Dans l’article de la semaine dernière qui traitait de l’ouverture de mon dojo parisien, j’évoquais la joie de pouvoir à nouveau enseigner régulièrement et sans modération « mon ju-jitsu ». Cette expression n’est pas l’émanation d’une quelconque appropriation ; elle évoque simplement des préférences techniques, pédagogiques, mais aussi un état d’esprit ; elle est l’expression de ma conception de la pratique et de l’enseignement ; je l’ai très souvent évoquée, mais un rappel n’est pas forcément superflu !
Tout d’abord il s’agit d’un ju-jitsu complet techniquement, dans lequel toutes les situations sont étudiées, debout et au sol, à distance et en corps à corps ; on peut difficilement faire mieux. Maintenant, un bon outil dans les mains d’un mauvais ouvrier ne remplira pas sa mission. La recherche de la perfection technique, du geste parfait, sera une quête permanente. On insistera sur la fluidité dans les différentes liaisons entre les trois composantes ; le ju-jitsu n’est pas un amalgame, il est un ensemble cohérent.
Il s’agit aussi d’un ju-jitsu éducatif avant d’être destructif. En cela, le rôle du professeur est déterminant ; Il doit faire prendre conscience de la dangerosité de certaines techniques et entourer son enseignement de toutes les précautions utiles pour ne pas en faire une école de la violence ; c’est tout le contraire que l’on attend de lui puisqu’Il s’agit de l’école de la maîtrise. De la maîtrise d’un individu dangereux à la maîtrise de nos propres réactions. La notion de légitime défense et celle du respect de la vie existent. Cela peut faire sourire certains qui pensent que lorsque l’on sauve sa vie on n’a pas le temps d’y penser ; ce n’est pas faux, mais ce n’est pas toujours le cas et étudier une discipline qui possède des réponses à chaque cas de figure est important. Un affrontement peut commencer par une simple « embrouille » qui ne nécessite pas forcément l’utilisation de « l’artillerie lourde » ; une clef bien appliquée peut éviter de fâcheuses conséquences, par exemple.
C’est un ju-jitsu physiquement complet ; un enseignement adapté à toutes les conditions physiques améliorera la tonicité, le cardio, la souplesse et les automatismes seront affutés.
Ensuite, étudier un art martial « à tradition », dans lequel existe un code de bonne conduite ne peut que faciliter une vie harmonieuse en société ; c’est ce que pensait Jigoro Kano lorsqu’il a « ressuscité » le ju-jitsu.
La recherche de l’esthétique n’est pas à négliger ; l‘expression corporelle apporte de la satisfaction et un bien-être général. Les techniques peuvent être tout à la fois efficaces et spectaculaires.
N’oublions pas non plus que l’on trouve la notion de jeux (et par conséquent de plaisir) dans les exercices d’opposition que l’on appelle les randoris, à condition qu’ils soient pratiqués dans un climat sain, avec un bon état d’esprit ; ils sont alors déstressants et bons pour la santé.
Une toute dernière chose, le ju-jitsu que je pratique est à but non-compétitif. Je ne suis pas contre la compétition, mais pour certains arts martiaux -qui souhaitent le rester- le règlement sportif impose (à juste titre) de retirer les techniques les plus dangereuses, et par conséquent cela entraîne une inévitable sclérose.
Je n’ai aucunement la prétention d’affirmer que « mon ju-jitsu » est le meilleur ; il est simplement celui qui me correspond parfaitement. Un ju-jistsu « shin-gi-tai » ; l’esprit, la technique et le corps !
Il y a quatre ans, le 30 juin 2015 précisément, une nouvelle équipe prenait la direction du dojo de La Bastille. Une page se tournait pour moi, mais elle ouvrait la voie à une longue – trop longue – période, durant laquelle les surprises en « tout genre » se sont invitées. Différentes tentatives pour exercer mon métier d’une façon différente de celle qui avait été la mienne durant des décennies se sont avérées compliquées.
Comme souvent, à l’occasion de petites semaines comme celle-ci, j’apprécie de proposer une petite histoire ; ces contes sont divertissants et toujours riches d’enseignement. Issue du chapitre « Vaincre sans combattre » du magnifique recueil « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », cette courte histoire en est une belle illustration.
Certes, le mot boxe ne commence pas par un X, mais c’est bien cette consonne qui « claque » parmi les trois autres lettres. Et puis, pour l’illustrer au sein de mon dictionnaire des arts martiaux, il n’est pas facile de trouver des personnages et des éléments qui débutent par ce X en question.
Waza, voilà un mot couramment utilisé par les pratiquants et enseignants de ju-jitsu. On le traduit communément par «travail », mais utiliser « technique » est plus proche de la vérité et correspond mieux à ce qu’il représente réellement. Il est aussi moins rébarbatif que le mot travail qui, il y a quelques siècles, évoquait un instrument de torture.
Dans la collection « Spiritualités vivantes» publiée chez Albin Michel, j’ai fais l’acquisition d’un petit recueil dans lequel sont proposés 120 contes zen. Ce sont de très courtes histoires teintées d’humour et de poésie, au travers desquelles nous sont offertes de véritables leçons de vie. En voici un extrait avec un conte qui se nomme : « Ou est l’infirme ? ».
Nous sommes dans une « petite semaine » et deux zones sont en vacances de printemps. Ce sont des périodes favorables à quelques petites réflexions. Comme souvent dans ces moments-là, mon billet hebdomadaire propose une petite histoire riche d’enseignement. Une fois de plus elle est issue du magnifique recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». « Entre les mains du destin » (c’est le titre du conte du jour) insiste sur le pouvoir du mental.