Bien maitriser une technique et un savoir est une chose, pouvoir les transmettre correctement en est une autre. Le métier de professeur, quelque soit ce que l’on enseigne est un beau et noble métier, mais aussi un des plus difficiles.
Au-delà de la maîtrise du sujet que l’on doit transmettre il faudra développer des compétences spécifiques. Posséder une solide motivation et considérer qu’il s’agit d’un métier et non pas d’un travail. Etre animé d’une passion, ou du moins d’une très forte conviction, pour éventuellement compenser chez le jeune professeur un manque d’expérience et chez les plus anciens un risque de lassitude ; de rigueur, que l’on s’applique à soi-même, ce qui autorisera de l’enseigner aux élèves, de résistances et d’endurances physiques et mentales ; d’autorité dans laquelle on trouvera exigence et bienveillance, rigueur et souplesse ; d’une impartialité qui ne favorisera pas que les plus performants, de disponibilité par rapport à ses élèves, de curiosité quant aux évolutions techniques et pédagogiques. D’un engagement complet qui oblige à laisser les problèmes à la porte de l’établissement ou du dojo pour ne se consacrer qu’à sa mission d’enseignant et d’éducateur. Et puis, c’est sur quoi je souhaite insister aujourd’hui, en plus d’une voix qui doit porter, de la clarté et de l’intelligibilité dans le discours.
A ce sujet, et pour ce qui concerne les activités physiques il semblerait que depuis longtemps, existe une sorte de complexe chez ceux qui les enseignent (plus objectivement chez les formateurs de professeurs) par rapport à leurs collègues des domaines non-physiques et qui les amènent à user et parfois abuser d’un vocabulaire spécifique et particulier (utilisé par certains techniciens théoriques de l’éducation nationale), tentant ainsi de démonter qu’enseigner « le sport » n’est pas réservé aux incultes dépourvus des compétences nécessaires à l’étude et à l’enseignement de la philo ou des maths, par exemple. C’est ainsi que certaines définitions n’ont pas manqué de se faire remarquer par leur originalité, comme l’inoubliable « référant bondissant aléatoire » qui désignait le…ballon ! Autre exemple vécu, lorsqu’un formateur au début d’un stage annonce que l’on va procéder à « l’évaluation des acquis techniques du moment », je m’étais amusé en lui répondant : « bref, on regarde où ils en sont ! ». Ce ne serait pas si grave si l’unique conséquence était de nous amuser. Mais outre le fait de rendre obscure la dénomination d’objets, de techniques ou de faits pédagogiques simples, le risque est de ne pas être compris par tous les pratiquants et par de jeunes professeurs qui seraient amenés à penser qu’on ne se distingue que par les effets de langage… et que le temps passé en verbiages inintelligibles et non incontournables est autant de temps perdu pour une pratique simple, limpide, claire et effective.
Comme pour tout enseignement : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » ! A méditer, mais surtout à rappeler à tous les futurs enseignants… et actuels !