Les 16 techniques

Dans la suite de l’article de la semaine dernière consacré à l’atemi ju-jitsu, il est assez naturel de revenir sur un enchaînement que j’apprécie particulièrement et qui fait toujours partie de mon enseignement : « Les 16 techniques ».

C’est pour les besoins d’une démonstration présentée à l’occasion des deuxièmes championnats du Monde de judo féminin qui se déroulaient à Paris en 1982 que cet enchaînement a été créé. (A l’époque les championnats masculins et féminins étaient dissociés.)

La méthode « atemi-ju-jitsu » existait déjà, il restait à la diffuser par différents moyens, les démonstrations en étaient un. On m’avait aussi confié en grande partie la responsabilité de ce secteur et notamment à l’occasion de ce « Mondial féminin ». Je devais présenter une prestation dans laquelle le rôle de Tori (celui qui fait « le gentil ») serait tenu par une femme. J’avais parmi mes élèves une personne qui possédait les qualités requises ; elle s’appelait Marie-France Léglise. Pour l’occasion, j’avais endossé le rôle d’Uke (celui qui subit, « le méchant »). Il est utile de rappeler que dans l’étude et la pratique des arts martiaux, les rôles de Tori et d’Uke sont d’importance égale : sans Uke, pas de Tori (le contraire s’impose aussi).

Pour cette occasion j’avais mis au point une démonstration en deux parties. Une première très technique, une seconde plus dynamique, en guise de final.

En première partie étaient démontrées des techniques de défense, d’abord au ralenti puis à vitesse réelle. Nous proposions plusieurs situations d’agressions face auxquelles étaient présentées une variété importante de schémas de ripostes, de composantes et de techniques.

La deuxième et dernière partie était une sorte de « cascade» d’attaques et de défenses dans laquelle les mouvements choisis étaient aussi importants que la vitesse à laquelle ils devaient être exécutés et enchaînés. J’avais retenu deux critères essentiels : la diversité, mais aussi de faire en sorte qu’il y ait le moins de perte de temps possible entre chaque mouvement et évitant les déplacements inutiles.

Très vite, cette fin de démonstration a été retenue pour devenir les « 16 techniques ». Elle a été inclue dans les programmes de grades.

Une simple analyse montre que par l’intermédiaire de ces grandes techniques qui composent l’enchaînement sont démontrés aussi les principes de non opposition, d’utilisation de la force de l’adversaire ainsi que des fondamentaux  mécaniques de bascules et de suppression de point d’appui ; bref, un ju-jitsu fidèle à son histoire et à ses principes.

Il s’agit tout à la fois d’un « outil » technique, d’un moyen d’expression corporel, il permet de peaufiner sa condition physique et ses automatismes, c’est également une belle démonstration de la richesse de notre ju-jitsu.

Chaque technique de cet enchaînement  peut se travailler dans le détail, avant de mettre l’accent sur l’exercice qui consiste à les enchaîner vite et fort.

Mais elle offre aussi au professeur une magnifique boîte à outils.

En effet, en plus de l’étude de chaque technique et de celle de l’enchaînement on peut envisager des réponses  sur différentes réactions de la part d’Uke. Ensuite, on peut étudier des contre prises à chaque technique ; étudier un contre, c’est entrer dans le processus de renforcement de la technique en question, cela nous éclaire sur les points sensibles.

Et ce n’est pas tout. On peut aussi confier aux élèves la « mission » de mettre une réponse de leur choix, différente de l’originale. On peut leur imposer un thème, par exemple que la riposte appartienne à une famille précise : clés, étranglements. On peut aussi lui demander de placer une liaison debout sol, pour les techniques qui n’en possèdent pas.

Faire travailler aussi bien à droite qu’à gauche, n’est pas inutile.

Enfin, un exercice où Tori se défend contre deux Uke qui alternent les attaques, fournira de l’originalité et un sacré renforcement des automatismes et de la condition physique.

La liste n’est pas exhaustive.

Voilà donc un enchaînement qui doit aussi être aussi considéré comme une excellente base de travail ; non pas comme un « couteau suisse », mais plus exactement comme un « couteau japonais ».

La photo d’illustration de cet article est une planche murale des années 1980. Elle n’est pas de bonne qualité, c’est le souvenir qui motive son utilisation. D’autre part, il existe des supports – livres et vidéos – qui présentent cet enchaînement.

www.jujitsuericpariset.com

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