Disparition de Maitre Awazu

sans-titre (3)Pratiquant de ju-jitsu, je suis aussi judoka et à ce titre je ne peux rester insensible à la disparition de Maitre Shozo Awazu hier matin à l’âge de 92 ans. Ce qu’il a apporté à plusieurs générations de judokas est tout simplement colossal. Arrivé en France en 1950, il n’a cessé d’œuvrer pour le judo national jusqu’à ses derniers jours. A titre personnel je suis d’autant plus touché qu’il fut l’un des professeurs et entraîneurs de mon père. Il lui avait notamment transmis sa passion et sa science du travail au sol, domaine dans lequel le Maître excellait.

Les 16 bis, (deuxième épisode)

Il y a quinze jours nous avions commencé l’étude des 16 bis en présentant les quatre premières. La vidéo de l’intégralité de l’enchaînement est d’ailleurs attachée à ce premier article que vous pouvez retrouver à la date du 2 mars.

Aujourd’hui, poursuivons avec les quatre techniques suivantes, à savoir de la cinquième à la huitième.

Dans la cinquième technique, sur une saisie de tête à droite, TORI – ne pouvant « renverser la vapeur » comme dans les 16 techniques -, va utiliser une fois de plus la force de l’adversaire en sacrifiant son corps à l’aide de YOKO-GURUMA, classé dans les techniques de YOKO-SUTEMI (SUTEMI de côté.) Pour ce faire, il place sa main gauche sur le ventre d’UKE et la droite sur le dos au niveau de la ceinture. Il engage sa jambe gauche entre celles d’UKE en se plaçant sur le flanc gauche. La jambe droite est légèrement repliée de façon à pouvoir se détendre en poussant sur le pied resté au sol dans l’éventualité où UKE retomberait sur TORI. L’efficacité de la technique réside dans l’application parfaite du principe d’utilisation de la force de l’adversaire par le sacrifice de notre corps.

Pour la sixième technique, UKE se place en décalé sur la gauche de TORI et lui saisit la manche à l’aide de sa main droite. TORI réagit immédiatement avec URA-MAWASHI-GERI à gauche au niveau de la poitrine et après avoir pivoté en direction d’UKE, il enchaîne avec MAWASHI-GERI à droite à la hauteur du ventre. En passant son bras droit sous celui d’UKE, avec l’intérieur de son coude il lui bloque le sien pour lui appliquer une forme d’UDE-GATAME. Ce dernier se dégage en chute avant à gauche. L’efficacité sera assurée par la précision des deux ATEMIS, ainsi que la bonne ouverture du bras d’UKE (paume de main vers le haut), au moment de la clef.

Septième technique. TORI est amené au sol par une violente poussée de face aux épaules. Il adopte immédiatement une « garde » de côté, ce qui le positionne favorablement pour appliquer un YOKO-GERI à droite au niveau du ventre (à partir du sol). Il se relève et conclut avec HARAI-GOSHI. On trouvera l’efficacité dans la capacité à faire la preuve d’une parfaite fluidité dans l’enchaînement des différentes phases de cette « septième ».

Pour ce qui concerne la huitième, il s’agit ni plus ni moins de la fameuse « pince de crabe », à savoir KANI-BASAMI. Technique particulièrement spectaculaire avec laquelle on prend un réel plaisir lors des répétitions. Il s’agit d’un travail par anticipation. L’adversaire adoptant une attitude franchement menaçante, on anticipe en se jetant directement dans ses jambes à l’aide des nôtres. La droite étant placée devant du corps d’UKE et la gauche derrière. C’est tout simplement (et sans doute encore davantage que pour d’autres techniques) dans la vitesse d’exécution que l’on trouvera une parfaite efficacité.

La suite… très vite !

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L’état du ju-jitsu…

L’état du ju-jitsu

En regardant le programme du prochain festival des arts martiaux qui se déroulera le 26 mars prochain à l’ex-Bercy, à savoir AccorHotels Arena etc., c’est avec dépit que l’on constate qu’une fois de plus, le ju-jitsu n’y figure pas !

A qui la faute ? Aux organisateurs ? A la fédération officiellement en charge de sa gestion (et de sa promotion) ? Aux différentes écoles qui s’en réclament ? Un peu à tous, sans doute. Voyons cela. Ce qui suit n’est que mon avis.

Les organisateurs recherchent des disciplines susceptibles d’intéresser un large public. Au niveau de la qualité de la prestation et/ou pour le nombre de spectateurs potentiels qu’elles peuvent attirer ou encore pour son originalité. Le ju-jitsu – actuellement – ne remplissant apparemment aucun de ces critères, on ne peut leur en vouloir. Nous ne connaissons pas le nombre exact de ju-jitsukas en France et on ne peut pas parler de nouvelle discipline (sortie de je ne sais quel chapeau), puisqu’il s’agit de l’une des plus anciennes, si ce n’est la plus ancienne. Et puis, il faut effectivement une démonstration de bon niveau. Les qualités des démonstrateurs ne suffisent pas, il faut aussi beaucoup de travail, beaucoup de répétitions.

En France, la fédération en charge officiellement du ju-jitsu est aussi – et surtout – celle qui s’occupe du judo. Or, si rien n’a changé depuis mes dernières participations au célèbre festival, il me semble que cette instance ne souhaitait pas s’afficher dans ce rassemblement annuel, et cela pour des raisons qui déjà m’échappaient. C’est bien dommage. Si le judo, en tant que sport, n’est pas en mal de médiatisation puisqu’il bénéficie d’un nombre important de manifestations, il n’en est pas de même pour le ju-jitsu. Une présence régulière dans un grand festival comme celui que je continue à appeler « Bercy » ne serait pas superflue. Mais, l’institution en question possède-t-elle un véritable « désir de ju-jitsu » ?

Quant aux multiples écoles qui sont autant de groupes et groupuscules éparpillés, elles n’ont jamais vraiment réussi à s’entendre afin de former un rassemblement cohérent et représentatif. Il est vrai qu’existent quelques différences sur le plan technique, mais aussi des personnalités à la gestion parfois difficiles. Si elles ne l’étaient pas, sans doute ne seraient-elles pas à l’extérieur d’un système dans lequel la tolérance est relative et où les voix discordantes ne sont pas forcément appréciées et acceptées. Enfin, au sein de ces différentes petites structures règne parfois un certain amateurisme.

Opérer un regroupement des forces vives du ju-jitsu n’est pas du domaine de l’irréalisable. Selon la formule : « Là où il y a une volonté il y a un chemin. » Mais parfois cela ne suffit pas, il faut aussi des moyens directs ou indirects. En premier lieu il y a besoin de temps, beaucoup de temps, donc de la disponibilité de la part des dirigeants qui devront occuper le terrain sans relâche après avoir mis en place une structure. Sans moyens (financiers, parce qu’il faut bien employer ce mot qui est souvent tabou dans notre pays), le ju-jitsu ne pourra jamais bénéficier d’une gestion appropriée. Pourtant, de par sa richesse technique et l’intérêt qu’il ne manque pas de susciter, lorsqu’il est bien présenté, il le mérite.

Il n’est pas bon de finir un billet sur une touche négative, par conséquent on peut se dire et espérer que peut-être, un jour, il se passera quelque chose. Mais il ne faudrait pas trop tarder !

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Les 16 Bis


Créé quelque temps après les 16 techniques, l’enchaînement appelé « 16 bis » est venu compléter un panel technique ayant pour objectif d’offrir des outils d’études – donc de progrès – et d’épanouissement complémentaires. Proposant, à peu de chose près, les mêmes situations d’attaques, il offre des ripostes d’un niveau supérieur.

Les attaques sont semblables dans le but de faciliter la mémorisation, prouvant par la même occasion, si besoin est, qu’existent différentes ripostes sur la même attaque. Ripostes complémentaires et évolutives.

Dans cette suite de techniques se trouve un grand nombre de projections tout aussi efficaces que spectaculaires, ce qui ne gâche rien. Pour ceux qui font l’effort de ne pas se contenter d’une étude à minima, qui n’apporte pas grand-chose sur bien des plans et, contrairement à ce que d’autres affirment, n’est pas porteuse d’une réelle efficacité, ils prendront un réel plaisir à étudier cet enchaînement qui fait également office de belle démonstration. En 2000, une séquence de la prestation de Bercy  mettait en scène les huit premières techniques effectuées en parfaite synchronisation par deux couples. (C’était à l’époque où il y avait du ju-jitsu à Bercy !)

De la même manière qu’il y a quelques semaines, j’avais proposé de « décortiquer » les 16 techniques, mouvement par mouvement, j’ai pensé en faire de même pour les 16 bis. Cette étude, à pour objectif d’apprendre ou bien de se perfectionner dans cet enchaînement, mais surtout de mettre en exergue le ou les points essentiels ainsi que les spécificités du ju-jitsu.

Aujourd’hui, concentrons-nous sur le premier carré.

Dans la première technique, Uke tente de venir saisir Tori par le revers ; celui-ci ne se laisse pas approcher, il porte mae-geri en direction du visage et enchaîne avec o-soto-gari. Nous sommes en présence de deux techniques de base ; l’intérêt et l’efficacité résident dans la fluidité de leur liaison. La rapidité pour passer du travail à distance à celui du corps à corps sera déterminante.

Pour la deuxième technique dans laquelle Tori applique uki-waza sur une poussée aux épaules d’Uke, il y a là l’illustration parfaite de l’utilisation de la force de l’adversaire. Le principe prédominant de notre discipline. Il faut souligner, puisqu’il s’agit d’une technique de sacrifice (un sutemi) que celles-ci doivent être utilisées en dernier recours, à savoir lorsque l’on est fortement déséquilibré et qu’il ne reste plus que la solution de sacrifier son corps afin de renverser celui de l’adversaire. En matière de self-défense, il est toujours préférable de ne pas se retrouver au sol.

Dans la troisième phase, Tori est saisi à la gorge, par-derrière. En descendant le genou droit au sol, il applique kata-seoe, une variante d’ippon-seoe-nage. L’efficacité s’obtient par le vide créé et dans lequel va être projeté Uke.

Enfin (pour aujourd’hui) dans la quatrième, sur un coup de pied circulaire en forme de mawashi-geri, Tori pare l’attaque à l’aide de son bras gauche, saisit la jambe de Uke, se protège avec sa main droite à l’aide de laquelle il porte shuto en revers au niveau du visage. Il conclut avec un fauchage – ou un balayage – du pied resté au sol. Ici, c’est le principe de la suppression du point d’appui qui permet la réalisation de la projection. Celle-ci pouvant être ko-soto-gari ou un « ashi-barai. »

Une mise en garde s’impose quant au risque d’exécuter les techniques présentées sans le contrôle d’un professeur dûment breveté.

En accompagnement de cette première phase de présentation, vous trouverez la vidéo de cet enchaînement, réalisée en 1992. Lors d’une démonstration, l’exécution doit se faire sans temps d’arrêt entre chaque technique.

La suite au prochain numéro, selon la formule consacrée.

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Le Club français

sans-titre (2)Le 28 mars 1945, le professeur de judo et de ju-jitsu Roger Piquemal déposait les statuts d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901, dénommée « Club français de jiu-jitsu ». Dans les années 1950 et au début des années 1960, ce club allait devenir l’un des plus titrés du judo français, mais aussi et surtout une « école » qui a permis à des centaines de ju-jitsukas, de judokas, mais aussi de karatékas, aikidokas et autres « tireurs » (pratiquants de boxe) de tenter de percer le mystère des arts martiaux, d’apprendre, de se perfectionner, de transpirer, mais aussi de s’épanouir.

Au travers de l’article consacré à la « rue des Martyrs », paru sur ce même blog le 1er octobre 2015, les lecteurs ont déjà pris connaissance de l’histoire de ce lieu et partiellement de ce club. Tous les deux sont forcément liées et – pour moi – inoubliables.

Aujourd’hui, c’est davantage au club en tant que « personne morale » à qui je consacre cet article, par rapport à l’aspect disons plus géographique abordé dans le billet indiqué ci-dessus.

Roger Piquemal a fait l’acquisition d’un vaste local situé au 11 de la rue des Martyrs dans le bouillant et attachant quartier du IXe arrondissement de Paris. Il a créé une association qu’il a appelée « Club français de jiu-jitsu ». Ensuite, avec la prédominance de l’aspect sportif, cette « personne morale » est devenue « Club français de judo ». Enfin, avec la multiplicité des disciplines venues d’Orient, « Club français d’arts martiaux ». Mais en fait, pour plus de simplicité, on disait « le Club français ».

Différents présidents se sont succédé, mais seulement deux directeurs techniques ont animé cette association. Roger Piquemal depuis la création jusqu’à sa disparition en 1954, puis Bernard Pariset à partir de cette date jusqu’à son décès en 2004.

Roger Piquemal, professeur de « culture physique » de son état, avait commencé le judo et le jiu-jitsu avant la Seconde Guerre mondiale avec Maître Kawashi, il portait la ceinture noire numéro 7 et avait conquis un titre national en 1943.

Bernard Pariset (aussi et surtout – pour moi – mon père) a commencé en 1947 à l’âge de 17 ans sous la férule du maître des lieux. Ensuite, il s’est fabriqué l’un des plus beaux palmarès du judo français, qui plus est en toutes catégories, avec – entre autres – un titre européen et une médaille de bronze aux championnats du monde de Tokyo en 1958.

Quant au club par lui-même, il conquit en judo de nombreux titres individuels nationaux et internationaux, avec une kyrielle de champions. Mais aussi, grâce à ses judokas, il brilla dans les compétitions par équipe, glanant les titres nationaux et européens, allant jusqu’à offrir au public de Coubertin des finales « Club français 1 » contre « Club français 2 ».

A la fin des années 1960, d’autres clubs se sont livrés à une farouche politique de recrutement et ont ainsi constitué des écuries – souvent – à coups de débauches de talents issus de clubs formateurs tels que le « Club français » . ll devenait difficile de lutter contre un procédé qui n’allait pas manquer de se généraliser. Aussi, au sein du club, l’aspect compétition a été délaissé au profit d’une vocation purement éducative.

C’est à cette époque que j’ai commencé ma carrière de professeur,  après avoir enfilé mon premier kimono à l’âge de cinq ans, quelques années auparavant, en 1959 précisément !

Un nombre impressionnant de personnes ont participé au rayonnement de cette institution. Bénévoles et professionnels, occasionnels et permanents, célèbres et anonymes, pratiquants de base et champions, maîtres et disciples.

Depuis la fermeture de l’établissement en 2005, le « Club français » en tant qu’association n’avait plus de raison d’être. Celle-ci a été mise en sommeil. Mais aujourd’hui m’anime l’envie de la sortir de sa torpeur, avec une autre vocation. J’ai donc pensé la ressusciter officiellement ; l’objet serait différent de celui qui était justifié à sa création. Le CFJJ pourrait devenir un rassemblement – une sorte d’amicale – de personnes adeptes d’un ju-jitsu traditionnel, sans autre but que le plaisir de soutenir une forme de travail attachée à l’art martial emblématique que l’on appelle jiu-jitsu, ju-jutsu ou encore ju-jitsu. Ou bien, en deuxième option, un regroupement de pratiquants ayant été proches de cette association en son temps. Prenons le temps de la réflexion.

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Une parution

sans-titreLa parution d’un livre est toujours un moment important pour celui qui l’a écrit. Certes, me concernant, il ne s’agit que d’un livre technique, bien que celui-là comporte une seconde partie composée uniquement de texte, mais quand même ! Il y a d’abord la satisfaction du travail accompli, d’un aboutissement, de quelque chose de concret, de réalisé. Quel que soit le sujet c’est un peu de soi que l’on propose. Et puis, et surtout, il y a l’espoir d’être utile, si tel est le cas, ce n’est pas la moindre des récompenses. Le livre qui sort cette semaine est un peu différent des autres puisqu’il est composé de deux parties. Une première avec un nouvel enchaînement de quinze techniques consacré à deux secteurs incontournables du ju-jitsu, à savoir le travail des coups (atemi-waza) et celui des contrôles (katame-waza.) Ensuite, une deuxième partie uniquement composée de texte, mais en rapport avec notre art, puisqu’il s’agit des billets postés sur mon blog au cours de l’année passée. Pour présenter ce livre et à l’occasion de l’article de ce jour, vous trouverez ci-dessous la première page de cette nouvelle parution qui, je l’espère, sera utile aux pratiquants de ju-jitsu et pourquoi pas aux autres budokas (et futurs).

(Extrait de « Atemi-waza et katame-waza. 2015, une année de blog »)

Le ju-jitsu, art martial ancestral élaboré par les fameux samouraïs, a su traverser les siècles. Il est aujourd’hui pratiqué sur toute la planète par des millions d’élèves. Il est aussi une méthode de self-défense d’une efficacité redoutable. À l’origine, les fameux guerriers japonais avaient mis au point une véritable « science du combat » permettant, lorsqu’ils se trouvaient désarmés ? privés de leur sabre ?, de continuer à faire face à un adversaire armé ou non. Au fil des années, les techniques ont évolué, certaines écoles ont choisi de favoriser tel ou tel domaine, au risque de dénaturer quelque peu l’art. Avec la méthode atemi-ju-jitsu, nous continuons à proposer l’étude de toutes les facettes de la discipline. À savoir le travail des coups (l’atemi-waza), le travail des projections (le nage-waza) et celui des contrôles (le katame-waza). Mais aussi les principes fondamentaux. Les trois composantes du ju-jitsu permettent de se perfectionner autant dans le travail à distance que dans celui du corps à corps. Par l’intermédiaire de cette parution, j’ai choisi de mettre en avant, sous la forme d’un enchaînement, l’atemi-waza et le katame-waza. L’objectif est double : se perfectionner dans ces deux aspects et dans leur liaison. Le jujitsu tient son efficacité dans la capacité à maîtriser, d’une part chaque famille qui le compose et d’autre part leurs liaisons dans une parfaite fluidité. Dans la seconde partie de ce livre, j’ai le plaisir de vous proposer « 2015, une année de blog». En plus de pratiquer, de démontrer, d’enseigner le ju-jitsu, je propose chaque semaine, depuis quelques saisons, un billet d’humeur sur mon blog. Actualité, coups de cœur ou de griffe, sujets techniques, histoires, anecdotes, etc. Les arts martiaux et le jujitsu, de par leur histoire et leur composition, offrent de multiples aspects et méritent de ne pas être traités simplement sur le seul plan technique. Et puis, les sujets abordés offrent parfois l’occasion de se divertir. Les réactions qui font suite à la parution de ces articles aux multiples sujets m’encouragent à continuer à alimenter très régulièrement ce blog. (ericpariset.com)

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Une belle compétition

bercy-reuters_0Le week-end dernier avait lieu le grand rendez-vous annuel du judo français, avec ce que l’on appelait avant le Tournoi de Paris. Un peu le Roland-Garros du judo. Cet événement, qui soufflait ces quarante-deux bougies, a hérité d’une appélation sans doute plus moderne (Paris Grand Slam 2016) tout comme le Palais de Bercy qui accueille l’événement et qui affiche un nom à la consonance très commerciale. Peu importe dans la mesure où il existe toujours autant de plaisir à assister à des combats de qualité offerts par des athlètes de très haut niveau. Ce tournoi est devenu une véritable institution. Je me souviens des premières éditions au début des années 1970, lorsqu’il n’y avait que cinq catégories de poids et uniquement chez les masculins et que cela se passait au bon vieux stade Pierre de Coubertin.

Presque cinquante années après, le judo reste un sport aux valeurs incontestables et qui ne souffre pas de certaines « affaires » qui polluent d’autres disciplines. Il est dommage qu’il ne bénéficie pas d’une grande couverture médiatique et cela en dépit de l’évolution des règles d’arbitrage qui rend les combats plus spectaculaires, puisque plus offensifs. En effet, les pénalités pour non-combativité « tombent » plus vite. Par contre, l’interdiction de pratiquer certaines techniques accentue une sclérose que l’on pourrait reprocher. Cependant, en matière de sport de combat, il est préférable d’avoir une réglementation rigoureuse, ne serait-ce que pour garantir l’intégrité physique des combattants. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est important de distinguer sport de combat et art martial. Ce dernier ne pouvant normalement pas offrir des affrontements en opposition directe, sauf à se révéler extrêmement dangereux.

Certains peuvent se demander pourquoi en tant que ju-jitsuka, qui plus est, en dehors de la Fédération française de judo, j’apprécie également ce sport qu’est le judo. Il y a plusieurs raisons à ce qui est bien plus qu’un simple intérêt.

D’abord, comment aurais-je pu y échapper avec un père comme celui que j’ai eu ? Je suis tombé dedans tout petit, d’une certaine façon. C’est ensuite que je me suis spécialisé en ju-jitsu. Après, il n’est pas incompatible d’aimer plusieurs arts de combat, surtout lorsque de par leur histoire et leur technique ils sont si proches. Le fait de ne pas adhérer à la politique menée par la fédération de judo-ju-jitsu en matière de… ju-jitsu, n’empêche pas d’aimer le judo. D’autant plus que je soutiens ce que j’ai toujours soutenu, à savoir qu’il y avait matière à satisfaire tout le monde sous un même toit, mais c’est une autre histoire. Pour revenir au judoka que je suis aussi, j’apprécie sans retenue les combats, que ce soit à l’entraînement ou en compétition. La compétition en judo est un engagement vrai, on ne fait pas semblant, mais avec un état d’esprit qui me convenait tout à fait, au travers duquel je n’ai jamais ressenti la moindre violence. A l’entraînement et à la condition de choisir des partenaires adaptés à l’âge, au gabarit et aux motivations, la notion de jeu n’est jamais absente, et ce n’est pas le moindre atout, du moins pour ce qui me concerne. Tout cela avec un engagement physique d’une intensité que les pratiquants ne peuvent ignorer.

Alors, vous allez me dire, pourquoi s’être tourné vers le ju-jitsu ? Eh bien tout d’abord, pour la complémentarité technique offerte, notamment avec l’atemi-waza (le travail des coups, absolument contrôlé, en l’occurrence) qui existait dans le judo que Kano avait issu de l’ancien ju-jitsu. Et puis, le judo devenant de plus en plus un sport, l’aspect self-défense (inné aux arts martiaux) disparaissait au grand regret d’une population intéressée, à juste titre, par cette étude.

Bref, pour revenir au sujet de ce billet et en guise de conclusion, une belle compétition internationale de judo est toujours un grand moment. Surtout que la France n’est jamais absente des podiums !

 

 

 

L’essentiel

Parmi les pratiquants de longue date qui aspirent à occuper des fonctions de transmission, en clair qui souhaitent enseigner, il existe trois catégories. Ceux qui réunissent les qualités indispensables ; techniques et pédagogiques. Ceux qui en possèdent une et enfin, et c’est très ennuyeux, ceux qui n’en possèdent aucune. En étant plus direct, on pourrait affirmer qu’aux extrêmes il y a ceux qui sont bons en tout et d’autres… bons à rien !

Revenons sur ces atouts.

D’abord l’aspect technique. Parfois il s’agit de prédispositions naturelles, mais le plus souvent c’est grâce à un travail considérable. Le talent ne gâche rien, bien évidemment, mais « le talent sans le travail n’est qu’une sale manie ». Georges Brassens.

Ensuite, il y a l’aspect pédagogique ; la capacité à transmettre son savoir. Y compris pouvoir expliquer et enseigner des techniques que l’on ne maîtrise pas forcément.

L’idéal est évidemment de posséder ces deux qualités. Briller dans une seule n’est satisfaisant que s’il s’agit – pour les enseignants – de l’aspect pédagogique. J’ai connu des champions d’exception, absolument incapables de transmettre des principes et techniques de base et même leurs spécialités et à l’inverse, j’ai souvent fait le constat que de modestes pratiquants sont d’excellents professeurs et/ou entraîneurs. Cela me permet d’avoir le plaisir de rebondir avec une citation fétiche : « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Les fidèles de ce blog doivent penser qu’il y a un peu de répétition dans ces lignes qui citent une énième fois ce professeur et écrivain du nom d’André Giran. Cette affirmation est devenue pour moi une sorte de leitmotiv. Elle est comme une petite flamme permanente qui brille dans un coin de ma tête. Elle illustre tout à fait ma pensée et la conception que j’ai de ma tâche.

Pour revenir aux qualités, je connais aussi des personnes qui ne maîtrisent aucune de celles énoncées plus haut et là, on peut se demander ce qu’ils font, parfois, à certains postes de responsabilités. Il est vrai que bien souvent ils opèrent, ou même sévissent, dans des institutions d’Etat où les places sont attribuées en fonction de critères qui échappent totalement à la logique. En tout cas à celles des compétences. Il s’agit aussi parfois d’un bête « malentendu », mais en aucun cas du fruit de qualités indiscutables de transmission qui se concrétisent par des résultats probants, à savoir : le nombre d’élèves sur du long terme, de ceintures noires formées, de résultats en compétitions pour les disciplines à but compétitif, etc. Et tout simplement de personnes épanouies au travers d’une pratique adaptée. Heureusement que ces personnes n’exercent pas dans le privé !

L’éducation physique en général – et l’enseignement des arts martiaux en particulier – est un savant dosage d’explications du professeur et de répétitions de la part de l’élève. L’explication ne doit pas être trop longue et comporter l’essentiel, surtout si le public est néophyte. L’attention se relâche très vite et entrer dans le détail n’est absolument pas une nécessité, au contraire. J’aime à comparer le métier d’enseignant à celui d’artiste sculpteur, qui dans un premier temps va faire son « bloc » et qui au fur et à mesure affinera, pour ensuite finir par les détails. Dans cet art, nous ne concevrions pas le contraire ! Et puis, sans pour cela que la séance se transforme en show où l’enseignant confond parfois leçon et spectacle, il ne faut pas hésiter à montrer et démontrer sous différents angles en expliquant le minimum indispensable. Explications et démonstrations succinctes, quitte après quelques répétitions de la part des élèves à démontrer une nouvelle fois, en insistant sur les fautes décelées, celles-ci étant bien souvent redondantes. L’enseignement se conçoit par paliers, il est nécessaire de ne jamais l’oublier. Et le professeur doit toujours avoir à l’esprit que ce qu’il démontre pourra se diviser par dix et être encore dix fois trop compliqué pour le débutant à qui il s’adresse.

Quant aux plus gradés, outre les détails qu’il faudra peaufiner, ce ne seront rien moins que d’inlassables répétitions, méthodes d’entraînement et autres randoris qui seront générateurs de progrès. Une autre citation que j’aime : « On ne peut rien contre l’entraînement. » Je ne me souviens plus de l’auteur, mais parmi les fidèles de ce blog, j’en connais au moins un qui pourra nous secourir ! Dans un prochain billet nous irons un peu plus en avant en évoquant  la motivation qu’il est utile de susciter, et surtout comment !

 

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Trois nouveautés

En ce début d’année, j’ai le plaisir de proposer trois nouveautés rattachées directement à notre ju-jitsu.

Tout d’abord, la programmation d’un stage d’été qui permet de renouer avec une habitude abandonnée il y a six ans. Une semaine en juillet et une autre en août dans le beau département du Var, à Sainte-Maxime, précisément. Cela a été le sujet du premier billet de janvier, je n’y reviens donc pas davantage aujourd’hui.

Ensuite, c’est une grande joie que celle d’annoncer la sortie d’un nouveau livre. Cela faisait quelques années que cela n’était pas arrivé. Cette huitième parution est originale par rapport aux précédentes dans la mesure où elle est composée de deux parties. Une première purement technique avec un nouvel enchaînement de quinze techniques consacrées à l’atemi-waza et au katame-waza, et une seconde partie dans laquelle figure l’intégralité des articles parus sur mon blog l’an passé.

Enfin, la troisième nouveauté, c’est la refonte du site Internet. Vous n’êtes pas sans ignorer que depuis le mois de juin dernier, j’ai choisi de faire une pause quant à la gestion d’un club, mais il n’est pas question de rompre le contact. Aussi le site perdure avec une nouvelle présentation. Il offrira de nombreuses infos attachées à notre ju-jitsu : pages techniques, vidéos, bibliothèques, etc. Mais aussi les dates des diverses activités et animations. Un site 100 % atemi-ju-jitsu. Il continuera à être en liaison avec les comptes Facebook et Twitter et bien évidemment avec ce blog, au travers duquel je prends énormément de plaisir à communiquer.

Bref, ma passion pour le ju-jitsu est intacte, comment pourrait-il en être autrement, d’ailleurs ? En résumé, celle-ci sera assouvie de trois manières : premièrement grâce à l’enseignement sur les tatamis, principalement au travers de stages, comme ceux de cet été – entre autres. Deuxièmement par la diffusion de supports tels que les livres et enfin en utilisant les moyens de communication dont on ne pourrait plus se passer à l’heure actuelle.

Autant de façons de se retrouver autour de notre art. A bientôt !

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Anatomie des 16 techniques, suite et fin.

Aujourd’hui, c’est un nouvel article très technique que je vous propose. Désolé pour les néophytes ! Nous finissons l’étude des « 16 techniques » entreprise en fin d’année dernière sur ce blog. Il nous restait à « décortiquer » les quatre dernières.

L’idée première de cette étude était de mettre en avant les éléments de déséquilibre permettant une exécution sans utilisation de force. Appliquant ainsi l’un des principes chers à Jigoro Kano : minimum d’effort et maximum d’efficacité.

Dans la 13e technique, qui est aussi la dernière défense sans armes de l’enchaînement, Uke attaque Tori sur l’arrière. Ce dernier arrête son agresseur avec ushiro-geri-kekomi au niveau de l’abdomen, le déséquilibrant ainsi sur l’avant. Après être venu au contact Tori enchaîne avec harai-goshi. Il prend soin de placer son bras droit derrière la tête d’Uke et sa main gauche en bout de manche ou de poignet du bras droit. Une fois au sol, Uke tente de s’échapper, il est arrêté dans la position assise par Tori qui le contrôle à l’aide d’hadaka-jime. Bel exemple d’enchaînement des trois composantes du ju-jitsu.

Lors de la 14e, Uke menace Tori avec un couteau placé dans sa main droite. Tori porte mikazuki-geri avec son pied gauche dans la main armée. Il enchaîne immédiatement avec ura-uchi à gauche et après avoir saisi la main d’Uke à l’aide des siennes, il lui applique kote-gaeshi. Le point essentiel pour obtenir un bon déséquilibre se situera dans la réalisation d’un parfait tai-sabaki circulaire sur l’arrière gauche.

Pour la 15e, Uke attaque Tori d’un large coup de bâton en direction de la tempe. Tori effectue à la fois une esquive rotative et un déplacement sur sa diagonale gauche. Après l’esquive, il se redresse et porte immédiatement yoko-geri au niveau du genou. Il enserre la tête d’Uke et le projette avec o-soto-gari. Il prend soin de le désarmer.

Dans la 16e et dernière technique, Uke menace Tori avec un révolver. Il vient au contact pour le fouiller. Simultanément, Tori effectue une esquive du bassin, une parade vers le bas avec sa main gauche et porte un atémi avec le poing droit (tsukkake ou uchi-oroshi). Il conclut avec une torsion de poignet, forme kote-gaeshi, en accompagnant cette action d’un fort déplacement sur l’arrière d’Uke. Il le désarme avec sa main droite. Dans cette technique, l’efficacité réside dans la capacité à effectuer les trois phases simultanément ; à savoir parade, esquive et coup au visage et dans le déplacement sur l’arrière d’Uke.

A propos de cette dernière technique il est bon d’insister sur le fait qu’il s’agit bien d’une menace avec l’agresseur qui est venu au contact.

Les « 16 techniques » permettent de travailler 16 ripostes sur 16 attaques différentes. Cet enchaînement est un exercice d’efficacité. Son apprentissage ainsi que les nombreuses répétitions auxquelles il sera bon de se soumettre développeront des qualités techniques, physiques ainsi que les automatismes indispensables. Mais il s’agit aussi d’une base de travail. Non seulement cet enchaînement en a engendré d’autres, à l’instar des 16 Bis, mais, pour un professeur imaginatif, il offrira un panel important de méthodes de travail basées sur des combinaisons, comme les enchaînements et les contre-prises.

Prochainement, nous ne manquerons pas d’aborder ces sujets passionnants.