N comme Nage-waza. (Travail des projections). Suite de mon dictionnaire des arts martiaux.
Ce dictionnaire s’offre une exception pour la lettre N en lui consacrant deux articles. Après le ne-waza (travail au sol), j‘évoquerai donc le nage-waza. En effet il me semble impossible d’ignorer ce domaine majeur qui est au moins aussi important que le travail au sol et qui m’a apporté beaucoup de plaisir, que ce soit dans l’apprentissage, le perfectionnement et l’exécution. De plus ces deux domaines sont complémentaires et compatibles
La famille des projections est une composante incontournable du judo mais aussi du ju-jitsu. Que ce soit en compétition de judo, ou dans le domaine de la self-défense, les affrontements commencent debout. En judo, ne sont utilisées que les projections ; en ju-jitsu on y ajoute les atemis (les coups) lorsque l’on est « à distance » et les projections sitôt le contact établit. Elles sont donc incontournables. Et puis, à l’occasion de mes nombreuses démonstrations, les projections occupaient une place prépondérante ; elles ont largement contribué à l’aspect spectaculaire de ces prestations.
L’efficacité, l’esthétisme et l’aspect ludique sont les trois raisons qui me font aimer ce domaine majeur qu’est le nage-waza.
Les projections peuvent être tout à la fois efficaces et esthétiques. Leur maîtrise parfaite demande beaucoup de travail, de persévérance et de rigueur, mais quelle merveilleuse récompense que celle de réaliser un bel uchi-mata, par exemple. Coté efficacité, elle est incontestable, à moins de n’avoir jamais chuté et par conséquent ne pas pouvoir imaginer les conséquences d’une « réception » sur un sol dur.
Toujours concernant l’efficacité, le principal intérêt des projections réside dans le fait qu’elles ont été conçues pour être appliquées en utilisant des principes et des mécanismes qui ne demandent que peu ou pas de force. Leur parfaite exécution répondant ainsi à une des maximes de Jigoro Kano « minimum d’effort et maximum d’efficacité ». Pour cela il faut juste être en capacité d’exécuter le bon geste au bon moment, cela s’acquiert à force de persévérance. Le premier de ces principes consiste à utiliser la force de l’adversaire. Il y en a d’autres comme celui d’addition de forces, de bascule au dessus du centre de gravité, entre autres.
L’utilisation des projections sera différente selon que l’on se situe dans le domaine de la « self-défense » ou en opposition lors de randori (exercice libre d’entraînement) et de compétition de judo. En matière d’auto-défense l’application se fera la plupart du temps directement. Exemple : l’adversaire vous pousse, vous appliquez hiza-guruma. Pour les néophytes, il s’agit d’une projection qui consiste à faire le vide devant celui qui porte l’attaque, en ajoutant en même temps à sa poussée une traction tout en lui « barrant » le bas de son corps au niveau des jambes (une sorte de « croche patte » très amélioré). Dans le randori et à fortiori en compétition de judo, les deux protagonistes maîtrisant d’une part l’art des projections et d’autre part s’attendant à tout moment à devoir faire face à une attaque de ce type, la concrétisation se fera avec les notions d’enchaînements, de confusions, de contre-prises, etc. Il n’empêche que pour maîtriser parfaitement l’art des projections un ju-jitsuka ne devra pas négliger l’ensemble des méthodes d’entraînement qui permettent d’envisager des réactions de la part de l’opposant.
Enfin, concernant l’aspect ludique (à l’entraînement évidemment) il est bien réel. Nous sommes aussi dans le loisir et il ne serait pas sain d’être continuellement dans les conditions psychologiques identiques à celles d’une agression.
Lors des séances, le challenge réside donc dans le fait de faire tomber quelqu’un qui ne le veut pas ! Pour cela on utilisera la maîtrise technique, la vitesse, les fautes du partenaire, celles qui sont directes et celles que l’on a provoquées à l’aide de feintes et de confusions. C’est une sorte de jeu dans lequel on trouve beaucoup de plaisir, de satisfaction, à la condition de ne pas être celui qui chute tout le temps ! Cela doit se concevoir sans aucune intention d’humilier le partenaire (encore moins de l’écraser) mais simplement avec celle de progresser par rapport à soi-même.
Le nage-waza est aussi le secteur qui comporte le plus de techniques et par conséquent d’enchaînements et de combinaisons possibles. Enfin, chacun pourra quelque peu les adapter en fonction de son gabarit.
C’est donc un domaine efficace, spectaculaire et enthousiasmant. Sans oublier le développement physique qu’il ne manquera pas d’apporter et l’épanouissement du à ce qui est aussi une belle expression corporelle.
Ippon-seoe-nage, ko-uchi-gari et yoko-tomoe-nage sont les projections que j’affectionne tout particulièrement. Les initiés reconnaitront ces grandes techniques.
Enfin, il aurait inévitablement manqué quelque chose à mes démonstrations si ces techniques n’existaient pas !
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