Pour le quatrième volet consacré à l’histoire de mes démonstrations, c’est la période allant de 1985 à 1995 qui est abordée aujourd’hui. A titre personnel, il s’agit d’une décennie particulièrement faste et intense en termes d’activités professionnelles. Dans cet article, c’est la partie qui concerne les démonstrations qui reste le sujet.
Proposer des prestations avec plusieurs Uke était la principale nouveauté d’une longue série de représentations. Ainsi au cours de cette décennie j’ai pu compter sur la collaboration de Jean Rodriguez, Franck Bénaquista, Serge Dang, Olivier Hermeline et bien évidement André Ohayon et Laurent Rabillon, les deux partenaires qui ont le plus de chutes à « leur compteur ».
Cette période à été riche en nombre de festivals et autres galas. A Paris, avec neuf participations au festival des arts martiaux de Bercy, en province avec une quantité impressionnante de régions visitées, et à l’étranger : Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Suisse, Israël et Canada.
Durant la saison 1985/1986, nous avons eu la chance et l’honneur de participer à une série de galas organisés par la FFJDA, appelés « la tournée d’adieu d’Angelo Parisi ». De septembre à juin nous avons assuré « les premières parties » d’un des plus prestigieux judokas mondiaux dans une dizaine de villes de province.
Durant ces dix années, j’ai essayé de me renouveler dans le scénario, la mise en scène et l’accompagnement musical. Pour ce qui concerne le choix des techniques proposées, cela restait du ju-jitsu. Il n’était pas question d’en inventer, l’originalité résidait dans la construction des enchaînements.
Le choix de l’accompagnement musical n’était pas anodin, il demandait un peu de temps et d’imagination pour à la fois se renouveler et pour que cette musique colle aux enchaînements présentés. De la musique classique à l’électronique en passant par de célèbres bandes originales de films connus, nous avons consommé beaucoup de genres.
Préparer de telles prestations demande de l’imagination, de l’organisation, mais surtout beaucoup de répétitions. Pour peaufiner chaque enchaînement, les mémoriser parfaitement, mais aussi pour s’assurer une excellente condition physique qui permet de maintenir le rythme. Personne ne peut nier que ces démonstrations étaient assez physiques, pour le moins.
C’est aussi au cours de cette période que j’ai commencé à revêtir un kimono bleu. Les tenues de couleur sont apparues à cette époque en judo pour faciliter la compréhension du déroulement des combats, j’ai pensé qu’il en serait de même pour la présentation de notre discipline. De plus cela ajoutait un peu de couleurs, ce qui ne pouvait pas nuire à l’ensemble du spectacle
Dans la préparation de ces grands moments, j’avais deux objectifs qui ne sont pas forcément faciles à concilier : plaire aux néophytes et satisfaire les pratiquants. Tout cela, sans trahir ni l’esprit ni l’histoire du ju-jitsu.
Je reconnais que notre art a la chance de posséder un potentiel technique aussi efficace que spectaculaire. Il s’agit juste d’être capable de les présenter de façon harmonieuse et cohérente.
Parmi toutes ces démonstrations effectuées au cours de cette décennie, j’ai une petite préférence pour l’année 1995 avec celle présentée à Bercy. Ce n’est que mon avis. Il n’est pas facile de se juger soi-même avec une parfaite objectivité. Soit on fait preuve d’une autosatisfaction béate, soit on est son pire critique. Les deux cas ne sont pas constructifs. Mais mon sentiment me conduit à penser qu’elle est la plus aboutie, notamment sur le plan purement technique. C’est pour cette raison que je l’ai choisie pour illustrer cet article.