Premiers pas en ju-jitsu

Cette semaine, c’est une fiche technique très simple sur le ju-jitsu que je propose en guise d’article.

Pour les plus anciens, il est toujours utile de se rafraîchir la mémoire. Pour les néophytes, il est encore plus important de s’informer.

Le ju-jitsu se compose de techniques de coups (atemi-waza), de projections (nage-waza) et de contrôles (katame-waza).

Ses principes de base sont la non opposition et l’utilisation de la force de l’adversaire ; de façon directe ou en utilisant le principe d’action réaction.

L’atemi-waza, le travail des coups, aura davantage pour objectif de déséquilibrer que d’être une finalité.

Pour projeter un adversaire on utilise plusieurs mécanismes. La bascule au-dessus du centre de gravité, la suppression d’un point d’appui,  empêcher l’adversaire de reprendre l’équilibre sur l’avant. Et tout simplement en utilisant la force de l’adversaire.

Les contrôles (katame-waza) ont une importance majeure dans la mesure où ils permettent de maîtriser quelqu’un sans forcément mettre ses jours en danger.

En ju-jitsu toutes les défenses sur toutes les situations d’attaque sont étudiées,  debout et au sol, à mains nues ou bien armées.

On travaille également sur des situations de défense contre plusieurs adversaires.

Pour bien pratiquer le ju-jitsu il est indispensable de maîtriser les « ukemis » les brises chutes. Sur l’arrière et sur l’avant. C’est indispensable lors des répétitions, mais également dans la rue lorsque l’on dérape sur un sol glissant, ou bien que l’on « s’emmêle les crayons ».

Il existe beaucoup d’écoles et de styles de ju-jitsu, celui que je pratique et enseigne est à but non compétitif, de façon à ce qu’il conserve son aspect traditionnel et l’ensemble des ses techniques originelles.

En effet, la compétition impose (à juste titre) un règlement qui sclérose quelque peu la discipline. Si certaines combinaisons et techniques sont retirées, c’est qu’elles sont dangereuses. De fait, cela signifie qu’elles sont efficaces en self défense ; c’est dommage de ne plus les étudier. Maintenant chacun opte pour ses préférences, il ne s’agit que d’un point de vue renforcé par une longue expérience.

Le ju-jitsu est une méthode de self défense efficace pour peu que le pratiquant s’y astreigne de façon régulière. C’est aussi un art martial porteur de fortes valeurs éducatives, c’est également et tout simplement un « art de vivre » qui apporte un bien être physique et mental.

Cet ensemble ne manque pas de contribuer à une meilleure vie en société. D’autant que l’appartenance à une « famille », comme celle des arts martiaux impose (normalement) le respect des consignes élaborées par cette famille.

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Attitude au dojo

De temps en temps il n’est pas inutile de revenir et de rappeler que le dojo est un lieu d’étude dans lequel certaines règles doivent être respectées, pour le bien être de tous.

Pour une vie en société en bonne harmonie, loin des incivilités et de cette violence qui ne cessent de gangrener notre société.

Tout d’abord, l’hygiène. Les tenues doivent être propres, les corps aussi, cela semble être la moindre des choses, mais parfois…Les ongles sont coupés courts. On ne doit pas marcher pieds nus en dehors du tatami. N’oublions pas que lors du travail au sol, nous sommes très près…du sol !

Ensuite la politesse. On doit saluer le tatami avant d’y monter et – normalement – le dojo en y entrant. Il en est de même avec les partenaires successifs, avant et après chaque échange. Qui plus est dans une tenue correcte et ne pas se contenter d’un vague mouvement de la tête. On ne retire pas sa veste de judogi sur le tatami.

On devra être ponctuel, sauf cas de force majeure et/ou impératif professionnel. Dans ce cas on informe le professeur. Si on est en retard, on attend sur le bord du tatami un signal de celui-ci avant d’y monter. Lorsqu’on doit le quitter, on l’informe également.

On évite de parler trop fort, on communique discrètement avec son partenaire et bien évidement on ne s’exprime pas pendant les explications du professeur.  On peut se désaltérer pendant le cours, juste après une explication du professeur, par exemple.

L’entraide mutuelle est sacrée, les plus anciens aident les moins anciens. On doit se souvenir que l’on a tous été débutant. Et dés la deuxième séance, on en connait un peu plus que celui qui en est à sa première, on peut déjà lui donner quelques conseils.

Enfin, on est attentif aux informations données par le professeur. Notamment lorsqu’il signifie, à l’aide du « maté », la fin d’un randori. C’est une question de respect des consignes, du partenaire, mais aussi de sécurité.

Toutes ces recommandations ont pour unique but que se déroulent les cours dans une parfaite harmonie. La recherche de l’acquisition et du perfectionnement technique ainsi que l’engagement physique doivent se dérouler dans la convivialité. Aucune violence ne doit être tolérée. Combattre la brutalité que certains portent en eux sera un objectif à court terme.

Il ne s’agit pas d’être un « Père Fouettard », mais simplement d’assumer son rôle d’éducateur. Avec un minimum de rigueur, cette rigueur qui impose des efforts, qui fait qu’on ne fait pas n’importe quoi, n’importe comment, et qui  permet un mieux vivre en société et donc de pratiquer, de progresser et de se défouler physiquement et mentalement, tout en s’amusant : nous sommes également dans le loisir.

En toute chose, il faut chercher le bon équilibre. Une discipline de fer ne fera que rebuter, à l’inverse le laxisme sera contreproductif et dangereux, encore davantage dans nos disciplines.

C’est au professeur que revient la responsabilité de diffuser ces consignes et recommandations (et de les faire respecter).

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Une petite histoire (drôle et vraie)

Nous sommes au milieu des années 1980, à Paris dans le dojo mythique  de la Rue des Martyrs.

Ça se passe pendant le cours de 12 h 30. Dans ce quartier qui mélange habitations et bureaux, il y a beaucoup de monde à l’heure du déjeuner.

Je démontre une technique de défense sur saisie arrière à la gorge, avec coup de coude et ippon seoi nage. Je la démontre plusieurs fois avec les explications nécessaires.

Entre deux exécutions, alors que les élèves forment un cercle autour de moi, d’un seul coup je sens un avant bras qui vient se placer sur la gorge, exactement comme dans l’attaque dont je montrais la défense.

Sans réfléchir, et d’ailleurs sans l’atemi du coude, juste en basculant le haut du corps sur l’avant, en moins de temps qu’il faut pour le dire, voilà qu’une ceinture blanche (qui faisait un essai)  se retrouve à deux mètres devant moi, assis les jambes écartées après avoir fait une sorte de ricochet sur le tatami, tout ça sous le regard médusé des autres élèves. Qui a été le plus surpris ? Sans doute celui qui débutait ce jour-là.

Je lui demande spontanément pourquoi il a fait ça ?  Il me dit  « pour voir ». A quoi je lui réponds « et bien, vous avez vu ! ».

Ce jour-là j’ai eu la confirmation, si besoin était,  que les automatismes fonctionnaient à merveille. Il faut dire que le jeune homme – un peu inconscient – jouait de malchance, dans la mesure où ippon seoi nage était « mon spécial ».

L’individu en question s’est excusé et… s’est inscrit.

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Le bon vieux ju-jitsu

Un commentaire sur une de mes vidéos mise en ligne il y a quelques jours, évoquait « Le bon vieux ju-jitsu ». A un moment, j’ai fait un parallèle avec un titre de notre regrettée idole « Le bon temps du Rock’n Roll ». Que l’auteur de ce commentaire se rassure, loin de moi de l’avoir mal pris, au contraire.

Cela m’a inspiré quelques réflexions.

Oui, je suis fidèle à ce ju-jitsu que je pratique et enseigne depuis des décennies, sans jamais le renier, ce qui ne m’a pas empêché, dans le cadre d’une formation professionnelle complète, de pratiquer d’autres disciplines institutionnelles.

Le ju-jitsu a su traverser les siècles et, même s’il a connu des périodes de repli, il a toujours su renaître des ses cendres, il est intemporel, inoxydable. Il sait faire le dos rond face aux assauts de nouvelles méthodes (de toute façon nous avons tous deux bras deux jambes et c’est la façon dont on s’en sert qui fait la différence), il a pour lui la force de sa vérité. Beaucoup d’écoles existent, certaines fantaisistes, d’autres un peu contraires à l’esprit de base, il faut savoir faire le tri.

Cette pluralité de styles existait déjà au temps de Jigoro Kano, quand il a décidé de faire une synthèse pour créer sa propre école qu’il appela « judo ».

Pour ma part, je reste attaché à un style d’une richesse et d’une finesse technique exceptionnelles,  développant un état d’esprit constructif. Tous ces éléments sont autant de raisons qui font que ma fidélité lui est acquise et c’est toujours avec la même passion que je l’enseigne. Et pourquoi renier ce que l’on aime ?

Il n’est pas question d’immobilisme, moi-même, en son temps,  j’ai participé à des évolutions dans ma discipline, mais toujours à partir des mêmes racines techniques, des mêmes principes et du partage des mêmes valeurs. Je n’ai jamais confondu évolution et régression.

L’évolution, par définition, doit se faire dans le bon sens, non pas à rebours. Il y a des principes et des techniques qui doivent être respectés, faute de perte d’identité et de qualités.

Maintenant chacun est libre de pratiquer ce qui lui convient et d’enseigner en fonction de ses aspirations et… de ses compétences. A condition que cet enseignement soit éducatif, et non pas destructif.

Sur ce sujet, je suis inflexible : c’est l’éducation qui prime (éducation physique et mentale). J’ai quelques formules que mes élèves connaissent bien, elles valent ce qu’elles valent, mais elles ont le mérite d’être explicites. En voici quelques-unes : « sur ma carte professionnelle est inscrit éducateur sportif et non pas destructeur sportif ». « On est ici pour apprendre et non pour en prendre ». « Il faut construire un système de défense, plutôt que de se limiter à détruire ». « Apprendre à maîtriser en se maîtrisant ». Ce sont des formules avec des mots, et les mots ont leur importance, surtout lorsqu’il s’agit de transmission au service de l’éducation.

Autre réflexion à propos d’une question récurrente, à savoir « quelle est la méthode de self défense la plus efficace » ?  Si on me pose la question, je ne vais pas répondre que ce n’est pas la mienne. Je répondrais que tout d’abord c’est une méthode qui envisage le plus de réponses possibles à un maximum de formes d’agressions. Ensuite cela dépend évidemment qui l’enseigne et qui la pratique.

Pour ce qui me concerne, j’attache autant d’importance à l’éducation physique et mentale qu’à l’éducation utilitaire. Une bonne condition physique ne nuira pas en cas d’agression, et en plus elle permet de vivre en meilleure santé. Et une éducation mentale dans laquelle on trouvera certaines valeurs, aidera à ne pas faire n’importe quoi, à se maîtriser dans toutes les circonstances, mais aussi à se soumettre à quelques efforts et s’imposer une certaine rigueur dans la pratique, synonyme de résultats dans bien des domaines. Par exemple la recherche du détail, de la finesse technique, sans se satisfaire du minimum.

Maintenant, cela a été répété à maintes reprises, nous ne sommes pas tous égaux en situation de stress occasionné par une agression. Mais, il n’est pas question de provoquer un affrontement pour se tester. Même si certains prétendent que l’épreuve de la rue est la seule qui vaille !

J’ai raconté plusieurs fois que parmi mes élèves (de tous niveaux), il y a des hommes et des femmes qui se sont sortis de fâcheuses situations, sur des agressions diverses et cela suffit à me convaincre.

Maintenant, même si je connais des personnes qui s’en sont sortis avec peu de pratique, il est incontestable que c’est la régularité  et l’ancienneté qui offriront un maximum de chances.

Et puis, toujours à propos du ju-jitsu, j’aime bien la tenue qu’on appelle familièrement le kimono. Bien que judogi, kekogi, ou tout simplement dogi soient plus corrects. C’est mon « blanc de travail », pratique et hygiénique. Chaque sport a une tenue qui lui est propre et qu’il respecte.

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L’art de la souplesse : « notre histoire »

Comme à chaque période un peu plus calme, j’ai le plaisir de vous proposer un conte japonais qui pourrait s’intituler : « notre histoire » (celle du ju-jitsu) ! Il est issu du merveilleux ouvrage « contes et récits des arts martiaux et du japon ». 
Le cœur de saule
Le médecin Shirobei Akyama était parti en Chine pour étudier la médecine, l’acupuncture et quelques prises de Shuai-Chiao, la lutte chinoise.
De retour au Japon, il s’installe près de Nagasaki et se met à enseigner ce qu’il avait appris. Pour lutter contre la maladie il emploie de puissants remèdes. Dans sa pratique de la lutte il utilise beaucoup sa force. Mais devant une maladie délicate ou trop forte, ses remèdes sont sans effets. Contre un adversaire trop puissant, ses techniques restent inefficaces. Un à un ses élèves l’abandonnent. Shirobei, découragé, remet en question les principes de sa méthode. Pour y voir plus clair, il décide de se retirer dans un petit temple et de s’imposer une méditation de cent jours.
Pendant ses heures de méditation, il bute contre la même question sans pouvoir y répondre : «  Opposer la force à la force n’est pas une solution car la force est battue par une force plus forte, alors comment faire ? »
Or, un matin, dans le jardin du temple où il se promène, alors qu’il neige, il reçoit enfin la réponse tant attendue : après avoir entendu les craquements d’une branche de cerisier qui cassa net sous le poids de la neige, il aperçoit un saule au bord de la rivière. Les branches souples du saule ployent sous la neige jusqu’à ce qu’elles se libèrent de leur fardeau. Elles reprennent alors leur place, intactes.
Cette vision illumine Shirobei. Il redécouvre les grands principes du Tao. Les entences de Lao-Tseu lui reviennent en tête :
Qui se plie sera redressé
Qui s’incline restera entier
Rien n’est plus souple que l’eau
Mais pour vaincre le dur et le rigide
Rien ne la surpasse
La rigidité conduit à la mort
La souplesse conduit à la vie
Le médecin de Nagasaki réforme complètement son enseignement qui prend alors le nom de Yoshinryu, l’école du cœur de saule, l’art de la souplesse, qu’il apprendra à de nombreux élèves.

Shime-waza, le travail des étranglements

Retour sur un secteur important du ju-jitsu.

Pour les néophytes, le mot étranglement est souvent effrayant. C’est une peur bien légitime, puisque cela signifie la perte de connaissance si la technique n’est pas maitrisée. Les pratiquants ne ressentent  pas la même crainte, puisqu’avec une parfaite  maitrise technique et le respect des signes d’abandons, les étranglements peuvent être travaillés sans danger. Inutile de préciser qu’ils sont d’une redoutable efficacité.

Leur étude consiste à les appliquer, mais aussi à apprendre à s’en défendre. Que ce soit contre des étranglements « sommaires » ou très techniques.

Les étranglements se pratiquent essentiellement à l’aide des membres supérieurs, mais lorsqu’on se trouve au sol, ils peuvent aussi  s’appliquer avec les jambes ; exemple, le fameux sankaku-jime.

On peut les appliquer en étant de face ou placé derrière le partenaire et cela debout comme au sol.

Il y a les étranglements sanguins et les étranglements respiratoires. Les premiers empêchent l’arrivée du sang au cerveau (ce qui permet de savoir si nous sommes pourvus de cet « instrument »). Les seconds provoquent l’asphyxie en bloquant la respiration. Dans le premier cas on s’endort, dans le second on étouffe !

On trouve aussi deux groupes dans cette famille de techniques. Un premier dans lequel on applique l’étranglement « à mains nues » et un second où l’on utilise les revers d’une veste.

Il est évident que leur étude doit s’entourer de précautions et de mise en garde. Au signal d’abandon qui consiste à frapper deux fois au sol ou sur une partie du corps avec la paume de la main, ou avec le pied (kime-no-kata), l’exécutant doit immédiatement arrêter son action.

Dans la réalité, il faudra être en mesure de « doser » l’action en question. Celle-ci consistant à mettre hors d’état de nuire l’agresseur, sans mettre ses jours en danger, en évitant d’être obligé de recourir aux techniques de réanimation : les techniques apprises lors des cours de secourisme ou dans l’étude des fameux « kuatsu ». Durant toute ma carrière de professeur, je n’ai jamais eu à déplorer d’incidents majeurs. Il est arrivé que des personnes perdent connaissance, mais la retrouvent immédiatement.

S’ils sont terriblement efficaces, il faut souligner que les appliquer sur quelqu’un qui résiste, requiert une longue pratique. Une longue pratique qui fournira de l’efficacité, mais aussi et surtout une indispensable sagesse.

Comme la plupart des techniques pratiquées dans les arts martiaux, les étranglements sont dangereux, mais pas davantage qu’un coup porté sur un point vital ou bien qu’une projection au cours de laquelle la tête de celui qui chute heurte violemment un sol dur.

Encore une fois, c’est au professeur qu’incombe la responsabilité d’apprendre correctement les  techniques, en entourant leur apprentissage des indispensables consignes de sécurité.

Le salut

C’est avant tout un signe de politesse, une marque de respect et une tradition qui ne doit jamais  être sacrifiée. C’est aussi un moment de brève et intense concentration  avant une démonstration, une répétition ou un combat. Et puis, un temps de courte réflexion dans l’instant qui suit ces exercices.

Dans les arts martiaux japonais, le salut est emprunté aux coutumes du pays. C’était tout simplement dans le quotidien la façon de se dire bonjour.

Nous utilisons le salut principalement de deux façons. Debout ou à genoux. Logiquement, avant et après avoir effectué un travail debout, on salue debout ;  il en est de même pour le travail au sol. Dans certains katas ce rite se pratique à genoux et debout pour d’autres.

Au début et à la fin d’un cours, face aux professeurs, il s’exécute  en principe en position agenouillée, mais rien ne s’oppose à ce qu’il soit réalisé debout (surtout si le professeur a mal aux genoux). La position des élèves les plus hauts gradés est toujours sur la droite.

S’il est incontournable, il doit se faire en respectant une bonne attitude. Il ne doit pas être bâclé. Tout d’abord, les protagonistes adoptent une tenue correcte, même après un combat. On prend le temps de se rhabiller, on ne salue pas débraillé. D’autre part, il ne s’agit aucunement de se satisfaire d’un vague mouvement de tête. On prend son temps pour incliner le buste vers l’avant, les mains glissant le long des cuisses en position debout et elles seront posées sur le sol dans la position agenouillée.

Entre élèves et après un travail ou un randori, il se suffit à lui-même. D’autres marques, ne sont pas indispensables, si sympathiques soient elles !

Il est de coutume également de pratiquer le salut en entrant dans le dojo. Il est vrai que cette tradition se perd, elle est remplacée par un seul salut, celui que l’on exécute  avant de monter sur le tatami. Mais l’un n’empêche pas l’autre.

Cet article permet aussi de rappeler que si certains rituels ne sont pas respectés dans nos disciplines à traditions, où le seront-ils ?

Encore une fois, il en est de la responsabilité du professeur. Il est aussi un passeur de valeurs, pas uniquement de techniques.

 

T comme Technique

Dans mon dictionnaire des arts martiaux (qui finira par paraître), à la lettre T, j’ai choisi le mot « Technique ».

C’est un mot employé couramment par les professeurs d’arts martiaux. En tant que nom, pour désigner ce que nous enseignons, mais aussi comme adjectif, lorsque nous évoquons certaines qualités.

Nous appelons les « techniques » ce qui constitue l’ensemble de nos transmissions  : techniques debout, au sol, de percussions, de base, avancées, supérieures, etc. Mais on les retrouve aussi dans les katas pour lesquels la nomenclature est organisée de la façon suivante : 1ere technique, 2ème technique, etc. Et plus particulièrement dans le ju-jitsu que j’enseigne, pour désigner des enchaînements comme celui des « 16 techniques », par exemple !

Mais comme indiqué en introduction, nous employons aussi ce terme comme adjectif pour souligner des qualités. Les qualités techniques de telle ou telle personne, c’est d’ailleurs très valorisant d’être qualifié de bon technicien.

C’est plus particulièrement ce deuxième aspect, celui de l’adjectif que je retiens pour cet article.

La recherche de la perfection technique est une des motivations importantes pour un pratiquant de budo, c’est peut-être aussi ce qui différencie l’art martial d’une simple lutte. La quête du geste parfait exécuté avec précision au bon moment est primordiale ; pour l’efficacité, mais aussi pour la satisfaction que représente un beau geste, à l’instar de celui du patineur ou du gymnaste, ou encore quand un sculpteur, un peintre ou un écrivain réalise une belle œuvre.

Dans nos disciplines cette finesse technique (garantie d’efficacité) sera prioritaire par rapport aux qualités physiques, puisque celles-ci déclinent fatalement plus vite avec l’âge.

Le but est donc d’élever son propre niveau technique lorsque l’on est étudiant, puis celui de ses élèves quand on enseigne.

Retrouver dans les élèves la « patte » technique d’un professeur, c’est pour lui une belle récompense, encore davantage lorsque, sans connaître l’identité de l’enseignant, il sera reconnu au travers des qualités d’un élève.

Que ce soit pour désigner un programme, ou des qualités, le mot technique est donc un des mots les plus utilisés sur un tatami, mais il est aussi omniprésent dans l’esprit de tous les pratiquants quand il s’agit de s’approcher de l’excellence… Technique.

Le pari du vieux guerrier…

C’est avec beaucoup de plaisir que je publie, de temps à autre, une histoire issue du recueil de Pascal Fauliot « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Ces petites histoires nous offrent une belle matière à réflexion et nous rappellent que nos disciplines ne sont pas que de simples activités physiques.

 Le pari du vieux guerrier.

Le seigneur Naoshige déclara un jour à Shimomura Shoun, l’un de ses vieux samouraïs : « La force et la vigueur du jeune Katsushige sont admirables pour son âge. Quand il lutte avec ses compagnons il bat même les plus âgés.

Bien que je ne sois plus tout jeune, je suis prêt à parier qu’il ne parviendra pas à me vaincre », affirma le vieux Shoun.

Naoshige se fit un plaisir d’organiser la rencontre qui eut lieu le soir même dans la cour du château, au milieu d’un grand nombre de samouraïs. Ceux-ci étaient impatients de voir ce qui allait arriver à ce vieux farceur de Shoun .

Dès le début de la rencontre, le jeune et puissant Katsushige se précipita sur son frêle adversaire et l’empoigna fermement, décidé à n’en faire qu’une bouchée. A plusieurs reprises, Shoun décolla du sol et faillit aller rouler dans la poussière ; cependant, à la surprise générale, il se rétablissait à chaque fois au dernier moment.

Exaspéré, le jeune homme tenta à nouveau de le projeter en y mettant toute sa force mais, cette fois, Shoun profita habillement de son mouvement et c’est lui qui réussit à déséquilibrer Katsushige et à l’envoyer au sol.

Après avoir aidé son adversaire à demi inconscient à se relever, Shoun s’approcha du seigneur Naoshige pour lui dire : «Etre fier de sa force quand on ne maîtrise pas encore sa fougue, c’est comme si on se vantait publiquement de ses défauts. »    

Self défense et notamment défense contre armes

Cet article est un peu plus long que ceux proposés habituellement ; le sujet le mérite.

C’est un secteur délicat en matière de self défense que celui des défenses contre armes. Toute agression l’est et à fortiori lorsque c’est à « main armée ».

Les conseils et les moyens de se défendre fleurissent sur les réseaux. Certains sont intéressants parce que frappés du bon sens, d’autres plus « originaux ».

Pour ma part, je me contenterai de prodiguer quelques recommandations  issues de mon expérience, non pas en tant que familier des combats de rue (très loin de là), mais tout simplement comme professeur qui enseigne depuis plusieurs décennies et qui a collecté  un nombre important de témoignages rapportés par des personnes (hauts gradés ou pas, jeunes ou plus âgés, hommes ou femmes) qui ont pu se sortir indemnes d’agressions .

Les quelques lignes qui suivent sont  donc le fruit d’expériences, de témoignages et… du simple bon sens.

Commençons par le bon sens et l’évidence avec des conseils qui s’appliquent – si on le peut –  à toute forme d’agressions

D’abord en évitant les endroits à risque, ensuite en favorisant la fuite (nul ne connaît l’issue d’un affrontement). Si celle-ci n’est pas possible, entamer un dialogue, une négociation. Lorsque malheureusement l’affrontement est inévitable,  il faut d’abord savoir que tout le monde n’a pas la même  lucidité dans ces moments. Nous ne sommes pas tous égaux psychologiquement lors d’une agression.

Pour savoir comment on réagit face à une telle situation, il faut avoir une expérience en la matière ; si tel n’est pas le cas, il est totalement déconseillé de se tester de son propre chef  dans de telles conditions, c’est juste inimaginable (et répréhensible).

Lorsque l’on est professeur, mettre en garde ses élèves sur les dangers et les multiples conséquences d’une agression est obligatoire. On doit aussi se souvenir que la meilleure victoire est celle que l’on obtient sans combattre ; il ne s’agit pas de lâcheté, mais d’intelligence.

Quand l’affrontement est inévitable, entrent en ligne de compte plusieurs éléments : la maîtrise technique, les automatismes, une bonne condition physique qui ne gâchera rien, la lucidité (dans un contexte de stress énorme) et aussi (on n’en parle pas souvent) la chance !

La maitrise technique sera acquise par l’apprentissage et le perfectionnement, pour les automatismes ce seront des centaines et des centaines de répétitions. Concernant une bonne condition physique et une tonicité correcte, la régularité dans la pratique fera la différence. Quant à la chance…

Cette régularité et longévité dans la pratique seront assurées par le fait d’ajouter de l’intérêt dans un enseignement et une pratique qui ne devra pas se limiter au simple côté utilitaire. Même si le principal critère dans l’étude d’une technique, c’est son efficacité, cela ne doit pas être le seul. Tout du moins c’est mon point de vue et la conception que j’ai de mon métier.

Enseigner c’est permettre de s’élever techniquement, mais aussi physiquement et mentalement.

Améliorer le corps et l’esprit : apprendre à réfléchir, ce n’est pas inutile !

Tous ces conseils et ceux  qui suivent, sont encore plus vrais quand il s’agit d’attaques avec une arme ; surtout lorsqu’il est question d’objets tranchants. Par exemple, le couteau exclut bon nombre de projections, celles-ci imposant un contact incompatible avec l’acier tranchant ou piquant.

Parer ou bloquer l’attaque représente l’évidente première phase.  La deuxième étant le coup (l’atemi) – ou plusieurs – pour fixer, stopper et déséquilibrer l’adversaire.  Enfin, pour finaliser face à une arme blanche, la maîtrise des clefs est indispensable, à moins d’être persuadé que l’utilisation des coups sera d’une radicalité permettant de se passer de l’étude des contrôles en clef de soumission ; cet état d’esprit s’apparente peut-être à une forme de présomption !

Je finirai cet article avec quelques exemples  qui sont autant de témoignages  recueillis auprès de personnes que j’ai fréquentées et qui ont été victimes d’agressions (notamment avec armes). Grâce à leur technique, elles ont pu se sortir d’affaires.

Il y a d’abord ce haut gradé dans la police et dans le ju-jitsu qui a pu, grâce à un waki-gatame, maîtriser un individu qui lui brandissait un revolver sur le front. Puis cette ceinture noire féminine qui a sorti un importun de la rame de métro avec un tai-sabaki (déplacement du corps). Ensuite un « presque débutant », au moment des faits, qui a désarmé un agresseur muni d’un tesson de bouteille, en utilisant une clef au bras très basique (ude-gatame). Ce septuagénaire haut gradé – mais septuagénaire quand même – qui a « confisqué » le revolver d’un voleur de portefeuille avec un contrôle au niveau du poignet ; certes il s’agissait d’un jouet mais la victime potentielle l’ignorait. Enfin, je termine avec ce monsieur qui, juste après sa première leçon,  a réussi à se débarrasser d’un voleur de sacoche dans le métro en  appliquant une technique qu’il venait de répéter quelques minutes plus tôt.

Il y a bien d’autres exemples ; et puis il y a ceux et celles qui témoignent qu’à partir du moment où ils ou elles ont commencé à pratiquer, ils ne se sont plus jamais fait embêter, alors que c’était fréquemment le cas avant. Cela s’explique assez  facilement par une certaine assurance qui émane de la personne possédant quelques moyens de ne pas subir.  L’assurance en question étant  ressentie par l’agresseur qui  n’insistera sans doute pas, n’étant pas un exemple de courage de par sa nature. Cependant il ne faut pas tout miser sur cette assurance.

Enfin, je finirai par un clin d’œil à l’attention de ceux qui affirment que leur méthode est la meilleure, tout en critiquant parfois les autres, en leur soumettant l’idée qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, à partir du moment où l’on étudie toutes les formes de ripostes à toutes les situations d’attaques et que toutes les « armes naturelles » du  corps sont utilisées. Par contre, il y a des bons et des moins bons professeurs et des élèves avec des qualités et des compétences naturelles moins développées ; ce sont d’ailleurs  souvent ceux-là  qui persistent et progressent le plus.

Une toute dernière recommandation : le package « sachez vous défendre en quelques séances », et bien ça n’existe pas. Etude, perfectionnement, entraînement et répétitions sont les uniques recettes, non pas de l’invincibilité, elle n’existe pas, mais pour cultiver et augmenter un potentiel naturel.