Ce qui est certain, c’est que ce n’est ni de la faute des bistrots, ni des restaurants, ni des cinés, ni des théâtres, ni des salles de sport, ni des dojos, si nous sommes contraints à un troisième confinement !
Ces quelques lignes sont à nouveau l’expression non pas d’un découragement, mais d’un sentiment d’étonnement, pour ne pas dire davantage. Pour plusieurs raisons déjà maintes fois évoquées, mais de plus en plus difficiles à supporter, notamment dans notre secteur.
D’abord pour les professeurs, surtout lorsqu’il s’agit de la principale activité professionnelle. L’impossibilité d’exercer son métier pendant plus d’une année n’est pas sans conséquence. Ce n’est pas non plus sans conséquences pour les élèves privés d’une éducation physique et mentale (dont les bienfaits ne sont plus à prouver ) et de l’apprentissage de techniques qui permettent d’acquérir une inestimable confiance en soi et les moyens de pouvoir éventuellement faire face à une agression.
L’étonnement devient de plus en plus difficile à supporter quand en même temps nous assistons à quelques aberrations, notamment dans les transports, obligeant un nombre important de gens à s’affranchir quotidiennement des « gestes barrières » au motif qu’il est indispensable de pouvoir se rendre sur son lieu de travail, alors que pour les mêmes gestes barrières d’autres professions sont proscrites.
Le ressentiment est d’autant plus profond quand profession rime avec passion et que chaque jour, chaque semaine, chaque mois qui passent abiment un peu plus nos arts martiaux.
Sans aucun doute, un jour la reprise se fera. Mais plusieurs questions s’associent à cette affirmation. D’abord quand ? Ensuite dans quel état ? Sur le plan quantitatif, ce seront plusieurs années de retour en arrière. Financièrement, que ce soit pour les fédérations, les clubs et les professeurs, ce sera compliqué, pour le moins. A cela s’ajoute l’interrogation par rapport à la motivation. Il faut espérer qu’elle sera toujours là, tant au niveau des élèves que des acteurs qui entourent le monde des arts martiaux et plus largement de tout le sport. Un exemple : est-ce que l’envie d’être professeur d’arts martiaux animera toujours un nombre suffisant de pratiquants, permettant ainsi la pérennité de nos disciplines ? La motivation nécessaire à l’acquisition de diplômes qui demandent une importante préparation sera-t-elle toujours au rendez-vous ? En clair, existera-t-il encore l’envie de devenir professeur, face à un avenir incertain ? (Concernant le virus, certains commencent à évoquer la possibilité d’une quatrième vague.)
Et puis, comme indiqué plus haut, pour beaucoup de professeurs, l’enseignement rime avec passion. La passion de la transmission, de l’éducation, et même de la création ; en être privé depuis si longtemps et sans horizon est tout simplement destructeur sur bien des plans.
En aucun cas il ne s’agit de se montrer défaitiste, mais juste réaliste. Il ne faut pas se voiler la face, ce sera difficile. Ne pas l’ignorer est aussi une façon de bien préparer un retour sur les tatamis que nous espérons tous le plus proche possible.
A plusieurs reprises je n’ai pas manqué d’insister sur le fait que nous sommes des combattants, « on ne lâche rien » selon l’expression consacrée, mais sans cesser de faire remarquer que pour combattre il faut un adversaire identifiable et un arbitre compétent ! Est-ce le cas ?
Ces quelques paragraphes paraîtront peut-être redondants à quelques-uns qui ne sont pas concernés, mais ils souhaitent participer, malgré le peu d’armes dont nous disposons, à faire en sorte que nos disciplines ne soient pas sacrifiées. Elles sont d’une grande utilité, elles sont « essentielles » à une vie meilleure en société, elles ne sont pas qu’un simple loisir (ce qui est important aussi).