avait que ces deux arts martiaux  de connus en France. Aujourd’hui la situation est bien différente ; il y a pléthore de styles de combats, d’écoles, de sous-écoles, etc. Chaque année, d’ailleurs, le festival de Bercy nous en sort une de son tatami !
A l’époque vers 1960, le judo régnait en maître, bien installé depuis près de deux décennies.  Mais le karaté déboulait en Europe, décidé à damer le pion à ce grand frère. Ce dernier avait résolument  opté pour une option ultra-sportive, délaissant ainsi l’aspect self-défense que le karaté s’appropriait  résolument. C’était le combat de la discipline du corps à corps contre celle des atémis (les coups). Chacun défendait sa chapelle de façon partisane et même parfois puérile. Je me souviens de discussions sans fin dans la cour de récréation. Les techniques n’étant pas les mêmes, la comparaison n’avait peut-être pas lieu d’être. Cependant la question existait ; émanation d’un besoin sécuritaire. Si on voulait y répondre franchement, ce ne serait pas facile. En vérité cela dépend du niveau du pratiquant. Mais à grade équivalent, quelle serait  la finalité ? Interviennent à ce moment les qualités personnelles, techniques, physiques et stratégiques. Il est évident que si le judoka reste à distance, il n’opte pas pour la bonne option, si le karatéka laisse le judoka venir au contact, il perd pour ainsi dire toute issue favorable.
A l’heure actuelle, la situation est différente,  la plupart des disciplines tentent de se diversifier afin d’élargir leur panel technique. Et puis, en tant que pratiquants de ju-jitsu,  nous sommes bien placés pour ne pas ignorer que l’idéal se situe au travers d’un art où tout est étudié. Maintenant, chacun a ses préférences qui conduisent tout naturellement vers telle ou telle discipline.
Quant à l’aspect purement utilitaire évoqué plus haut, depuis plusieurs années, il a fait éclore bon nombre de disciplines qui se réclament toutes plus ou moins de la panacée en oubliant tout simplement que, d’une part de nouvelles techniques ne peuvent être perpétuellement inventées et que d’autre part, ce ne sera que par l’acquisition de celles existantes et davantage encore par  leur  répétition que viendra l’efficacité. Pour conclure, je citerais à nouveau une phrase d’un professeur qui se nomme André Giran :                   « L’essentiel, ce n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Cela reste valable pour n’importe quelle matière, n’importe quel sport et n’importe quel art martial.
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Soulac sur Mer

img062Le billet que vous trouverez ci-dessous était déjà écrit lorsque le week-end dernier les vagues submersibles ont attaqué Soulac. Manifestement les dégâts matériels sont importants. Nul ne doute que le courage des Soulacais permettra de remettre à neuf la station. Raisons de plus pour suivre mes conseils de fin d’article.

Janvier, c’est le mois des vœux (bonne année à toutes et à tous), et la période des bonnes résolutions. C’est aussi le moment de préparer les prochaines vacances d’été. En principe, c’était à cette période que les aficionados du ju-jitsu commençaient à s’occuper du stage estival. Plus bas, je reviendrai sur les raisons de la « suspension » de ce grand rassemblement qui se tenait à Soulac-sur-Mer en Gironde. Je tenais à évoquer ce lieu à l’occasion du premier billet de l’année.
Situé à l’extrémité de la « Pointe de Grave », langue de terre qui représente la rive gauche de la Gironde, Soulac-sur-Mer se mérite. En venant du nord de la France, le voyage peut se faire en effectuant le détour par Bordeaux, ou bien en empruntant le bac à Royan, pour une traversée de 30 minutes en direction du Verdon, avant d’atteindre Soulac une dizaine de kilomètres plus tard. Cela ne rebute pas les vrais amoureux de cet endroit qui a su conserver le charme quelque peu suranné des stations balnéaires du milieu du siècle dernier, tout en s’adaptant aux besoins de notre époque.
Ce préambule est à l’attention de ceux qui n’auraient pas encore la chance de connaître « la perle du Médoc ».
Les pins, l’océan, l’espace et un accueil très chaleureux, lors d’une visite de reconnaissance en 1985, ont été autant d’éléments qui ont fait que de 1986 à 2010, mes stages d’été s’y sont déroulés, sans aucune interruption. Au dos de la carte que j’ai le plaisir de mettre en accompagnement de ce billet, M. Xavier Pintât, sénateur maire de Soulac, m’a adressé ses vœux. Bien évidemment, je me suis empressé d’y répondre. Une nouvelle fois, comme c’est le cas depuis trois ans, il sera vraisemblablement déçu d’apprendre que nous ne serons pas au rendez-vous. Vous êtes nombreux à partager son sentiment.
Alors pourquoi, allez-vous dire ? Bonne question, à laquelle j’ai déjà répondu les années précédentes, mais pensons aux néophytes et rafraîchissons la mémoire des plus anciens.
Il ne s’agit pas d’infidélité, mais simplement de disponibilité. L’organisation d’un tel rassemblement représente une lourde tâche, elle se prépare plusieurs mois à l’avance. Ce qui a été réalisable toute une époque durant ne l’est pas forcément depuis trois ans. Les circonstances professionnelles et personnelles évoluent et réclament parfois de concentrer les efforts sur l’activité principale qui se trouve être, en l’occurrence, la gestion et l’animation du dojo parisien. Et puis, il y a des périodes qui réclament un peu plus de répit et le besoin de souffler. Ceci étant, le courant des événements peut faire que Soulac redevienne un projet et qu’il ne reste pas simplement un excellent souvenir. Excellent souvenir, Soulac le restera pour des centaines de stagiaires. Mais il n’est pas non plus exclu qu’un jour nous puissions nous retrouver à nouveau sur les bords de l’Atlantique pour une semaine de ju-jitsu-vacances inoubliable. En attendant, si vous souhaitez bénéficier d’un séjour tonique et reconstituant, loin des lieux dit « branchés », n’hésitez pas à prendre la direction du Médoc et sans modération.
Site officiel de Soulac-sur-Mer :  www.soulac.com/

Le Père Noël…

En cette période de fêtes, une petite info m’a interpellé. Certains parents « indexeraient » la quantité de cadeaux de Noël sur les résultats scolaires du trimestre écoulé. Ne s’agissant pas d’une information donnée le 1er avril, cela valait le coup de la diffuser encore plus largement et de la commenter. Manque total de psychologie, esprit de compétition mal placé par enfant interposé, ou tout simplement stupidité. Il n’y a rien de choquant à récompenser le mérite, mais la fête de Noël est-elle vraiment propice à ce genre de challenge ? Le contenu de la hotte du Père Noël  ne doit-il pas être tout simplement la représentation de l’élan du cœur et des moyens familiaux ? Les personnes ayant de telles idées, et pire qui les mettent en pratique, imaginent-elles un seul  instant la réaction, ou plutôt l’humiliation et la déception de celui ou de celle qui a dû déjà affronter de nombreuses remontrances ou moqueries un trimestre durant, qui en plus se retrouve sanctionné un soir comme celui-ci ! Un coup à prendre le Père Noël en grippe ! 
C’est aussi le moment pour remercier les parents qui ne se manifestent pas uniquement pour râler ou maugréer. Il est légitime et concevable de formuler des critiques fondées,  il est intéressant  d’engager un dialogue positif, et il est toujours agréable de faire le constat d’un travail éducatif qui porte ses fruits. Non pas par besoin  de  flatteries, mais simplement  d’objectivité sur des résultats que  le professeur constate d’ailleurs très bien par lui-même. Apporter une  participation particulière dans le cadre d’une éducation générale et faire le constat de progrès, surtout lorsque cela n’était pas « gagné d’avance » est un motif de très grande satisfaction pour un éducateur.
Enfin, c’est l’occasion de souhaiter à tous, aux enfants et à leurs parents, aux élèves adultes et à leur famille,  d’excellentes fêtes de fin d’année.
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Deux journées particulières

Il n’y a pas de séance sans importance. Pour les élèves, c’est à chaque fois l’occasion de transpirer, d’apprendre, de se divertir, pour le professeur c’est toujours un grand moment de transmission. Mais il est vrai que certaines séances ont une saveur particulière et qu’elles laisseront de profonds souvenirs. Bien souvent, grâce un thème particulier ou bien parce qu’il s’y passait un événement rare ou exceptionnel. Encore faut-il qu’elles soient réussies pour que le souvenir soit bon.

La semaine dernière, deux séances sont entrées dans le cadre de cette particularité.

Tout d’abord celle réservée aux ceintures marron et noires. Une fois de plus était au rendez-vous la joie de constater que la fidélité reste une valeur sûre dans certains cercles. Ensuite, loin du désir d’élitisme, l’intérêt de se retrouver quelquefois entre « haut gradés » est indéniable, en l’occurrence sur le plan technique. Cela permet également de renforcer la cohésion dans un groupe privilégié, qui bénéficie de cet avantage que grâce à une pratique régulière. En aucun cas ce privilège est usurpé.

C’est aussi souvent l’occasion de marquer un événement, en l’occurrence lundi 9 décembre, nous remettions la ceinture noire à deux nouveaux promus : toujours un grand moment.

Ensuite, également la semaine dernière – vendredi 13 -, il y eu la séance consacrée aux 16 techniques. À « nos 16 techniques ». Il est intéressant et rassurant de constater à quel point elles restent mobilisatrices et aussi de s’apercevoir, au travers de cet enchaînement intemporel, des progrès effectués par les élèves qui suivent assidûment les cours.

En lisant ces lignes, ceux qui ne peuvent s’astreindre à une pratique régulière vont sans doute culpabiliser et peut-être se sentir stigmatisés. Qu’ils se rassurent, il est toujours préférable de pratiquer un peu que pas du tout. Mais ces deux exemples seront peut-être source de motivation pour une implication plus importante !

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Sondage de novembre

Pour cette semaine, je vous propose deux billets. Un premier aujourd’hui et un second jeudi. Le premier tente de commenter le dernier sondage et le second  s’intéressera aux deux temps forts de la semaine dernière.
Dans le sondage du mois dernier, la question portait sur les souhaits des élèves adultes ainsi que sur  leurs préférences en matière de programme. Le résultat est le suivant : 1er le travail au sol avec 23 %, 2e les défenses contre armes avec 21 %, 3e ex-æquo le travail debout et le travail des coups avec 18 % chacun, en 5e  position viennent les randoris avec 15 % et en dernière place, les katas avec seulement 5 %.
Que le travail au sol se situe à la première place n’est pas très étonnant. Pas surprenante non plus  l’homogénéité entre les différents secteurs. Finalement, chacune de ces familles remporte un nombre de suffrages à peu près équivalents.
Une certaine mode (justifiée, mais peut-être un peu exagérée) s’étant emparée d’un secteur qui existe depuis des lustres explique la première place du ne-waza (travail au sol).
Par contre, que les katas arrivent en dernière position avec seulement 5 % des suffrages peut paraître  surprenant. En effet,  s’agissant d’un art martial traditionnel à but non compétitif, du moins pour ce qui concerne notre École, l’aspect traditionnel et technique que véhiculent ces exercices est capital. De plus, ce résultat est un paradoxe, puisque dans le sondage actuellement en ligne, la totalité des votants estiment indiscutable leur utilité. Rassurant, d’une certaine façon ! Ceci étant, les katas n’avaient peut-être pas leur place dans ce sondage, les votants ayant exprimé leur préférence pour tel ou tel secteur technique. Le kata n’étant pas vraiment une famille de techniques, mais un enchaînement de techniques, appartenant souvent aux familles précitées. Et puis, après tout, ils peuvent sembler, à juste titre, indispensables sans pour autant posséder une grosse cote d’amour. 
La deuxième place occupée par les défenses contre armes souligne l’intérêt de l’aspect utilitaire. L’égalité parfaite entre le travail debout et le travail des coups démontre qu’aucune des familles du ju-jitsu ne semble susciter un désintérêt ! Les 15 % des suffrages remportés par les randoris prouvent qu’il existe un besoin de pratiquer les exercices d’affrontements codifiés. Ils sont, d’une certaine manière, un excellent  moyen pour tester notre efficacité !
Mis à part la sévère dernière place infligée aux katas, ce résultat est essentiellement caractérisé par un engouement assez égal pour tous les secteurs. Preuve que les composantes du ju-jitsu ont chacune leur place et leur importance dans notre discipline.
Le prochain sondage, celui du mois de janvier, sera inédit. 
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Education

Fusillé du regard par la maman d’un élève à qui je faisais remarquer qu’il ne fallait pas hurler en sortant du vestiaire, surtout lorsqu’un cours se déroule sur le tatami ! À partir du moment où les parents pensent devoir remettre l’autorité de la personne responsable du lieu (quel qu’il soit, mais à fortiori dans un lieu d’éducation), un problème est posé. Pour me décourager et me faire changer de façon de faire et modifier l’idée que j’ai de l’éducation, il me faudrait davantage que le regard assassin  d’une mère sûre d’elle et persuadée d’avoir mis au monde un enfant à qui tout doit être accordé. Pour ce qui me concerne, j’exerce cette responsabilité une ou deux heures par semaine sur chaque enfant, mais  J’imagine les problèmes que doivent rencontrer de jeunes enseignants ayant en charge les élèves toute la semaine, face à de telles réactions. Cela ramène quelque peu au billet que j’avais publié le 14 novembre. Pour certains parents, pas tous bien heureusement, c’est uniquement la faute de l’enseignant lorsque cela ne va pas. Outre le fait que des réactions comme celle-ci peuvent à juste titre déstabiliser le jeune prof, même le décourager, je ne suis pas persuadé que de tels comportements rendent service à l’enfant en question. Si des parents ne respectent pas le responsable d’un lieu et remettent son autorité en cause, comment l’enfant peut-il ne pas en faire de même. Quel exemple et surtout quel manque de psychologie de base. Quand l’assurance et la suffisance sont plus fortes que la simple nécessité de bien éduquer ses enfants pour leur bien à eux en premier lieu et peut-être – accessoirement (!) – pour une meilleure vie en société !
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Reconversion

Pour cette semaine, j’avais prévu un autre sujet que celui qui va être développé ci-dessous. Ce changement est la conséquence de la lecture d’un article paru dans Le Parisien – Aujourd’hui en France, daté du mercredi 4 décembre. Il touche un des sujets de société qui m’intéressent particulièrement, en l’occurrence la reconversion  des anciens sportifs de haut niveau. Et cet article m’a fait bondir, dans le sens où une fois de plus il souligne et confirme un état de fait qui m’apparaît regrettable.
Cela se passe dans une fédération que je connais un peu ! L’article traite du cas d’une jeune femme, de 28 ans, membre d’une équipe de France, leader dans sa catégorie et qui a déjà ramené une belle quantité de médailles à notre pays, simplement elle n’a pas la notoriété d’un Zidane ou d’un Riner et ce que lui verse la fédération s’apparente davantage à une bourse pour étudiant qu’à un véritable revenu. Elle a donc décidé d’arrêter sa carrière sportive, saisissant une opportunité professionnelle dans un secteur sans rapport avec le monde sportif. Son responsable fédéral lui assurant même qu’avec son joli sourire, elle est certaine de réussir (sic). Cette forme de machisme n’est pas le sujet de l’article, mais quand même… 
Ce qui est choquant dans cette affaire, qui malheureusement n’est pas  un cas particulier, c’est que les choses ne sont pas claires de la part des fédérations. Soit elles prennent tout en charge, la préparation, la carrière et une reconversion correcte, soit elles annoncent la règle du jeu tout de suite, de façon à ce qu’à 28 ans l’athlète ne soit pas obligé de s’en remettre à sa pugnacité en dehors des gymnases ou encore à sa bonne étoile.
Il faut savoir que ce genre de mésaventure concerne un nombre non négligeable d’athlètes de haut niveau. En effet les numéros deux, trois, etc. sont très peu éloignés des « numéros un » en termes de performance. Ils ont concédé autant de sacrifices, parfois même davantage, parce que justement, ne bénéficiant – peut-être – pas tout à fait des mêmes qualités, ils ont du souvent s’entraîner encore plus. Je ne dis pas qu’il ne soit pas normal que les « stars » bénéficient de plus de reconnaissances (sur tous les plans !), mais il n’est pas acceptable qu’un abîme sépare ces deux catégories, qui d’ailleurs n’existeraient pas l’une sans l’autre.
Cette situation n’est pas un cas isolé et elle ne date pas non plus d’hier. Elle n’est pas non plus le fait d’une seule fédération. En 1995, une jeune maman de 32 ans, qui avait représenté sa discipline et notre pays lors de quatre olympiades successives  en finissant quatre fois au pied du podium, se retrouvait seule avec son gamin au RMI ! Obligé à 32 ans de reprendre des études. Sans remonter à un temps où (dans les années 1950), comme cela est arrivé à une personne devenue célèbre,  il fallait vendre sa voiture pour pouvoir participer aux championnats du monde de sa discipline, Il était une époque où les choses étaient plus claires. Les athlètes prenaient leurs responsabilités et surtout leurs risques en ne comptant que sur eux-mêmes. Bien sûr il s’agissait de l’amateurisme le plus complet (dans le sens noble du terme). C’était un choix. Certes cela ne donnait pas forcément à tous et à toutes les possibilités d’accomplir une grande carrière et surtout cela  réduisait le potentiel dans lequel les fédérations pouvaient se servir, mais au moins les choses étaient précises.
Certains, ne voulant pas sacrifier leurs études au profit d’une carrière aléatoire, passaient  peut-être à côté d’une belle réussite. D’autres dotés d’un joli palmarès auraient pu en acquérir un exceptionnel en passant plus de temps sur les tatamis ou dans les stades. Mais au moins, ils faisaient le maximum pour s’assurer un avenir professionnel par l’intermédiaire d’études ou d’une formation, mais personne ne leur avait fait miroiter quoi que ce soit en leur demandant encore plus d’effort et surtout de sacrifices. Certes il existe des formations qui permettent en parallèle de s’entraîner convenablement tout en poursuivant des études. Mais, à un certain « haut niveau », l’investissement doit être total pour rivaliser et cela, manifestement, au détriment de l’assurance d’un avenir sans risque.
Mon propos n’est pas l’expression du regret pour une ancienne époque, mais celui du souhait d’améliorer rapidement un système afin, premièrement, d’assurer des revenus décents à ceux qui transpirent intensément et quotidiennement pour tenter de faire résonner La Marseillaise sur la planète (qu’ils en tirent un profit personnel n’est d’ailleurs pas choquant), et qui en même temps œuvrent pour leur sport et accessoirement font vivre, grâce à leur succès, beaucoup de monde et deuxièmement au moins leur garantir un avenir décent si ce n’est à la hauteur des sacrifices consentis.
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Maître Kawaishi

Kawaishi2Ce nouveau billet est en parfaite liaison avec le précédent, puisqu’il s’agit d’un hommage à un personnage qui a écrit les pages les plus importantes du judo et du ju-jitsu français et qui n’est autre que l’inventeur des ceintures de couleur, il s’agit de Mikinosuke Kawaishi (1889 – 1969).
Maître Kawaishi est arrivé en France en 1936. Incontestablement il a été une des figures les plus marquantes du judo français et européen. C’est lui qui a véritablement installé le judo dans notre pays. C’est autant sa forte personnalité que ses compétences techniques qui ont fait aboutir sa mission et fondé sa réputation.
C’est davantage pour donner mon sentiment sur cet illustre personnage que pour retracer sa vie que j’avais envie de lui consacré ce billet. Il sera facile de retrouver tout son parcours via Internet.
Je ne l’ai pas connu personnellement. Pour moi il représente trois choses : les ceintures de couleur, en judo : la « méthode kawaishi », et puis, parallèlement  un programme de self-défense.
C’est lui qui a mis en place le système  des ceintures que nous évoquions dans le précédent article. En effet au Japon, avant la ceinture noire, n’existaient que la blanche et la marron. Maître Kawaishi a très vite compris l’esprit français empreint d’un besoin de reconnaissance matérialisé par des récompenses. C’est ainsi que naquirent les ceintures de couleur qui existent toujours à notre époque. Elles ont même fait des petits avec les demi-ceintures dans les années 1990. D’autres disciplines qui n’ont rien à voir avec les arts martiaux ont d’ailleurs adopté un système de graduation calqué sur ce modèle. Les « flocons » en ski, les « galops » en équitation, etc.
Pour gravir ces échelons, il eut une autre bonne idée en créant la fameuse « méthode Kawaishi ». Il s’agissait dans un premier temps de « nomenclaturer » les techniques en les classant par famille et en leur attribuant un nom bien français. Ainsi o-soto-gari devint 1er de jambe, de-ashi-barrai : 2e de jambe, ippon-seoe-nage : 1er d’épaule, ainsi de suite. Je pourrais presque toutes les réciter par cœur, elles ont été mon apprentissage. Par la suite, pour des raisons évidentes d’universalisation, l’appellation japonaise a été adoptée.
Parallèlement il a mis au point une méthode de self-défense. Pour des raisons que j’ignore, il ne souhaitait pas l’appeler « ju-jitsu », mais bien « self-défense ». Peut-être pensait-il  que nous étions réfractaires à l’appellation japonaise. Et que pour être bien compris, mieux valait utiliser un mot  plus facile à prononcer et très explicite. Pourtant, le mysticisme qui entourait tout ce qui venait d’Orient était bien présent à cette époque. Peut-être jugeait-il aussi que l’appellation ju-jitsu était dépassée par l’avènement du judo, ce qui fut le cas au japon, lorsque Jigoro Kano, à partir de l’ancien ju-jitsu, créera le judo.
Pour réaliser ses travaux, il ne faut pas oublier qu’il était assisté, entre autres de Moshe Feldankrais, physicien israélien proche de la famille Curie. Il a sans doute aidé Kawaishi à comprendre notre mentalité. En tout cas, cela s’est révélé être une collaboration fructueuse qui permit l’éclosion du judo en France et dans toutes les couches sociales. Les « mystères de l’est » fascinaient les novices, une méthodologie rigoureuse satisfaisait et fidélisait les pratiquants. Ceux d’aujourd’hui sont tous un peu des enfants de Maître Kawaishi.
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Grades, ceintures et distinctions

Depuis dimanche dernier, avec Hicham Terkiba et Yvan Ferré, le club compte deux nouvelles noires. Félicitations à tous les deux. Que cela puisse donner l’envie à d’autres élèves d’en faire de même. C’est l’occasion d’évoquer une nouvelle fois ces fameux grades qui occupent une place importante dans les arts martiaux. De nombreux billets ont déjà été consacrés sur ce que l’on nomme  également, avec un terme moins militaire, les « ceintures » et qui mériteraient peut-être davantage le mot de « distinctions ». Certains y attachent une importance démesurée, d’autres un détachement réel ou simulé. Aujourd’hui, cet article tentera de répondre à des questions très pratiques et en l’occurrence à celle qui émane le plus souvent de la part des débutants : « Pour les ceintures, ça se passe comment ? » Question qui taraude aussi bien les adultes que les enfants. Et d’ailleurs plus que les enfants, les parents.
En premier, il faut savoir que jusqu’à la ceinture noire, normalement ? un jour on pourra revenir sur ce « normalement » ?, l’attribution des ceintures dites de couleur est sous la responsabilité du professeur. Chaque enseignant organise les passages de ceinture comme cela lui semble être le plus efficace, à la fois pour amener ses élèves à cette fameuse ceinture noire dans les meilleures conditions, mais aussi et surtout pour leur permettre de s’épanouir parfaitement dans leur pratique en gravissant sereinement et simplement les marches que constituent les couleurs de ceintures. Elles sont tout à la fois des objectifs et des encouragements. Maintenant, les réfractaires à toute hiérarchie dans le domaine des loisirs peuvent être respectés, à notre charge de les convaincre. Le système de grades appartient aux arts martiaux, il est bon aussi de l’accepter.
Pour ce qui nous concerne, au club, l’obtention d’un grade est avant tout le fruit d’un contrôle continu. Qui mieux que le professeur connaît le niveau de son élève. Mais un petit test sous la forme d’un « question-réponse » ne peut nuire. Il permettra de se familiariser avec ceux relatifs aux grades plus importants.
Concrètement pour les enfants d’abord ; dans notre club, les passages se déroulent deux fois par saison, un avant les vacances de février et l’autre avant les grandes vacances. Ils passent deux demi-ceintures par saison au début, puis très logiquement le temps s’allonge entre les ceintures les plus élevées. Pour les adultes, chaque mois, à différents horaires, un passage est proposé. A partir du moment où le temps incompressible entre deux ceintures est atteint, l’élève peut postuler au grade supérieur. Contrôle continu et petit « quiz » jusqu’à la ceinture verte et ensuite pour la bleue et la marron, validation des unités de valeur à l’occasion des fameux vendredis à thème. Pour la ceinture noire il faudra présenter cinq unités de valeur, la première concerne le programme, la deuxième les katas, la troisième les « 16 techniques », la quatrième la présentation d’un enchaînement libre et enfin la cinquième portera sur les randoris. Il s’agit d’un programme conséquent, mais il est question d’une ceinture importante et emblématique. Et puis, le ju-jitsu étant à but non compétitif, il semble logique d’exiger une grosse prestation technique. Il est utile de préciser qu’il ne s’agit pas de donner des notes, pour lesquelles plus largement, et notamment à l’école, à l’instar du psychos-pédiatre Marcel Ruffo, je ne milite pas pour leur maintien (elles sont autant sources de motivation que d’humiliation, mais cela pourra donner lieu à un autre débat), il s’agit tout simplement de constater l’acquisition – ou non – du minimum exigé.
Pour conclure, je dirai que ce système de ceinture existe depuis très longtemps, qu’ainsi il faut l’accepter sans en exagérer l’importance. L’essentiel se situant dans une pratique régulière.  L’objectif que représente la préparation d’un grade et le plaisir de l’avoir obtenu peuvent y contribuer.

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