Afficher en bonne place le Code moral sur un mur du dojo mais ne pas l’appliquer ne sert à rien. A moins que ce soit pour se donner bonne conscience ou encore revendiquer des principes sans les mettre en pratique. Heureusement, ces comportements ne sont pas (encore) majoritaires.
Avec l’expérience, lorsque l’on entre dans un dojo on est capable de ressentir tout de suite « l’ambiance générale ». Il y a d’abord ce qui se constate, quelques signes très concrets qui s’imposent à l’œil et à l’oreille. En premier lieu, le rapport avec l’hygiène : la propreté des kimonos, des zorries (ou tongs) placées sur le bord du tatami qui prouvent que pour s’y rendre cela ne se fait pas pieds nus. Ensuite le respect des traditions avec l’uniformité des tenues, des élèves qui se tiennent correctement (et surtout qui ne parlent pas pendant les explications du professeur), qui ne s’avachissent pas durant les phases de repos et qui communiquent entre eux sans vociférer. Le respect du partenaire, matérialisé par le salut à chaque changement, le respect du lieu avec le même salut en descendant du tatami ou en y montant. S’il est indispensable de s’absenter quelques minutes ou de quitter le cours pour convenance personnelle, on n’oubliera pas d’en informer le professeur.
Ensuite, avec davantage d’expérience, il y a le ressenti spontané, ce qui flotte dans l’air. Une certaine « philosophie » dispensée au travers d’un enseignement constructif dans le rapport avec l’opposition, des élèves qui « transpirent aussi du plaisir » (tout en respectant une certaine discipline, ce qui est ni contradictoire, ni incompatible).
Et puis, la qualité technique des élèves (ce qui est important quand même !), celle-ci pouvant plus facilement s’apprécier lorsque l’on a soi-même atteint un certain niveau. Autre point important, la diversité des ceintures, celle-ci étant une indication positive ; une majorité de hauts-gradés ou au contraire une majorité de débutants, ne sont ni l’une ni l’autre de bons signes. Par ses qualités pédagogiques un professeur doit être capable de s’adresser et de satisfaire tous les échelons sans ne jamais oublier que même s’il est flatteur et gratifiant de s’occuper des ceintures foncées, celles-ci ont d’abord été toutes blanches et qu’il est indispensable et très plaisant d’initier un néophyte en lui donnant l’envie de continuer.
Le respect des personnes, du lieu, des traditions, du principe d’entraide (les plus gradés qui aident les moins gradés), voilà un minimum pour une pratique harmonieuse. Ensuite chaque enseignant, mettra son empreinte technique et comportementale, ce qui fait qu’à la simple évocation de son nom par une personne ayant été son étudiant, on saura presque avec certitude à qui nous avons affaire. Ce qui est rassurant lorsque l’on accueille un visiteur (ou pas !).