Self-défense

tomoe-nageNous sommes encore en début de saison et certains n’ont peut-être toujours pas choisi l’activité qui va être la leur durant les mois à venir. J’évoque ici la self-défense qui est la principale motivation, avouée ou pas, qui conduit un néophyte jusqu’à un dojo.

Parmi les personnes sensibles à cet aspect, nous pouvons distinguer deux groupes. D’abord, celui dans lequel sont rassemblés ceux pour qui l’aspect utilitaire est important mais sans être le seul. Le désir de s’épanouir également dans une discipline physique et mentale les anime. Et puis dans le second groupe se trouvent – justement – les personnes intéressées uniquement par la self-défense. Pour cette seconde catégorie, la pratique n’a que peu de chance de s’inscrire dans la durée, à moins d’être un professionnel de la sécurité. Aller plusieurs fois par semaine s’entraîner avec pour seul objectif celui d’être capable d’éliminer un agresseur le plus vite possible peut vite s’avérer lassant et reflète un état d’esprit particulier. De plus dans cette catégorie certains se sont laissés abuser par la promesse d’être efficace en quelques séances. Un néophyte peut y croire, (quoique), mais lorsqu’un (soi-disant) enseignant le propose, il y a un problème. Il est vrai qu’existe une question récurrente : « En combien de temps, pourrai-je apprendre à me défendre ? », et même, une fois, une réflexion encore plus surprenante émanant d’une personne à qui j’expliquais que les inscriptions se faisaient pour une saison : « Ah non, moi je veux prendre quelques séances, juste le temps pour apprendre à me défendre et ensuite, je reprendrai la danse ! ».

Dans ces conditions il y a un travail de persuasion pour expliquer que l’invincibilité, tout comme la perfection, n’existe pas chez le commun des mortels, l’envie de s’en approcher est déjà une belle motivation et cela s’inscrira dans la durée.

Il est du devoir des professionnels de ne pas laisser les néophytes dans une telle ignorance, tout comme à l’inverse, il est faux d’affirmer que vouloir essayer de garantir son intégrité physique (et celle de son prochain) est illusoire et que la pratique d’un art martial n’apportera rien dans le domaine de l’utilitaire. Que cela est l’affaire de professionnels.

Comme dans toutes choses, c’est le juste milieu qu’il faut rechercher, le domaine de l’efficacité n’y échappe pas.

Premièrement, effectivement il n’existe pas de méthode miracle offrant l’invincibilité. Deuxièmement, la pratique d’un art martial réveillera des réflexes intrinsèques et permettra l’acquisition de techniques et d’automatismes. Troisièmement, chacun possède un potentiel personnel (et oui, là non-plus, nous ne sommes pas tous égaux) et chaque séance permettra de l’augmenter. Enfin, il faut rappeler qu’il n’est pas question d’apprendre à attaquer (ce n’est pas le rôle du citoyen, celui-ci se mettrait d’ailleurs en porte-à-faux avec la justice), mais juste à se défendre, ce qui est déjà suffisant.

Ne nous quittons pas sans évoquer le choix de la discipline (de la méthode de self-défense) et celui d’un club, d’un professeur, plus précisément, puisqu’il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, mais de bons professeurs et…de moins bons ! Tout d’abord, autant s’orienter vers un art qui étudie tous les cas de figures en matière de combat : travail à distance, en corps à corps, debout et au sol, etc. Ensuite, Il est indispensable de s’assurer des compétences de celui qui va être l’enseignant. Dans notre pays nous ne sommes pas dépourvus en matière de réglementation, mais certains arrivent à passer au travers et parfois notre secteur d’activité n’échappe pas au charlatanisme. Donc, il ne faut pas hésiter à bien se renseigner, demander quelles sont les qualifications, formations, diplômes, etc. Et faire confiance à la réputation. De plus, le ressenti personnel, après la (ou les) séance(s) à l’essai – que le professeur ne manquera pas de proposer – sera très important. Il faudra être attentif à ce que l’ambiance soit « saine » psychologiquement, et que règne un bon état d’esprit dans le dojo ; la violence n’étant certainement pas le remède à la violence. Tout est une question d’éducation, les professeurs d’arts martiaux sont aussi des éducateurs, leur rôle et leur responsabilité sont majeurs !

Enfin, en matière d’agression, il faut savoir que les surprises existent. Il est arrivé à des personnes pourtant très affutés de ne pas avoir pu se sortir d’une mauvaise situation et d’autres, bien qu’étant au début de leur pratique, réussir à faire face (à leur grand étonnement d’ailleurs). Le facteur «  chance » entre en ligne de compte et puis, confronté au terrible stress que représente une agression chacun ne réagira pas de la même façon. Comme je pense (et espère) que personne n’envisagera de provoquer ce cas de figure dans l’unique but de se tester, il faut souhaiter deux choses : la première de ne jamais se trouver dans une telle situation et la seconde d’être doté naturellement d’un sang-froid à toute épreuve. Et puis, au risque d’être répétitif (justement), avoir mis le plus de chances de son coté grâce à une pratique régulière. Ce dernier point est bien souvent en fonction de la motivation et la motivation est l’affaire… de l’enseignant !

Bonne pratique à tous.

Site Ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

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