Reconversion

Pour cette semaine, j’avais prévu un autre sujet que celui qui va être développé ci-dessous. Ce changement est la conséquence de la lecture d’un article paru dans Le Parisien – Aujourd’hui en France, daté du mercredi 4 décembre. Il touche un des sujets de société qui m’intéressent particulièrement, en l’occurrence la reconversion  des anciens sportifs de haut niveau. Et cet article m’a fait bondir, dans le sens où une fois de plus il souligne et confirme un état de fait qui m’apparaît regrettable.
Cela se passe dans une fédération que je connais un peu ! L’article traite du cas d’une jeune femme, de 28 ans, membre d’une équipe de France, leader dans sa catégorie et qui a déjà ramené une belle quantité de médailles à notre pays, simplement elle n’a pas la notoriété d’un Zidane ou d’un Riner et ce que lui verse la fédération s’apparente davantage à une bourse pour étudiant qu’à un véritable revenu. Elle a donc décidé d’arrêter sa carrière sportive, saisissant une opportunité professionnelle dans un secteur sans rapport avec le monde sportif. Son responsable fédéral lui assurant même qu’avec son joli sourire, elle est certaine de réussir (sic). Cette forme de machisme n’est pas le sujet de l’article, mais quand même… 
Ce qui est choquant dans cette affaire, qui malheureusement n’est pas  un cas particulier, c’est que les choses ne sont pas claires de la part des fédérations. Soit elles prennent tout en charge, la préparation, la carrière et une reconversion correcte, soit elles annoncent la règle du jeu tout de suite, de façon à ce qu’à 28 ans l’athlète ne soit pas obligé de s’en remettre à sa pugnacité en dehors des gymnases ou encore à sa bonne étoile.
Il faut savoir que ce genre de mésaventure concerne un nombre non négligeable d’athlètes de haut niveau. En effet les numéros deux, trois, etc. sont très peu éloignés des « numéros un » en termes de performance. Ils ont concédé autant de sacrifices, parfois même davantage, parce que justement, ne bénéficiant – peut-être – pas tout à fait des mêmes qualités, ils ont du souvent s’entraîner encore plus. Je ne dis pas qu’il ne soit pas normal que les « stars » bénéficient de plus de reconnaissances (sur tous les plans !), mais il n’est pas acceptable qu’un abîme sépare ces deux catégories, qui d’ailleurs n’existeraient pas l’une sans l’autre.
Cette situation n’est pas un cas isolé et elle ne date pas non plus d’hier. Elle n’est pas non plus le fait d’une seule fédération. En 1995, une jeune maman de 32 ans, qui avait représenté sa discipline et notre pays lors de quatre olympiades successives  en finissant quatre fois au pied du podium, se retrouvait seule avec son gamin au RMI ! Obligé à 32 ans de reprendre des études. Sans remonter à un temps où (dans les années 1950), comme cela est arrivé à une personne devenue célèbre,  il fallait vendre sa voiture pour pouvoir participer aux championnats du monde de sa discipline, Il était une époque où les choses étaient plus claires. Les athlètes prenaient leurs responsabilités et surtout leurs risques en ne comptant que sur eux-mêmes. Bien sûr il s’agissait de l’amateurisme le plus complet (dans le sens noble du terme). C’était un choix. Certes cela ne donnait pas forcément à tous et à toutes les possibilités d’accomplir une grande carrière et surtout cela  réduisait le potentiel dans lequel les fédérations pouvaient se servir, mais au moins les choses étaient précises.
Certains, ne voulant pas sacrifier leurs études au profit d’une carrière aléatoire, passaient  peut-être à côté d’une belle réussite. D’autres dotés d’un joli palmarès auraient pu en acquérir un exceptionnel en passant plus de temps sur les tatamis ou dans les stades. Mais au moins, ils faisaient le maximum pour s’assurer un avenir professionnel par l’intermédiaire d’études ou d’une formation, mais personne ne leur avait fait miroiter quoi que ce soit en leur demandant encore plus d’effort et surtout de sacrifices. Certes il existe des formations qui permettent en parallèle de s’entraîner convenablement tout en poursuivant des études. Mais, à un certain « haut niveau », l’investissement doit être total pour rivaliser et cela, manifestement, au détriment de l’assurance d’un avenir sans risque.
Mon propos n’est pas l’expression du regret pour une ancienne époque, mais celui du souhait d’améliorer rapidement un système afin, premièrement, d’assurer des revenus décents à ceux qui transpirent intensément et quotidiennement pour tenter de faire résonner La Marseillaise sur la planète (qu’ils en tirent un profit personnel n’est d’ailleurs pas choquant), et qui en même temps œuvrent pour leur sport et accessoirement font vivre, grâce à leur succès, beaucoup de monde et deuxièmement au moins leur garantir un avenir décent si ce n’est à la hauteur des sacrifices consentis.
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

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