De par leur histoire, ju-jitsu et judo sont intimement liées. L’un ayant donné naissance à l’autre. Jigoro Kano a créé le judo à partir du ju-jitsu. Pour cela il a épuré la méthode de combat des samouraïs en fonction de raisons bien précises, en conservant les techniques qui regroupaient les critères suivants : efficacité et sécurité. Efficacité en combat et sécurité lors de la pratique, de l’entrainement.
A l’époque des samouraïs, seule l’efficacité comptait, bien qu’existait quand même un code d’honneur. Maitre Kano a souhaité aller plus loin et faire en sorte que l’art de combat soit aussi une façon de s’éduquer physiquement et mentalement. Combattre, si possible, une violence intrinsèque et plus largement, par l’étude de principes « intelligents », contribuer indirectement – et même directement – à une meilleure vie en société. On peut incontestablement qualifier cet homme d’humaniste.
Lors d’un voyage en France, lui fut présentée une méthode de self-défense – inspirée du judo – conçue par Moshé Feldanfrais, un disciple de Maitre Kawashi (voir ce blog en date du 28 novembre 2013.) L’auteur demanda à Jigoro Kano de bien vouloir préfacer l’ouvrage qui allait proposer la méthode en question. Ce dernier accepta en insistant sur le fait que ce n’était pas l’idée qu’il se faisait du judo, que pour lui, l’aspect utilitaire s’apparentais à une présentation réductrice, mais que si cela pouvait permettre aux étudiants, au travers de cette pratique, de se rapprocher d’une quête plus large, il n’y voyait pas d’inconvénient.
Malheureusement, par la suite, le judo est devenu, pour beaucoup, un sport de compétition en perdant à la fois de son sens utilitaire et n’hésitons pas à dire le mot, son aspect philosophique.
Au même titre que Jigoro Kano en 1882 changea le nom de ju-jitsu en judo, pour marquer les esprits et élargir l’éventail des bienfaits de sa pratique, il fut nécessaire, à la fin des années 1960, devant l’ampleur de la dérive compétitrice du judo, de revenir à l’appellation ju-jitsu afin d’insister sur le fait qu’existait une autre voix – parallèle – à celle axée sur la recherche de médailles.
Ces deux aspects (judo et ju-jitsu) pouvant très bien coexister, mais à la condition d’en avoir la volonté et d’être dotée d’une certaine ouverture d’esprit. En France, ce ne fut pas le cas, ou bien alors en proposant une forme de ju-jitsu, également orientée sur la compétition (incompatible avec un art martial traditionnel), et qui, par certaines techniques et formes de corps, s’opposait à une complémentarité pourtant naturelle.
Bon nombre de pratiquant d’un ju-jitsu traditionnel se sont trouvés désemparés, expliquant ainsi la multitude de styles en recherche d’identité et surtout de reconnaissance au sein d’une structure indispensable au bon développement de toute discipline. Notre école, l’EAJJ, partant du principe que l’union fait la force, a rejoint, il y a quelques années la fédération européenne de karaté et d’arts martiaux traditionnels (FEKAMT), espérant ainsi évoluer en toute sérénité et œuvrer pour une reconnaissance des styles à but non-compétitifs. C’est également une manière de stopper l’éradication programmée d’une forme de ju-jitsu.
Ce week-end se tient à Gien dans le Loiret, l’assemblée générale de cette institution, ainsi qu’un stage au cours duquel interviendront les principaux experts des disciplines appartenant à la FEKAMT. J’aurai le plaisir d’y apporter ma contribution.
Un dernier avis, sur la complémentarité du judo et du ju-jitsu. Au début des années 1970, au moment de ce que l’on a appelé d’une terme un peu lourd « la relance du ju-jitsu », l’idée était toute simple, il s’agissait de proposer deux pratiques, judo et ju-jitsu, avec des passerelles, chacune respectant l’autre et ses spécificités. Celles-ci devant d’ailleurs être considérées davantage comme des complémentarités que comme des différences. Mais sans doute était-ce trop simple !
Depuis mes débuts en judojujitsu , en 1984 , le jujitsu a toujours été en arrière plan du terme Judo alors que l’histoire du judojujitsu reconnaît que le Judo demeure l’héritier direct du Jujitsu.
A l’heure actuelle , plus de 30 ans après , ce fait n’ a pas changé , le jujitsu demeure toujours en arrière plan dans tous les sens du terme.
Les katas à dominante jujitsu ( goshin jujitsu-kime no kata ) qu’IMPOSE LA FFJDA , demeurent un formidable outil d’acquisition de bases de self défense mais EN AUCUN CAS SUFFISANT POUR SE DEFENDRE EN CAS D’AGRESSION EN SITUATION REELLE.
Le travail de l’atemi waza est incontournable au meme titre que le travail des assouplissements pour réaliser l’atemi waza avec puissance , précision et rapidité………..
Le jujitsu doit être efficace , complet , donc rassemblant des techniques issues de tous les arts martiaux, et non des techniques rigides en réponse à des attaques ciblées comme le décrit les 20 attaques imposées ou le Duo System que préconise la FFJDA.
Terminant mon 4eme dan Expression technique FFJDA , je respecte les conditions d’attribution du grade et le contenu des UV requises FFJDA car je n’ai pas le choix si je désires homologuer mon grade.
Ne pas rester figer dans le carcan d’enseignement du jujitsu FFJDA , mais complémenter par tous ce que offrent les arts martiaux pour prétendre à une REELLE EFFICACITE EN SELF DEFENSE.