De mon point de vue, ju-jitsu et self-défense sont indissociables. Il existe juste une différence dans le fait que la self-défense est un des aspects du ju-jitsu. Ou bien, formulé différemment, que le ju-jitsu est une méthode de défense, mais pas que ! Puisqu’il est aussi une méthode d’éducation physique et mentale. Le côté utilitaire n’est pas la seule recherche au travers de son étude. Les personnes intéressées uniquement par cet aspect font très souvent l’impasse sur la tenue, les grades, les rituels, les protocoles, etc. Mais je crois sincèrement que le contraire n’est pas juste, on ne peut affirmer que lorsque l’on pratique le ju-jitsu, la défense personnelle ne nous concerne pas. (Sans pour autant que cela devienne une obsession.) D’abord parce qu’elle est le fondement de tout art de combat et le ju-jitsu en fait partie, ô combien, et ensuite on ne peut se permettre d’apprendre une technique qui ne requiert pas le critère d’efficacité. Surtout quand dans notre enseignement existent les défenses contre armes. Il serait irresponsable de ne pas prendre en compte le fait qu’une technique démontrée, enseignée, et qui va être ensuite répétée par les élèves ne possède pas comme principale qualité d’être efficace. Après, il est vrai que ce qui nous différencie peut-être des méthodes dites purement utilitaires, c’est la recherche d’un développement physique harmonieux, d’une formation morale empreinte de respect, de maîtrise (indispensable pour une parfaite réaction liée aux raisons de proportionnalité de la riposte), bref de l’application du code moral des budos et aussi, et c’est très important, d’une pureté technique, de la recherche du geste parfait. Ce dernier point ne nuisant absolument pas à une bonne efficacité, ni à une perte de temps, partant de l’adage : « Qui peut le plus, peut le moins. » Plus un mouvement sera répété, peaufiné, maîtrisé, plus il sera efficace. Je ne prétends pas non plus que toutes les méthodes purement utilitaires occultent totalement de telles données.
Ce billet vient en complément du précédent qui traitait des katas et de mon étonnement quant à constater que les modifications apportées, contre toute logique, n’allaient pas dans le bon sens. Au risque de me répéter, pour moi les katas sont – et dans l’ordre d’importance – premièrement la représentation d’un combat, certes codifié, mais il s’agit d’un affrontement quand même. A ce titre ils pourraient être considérés comme des méthodes d’entraînement (aux automatismes, entre autres). Deuxièmement, il s’agit d’exercices de style dans le sens où la précision et le geste parfait seront recherchés. Troisièmement, une rigueur d’attitude (utile dans d’autres domaines) sera demandée lors de leur présentation. Pour conclure, et pardon d’avoir déjà insisté sur ce point, je pense qu’il serait regrettable de considérer les katas uniquement comme des « purges » qu’il faudrait s’administrer avant un passage de grade. Même s’ils servent aussi de solides moyens d’évaluation pour gravir ces échelons, ce n’est pas leur unique vocation, loin de là !
Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com