Les trois familles

webkanjiAu printemps dernier, le 19 mai exactement, sur ce même blog, j’avais mis en avant l’importance que représente la maîtrise des liaisons entre les différentes composantes du ju-jitsu. Bien gérer chacune de ces familles est essentiel, les enchaîner avec une parfaite fluidité l’est tout autant.

Aujourd’hui, l’objectif est de revenir sur chacun de ces groupes en les « explorant » un peu plus profondément. Je rappellerais qu’il s’agit de l’atemi-waza (le travail des coups), du nage-waza (le travail des projections) et du katame-waza (le travail de contrôles).

L’atemi-waza regroupe les coups qu’il est possible de donner avec les bras et avec les jambes, (moins glorieux, mais existant quand même, ceux portés avec la tête). Ils sont principalement utilisés debout, mais peuvent l’être également au sol. En ju-jitsu (j’évoque ici l’art martial et non pas la version combat sous forme d’affrontements directs) il existe deux spécificités. D’abord – s’agissant aussi d’une méthode de self-défense – les coups interdits dans les boxes traditionnelles sont étudiés. Ils le sont avec contrôle, heureusement. Ensuite, les atemi ne représentent pas une finalité, à l’inverse des disciplines qui se limitent aux techniques dites « poings-pieds ». Dans notre art, les coups ont pour rôle d’arrêter l’adversaire, de le déséquilibrer favorablement au profit d’une projection, d’un contrôle ou bien des deux. Cela signifie qu’ils doivent être utilisés avec des attitudes (des gardes) compatibles avec les autres composantes du ju-jitsu. Ils peuvent servir, le cas échéant, de « contrôle final », même s’il ne semble pas souhaitable d’abuser de l’image d’un adversaire frappé à terre. L’étude de l’atemi-waza, permet de progresser dans l’art de donner des coups, mais aussi et – même surtout – dans l’art de ne pas en recevoir. Par conséquent la maitrise de l’esquive ne devra pas être négligée. Si l’atemi-waza est pratiqué avec contrôle, et donc avec un bon état d’esprit dans lequel le contrôle sera la priorité, il permettra – en plus d’acquérir de l’efficacité dans le travail à distance -, de parfaire sa souplesse, sa tonicité et sa vélocité, sans oublier sa précision, essentielle dans bien des domaines, mais peut-être encore plus particulièrement dans celui-ci.

Le nage-waza, par définition se pratique debout, puisque son but est de projeter, de faire chuter, de mettre à terre quelqu’un qui est…debout. C’est le domaine le plus vaste en nombre de techniques. Régit par des principes dans lesquels la technique prime, il demandera beaucoup de patience et participera ainsi activement à une bonne formation mentale. Ce qui n’est jamais inutile. Sur le plan de l’efficacité, le nage-waza est redoutable dans le domaine du corps à corps. Soit après un déséquilibre obtenu par un atemi, soit sur une attaque directe, opportunité au cours de laquelle la force de l’adversaire sera utilisée (le principe de base du ju-jitsu dont la traduction signifie « technique de la souplesse » dans le sens de l’adaptabilité physique et mental), mais aussi en cas d’attaque surprise telle qu’une saisie par l’arrière. Sur le plan corporel ce secteur développera de multiples qualités, dont une bonne coordination entre les membres supérieurs et les membres inférieurs.

Enfin, le katame-waza. Il s’agit là aussi d’un domaine important et pour plusieurs raisons. D’abord, il est très souvent la finalité d’une défense, ensuite parce qu’il donne la possibilité de maîtriser une personne sans forcément mettre ses jours en danger (ce qui est à prendre en considération sur le plan de la légitime défense). Dans ce groupe, on y trouve trois « sous-groupes » : les clefs, les étranglements et les immobilisations. Lorsque l’on évoque les contrôles on pense assez naturellement au travail au sol (le ne-waza), ce qui est le cas en judo, mais dans le ju-jitsu bon nombre de clefs et d’étranglement s’appliquent également debout. Leur assimilation nécessitera aussi d’être armé de patience afin de saisir toutes les subtilités qui existent dans certaines clefs ; celles-ci demandant beaucoup de précision. C’est un secteur plus technique que physique, ceci étant les pratiquants qui connaissent les randori au sol dont le but est de faire abandonner son partenaire à l’aide de ces contrôles, savent de quoi il est question en matière de débauche d’énergie !

Lorsque vous avez assimilé ces trois groupes et que vous êtes en mesure de les enchaîner avec une parfaite fluidité, sans temps morts entre chaque secteur, vous êtes un parfait ju-jitsuka.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

 

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