Les trois familles

webkanjiAu printemps dernier, le 19 mai exactement, sur ce même blog, j’avais mis en avant l’importance que représente la maîtrise des liaisons entre les différentes composantes du ju-jitsu. Bien gérer chacune de ces familles est essentiel, les enchaîner avec une parfaite fluidité l’est tout autant.

Aujourd’hui, l’objectif est de revenir sur chacun de ces groupes en les « explorant » un peu plus profondément. Je rappellerais qu’il s’agit de l’atemi-waza (le travail des coups), du nage-waza (le travail des projections) et du katame-waza (le travail de contrôles).

L’atemi-waza regroupe les coups qu’il est possible de donner avec les bras et avec les jambes, (moins glorieux, mais existant quand même, ceux portés avec la tête). Ils sont principalement utilisés debout, mais peuvent l’être également au sol. En ju-jitsu (j’évoque ici l’art martial et non pas la version combat sous forme d’affrontements directs) il existe deux spécificités. D’abord – s’agissant aussi d’une méthode de self-défense – les coups interdits dans les boxes traditionnelles sont étudiés. Ils le sont avec contrôle, heureusement. Ensuite, les atemi ne représentent pas une finalité, à l’inverse des disciplines qui se limitent aux techniques dites « poings-pieds ». Dans notre art, les coups ont pour rôle d’arrêter l’adversaire, de le déséquilibrer favorablement au profit d’une projection, d’un contrôle ou bien des deux. Cela signifie qu’ils doivent être utilisés avec des attitudes (des gardes) compatibles avec les autres composantes du ju-jitsu. Ils peuvent servir, le cas échéant, de « contrôle final », même s’il ne semble pas souhaitable d’abuser de l’image d’un adversaire frappé à terre. L’étude de l’atemi-waza, permet de progresser dans l’art de donner des coups, mais aussi et – même surtout – dans l’art de ne pas en recevoir. Par conséquent la maitrise de l’esquive ne devra pas être négligée. Si l’atemi-waza est pratiqué avec contrôle, et donc avec un bon état d’esprit dans lequel le contrôle sera la priorité, il permettra – en plus d’acquérir de l’efficacité dans le travail à distance -, de parfaire sa souplesse, sa tonicité et sa vélocité, sans oublier sa précision, essentielle dans bien des domaines, mais peut-être encore plus particulièrement dans celui-ci.

Le nage-waza, par définition se pratique debout, puisque son but est de projeter, de faire chuter, de mettre à terre quelqu’un qui est…debout. C’est le domaine le plus vaste en nombre de techniques. Régit par des principes dans lesquels la technique prime, il demandera beaucoup de patience et participera ainsi activement à une bonne formation mentale. Ce qui n’est jamais inutile. Sur le plan de l’efficacité, le nage-waza est redoutable dans le domaine du corps à corps. Soit après un déséquilibre obtenu par un atemi, soit sur une attaque directe, opportunité au cours de laquelle la force de l’adversaire sera utilisée (le principe de base du ju-jitsu dont la traduction signifie « technique de la souplesse » dans le sens de l’adaptabilité physique et mental), mais aussi en cas d’attaque surprise telle qu’une saisie par l’arrière. Sur le plan corporel ce secteur développera de multiples qualités, dont une bonne coordination entre les membres supérieurs et les membres inférieurs.

Enfin, le katame-waza. Il s’agit là aussi d’un domaine important et pour plusieurs raisons. D’abord, il est très souvent la finalité d’une défense, ensuite parce qu’il donne la possibilité de maîtriser une personne sans forcément mettre ses jours en danger (ce qui est à prendre en considération sur le plan de la légitime défense). Dans ce groupe, on y trouve trois « sous-groupes » : les clefs, les étranglements et les immobilisations. Lorsque l’on évoque les contrôles on pense assez naturellement au travail au sol (le ne-waza), ce qui est le cas en judo, mais dans le ju-jitsu bon nombre de clefs et d’étranglement s’appliquent également debout. Leur assimilation nécessitera aussi d’être armé de patience afin de saisir toutes les subtilités qui existent dans certaines clefs ; celles-ci demandant beaucoup de précision. C’est un secteur plus technique que physique, ceci étant les pratiquants qui connaissent les randori au sol dont le but est de faire abandonner son partenaire à l’aide de ces contrôles, savent de quoi il est question en matière de débauche d’énergie !

Lorsque vous avez assimilé ces trois groupes et que vous êtes en mesure de les enchaîner avec une parfaite fluidité, sans temps morts entre chaque secteur, vous êtes un parfait ju-jitsuka.

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Gilbert Gruss

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Je ne connaissais pas personnellement Gilbert Gruss. Mais depuis longtemps sa réputation dépassait largement le monde du Karaté. C’est avec tristesse que j’ai appris sa disparation la semaine dernière. Sans doute l’un des derniers Samouraïs, le monde des budos est en deuil.

Il avait commencé la pratique du Karaté dans les années mille neuf cent soixante à une époque où « l’art de la main vide » arrivait dans notre pays et provoquait une grande curiosité : « Quelle était donc cette discipline qui vient rivaliser avec le Judo ? » C’était l’époque où la question la plus posée était la suivante : « Du judo et du karaté, quel est le plus efficace ? » Ensuite l’intérêt qui lui a été porté n’a jamais faibli.

Ceinture Noire 9ème dan, Gilbert Gruss a participé très largement au développement de sa discipline, d’abord en tant que compétiteur, et de belle manière, puisqu’il a été champion d’Europe en individuel et champion du Monde par équipe. Equipe dans laquelle se trouvait un certain Dominique Valéra. C’était en 1972 à Tokyo. Ensuite, il consacra le reste de sa carrière à la divulgation de son art en défendant très fermement ses convictions personnelles. .

Bien que n’ayant pas eu la chance de le rencontrer directement et même lors de mon « passage » à la FEKAMT (Fédération européenne de karaté et d’arts martiaux traditionnels) , dont il était le directeur technique, en plus des compétences techniques, je retiendrai la passion qu’il avait mit au service de son art dans sa vie de compétiteur, de professeur, mais aussi pour son ouverture en direction des autres arts et tout simplement sa conception personnelle de « l’art martial ». Mes plus sincères condoléances à sa famille, ses proches, mais aussi à la grande famille du karaté.

 

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Self-défense

tomoe-nageNous sommes encore en début de saison et certains n’ont peut-être toujours pas choisi l’activité qui va être la leur durant les mois à venir. J’évoque ici la self-défense qui est la principale motivation, avouée ou pas, qui conduit un néophyte jusqu’à un dojo.

Parmi les personnes sensibles à cet aspect, nous pouvons distinguer deux groupes. D’abord, celui dans lequel sont rassemblés ceux pour qui l’aspect utilitaire est important mais sans être le seul. Le désir de s’épanouir également dans une discipline physique et mentale les anime. Et puis dans le second groupe se trouvent – justement – les personnes intéressées uniquement par la self-défense. Pour cette seconde catégorie, la pratique n’a que peu de chance de s’inscrire dans la durée, à moins d’être un professionnel de la sécurité. Aller plusieurs fois par semaine s’entraîner avec pour seul objectif celui d’être capable d’éliminer un agresseur le plus vite possible peut vite s’avérer lassant et reflète un état d’esprit particulier. De plus dans cette catégorie certains se sont laissés abuser par la promesse d’être efficace en quelques séances. Un néophyte peut y croire, (quoique), mais lorsqu’un (soi-disant) enseignant le propose, il y a un problème. Il est vrai qu’existe une question récurrente : « En combien de temps, pourrai-je apprendre à me défendre ? », et même, une fois, une réflexion encore plus surprenante émanant d’une personne à qui j’expliquais que les inscriptions se faisaient pour une saison : « Ah non, moi je veux prendre quelques séances, juste le temps pour apprendre à me défendre et ensuite, je reprendrai la danse ! ».

Dans ces conditions il y a un travail de persuasion pour expliquer que l’invincibilité, tout comme la perfection, n’existe pas chez le commun des mortels, l’envie de s’en approcher est déjà une belle motivation et cela s’inscrira dans la durée.

Il est du devoir des professionnels de ne pas laisser les néophytes dans une telle ignorance, tout comme à l’inverse, il est faux d’affirmer que vouloir essayer de garantir son intégrité physique (et celle de son prochain) est illusoire et que la pratique d’un art martial n’apportera rien dans le domaine de l’utilitaire. Que cela est l’affaire de professionnels.

Comme dans toutes choses, c’est le juste milieu qu’il faut rechercher, le domaine de l’efficacité n’y échappe pas.

Premièrement, effectivement il n’existe pas de méthode miracle offrant l’invincibilité. Deuxièmement, la pratique d’un art martial réveillera des réflexes intrinsèques et permettra l’acquisition de techniques et d’automatismes. Troisièmement, chacun possède un potentiel personnel (et oui, là non-plus, nous ne sommes pas tous égaux) et chaque séance permettra de l’augmenter. Enfin, il faut rappeler qu’il n’est pas question d’apprendre à attaquer (ce n’est pas le rôle du citoyen, celui-ci se mettrait d’ailleurs en porte-à-faux avec la justice), mais juste à se défendre, ce qui est déjà suffisant.

Ne nous quittons pas sans évoquer le choix de la discipline (de la méthode de self-défense) et celui d’un club, d’un professeur, plus précisément, puisqu’il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, mais de bons professeurs et…de moins bons ! Tout d’abord, autant s’orienter vers un art qui étudie tous les cas de figures en matière de combat : travail à distance, en corps à corps, debout et au sol, etc. Ensuite, Il est indispensable de s’assurer des compétences de celui qui va être l’enseignant. Dans notre pays nous ne sommes pas dépourvus en matière de réglementation, mais certains arrivent à passer au travers et parfois notre secteur d’activité n’échappe pas au charlatanisme. Donc, il ne faut pas hésiter à bien se renseigner, demander quelles sont les qualifications, formations, diplômes, etc. Et faire confiance à la réputation. De plus, le ressenti personnel, après la (ou les) séance(s) à l’essai – que le professeur ne manquera pas de proposer – sera très important. Il faudra être attentif à ce que l’ambiance soit « saine » psychologiquement, et que règne un bon état d’esprit dans le dojo ; la violence n’étant certainement pas le remède à la violence. Tout est une question d’éducation, les professeurs d’arts martiaux sont aussi des éducateurs, leur rôle et leur responsabilité sont majeurs !

Enfin, en matière d’agression, il faut savoir que les surprises existent. Il est arrivé à des personnes pourtant très affutés de ne pas avoir pu se sortir d’une mauvaise situation et d’autres, bien qu’étant au début de leur pratique, réussir à faire face (à leur grand étonnement d’ailleurs). Le facteur «  chance » entre en ligne de compte et puis, confronté au terrible stress que représente une agression chacun ne réagira pas de la même façon. Comme je pense (et espère) que personne n’envisagera de provoquer ce cas de figure dans l’unique but de se tester, il faut souhaiter deux choses : la première de ne jamais se trouver dans une telle situation et la seconde d’être doté naturellement d’un sang-froid à toute épreuve. Et puis, au risque d’être répétitif (justement), avoir mis le plus de chances de son coté grâce à une pratique régulière. Ce dernier point est bien souvent en fonction de la motivation et la motivation est l’affaire… de l’enseignant !

Bonne pratique à tous.

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Les 16 enchaînements, suite et fin.

yoko-gerRetour à un article très technique avec la suite – et la fin – de nos 16 enchaînements. Pour rappel il s’agit de proposer une alternative à de possibles réactions du partenaire sur les défenses appartenant à nos 16 techniques traditionnelles. Il y a quinze jours nous avions abordé les six premières. Vous pouvez les retrouver sur ce blog à la date du 8 septembre.

Aujourd’hui nous poursuivons et concluons.

7ème technique : A partir de la position « sur le dos » Tori tente de renverser Uke vers l’arrière. Sur la résistance de celui-ci Tori saisit le bout de la manche gauche avec sa main droite et place sa main gauche sur le devant de la cheville droite d’Uke. D’une action coordonnée de la main droite qui tire vers le bas et l’intérieur, de la main gauche qui pousse sur le devant de la cheville et du pied droit qui agit à la façon d’un tomoe-nage, Tori fait basculer Uke par-dessus lui.

8ème technique : Sur l’avancée d’Uke, Tori tente de l’arrêter avec un yoko-geri à droite en direction de la poitrine. Uke pare le coup avec son avant-bras gauche au niveau du mollet, vers l’intérieur. Tori reprend son équilibre en posant son pied droit. Il enchaîne immédiatement avec ushiro-geri-keage et uchi-mata.

9ème technique : Sur la saisie de cheveux, Uke résiste pour ne pas subir la tentative de torsion de poignet que Tori tente de lui faire subir. Sans relâcher la saisie de la main d’Uke, Tori glisse sa jambe gauche devant lui pour se mettre à plat dos et appliquer ainsi une forme de sutemi. Une fois sur le dos, en roulant sur sa droite il administre une redoutable torsion de poignet à Uke qui n’a d’autre issue que celle de se dégager en chute avant.

10ème technique : Sur la saisie de coté Tori tente d’appliquer o-goshi (ou uki-goshi), Uke esquive sur sa droite. Tori revient au contact d’Uke et, cette fois, lui applique Harai-goshi, empêchant ainsi toute récidive d’esquive.

11ème technique : Sur l’attaque en coup de poing circulaire Tori applique une esquive rotative et avant qu’il puisse conclure avec ko-soto-gari, Uke réagit et enchaîne avec ura-uchi à gauche. Tori bloque le coup avec ses avant-bras, porte ura-mawashi-geri à droite au niveau de l’abdomen et conclut avec hara-gatame sur le bras gauche d’Uke.

12ème technique : Tori a été déséquilibré et se retrouve sur le dos face à Uke. Il tente de le faire passer par-dessus lui avec un renversement à l’aide de ses jambes. Sur la résistance de son adversaire il change de direction et, toujours en se servant de ses jambes, il repousse Uke et le renverse sur l’arrière. En gardant le contact il peut enchaîner pour se retrouver « à cheval ».

13ème technique : Uke est placé derrière Tori qui tente de l’arrêter avec ushiro-geri à droite. Uke esquive le coup de pied en se déplaçant sur sa droite et se positionne devant Tori (pour lui saisir la tête avec son bras gauche, par exemple). Immédiatement Tori vient au contact avec le dos d’Uke pour lui appliquer ushiro-goshi.

14ème technique : Sur la menace de couteau Tori porte mikazuki-géri et tente kote-gaeshi. Uke résiste, sur cette réaction Tori pivote sur sa droite et sans relâcher le poignet d’Uke il lui administre waki-gatame à gauche.

15ème technique : Sur le coup de bâton en diagonal, Tori esquive en passant sous le bras armé, il porte yoko-geri à droite et tente de conclure avec o-soto-gari. Pour ne pas subir la projection Uke lève sa jambe, Tori va chercher l’autre jambe pour lui faucher au niveau de la cuisse.

16ème : Uke menace Tori avec son revolver. Simultanément Tori esquive en reculant le pied droit, pare vers le bas avec sa main gauche et porte uchi-oroshi à droite au visage. Il tente de conclure avec la torsion de poignet sur l’arrière (variante de kote-gaeshi. Dès qu’il sent une résistance il peut – à la façon de la défense sur couteau – tout de suite réagir sur sa droite et appliquer moune-gatame qui est une sorte de variante de waki-gatame se réalisant à l’aide de la poitrine sur l’articulation du coude.

Comme je l’avais indiqué lors du précédent billet consacré à cet enchaînement (qui s’adresse plus spécialement aux initiés), pour le moment il n’existe pas de support technique. Cela rend plus délicat son étude, mais c’est aussi une façon de solliciter la réflexion et de réclamer un petit effort d’analyse. Je suis à la disposition de ceux qui souhaiteraient une explication complémentaire. Et puis, peut-être aurons-nous le plaisir de nous retrouver cette saison sur des tatamis de façon à disséquer cet enchaînement qui enrichit (encore) un peu plus le patrimoine technique – déjà très vaste – de notre ju-jitsu.

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Ne jamais oublier !

images14C’est avec un immense plaisir et beaucoup d’émotion que j’ai pris connaissance de l’article consacré à mon père paru dans la rubrique « Ne les oublions pas » du dernier bulletin de l’amicale des internationaux du judo français (A.I.J.) et ceci grâce à Jean-Claude Brondani. Il a été lui-même un exceptionnel champion, puisqu’il fût « ni plus ni moins » médaillé olympique, c’était à Munich en 1972. Je le remercie. Effectivement, il est bon et même indispensable de ne jamais oublier !

Je vous livre, ci-dessous l’intégralité du texte. (Sur la photo, Bernard Pariset  est à gauche en compagnie d’Henri Courtine).

En tandem avec Henri COURTINE, son grand rival et grand ami, Bernard PARISET a sorti le Judo Français de la préhistoire, au temps où les catégories de poids n’existaient pas encore et où avec ses 1m70 et 70 Kgs, il rencontrait des adversaires parfois largement au-dessus du quintal, les championnats ayant lieu en toutes catégories de poids et par catégorie de Dan. Après Jean DE HERDT, COURTINE et PARISET furent tous deux les principales têtes de file du Judo sportif dans les années 1950. Il participa aux premiers championnats du monde en 1956 à Tokyo, puis aux deuxièmes en 1958, toujours à Tokyo, où il se classa 3eme . En 1955, aux championnats d’Europe au stade Coubertin de Paris, ce spécialiste du Seoi-Nage avait réalisé un véritable exploit en battant Anton GEESINK (1m98 et 115 Kgs), futur champion du monde (1961) et champion Olympique (1964), à l’issue d’un véritable combat d’anthologie.

En 1965, lorsque Henri COURTINE est nommé DTN (Directeur Technique National), Bernard PARISET devient entraîneur de l’équipe de France. Il renforce l’entraînement de l’élite et la fait progresser notamment dans le Ne-Waza (travail au sol), dont en tant qu’élève spécial de Shozo AWAZU, il était également spécialiste. En 1968, il mènera l’équipe de France sur la plus haute marche du podium européen.

Simultanément, il dirige « le Club Français » à Paris, un des clubs nationaux les plus huppés et les plus titrés avec les champions de l’époque : Michel BOURGOIN, Yves REYMOND, LECLERC, ISENI, IRIART, NORIS….

Pédagogue né, il relance le Ju Jitsu, en popularisant une méthode d’enseignement, encore développée aujourd’hui par ses nombreux élèves dont son fils Eric PARISET.

Le 9 décembre 1994, la commission nationale des grades attribue à Bernard PARISET, en même temps qu’à son inséparable Henri COURTINE, le 9ème DAN. On peut imaginer qu’il serait aujourd’hui comme ce dernier 10ème Dan s’il était toujours en vie

Comme Henri COURTINE, il fut nommé « Gloire du Sport » en 2006. Il doit cet honneur autant à son parcours de responsable, de pédagogue et de pionnier qu’à ses exploits pourtant réels sur les tatamis.

Bernard PARISET fut : champion de France 1955, 1957, 1959

Champion d’Europe 1er  Dan (1951), 3ème  Dan (1954), Toutes catégories (1955),

3 fois second.

3ème  aux championnats du monde 1958 (toutes catégories).

Bernard PARISET, qui était né le 21 décembre 1929, s’est donné la mort le 26 novembre 2004. Un très grand du Judo… Ne l’oublions pas !

(D’après l’Encyclopédie des Gloires du Sport, publiée par la Fédération des Internationaux du Sport Français)

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Les 16 enchaînements

SAMOURAI DORECette semaine je vous propose un article très technique. De ce fait il est plus particulièrement destiné aux pratiquants (mais aussi à ceux qui aspirent à le devenir).

A plusieurs reprises sur ce blog, je me suis plu à évoquer l’enchainement des « 16 techniques » et de ses variantes, plus exactement ses déclinaisons. Celles-ci s’appellent les 16 bis, les 16 ter, et les 16 contrôles.

Tous ces enchaînements bénéficient de supports, que se soit en livres et/ou en vidéos. Cependant il en existe un qui n’a pas encore eu cette chance bien qu’il soit intégré dans mon enseignement, il s’agit des « 16 enchaînements ». Dans cet enchaînement chaque phase offre une réponse à une réaction de l’adversaire sur les ripostes des 16 techniques de base. Exemple : Dans la première, qui consiste à appliquer o-soto-gari sur une saisie de revers, imaginons qu’Uke esquive en reculant sa jambe droite, nous enchaînerons alors avec o-uchi-gari.

Certes, un visuel serait souhaitable, mais dans cette attente contentons nous d’une description, la plus précise possible. Aujourd’hui, nous évoquons les six premières techniques  A noter que dans tous les cas, plusieurs possibilités existent, mais il faut bien faire un choix.

1ère technique. Donc, lorsque Tori tente de placer o-soto-gari, Uke recule sa jambe droite, Tori enchaîne tout simplement avec o-uchi-gari de la même jambe, c’est-à-dire la droite.

2ème technique. Quand Tori tente d’appliquer Tomoe-nage sur la saisie à la gorge en poussant, Uke résiste sur l’arrière. Tori enchaîne en engageant sa jambe gauche derrière celle d’Uke et en placant son avant-bras gauche derrière la cheville droite. De la même manière que dans la 7ème des 16 il renverse Uke sur l’arrière d’une action combinée du pied droit placé sur le ventre d’Uke qui pousse, de sa jambe gauche et de son avant-bras gauche pour faucher les deux appuis. Il peut conclure avec le contrôle sur les cervicales.

3ème technique. Sur la saisie à la gorge par derrière et la tentative d’ippon-seoe-nage, Uke esquive en se déplaçant sur sa gauche. Tori garde le contact avec le bras d’uke et en lui faisant face, il recule et applique tout simplement ude-gatame.

4ème technique. Sur mawashi-geri, Tori saisi la jambe de Uke et avant qu’il ait pu placer o-uchi-gari, celui-ci se dégage en chute avant à droite. Tori, ne lâche pas la jambe et opère simplement un changement de bras de façon à garder le contact au niveau de la cheville. Ainsi il lui applique une clef de jambe avec son bras droit ; sa main gauche se plaçant sur le tibia d’Uke de façon à servir de support à la droite.

5ème technique. Sur la saisie de tête, Tori tente d’appliquer Te-guruma. Uke résiste sur l’avant, Tori change de direction et applique yoko-gurama en engageant sa jambe gauche à l’intérieur de celles d’Uke.

6ème technique. Sur la saisie de manche en tirant, Tori porte mae-geri à droite pour enchaîner avec ippon-seoe-nage. La défense d’Uke consiste à parer le mae-geri à l’aide de son avant-bras gauche sur sa droite. Tori se retrouve à l’extérieur d’Uke et immédiatement il enchaîne avec ude-gatame en passant sous le bras droit d’Uke, à la façon de la septième technique du goshin-jitsu. De la même manière que dans le kata, Uke peut se dégager en chute avant.

Très vite, la suite !

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Principes de bases

SAMOURAILa rentrée est là et pour certains c’est le moment de choisir une activité sportive, un art martial par exemple et pourquoi pas le ju-jitsu ? Il est peut-être opportun d’évoquer les atouts de notre discipline et aujourd’hui plus encore ses principes de bases. Pour les «déjà pratiquants» ce petit rappel ne sera sans doute pas inutile.

Ju-jitsu signifie « technique de la souplesse », dans le sens de l’esprit, d’un comportement, ce qui influe sur le plan physique. La non-opposition et l’utilisation de la force de l’adversaire. Sur le plan pratique le ju-jitsu permet d’acquérir un bagage technique inestimable en matière de self-défense, toutes les situations étant étudiées tant sur le plan des attaques que sur celui des ripostes en utilisant l’ensemble des armes naturelles dont dispose le corps humain. L’assiduité dans son étude offre un excellent entretien physique, tout en assurant un épanouissement spirituel et mental. Coté physique, c’est la garantie d’acquérir souplesse, tonicité, condition physique, etc. Coté mental, construire ou développer la confiance en soi, évacuer son stress, cultiver le gout de l’effort et de la persévérance, seront autant de bienfaits qui seront apportés par une pratique régulière de notre art.

Aujourd’hui, ce sont les principes de bases (sur le plan purement technique) que je souhaite mettre en avant, ils sont essentiels dans notre art martial, quelque fois dénaturé !

Non-opposition, utilisation de la force de l’adversaire, action-réaction, suppression de points d’appuis, voilà ce qui est intéressant à mettre en avant lors des séances. Intéressant, tout simplement parce que leur application offrira à toutes et à tous la possibilité de s’exprimer quelques soient son gabarit et celui de la personne qui se trouve en face.

La non-opposition, tout d’abord, matérialisée par l’art de l’esquive, le taî-sabaki ! On se retire de la trajectoire de l’attaque, tout simplement.

Ensuite, l’utilisation de la force de l’adversaire : on me pousse et au lieu de tenter d’opposer une résistance, je vais utiliser la force de l’adversaire en le tirant (tout en appliquant le principe de l’esquive) ce qui permettra d’ajouter à la force de l’adversaire ma propre énergie dans la même direction. L’on retrouve cela en judo, dans » l’attaque dans l’attaque » (sen-o-sen).

« Action-réaction ». Ce principe est un peu plus subtil et s’utilise davantage en judo. Par une petite action (une feinte), comme par exemple une très légère poussée, on provoque une réaction de la part de l’adversaire qui pensant être déséquilibré sur l’arrière cherche automatiquement et instinctivement à regagner cet équilibre et va donc réagir sur l’avant. C’est à cet instant propice que nous pourrons appliquer une technique dans le sens de sa réaction.

C’est avec le balayage que la suppression d’un point d’appui prend le plus de sens. A l’aide de notre pied, nous appliquons une action dans la direction du déplacement du partenaire, ce qui lui donnera l’impression de glisser sur le sol avec de-ashi-barai ou bien de s’envoler avec okuri-ashi-barai. Le fauchage, quant à lui peut se comparer à une action qui consisterait, dans certains cas, à tirer un tapis sous les pieds du partenaire. Quant à l’accrochage il retire toute possibilité de reprendre appui.

Ensuite viennent les principes de bascules au dessus du centre de gravité et qui donnent à Uke (celui qui subit) l’impression de basculer par-dessus un rebord de fenêtre. Il en existe bien d’autres, cette présentation n’étant qu’initiatique, simple et même volontairement simpliste et loin d’être exhaustive, puisque ensuite on bénéficie d’une vie de pratique pour découvrir d’autres principes et beaucoup de subtilités !

Bonne rentrée à tous et à bientôt sur ce blog ou sur les tatamis.

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Le kumi-kata

KUMIKATA2Cet article fait suite à celui posté la semaine dernière sur ce blog ainsi qu’aux réactions engendrées.

A l’occasion des épreuves de judo des Jeux Olympiques de Rio, Il a beaucoup été question du kumi-kata et notamment durant la finale de Teddy Riner. Finale à l’issue de laquelle notre héros national est entré dans la légende et dans le club très fermé des judokas doubles médaillés olympiques.

Ce que l’on nomme kumi-kata, est tout simplement la saisie du judogi. La plupart des techniques du judo debout se réalisant à partir de ce que l’on appelle aussi « la garde » (Bien que certaines projections puissent se pratiquer « à la reprise ».) Il y a différentes façons de prendre ce kumi-kata ; chaque combattant ayant ses préférences, celles-ci correspondent aux techniques favorites et à son propre « système d’attaques ». Cela signifie qu’en judo on a tout intérêt à assurer sa prise de judogi favorite et à l’inverse d’empêcher l’adversaire d’imposer la sienne. Mais les règles d’arbitrage en vigueur sanctionnent certaines actions qui tendent à faire lâcher la garde de son adversaire, on comprend aisément l’importance que revêt cette première phase.

C’est ainsi que souvent, lors des compétitions et avant toute projection, on assiste à de belles empoignades, celle-ci ayant pour but d’imposer sa saisie favorite. Pour les non-initiés cela prend certaines fois des allures de « bagarres de chiffonniers ».

L’importance donnée à cette phase du combat induit quelques effets néfastes. Le premier consiste à ne plus utiliser ce que l’on appelle « l’attaque à la reprise » (évoquée plus haut.) En effet, la meilleure façon d’empêcher d’être verrouillé serait – aussi – d’attaquer immédiatement. Il existe des techniques adaptées à cette situation, même si, encore par la faute de nouvelles règles, l’arsenal en la matière se réduit ; interdiction du morote-gari et du kata-guruma, par exemple. Ensuite cela favorise inévitablement les plus forts physiquement : essayez donc d’imposer votre kumi-kata à Teddy Riner ! Quid du principe d’utilisation de la force de l’adversaire ? Et enfin comme nous avons pu le constater, la stratégie qui consiste à faire obtenir des pénalités à son adversaire en l’empêchant de prendre sa garde, – donc d’attaquer – est bien souvent abusive ! De tels comportements nous éloignent de l’esprit du judo qui doit être en priorité basé sur l’attaque. De plus, soit dit en passant, l’aspect self-défense, devient inexistant si l’on se doit d’imposer son kumi-kata avant de projeter son agresseur.

Les règles d’arbitrage dont il est question ci-dessus en vigueur de puis plusieurs saisons  et qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre (et de sueur) avaient pour objectif de favoriser l’initiative, il n’est pas certain que celui-ci soit atteint. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas trop en vouloir aux combattants, ils tentent de s’adapter. Les enjeux sont importants, ils récompensent, entre autres, des années d’efforts. Malheureusement, il n’y a pas que dans ce domaine où les athlètes sont victimes de systèmes qui les dépassent, mais ceci est une autre histoire…

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Un « o-goshi à la bordelaise ».

BJJ%20O%20Goshi« Un o-goshi à la bordelaise » (et mes rapports avec le judo).

Pour le judo, les Jeux Olympiques sont terminés et le bilan est finalement bon, bien davantage que l’on pouvait le redouter à mi-parcours. Teddy Riner n’a pas failli, il faut reconnaitre qu’il possède une marge de sécurité par rapport à ses adversaires, et une belle surprise nous a été faite grâce à Emilie Andéol. N’oublions pas les autres médaillés. Les judokas français nous ont rarement déçus dans les grandes occasions.

J’ai pensé que c’est le bon moment pour évoquer mes rapports avec le judo. En effet, certains sont étonnés que bien que ju-jitsuka (et à l’extérieur de la FFJDA), je me passionne pour cette discipline (le judo), notamment au travers de partages réguliers – sur le célèbre réseau social – de belles phases techniques réalisées en compétition et que – par exemple – j’évoque les J.O. Autre étonnement lorsque l’on constate que je pratique et enseigne un ju-jitsu que certains appellent « très judo » et cela en étant également en dehors de la fédération…de judo ! La vie n’est pas avare en paradoxe.

Avec un père judoka au palmarès et aux états de services conséquents, il ne pouvait pas vraiment en être autrement. C’est donc par le judo que j’ai commencé ma pratique des arts martiaux à l’âge de cinq ans. Par la suite je me suis spécialisé en ju-jitsu, tout en ayant jamais cessé d’être judoka. D’abord par plaisir. Ensuite pour l’intérêt que représente la finesse de certaines techniques. Mais aussi grâce à la stratégie qu’il faut mettre en place lors des combats ou des randoris (exercices d’entraînement). Enfin parce que dans ce « sport de combat » il n’y a aucune atteinte à l’intégrité physique, la violence en est bannie. Cela n’empêche pas, loin de là, un véritable engagement physique.

Ju-jitsu et judo sont de la même famille, l’un a donné naissance à l’autre. Ils ne sont pas adversaires, ils sont complémentaires. Ils ne se nuisent pas l’un l’autre, bien au contraire. Certes, Il existe des différences dont la principale réside dans le fait que le premier est un art martial et le second un sport de combat. Au début des années 1970, lorsque la méthode « atémi-ju-jitsu » a été mise au point, c’était précisément l’objectif que de proposer une « voie » différente de l’aspect compétition en offrant une forme de retour aux sources et à l’aspect self-défense. Cette méthode était « calquée » sur la progression du judo, afin de faciliter la tâche des enseignants. Les élèves pouvant pratiquer l’un ou l’autre des deux aspects, ou encore en changer sans difficulté. Cela permettait de conserver « tout le monde à la maison ». Ce n’était pas très compliqué à comprendre, mais malheureusement certains ont vu dans le ju-jitsu une concurrence au judo, ce qui était stupide dans la mesure où les objectifs n’étaient pas les mêmes. Par contre, développer l’aspect compétition en ju-jitsu a été une double erreur . Premièrement cela dénature l’art martial, celui-ci devant rester à but non-compétitif et deuxièmement, pour le coup, cela a créé une vraie concurrence avec les compétitions de judo !

Pratiquer les deux est souhaitable, pas indispensable, mais inévitablement un bon enseignement du ju-jitsu permettra de découvrir et de se perfectionner dans toutes les projections qui composent le patrimoine du judo.

En restant dans ce domaine et en rapport avec le titre de cet article, dernièrement on a beaucoup parlé de « l‘o-goshi de la jeune femme bordelaise ». En effet, celle-ci a réussi à projeter un agresseur avec cette technique qui signifie grande bascule de hanche. Preuve en est que les projections ont une efficacité redoutable, cela accrédite le billet publié sur ce blog il y a une quinzaine de jour. Qui pouvait d’ailleurs en douter ? J’émettrai deux réserves concernant les commentaires qui ont fait suite à ce fait divers. D’abord, certains ont critiqué l’agressée qui n’aurait pas été capable de se maîtriser en projetant son agresseur(?!). Deuxièmement, la jeune femme déclare que de ce fait, elle va se remettre à la pratique du judo ou plutôt d’une autre discipline qui revendique la simplicité dans l’apprentissage des techniques de survie, mais dans laquelle… o-goshi n’existe malheureusement pas. Dommage !

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Le secret de l’efficacité

 

muso_attackVacances pour certains, reprise pour d’autres, de toutes les façons en ce moment l’activité est réduite (sauf à Rio) et l’ambiance reste estivale. Le corps se repose un peu, mais l’esprit peut continuer à fonctionner et la petite histoire que je vous propose y contribuera. Petite histoire toujours extraite du livre « contes et récits des arts martiaux ». Bonne lecture.

Le secret de l’efficacité

Devenu un expert et un professeur renommé dans l’Art du sabre, Ito Ittosai était cependant loin d’être satisfait de son niveau. Malgré ses efforts il avait conscience que depuis quelques temps il ne parvenait plus à progresser.

Dans son désespoir, il décida de suivre l’exemple de Bouddha. Les sutras rapportent en effet que celui-ci s’était assis sous un figuier pour méditer avec la résolution de ne plus bouger tant qu’il n’aurait pas reçu la compréhension ultime de l’existence de l’univers. Déterminé à mourir sur place plutôt que de renoncer, le Bouddha réalisa son vœu : il s’éveilla à la suprême Vérité. Ito Ittosai se rendit donc dans un temple afin de découvrir le secret de l’Art du sabre. Il consacra sept jours et sept nuits à la méditation.

A l’aube du huitième jour, épuisé et découragé de ne pas en savoir plus, il se résigna à rentrer chez lui, abandonnant tout espoir de percer le fameux secret.

Après être sorti du temple, il s’engagea dans une allée boisée. A peine avait-il fait quelques pas que, soudain, il sentit une présence menaçante derrière lui. Sans réfléchir il se retourna en dégainant son arme.

C’est alors qu’il se rendit compte que son geste spontané venait de lui sauver la vie : un bandit gisait à ses pieds, sabre en mains.    

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com