Il y a quelque temps, lors d’un cours, j’annonçais : « Nous allons travailler une technique et puis ensuite, nous verrons sa contre-prise. » Ce à quoi un élève me répondit : « Ça sert à quoi, alors, si on travaille une technique et qu’après on étudie une parade afin de faire en sorte qu’elle ne fonctionne pas ? » Il y a du bon sens dans cette réflexion qui était formulée avec malice. Cela s’appelle une contradiction. Et je ne résiste pas à l’envie de faire partager l’histoire que vous trouverez ci-dessous. Bonne lecture.
Il y a bien des années, en des temps très reculés, deux guerriers s’étaient rendus chez un forgeron pour acquérir des armes. L’un était à la recherche d’une arme blanche, l’autre d’un bouclier.
L’artisan faisait valoir les qualités des articles de sa fabrication auprès de ses deux clients.
Au premier, il vantait la force et le tranchant de la lame, sa robustesse, sa maniabilité et son efficacité contre n’importe quelle armure ou protection. L’homme auquel il s’adressait se voyait déjà couronné de succès lors de ses prochains combats. A l’autre, il faisait remarquer la résistance de la matière malgré la légèreté du bouclier, sa forme enveloppante qui en faisait une garantie de protection contre toute arme blanche. Son interlocuteur se voyait résister à toute attaque.
Les deux guerriers qui s’étaient rapprochés l’un de l’autre entendaient les propos adressés à chacun par l’artisan qui continuait à faire l’éloge de sa production.
Mais que penser d’un bouclier dit invulnérable qui résiste à tout, opposé à une arme à laquelle rien ne résiste ? Cela demande réflexion, n’est-ce pas d’une grande contradiction ?
Hé bien en japonais, l’idéogramme représentant le mot contradiction est composé de deux parties – l’une représente une arme l’autre un bouclier – et se dit Mujun. Un peu compliqué, mais bien imagé !
Cette contradiction, on la retrouve partout. L’enseignement des arts martiaux n’y échappe pas. On enseigne des techniques, debout et au sol pour que, bien appliquées, l’adversaire puisse être contrôlé et vaincu.
D’un autre côté, on nous enseigne des parades et des défenses contre ces techniques afin d’éviter la défaite. Ici apparaît la contradiction, puisque dans chaque cas l’une des actions est faite pour neutraliser l’autre.
Cependant ces acquisitions sont toutes nécessaires, valables et efficaces pour celui qui veut les employer avec succès. Il doit simplement avoir la volonté et la patience suffisantes pour apprendre à les maîtriser et à les comprendre mieux que son adversaire afin de vaincre ce dernier en connaissance de la situation à laquelle il est confronté.
Miyamoto Musashi disait : « Si tu apprends à te connaître et si tu connais ton adversaire, alors cent fois sans risque tu vaincras ! »
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Je rajouterai aussi que même armé de la même façon, il y a une chose qui elle tranche « le plus souvent » : le combattant et sa technique.
Tous les joueurs de foot savent taper dans ballon et tous les gardiens savent comment arrêter un tir, est-ce pour cela qu’il ne faut plus jouer au foot 🙂
Hicham