Waki gatame, la suite…

La semaine dernière, sur ma page Facebook, je proposais différentes photos présentant plusieurs formes de waki-gatame.

Cette semaine on va un peu plus loin. Au cœur d’un été qui ne nous laissera pas que de bons souvenirs, je vous propose la « rediffusion » d’un article consacré à cette formidable technique de contrôle. Bonne lecture.

Voilà une technique que j’affectionne tout particulièrement. Peut-être est-ce parce que je la maîtrise assez bien que je l’affectionne, ou bien est-ce parce que je l’affectionne que je la maîtrise ; quelle est la conséquence de la cause ?

Cette clef est très peu, et même pas du tout, pratiquée en compétition de judo, bien qu’elle soit autorisée (sauf erreur de ma part) si elle est appliquée avec maîtrise. Par contre, en self-défense elle a toute sa place. On peut la pratiquer debout ou au sol, mais aussi en liaison « debout sol ».

Waki-gatame appartient aux « kansetsu-waza », les techniques de « clefs articulaires », appelées aussi les clefs aux bras, ou encore dans un temps lointain les armlock. Enfant, avec mes copains de tatami nous adorions prononcer ce mot, d’autant que ces techniques nous étaient interdites.

En self défense elles permettent la maîtrise d’une personne à qui ont inflige une douleur plus ou moins importante sur l’articulation, pouvant aller jusqu’à la luxation.

La maîtrise de ces techniques demande du temps et donc  beaucoup de patience. Elles offrent deux avantages : le premier d’être efficace, le second de permettre la maîtrise d’une personne sans forcément que ses jours soient mis en danger. Cet aspect ne doit pas être négligé, sur le plan de la légitime défense et sur celui du respect de la vie, tout simplement.

Le principe de waki-gatame est de verrouiller l’articulation du coude avec l’aisselle, tout en maintenant le poignet de l’adversaire avec les  deux mains qui sont l’un des deux  « points fixes » indispensables, l’autre étant l’articulation de l’épaule du partenaire ou de l’adversaire.

On peut l’appliquer sur des attaques en coup de poing, sur des saisies de face et sur l’arrière, dans certaines circonstances au sol et bien évidemment en riposte à des attaques à main armée.

Il n‘empêche que certains sont perplexes quant à une efficacité longue à acquérir. A ces doutes, j’opposerais deux arguments : d’abord celui de l’indispensable persévérance dont doit être doté un pratiquant d’arts martiaux, ensuite parce que  je connais beaucoup de personnes (pas forcément des hauts gradés) qui ont pu échapper à de sombres issues grâce à des techniques de clefs comme waki-gatame. L’efficacité est incontestable pour maîtriser un bras armé.

Il est certain qu’une multitude de détails entrent en ligne de compte, aussi bien en matière de précision que de positionnement du corps ;  les répétitions sont faites pour acquérir les qualités indispensables à une bonne efficacité.

Appréciant  cette clef, j’ai comme projet de créer un document pour la présenter sous  toutes ses formes à partir des  différentes opportunités, sans oublier les défenses et éventuelles contre-prises qui y sont attachées.

Pour une pratique éducative et non destructive

Nous sommes à un mois de la rentrée et même si pour moi elle est encore incertaine, j’ai pensé écrire quelques lignes à propos d’un sujet qui me tient à cœur, à savoir « la pratique éducative ».

Sur la carte professionnelle des enseignants de disciplines de combat, il est bien spécifié « éducateur sportif » et non pas « destructeur sportif ». Certes, nous enseignons des techniques qui, à la base, sont faites pour mettre hors d’état de nuire et même complètement hors d’état pour certaines.

C’est toute la difficulté et tout l’intérêt que de transformer des techniques qui sont des armes de destruction en moyens d’éducation physique et mentale. Une nuance que tout le monde n’est pas capable d’offrir.

Un enseignement des « arts de combat » qui se veut éducatif doit être entouré de mille précautions. Les notions de légitime défense, d’intégrité physique, de respect de son corps et de celui de son partenaire ne doivent pas être négligées, et tout simplement de respect de la vie. A l’entraînement nous travaillons avec des partenaires et non pas avec des adversaires. Du latin PAR : avec et AD : contre.

Une pratique se doit d’être éducative sur le plan physique, mais aussi mental, tel que le prônait Jigoro Kano et même, un peu avant, les fondateurs de la boxe française dans notre pays.

Éducative physiquement, dans la mesure où elle doit permettre le développement de qualités physiques en proposant une pratique adaptée qui va apporter une bonne condition physique, ainsi que des qualités de souplesse et de tonicité musculaire. Comme déjà indiqué plus haut, ces techniques sont faites pour détruire, mais elles doivent aussi être des moyens d’évolution physique, tout en conservant leur efficacité ; être en capacité de concilier les deux n’est pas toujours compris.

Pourtant nous bénéficions de suffisamment d’expérience et de recul, malgré tout certaines pratiques sont encore trop « accidentogènes » soit par négligence, soit par une idéologie tendant à affirmer qu’il faut faire comme dans la réalité. En oubliant que la réalité, c’est la réalité et que l’entraînement c’est l’entraînement. La violence lors d’une agression est telle qu’il ne semble pas sain de la transposer dans le dojo. Et puis, le bon sens veut que si on se blesse fréquemment, on s’entraîne moins souvent et que par conséquent, on progresse moins. Et tout simplement, au lieu d’améliorer son corps, petit à petit, blessure après blessure, on le détériore.

Donc, pour éviter cela il faut que l’enseignant respecte certaines consignes et adapte son enseignement à sa « population », que ce soit en termes de niveau technique, de condition physique et d’âge. Il doit insister sur la dangerosité de certaines techniques réalisées sans contrôle et qu’avec une pratique adaptée, on peut tout à la fois devenir efficace sans se blesser.

Certes nous ne pratiquons pas du « tricot », et les risques encourus sont plus importants dans nos activités, mais l’expérience, les compétences et la vigilance du professeur sont les principales garanties qui limitent les risques de blessures. Que ce soit dans les pratiques utilitaires, sportives et encore davantage quand il s’agit de loisirs. La grande majorité des futurs élèves et des élèves recherche une pratique accessible physiquement et dans laquelle les risques de blessure sont limités. Les pratiques extrêmes ont un fan-club qui n’est pas majoritaire.

N’oublions pas que Jigoro Kano avait défini deux critères dans sa sélection de techniques : efficacité et sécurité. Pour cela il en avait éradiquées certaines et mis au point toute une série de méthodes d’entraînement, du kata au randori, qui permettaient de progresser en proposant une pratique d’opposition codifiée et donc intelligente, éducative et non destructive.

« On ne franchit pas les portes d’un dojo pour se faire mal, mais pour apprendre à ne pas se faire mal. »

Enfin, et c’est presque l’essentiel, il ne faut pas oublier l’état d’esprit, c’est-à-dire l’aspect mental. Dans ce domaine aussi, le rôle du professeur est primordial, il se doit de combattre la violence et non pas de l’exacerber. Dans le domaine de la self défense les techniques seront enseignées en insistant sur le fait qu’elles ne devront être utilisées qu’en cas d’extrême nécessité. Elles sont une « assurance », pas un permis de détruire.

L’objectif d’un art de combat est de s’élever mentalement, techniquement et physiquement : « le Shin-Gi-Tai » de Jigoro Kano.

Ju-jitsu et vacances

C’est en août 1986 qu’a eu lieu le premier stage ju-jitsu à Soulac-sur-Mer. Je m’y étais rendu à l’automne précédent, « en reconnaissance ». C’est à cette occasion que j’avais rencontré Fréderic Fétis. Il s’occupait du Centre Capdeville, là où une majorité de stagiaires logeaient durant plusieurs saisons. Chaque été, durant vingt-cinq années, nous nous retrouvions, ce qui n’a pas manqué de tisser des liens. En plus, j’étais souvent reçu à la table de la famille Fétis. Ce sera un grand plaisir de nous retrouver dans un mois.

Donc, dans quelques semaines, je vais retrouver les forêts de pins, les maisons « soulacaises», les dunes, les kilomètres de plage et bien évidemment l’océan.  Nous sommes dans une station balnéaire à taille humaine. J’avoue que c’est le côté un peu sauvage qui m’avait séduit. Que ceux qui douteraient du dynamisme de la « Perle du Médoc » se rassurent, ils ne s’ ennuieront pas. Je pense qu’à Soulac, chacun trouve ce qu’il cherche et du 14 au 19 août, on trouvera aussi du ju-jistu.

Les séances se dérouleront chaque matin de 9 h 00 à 12 h 00, au dojo municipal. Il est encore possible de se décider, il reste de la place, il faut juste s’assurer de pouvoir être hébergé.

Concernant le stage, nous serons moins nombreux que lors des premières sessions, il y a quelques raisons à cela, nous y reviendrons ultérieurement. Quant au programme, toutes le facettes du ju-jitsu que je pratique et enseigne seront travaillées.

Les cours se déroulant le matin, l’après-midi est libre, l’appellation ju-jitsu-vacances prend alors tout son sens.

Pour ceux qui seraient de passage dans la région à ce moment-là, il sera possible de s’inscrire pour une ou  deux séances, à la carte.

En espérant avoir convaincu ceux qui ne savaient pas où aller et quoi faire entre le 14 et le 19 août.

Bonnes vacances à ceux qui ont la chance de pouvoir partir et dans tous les cas, bel été à toutes et à tous.

Nouvelle lettre ouverte…

(Je ne renonce jamais, il n’est pas question de disparaître sans combattre !)

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

Objet : artisans exécutés

Monsieur Le Président de la République,

Manifestement les artisans exécutés et massacrés  professionnellement par la crise sanitaire, n’intéressent pas les sphères dirigeantes, si j’en crois l’absence de réponses à mes différents courriers adressés d’abord au Ministre de l’Economie, puis à mon Député ainsi qu’à Monsieur le Maire de ma commune.

Cependant, je ne renonce jamais !

Aussi, je me permets de m’adresser à vous, Monsieur le Président de la République, avec une question est très simple : que comptez vous faire pour ces petits artisans qui ont été massacrés, qui ont perdu leur outil de travail, ce qui représente une perte d’exploitation non indemnisée, et par conséquent leur travail (sans droits au chômage), de fait leur revenu et pour certains, ce qui est mon cas,  la totalité d’un investissement colossal réalisé quelques mois auparavant ?

En effet, tout le monde n’a pas bénéficié pleinement du « quoiqu’il en coûte ». J’en suis là preuve (encore) vivante !

Bien qu’étant animé d’un esprit tourné vers la reconquête, il y a des circonstances qui ne facilitent pas la reconstruction !

Je suis à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Vous remerciant par avance pour la réponse que vous voudrez bien apporter à ma question, je vous adresse, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.

Éric Pariset

Lettre ouverte à mon député

Lettre ouverte à Monsieur Bastien Marchive, Député de la 1ère Circonscription des Deux-Sèvres.

Monsieur le Député, Cher Monsieur,

Nous avons eu quelques échanges de courriels  avant votre élection pour laquelle je vous adresse mes félicitations.

Dans ces échanges je vous exposais la situation dans laquelle je me trouve. En effet je fais partie des petits entrepreneurs qui n’ont pas pu bénéficier des aides de l’État, mon entreprise étant trop jeune pour cela.

J’ai perdu mon outil de travail, mon travail et donc mes revenus, et la totalité de l’investissement réalisé juste quelques mois avant.

Je tente de retrouver du travail dans mon activité de professeur de ju-jitsu et d’arts martiaux, mais les portes ne s’ouvrent pas facilement.

Quant à me relancer dans une nouvelle création d’entreprise, il faudrait d’abord en avoir les moyens et ensuite prendre le risque d’une nouvelle fermeture entraînant une perte d’exploitation non indemnisée, comme ce fût le cas il y a deux ans.

C’est tout naturellement que je me tourne vers mon député pour lui demander des conseils et dans le meilleur des cas, une aide.

Je suis à votre disposition pour vous exposer à nouveau ma situation plus en détail.

Vous remerciant par avance pour l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier et dans l’espoir d’une réponse, je vous adresse, Monsieur le Député, Cher Monsieur, mes salutations très distinguées.

Eric Pariset

Professeur de ju-jitsu

eric@pariset.net

Fin juin : bilan et combat…

Dans notre activité, le mois de juin est propice à établir le bilan de la saison qui s’achève et pour envisager la prochaine. A titre personnel, celle-ci a commencé en pouvant remettre le « blanc de travail », alors que durant la saison précédente (2020/2021) cela n’avait pas été le cas ; du jamais vu dans ma carrière.

Les quelques stages que j’ai pu encadrer ces neuf derniers mois ont été une bouffée d’oxygène pour le moral, mais on ne peut pas encore parler de redressement professionnelle, loin s’en faut ; il y a des catastrophes qui ne se réparent pas d’un coup de baguette magique, même avec une volonté sans faille.

Revenons sur les trois derniers mois de juin :

En juin 2019, c’est avec une joie non dissimulée que j’ouvre un nouveau dojo à Paris, après plusieurs années difficiles dues à quelques coups du sort.

Un an après, en juin 2020, ce n’est pas un coup du sort, mais une injustice, qui m’oblige à rendre les clés du tout jeune dojo.

En juin 2021, c’était très spécial, en effet, comme indiqué plus haut, c’était la première fois dans ma vie de pratiquant, que je ne mettais pas le kimono durant la totalité d’une saison.

Et en ce 30 juin 2022, qu’en est-il ?

Beaucoup d’entreprises ont bénéficié d’aides, elles ont pu éviter la fermeture (pour le moment), et c’est tant mieux. Cependant, et c’est loin d’être une consolation, je ne suis pas le seul à ne pas avoir pu profiter de ces aides et à être plongé dans une situation difficile( le mot est faible ) en étant privé de travail et donc de revenus – ou si peu – depuis deux ans (et ce n’est pas fini) ; il faut mesurer ce que cela signifie. Comme nous représentons une quantité négligeable, sans moyen de pression, nous sommes ignorés.

J’ajoute qu’à la perte de l’outil de travail, donc de travail sans droits au chômage, il faut ajouter la perte sans aucune indemnisation de l’intégralité de l’investissement réalisé juste quelques mois auparavant. C’est juste monstrueux, là aussi, les mots sont pesés…

Donc, ce mois de juin sonne la fin d’une saison durant laquelle il a fallu tenter de réparer d’immenses dégâts.

A la volonté de reconstruire pour ne pas sombrer et à l’énergie que cela représente, s’ajoutent au fil des mois, les doutes, l’incertitude et les angoisses qu’engendrent inévitablement une telle situation. Il s’agit depuis deux ans d’une vie dans laquelle toute sérénité s’est enfuie et les plaisirs évanouis. La vie n’est plus la même et beaucoup de projets personnels ne seront plus réalisables.

Malgré tout, le combat continu et il ne consiste pas uniquement à se plaindre en dénonçant une injustice qui demande réparation, loin de là, mais aussi à retrousser les manches du judogi pour essayer de rebondir. Cependant, ce n’est pas facile, curieusement beaucoup de portes se ferment – ou ne s’ouvrent pas -, allez savoir pourquoi ? Quant à l’hypothèse de me relancer dans l’aventure d’un dojo privé, avec ce que je viens de vivre, c’est à dire une fermeture imposée et non indemnisée, il faudrait être irresponsable (et en avoir les moyens). Et puis, on ne peut pas affirmer que les feux soient « au vert » ; entre le virus qui revient, la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil, etc.

Le plus enrageant, c’est que cela aurait pu être évité ou réparé. Évité avec une gestion différente, réparé avec davantage de solidarité. L’entraide mutuelle, chère à Jigoro Kano, n’est pas souvent appliquée.

Ceux et celles qui n’ont pas failli se reconnaîtront, ils ont fait dans la mesure de leurs moyens, je les remercie du fond du cœur. Je sais aussi que beaucoup auraient voulu apporter leur pierre, mais ils n’en n’avaient pas la possibilité. Il y a une troisième catégorie qui n’a pas bougé, alors qu’elle aurait pu ! Sans oublier une « sous catégorie » (le double sens est bien choisi), qui ne s’est pas gênée pour mettre des bâtons dans les roues ; ce n’est pas à mon âge que de tels comportements m’étonneront.

En cette fin juin, dans une vie qui n’est plus la même, je reste positif et combatif. Concernant, le fameux « rebond » que très gentiment beaucoup me prédisent, il faut admettre qu’il est plus difficile à réaliser avec une balle un peu usée. Mais pas question d’abandonner !

Entre les deux saisons il y aura le stage de Soulac qui sera une belle parenthèse et un grand moment de partage, dans ce lieu qui nous a accueillis merveilleusement pendant vingt-cinq années, entre 1986 et 2010. En espérant que la 7ème vague de ce virus, avec laquelle on recommence à nous inquiéter, ne viendra pas à nouveau tout massacrer et hypothéquer la rentrée.

Normalement, très prochainement, je devrais avoir quelques bonnes nouvelles à annoncer. Peut-être un peu de lumière au bout du tunnel.

En attendant, je souhaite à toutes et à tous un bel été et une reprise gagnante en septembre.

J’ajouterai pour conclure que je ne suis ni aigri, ni envieux par rapport à ceux qui n’ont pas souffert professionnellement durant cette crise. Par contre, c’est mon mépris le plus profond que je réserve aux quelques « donneurs de leçons » qui, quoiqu’il arrive, seront toujours à l’abri !

Kantsetsu waza, travail sur les articulations

Kantsetsu waza, travail sur les articulations

En d’autres termes : les clefs.

Dans les « katame-waza », techniques de contrôle, on trouve les clés, les étranglements et les immobilisations.

Dernièrement, j’ai proposé les étranglements, aujourd’hui ce sont des clefs dont il est question.

Voilà un domaine passionnant qui demande beaucoup de patience pour être parfaitement maîtrisé. Mais, n’est-ce pas une vertu essentielle que doit posséder un pratiquant d’arts martiaux ?

Elles sont pratiquées sur toutes les articulations, aussi bien sur les membres supérieurs que sur les membres inférieurs  : poignet, coude, épaule, hanche, genou, cheville, mais aussi sur la colonne vertébrale !

On les retrouve debout et au sol. Elles sont utilisées dans la plupart des disciplines de corps à corps et bien évidement en ju-jitsu.

Le principe – expliqué de façon très simple – est de forcer l’articulation dans le sens « qui n’est pas fait pour cela ».

On distingue les clefs en torsion et les clefs en hyper extension.

Dans les disciplines où existent des compétitions, certaines sont interdites, à juste titre, parce que trop dangereuses et pouvant laisser de terribles séquelles qui iraient à l’encontre de l’objectif du sport qui est d’améliorer l’être humain.

Dans les méthodes de self défense, on se doit d’étudier les clefs sur l’ensemble des articulations.

Leur apprentissage est parfois long, et certains mettent en cause leur efficacité pour cette raison. Il est vrai que pour appliquer quelques uns de ces contrôles, il faut qu’ils soient étudiés et répétés énormément, sans doute davantage que d’autres techniques.

Cependant, il serait dommage de faire l’impasse, elles sont terriblement efficaces et elles  ont l’avantage de pouvoir éventuellement « graduer » la riposte, ce qui n’est pas un moindre intérêt. Sur le plan de la légitime défense et tout simplement sur celui du respect de la vie et de la lutte contre l’escalade de la violence. A noter que certaines d’entre elles, notamment sur la colonne vertébrale, peuvent être fatales.

Tout comme pour les étranglements, il est évident que le signal qui signifie l’abandon doit être scrupuleusement respecté.

Beaucoup de ces techniques sont appliquées debout et au sol, mais certaines, comme le bien connu juji gatame, n’aboutissent qu’au sol. Même si celle-ci possède une opportunité très spectaculaire qui commence debout.

Concluons avec un sourire en affirmant que le kantsetsu-waza, c’est la solution « clé en main ».

Vaincre sans combattre, deuxième…

Laisser mûrir le coq !

Une partie du pays à la chance d’être encore en vacances et dans ces périodes, j’ai l’habitude de remplacer l’article technique hebdomadaire par un délicieux petit conte. Une de ces histoires qui sont des « leçons de vie ». Aussi, aujourd’hui je continue avec le concept du « vaincre sans combattre ». Je n’ignore pas que cette savoureuse histoire a déjà  eu sa place sur le blog et la page Facebook, mais on ne s’en lasse pas.

Laisser mûrir le coq. « Le roi de Tcheou avait confié à Chi Hsing Tseu le dressage d’un coq de combat prometteur, qui paraissait doué et combatif. Le roi était donc en droit de s’attendre à un dressage rapide… et il ne comprenait vraiment pas que dix jours après le début de l’entraînement il n’ait toujours pas eu de nouvelles des progrès du volatile. Il décida d’aller en personne trouver Chi pour lui demander si le coq était prêt. -« Oh non, sire, il est loin d’être suffisamment mûr. Il est encore fier et coléreux », répondit Chi. De nouveau dix jours passèrent. Le roi, impatient, se renseigna auprès de Chi qui lui déclara : – « Le coq a fait des progrès, majesté, mais il n’est pas encore prêt car il réagit dès qu’il sent la présence d’un autre coq. » Dix jours plus tard, le roi, irrité d’avoir déjà tant attendu, vint chercher le coq pour le faire combattre. Chi s’interposa et expliqua : – « Pas maintenant, c’est beaucoup trop tôt ! Votre coq n’a pas complètement perdu tout désir de combat et sa fougue est toujours prête à se manifester. » Le roi ne comprenait pas très bien ce que radotait ce vieux Chi. La vitalité et la fougue de l’animal n’étaient-elles pas la garantie de son efficacité ?! Enfin, comme Chi Hsing Tseu était le dresseur le plus réputé du royaume, il lui fit confiance malgré tout et attendit. Dix jours s’écoulèrent. La patience du souverain était à bout. Cette fois, le roi était décidé à mettre fin au dressage. Il fit venir Chi et le lui annonça sur un ton qui trahissait sa mauvaise humeur. Chi prit la parole en souriant pour dire : – « De toute façon, le coq est presque mûr. En effet, quand il entend chanter d’autres coqs il ne réagit même plus, il demeure indifférent aux provocations, immobile comme s’il était de bois. Ses qualités sont maintenant solidement ancrées en lui et sa force intérieure s’est considérablement développée. »Effectivement, quand le roi voulut le faire combattre, les autres coqs n’étaient visiblement pas de taille à lutter avec lui. D’ailleurs ils ne s’y risquaient même pas car ils s’enfuyaient dès qu’ils l’apercevaient. »

 

Petite histoire

Cette semaine, à la place de l’article technique, une petite histoire savoureuse extraite du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ».

L’art de vaincre sans combattre. L’intelligence au service de la victoire. Un concept qui n’a pas d’âge, et pourtant…

« Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maitrise du sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire : «Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot » ? Budoken répondit calmement :

-« Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu. »

Le samouraï se gratta le crâne et demanda :

– « Mais alors, quelle est ton école ? »

– « C’est l’école du combat sans armes. »

– « Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ?

– « Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi. »

Exaspéré, le samouraï continua :

-« Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ? »

– « Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne ! »

Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bukuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat.

Budoken enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.

Budoken se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria – « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! »

Les sutemi…

Ils sont l’illustration parfaite du principe de non opposition et de celui de l’utilisation de la force de l’adversaire. Dans notre langue, nous les appelons les « techniques de sacrifices », en effet, pour les appliquer il faut s’effacer devant l’adversaire en se mettant volontairement au sol, sur le dos ou le flanc. Les sutemis sont de fait praticables par tous les gabarits et notamment les plus faibles sur les plus forts.  Par conséquent, une fois bien maîtrisés, leur efficacité est redoutable. Tomoe-nage la fameuse « planchette japonaise » est le plus célèbre d’entre eux.

Dans leur exécution, non seulement on ne s’oppose pas à la force de l’adversaire, mais on y ajoute la nôtre. Même dénué de toute puissance, il suffit de « conduire » celle de l’opposant. A partir de là, « tout le monde peut faire tomber tout le monde ». Nous sommes au cœur de l’efficacité du ju-jitsu tel qu’il doit être enseigné et pratiqué.

Certes sans action offensive de l’adversaire, il est impossible d’appliquer ces principes d’addition de force, mais le ju-jitsu (bien présenté) a toujours revendiqué le titre de méthode de défense et non pas d’attaque.

En judo, avec l’avènement de la compétition et des catégories de poids, certaines projections ont dû être adaptées, c’est le cas des sutemis ; dans la mesure où, à technique (presque) équivalente et à poids égal, les principes de base n’ont plus les même effets, y compris celui de la surprise pour la personne qui en agresse une autre et qui n’envisage pas forcément que celle-ci puisse se défendre en utilisant de telles techniques. Le meilleur exemple d’adaptation, pour lequel on peut presque utiliser le terme de nouvelle technique, s’appelle tomoe-nage avec l’apparition du yoko-tomoe-nage. Cette dernière forme ne trouvant sa raison d’être que dans le randori et le combat de judo. Il n’existe pas vraiment d’applications en self défense. Une analyse approfondie de cette belle technique pourra faire un beau sujet par la suite.

Il y a donc des différences techniques mais aussi d’utilisation selon que l’on se trouve dans le cadre de la (self) défense ou bien dans celui du judo.  Ne serait-ce que dans la rue, sur un sol dur, nous nous placerons sur le dos qu’en dernière analyse, lorsque la poussée est tellement forte que nous sommes déjà en déséquilibre et que l’application de techniques, comme hiza-guruma, par exemple, qui nous laisserait debout, n’est plus possible. A l’inverse, en judo les sutemis peuvent être pratiqués directement, comme toute autre technique.

Il existe aussi les « makikomi », ils sont un peu les « cousins éloignés » des sutemis. Littéralement, il s’agit de techniques d’enroulement. Le corps de Tori venant au contact de celui d’Uke pour l’entraîner avec lui jusqu’au sol. La différence essentielle réside dans le fait que pour les sutemis, il y a séparation des corps durant l’action et que pour les makikomi, c’est l’inverse, l’efficacité se réalisant dans le plus étroit contact entre les deux protagonistes (au profit de Tori, évidemment, qui emmène le corps d’Uke avec le sien dans une synergie rotative). Le point commun étant que dans les deux cas l’idée est d’entraîner l’adversaire au sol en y allant soi-même.

La maîtrise de ces « techniques de sacrifices » requiert de la patience, comme toutes les autres, mais leur parfaite exécution, qui donne l’impression d’agir sans aucun effort et même de façon un peu magique, procure une joie supérieure à celle ressentie dans la réalisation des autres projections. C’est en tout cas un sentiment que je ne pense pas être le seul à partager.