À l’occasion du dernier sondage, une écrasante majorité de votants a déclaré que la self-défense avait été leur première motivation pour franchir les portes d’un dojo. Confirmant ainsi une aspiration bien naturelle, celle d’être en capacité de se prémunir d’éventuelles agressions physiques. Cependant cela n’est sans doute pas assimilé, pour une grande majorité d’entre eux, à l’intention de se faire justice soi-même.
La législation en matière de légitime défense est précise et il est n’est pas inutile d’en rappeler les éléments. La riposte doit être proportionnelle, justifiée, nécessaire et spontanée.
Sans aucun doute, en cas d’agression, il ne sera peut-être pas facile de bénéficier du temps nécessaire pour se réciter ces quatre termes. Ceci étant, une certaine logique les entoure et ne pas les oublier semble souhaitable, au regard des risques encourus pénalement et humainement !
La proportionnalité est vraisemblablement l’aspect le moins commode à respecter. L’agressé devant être pourvu d’une maîtrise parfaite de sa technique. Non seulement il doit être en capacité de riposter, mais de ne pas aller au-delà des éventuels dommages causés par l’attaque de l’agresseur. Il ne sera peut-être pas évident d’évaluer correctement les conséquences d’un coup de pied, par exemple. Selon l’endroit où il est porté et par qui ! Entre un coup donné sur un point vital et le même administré sur un endroit moins sensible, le résultat ne sera pas identique. De même l’impact ne sera pas pareil en fonction de la personne qui le porte. Et pourtant, il s’agit bien du même coup. L’évaluation du résultat, surtout dans ces circonstances, n’est pas aisée !
Justifiée et nécessaire sont des qualificatifs qui paraissent évidents en cas d’agression.
Quant à la spontanéité, elle insiste sur l’interdiction de réaction « après-coup » ; en l’occurrence cela exclu toute idée de vengeance.
Certains diront que tout cela est bien gentil et que lorsque l’on sauve sa peau, on n’a que faire de cette législation, et puis, sommes nous certains d’être capables de la respecter.
Ils ont à la fois raison et tort. Sauver sa vie ou porter secours à une personne agressée est un acte qui coule de source. Mais une réglementation est un cadre indispensable pour éviter tout débordement et tomber dans un fâcheux engrenage.
D’où la nécessité, pour une parfaite efficacité – inscrite dans le respect de la loi –, de s’offrir une pratique régulière au travers d’une discipline qui propose une pluralité de techniques qui permettront de graduer la riposte, si toutefois l’état de stress le permet. Mais encore une fois, la gestion des émotions passent aussi par l’assurance acquise à l’occasion d’une pratique inscrite dans la durée.
Et puis, il est dans la mission du professeur de ne pas se satisfaire d’un enseignement et d’une philosophie « jusqu’au-boutiste ». Son rôle est aussi de mettre en garde sur les risques encourus d’une part et de ne pas désespérer du genre humain, d’autre part ! Dans le cas contraire, il ne sera pas facile de revendiquer le titre d’éducateur, même sportif !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com