W comme Waza (suite de mon dictionnaire des arts martiaux)

Waza, voilà un mot couramment utilisé par les pratiquants et enseignants de ju-jitsu. On le traduit communément par «travail », mais utiliser « technique » est plus proche de la vérité et correspond mieux à ce qu’il représente réellement. Il est aussi moins rébarbatif que le mot travail qui, il y a quelques siècles, évoquait un instrument de torture.

Ceci étant, « technique » se traduit également par « jitsu » (ju-jitsu : technique de la souplesse). Le japonais, comme beaucoup de langues, possède plusieurs traductions pour un même mot ; avec sans doute quelques nuances.

Les trois grandes familles « de waza » sont l’atemi-waza : les techniques de coups, le nage-waza : les techniques de projections et le katame-waza : les techniques de contrôles. Ces trois familles se trouvent aussi bien dans le tai-chi-waza (techniques debout) que dans le ne-waza (techniques au sol).

La recherche de la finesse technique sera la quête de chaque pratiquant ; le geste parfait, réalisé avec précision et rapidité, mais aussi, n’en déplaise à certains, avec style et élégance. Personnellement je n’assimile pas le mot technique à ce qui est réalisé avec une unique brutalité.

Chacun des trois grands groupes offre des subdivisions. Dans l’atemi-waza il y a ce qui est pratiqué avec les membres supérieurs (te-waza) et ceux avec les jambes (geri-waza). Pour les projections, les sous-groupes sont nombreux, du koshi-waza qui qualifie les projections réalisées à l’aide des hanches, jusqu’aux techniques de sacrifice (sutemi-waza), en passant par les techniques de jambes (ashi-waza). Quant aux techniques de contrôles, elles réunissent les immobilisations avec l’osae-waza, les étranglements et les clefs avec respectivement le shime-waza et le kantsetsu-waza.

Chaque pratiquant a ses préférences. Il y a deux catégories de techniques que l’on affectionne plus particulièrement, il y a celles que nous faisons bien, nos « spéciaux » et celles qui nous font rêver, peut-être justement parce qu’elles représentent un challenge.

A titre personnel, j’apprécie les techniques qui regroupent trois critères : l’efficacité, l’esthétisme et la sécurité dans la pratique en opposition. J’ai un faible pour le nage-waza (les projections) ; quoi de plus beau qu’un uchi-mata parfaitement exécuté, par exemple ?

Certes, dans le combat de rue, lorsque sa vie ou celle d’un tiers en dépend, il n’est pas question de « faire dans la finesse technique », il est question de sauver sa vie ou sa dignité, ou bien celles d’une personne en danger. Mais, d’une part nous ne sommes pas agressés tous les jours et d’autre part la recherche de la perfection dans tous les domaines, y compris celui de l’esthétisme, demande des efforts, lesquels efforts seront forcément générateurs d’efficacité dans l’art et la manière de s’extirper d’une mauvaise situation. « Le beau est plus utile que l’utile » Victor Hugo.

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V comme « la Vie en rose »

D’autres V

Dans un article proposé le 10 avril dernier j’avais choisi le mot Violence, plus exactement « non-Violence » (vaste programme), pour illustrer la lettre V de mon dictionnaire des arts martiaux. D’autres noms ou mots commençant par la même lettre ont marqué ma vie de pratiquant.

V comme Victoire. Pas forcément celle conquise sur les tatamis, ou dans les stades, mais celle que l’on obtient sur soi-même ; pas celle qui consiste – parfois – à écraser ou humilier un adversaire, mais celle qui permet de s’élever. « Ce qui est important ce n’est pas tant d’être meilleur que les autres, mais d’être meilleur soi-même ». Paroles, on ne peut plus sages, de Jigoro Kano.

V comme Volonté. En phase directe avec le paragraphe précédent. Pas de victoire sans volonté. Cela peut être la Volonté d’être simplement…heureux !

V comme Vérité. Sans elle, pas de confiance, pas de relations durables.

V comme Valeur. Des valeurs morales avant tout ; celles que l’on retrouve dans le Code moral affiché dans les dojos (pas toujours respecté, par ailleurs).

V comme Vitesse et Vélocité. Des qualités physiques importantes dans tous les sports et encore davantage dans les disciplines de combat. Que ce soit pour porter une attaque ou pour parer celles de l’adversaire. Mais aussi, parfois, pour prendre des décisions !

V comme Valéra. Dominique Valéra, un monument des arts martiaux français (et mondiaux). Karatéka exceptionnel au palmarès qui ne l’est pas moins. Dans les années 1970, c’est lui qui a introduit dans notre pays « le Full-Contact » ancêtre du Kick-Boxing. Valéra, c’est une technique, un physique, un caractère et «une gueule ».

Pour conclure je peux citer des V exécrables, comme Vanité, Vantardise et Vulgarité. J’ai quelques fois rencontré des personnages qui n’étaient pas dépourvus d’un, ou de plusieurs, de ces défauts. Je n’oublie pas le V de Vilenie. La Vilenie humaine, chacun d’entre nous, un jour ou l’autre et plus ou moins, n’a pas manqué d’en être victime. Souvent elle incite à un autre V, celui de Vengeance ; même si l’on ressent un puissant besoin d’en user, elle n’est bien souvent qu’une perte de temps et d’énergie.

Pour terminer sur V positif, j’affirme que j’ai aussi croisé la route de Valeureux personnages.

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Où est l’infirme ?

Dans la collection « Spiritualités vivantes» publiée chez Albin Michel, j’ai fais l’acquisition d’un petit recueil dans lequel sont proposés 120 contes zen. Ce sont de très courtes histoires teintées d’humour et de poésie, au travers desquelles nous sont offertes de véritables leçons de vie. En voici un extrait avec un conte qui se nomme : « Ou est l’infirme ? ».

Deux hommes marchaient dans la nuit sur un chemin qui traversait une forêt obscure dans une montagne reculée. L’un des deux était aveugle, et son compagnon le guidait. Dans les fourrés sombres, soudain un démon se dressa sur le chemin. L’aveugle n’éprouva pas la moindre crainte, alors que son compagnon fut terrorisé ! L’infirme conduisit alors son ami…

Cette courte histoire nous offre quelque enseignement.

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Jeanne Lieberman

https://www.facebook.com/194210463958714/posts/2267815486598191?sfns=mo

 

La vidéo, ci-jointe, qui présente Jeanne Lieberman en 1976, alors âgée de quatre vingt cinq ans, en compagnie de son groupe de fidèles élèves, toutes d’âge très respectable, a suscité un grand intérêt sur les réseaux sociaux ; cela m’a donné l’envie d’ajouter quelques informations et commentaires personnels, dans la mesure où cette femme singulière a été l’élève de mon père au dojo de la rue des Martyrs. Il lui avait remis une ceinture noire qui n’était pas qu’honorifique dans la mesure où l’on applique les vraies valeurs du grade, à savoir : « shin-ghi-tai » (l’esprit, la technique, le corps) ; l’esprit primant sur la technique et le physique. Ce qui, soit dit en passant, n’est plus vraiment pris en compte, alors qu’il s’agit d’une précieuse spécificité des arts martiaux ; nous aurions presque tendance à inverser l’ordre de ces qualificatifs, avec un développement souvent hyper-sportif.

Avant d’évoquer Jeanne Lieberman dans les quelques lignes qui suivent et à l’aide de quelques souvenirs personnels, on peut faire un commentaire sur cette vidéo en notant qu’à l’époque on ne s’embarrassait pas avec la recherche d’une salle vraiment adaptée à nos pratiques, puisque c’était tout simplement dans son appartement que se déroulaient les leçons, nous étions à une autre époque ; une époque où les réglementations (aujourd’hui de plus en plus strictes) n’avaient pas tendance à corseter les initiatives.

Jeanne Liebermann a donc fréquenté le célèbre dojo parisien de la Rue des Martyrs (qui n’y a pas mis au moins une fois les pieds ?), c’était dans les années 1950. Mon père dirigeait le club tout en se forgeant un palmarès exceptionnel sur les tatamis du monde entier. En plus de suivre ses cours Jeanne Liebermann ne manquait pas de lui prodiguer de nombreux conseils d’hygiène de vie, de diététique, de préparation mentale, etc. Elle lui prodiguait aussi de simples conseils de bon sens favorisant une bonne gestion de l’énergie, comme : « simplifiez-vous la vie !», ces quelques mots sont empreints d’une évidence trop souvent négligée.

Elle se réclamait aussi d’un certain pouvoir de prédiction. On m’a rapporté qu’en se penchant sur mon berceau elle avait conseillé à mes parents de me prénommer Jean, que cela me porterait bonheur. Ils n’ont pas suivi le conseil…Le choix définitif ayant déjà été fait, malgré tout c’est en second prénom que « Jean » m’a été attribué, ce qui n’a pas manqué d’émouvoir une tante répondant au petit nom de Jeanne et qui a cru que c’était en pensant à elle qu’avait été fait ce choix ; nous ne l’avons jamais contrariée.

Malgré tout, ses prévisions n’atteignaient pas 100 % de fiabilité, puisqu’elle avait prédit que je serais tellement intelligent que je mourrais d’une méningite ; tout le monde peut se tromper !

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V comme non-Violence

Pour la lettre V de mon dictionnaire, j’ai choisi le mot « violence » (plus exactement « non-violence »). Comme beaucoup je milite pour l’éradication de ce fléau, sans ignorer qu’il a toujours existé, les racines sont profondes et les raisons multiples. Cependant il n’est pas interdit d’espérer.

Il ne s’agit pas d’un exposé sur les origines et les causes des différentes formes de violences, je me limiterai à mon domaine de compétence professionnelle et à l’impact positif que mon métier se doit d’apporter à la société.

Chaque professeur, quelle que soit sa place et quelle que soit la discipline qu’il enseigne, a un rôle à jouer. Dans cette lutte l’éducation est fondamentale, elle permet de prendre le mal à la racine. Certes, cela s’inscrit sur du long terme, mais cet enjeu le mérite.

Les professeurs d’arts martiaux ont une responsabilité encore plus importante dans la mesure où ils enseignent des techniques de combat ; celles-ci pouvant engendrer une issue fatale si elles sont appliquées sans contrôle ; elles devront donc être considérées et enseignées avant tout comme des armes de dissuasion et être utilisées exclusivement à bon escient.

C’est toute la difficulté de l’enseignement de nos disciplines ; il doit se faire dans un but éducatif et non destructif (bien que, comme indiqué plus haut, ce soit la vocation de la plupart des techniques). On ne répond pas à la violence par la violence. Je sais que cette phrase a été dite et écrite à de nombreuses reprises et que certains considèrent de tels propos comme empreints d’un angélisme inadapté ou d’un laxisme répréhensible, ou pour le moins d’utopie. Ceux-là ne peuvent   être considérés comme des éducateurs responsables.

Etre contre la violence n’est pas forcément faire preuve d’inconscience ; lorsque l’on est agressé violemment, il faut être capable de riposter efficacement, avec un niveau technique et mental permettant d’agir rapidement, mais avec nuance dans la mesure du possible, sans ignorer les notions de légitime défense et de respect de la vie.

Faire le constat que certains arts martiaux peuvent être utilisés à de mauvaises fins, ou enseignés de façon brutale, violente, est navrant ; heureusement, c’est le fait d’une minorité de personnes qui ne peuvent être considérées ni comme des éducateurs, ni comme des budokas. La majorités des enseignants sont heureusement conscients de l’enjeu.

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La plus belle victoire…

La semaine dernière, dans un article consacré à la self-défense, j’évoquais le fait que l’une des plus belles victoires pouvait être que celle que l’on obtenait sans combattre ; c’est à l’aide d’une histoire (déjà proposée sur mon blog) issue du célèbre livre «contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » que j’ai le plaisir d’illustrer ce qui pourrait être considéré comme une maxime.

L’école du combat sans arme : « Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maitrise du sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire : «Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot » ? Budoken répondit calmement :

-« Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu. »

L e samouraï se gratta le crâne et demanda : –

– « Mais alors, quelle est ton école ? »

– « C’est l’école du combat sans armes. »

– « Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ?

– « Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi. »

Exaspéré, le samouraï continua :

-« Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ? »

– « Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne ! »

Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bukuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat.

Budoken enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.

Budoken se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria – « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! »

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Self-défense (contre armes)

Self-défense et notamment défense contre armes.

Cet article proposé (sur mon blog et Facebook) est un peu plus long qu’à l’habitude ; le sujet le mérite.

C’est un secteur délicat en matière de self-défense que celui des défenses contre armes. Toute agression peut engendrer de désastreuses conséquences, à fortiori lorsque c’est à main armée. Les conseils en la matière pullulent sur les réseaux ; je ne me permettrai pas de porter de jugement à leur égard, d’autres n’hésitent pas ; je me contenterai de prodiguer quelques recommandations  issues de mon expérience, non pas en tant que familier des combats de rue (très loin de là), mais tout simplement comme professeur qui enseigne depuis plusieurs décennies et qui a aussi collecté un nombre important de témoignages rapportés par des personnes (élèves ou professeurs, hauts-gradés ou pas, jeunes ou plus âgés, hommes ou femmes) qui ont pu se sortir indemnes d’agressions . Les quelques lignes qui suivent sont donc le fruit d’expérience, de témoignages et… du simple bon sens.

Commençons par le bon sens avec des conseils basiques et évidents qui s’appliquent – si on le peut – à toutes formes d’agressions et en l’occurrence celles avec arme. D’abord en évitant les endroits à risque, ensuite en favorisant la fuite (nul ne connais l’issue d’un affrontement) ; si celle-ci n’est pas possible, entamer un dialogue, une négociation. Si malheureusement l’affrontement est inévitable, il faut d’abord savoir que tout le monde n’a pas la même lucidité dans ces moments. Nous ne sommes pas tous égaux psychologiquement lors d’une agression. Pour savoir comment on réagi face à une telle situation, il faut avoir une expérience en la matière ; si tel n’est pas le cas, il est totalement déconseillé de se tester de son propre chef dans de telles conditions, c’est juste inimaginable (et répréhensible). Lorsque l’on est professeur, l’obligation de mettre en garde ses élèves sur les dangers et les conséquences multiples d’une agression, est obligatoire. On doit aussi se souvenir que la meilleure victoire est celle que l’on obtient sans combattre ; il ne s’agit pas de lâcheté, mais d’intelligence.

Quand l’affrontement semble inévitable, il est évident, que plusieurs facteurs entreront en ligne de compte, dont un qui n’est pas mince, je veux parler de la chance. Ensuite, la maitrise technique et les automatismes feront la différence ; cette maitrise sera acquise par l’apprentissage et le perfectionnement technique, pour ce qui concerne les automatismes, des centaines et des centaines de répétitions seront indispensables. Une bonne condition physique et une tonicité correcte ne gâcheront rien. Enfin, il ne faut jamais arrêter l’entrainement d’autant plus qu’à un certain moment on doit avoir découvert dans la pratique d’autres intérêts que l’unique coté utilitaire (c’est plus sain), même s’il est la raison première de l’élaboration de méthodes de combat.

Tous ces conseils et ceux qui suivent, sont encore plus vrais quand il s’agit d’attaques avec une arme ; surtout lorsqu’il est question d’objets tranchants ; le couteau excluant bon nombre de projections, celles-ci imposant un contact incompatible avec l’acier tranchant ou piquant. Parer ou bloquer l’attaque représente l’évidente première phase. La deuxième étant le coup (l’atemi) – ou plusieurs – pour fixer, stopper et déséquilibrer l’adversaire. Enfin, pour finaliser face à une arme blanche, la maitrise des clefs est indispensable, à moins d’être persuadé que l’utilisation des coups sera d’une radicalité permettant de se passer de l’étude des contrôles en clef de soumission ; cet état d’esprit s’apparente peut-être à une forme de présomption !

Je finirai cet article avec quelques exemples qui sont autant de témoignages recueillis auprès de personnes que j’ai fréquentées et qui ont été victimes d’agressions (notamment avec armes). Grâce à leur technique elles ont pu se sortir d’affaire. Il y a d’abord ce haut gradé dans la police et dans le ju-jitsu qui a pu, grâce à un waki-gatame, maitriser quelqu’un qui lui brandissait un revolver sur le front ; puis, cette ceinture noire féminine qui a sorti un importun de la rame de métro avec un tai-sabaki (déplacement du corps) ; ensuite un « presque débutant », ceinture orange au moment des faits et qui a désarmé un agresseur muni d’un couteau en utilisant une clef au bras très basique (ude-gatame) ; ce septuagénaire haut gradé – mais septuagénaire quand même – qui a « confisqué » le revolver d’un voleur de portefeuille avec un contrôle au niveau du poignet ; certes il s’agissait d’un jouet mais la victime potentielle l’ignorait ; enfin, je termine avec ce monsieur qui, juste après sa première leçon, a réussi à se débarrasser d’un voleur de sacoche dans le métro en appliquant une technique qu’il venait de répéter quelques minutes plus tôt.

Il y a bien d’autres exemples ; et puis il y a ceux et celles qui affirment qu’à partir du moment où ils ou elles ont commencé à pratiquer, ne se sont plus jamais fait embêter, alors que c’était fréquemment le cas avant : cela s’explique assez facilement par une certaine assurance qui émane de la personne possédant quelques moyens de ne pas subir. L’assurance en question étant ressentie par l’agresseur qui n’insistera pas, n’étant pas un exemple de courage de par sa nature. Cependant il ne faut pas tout miser sur cette assurance.

Enfin, je finirai par un clin d’œil à l’attention de ceux qui affirment que leur méthode est la meilleure, tout en critiquant parfois les autres, en leur soumettant l’idée qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, à partir du moment où l’on étudie toutes les formes de ripostes à toutes les situations d’attaques et que toutes les « armes naturelles » du corps sont utilisées. Par contre, il y a des bons et des moins bons professeurs et des élèves avec des qualités et des compétences naturelles moins développées ; ce sont d’ailleurs souvent ceux-là qui persistent et progressent le plus.

Une toute dernière recommandation : le package « sachez vous défendre en tant de séances », ça n’existe pas. Etude, perfectionnement, entrainement et répétitions sont les uniques recettes, non pas de l’invincibilité, elle n’existe pas non plus, mais pour cultiver et augmenter un potentiel naturel.

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De Coubertin au Grand Slam

Du premier « Tournoi de Paris » de judo en 1971 à Coubertin jusqu’ au « Grand Slam » à « l’AccordArena Hôtel » en 2019, il s’est écoulé beaucoup de temps, presque cinquante années. Bien des choses ont changé et pas seulement les noms et les lieux ; le sport aussi. Spécialisé en ju-jitsu, cela ne m’empêche pas de bien connaître le judo. Loin de moi – juste un peu – le « c’était mieux avant », mais on peut quand même faire un tri dans les évolutions et distinguer celles qui, à nos yeux, sont positives et celles qui le sont un peu moins et des fois beaucoup moins ; il ne s’agit que d’appréciations personnelles. Avons-nous encore le droit de disposer de la liberté d’opinion ?

Le succès rencontré par cette manifestation, dès l’année de sa création en 1971, n’a fait qu’augmenter et le bon vieux Stade Pierre de Coubertin dans lequel se sont inscrites les premières belles pages du judo, ne suffisait plus pour accueillir un public de plus en plus nombreux ; c’est donc assez naturellement que cette manifestation internationale que l’on peut qualifier de « petit championnat du Monde » a migré de l’Ouest parisien à l’Est pour s’installer dans ce qui s’est d’abord appelé le Palais Omnisport de Paris-Bercy, avant d’être « affublé » du terrible non de « Accord Aréna Hôtel» ! Les exigences financières qui encadrent certains sports de haut-niveau sont responsables d’appellations quelque peu déshumanisées. C’était quand même plus sympa de dire : «  je vais à Coubertin », que « je vais à l’AccordAréna Hôtel». Mais sans doute faut-il s’adapter pour ne pas disparaitre. Et puis, Coubertin c’est un peu la nostalgie d’un endroit qui offrait aux combattants une incroyable proximité avec le public et inversement.

Le but de cet article vise surtout à donner mon impression sur des évolutions, en terme purement « judo », elles m’ont sauté aux yeux en regardant quelques séquences offertes pas la chaine L’Equipe les 2 et 3 février derniers.

D’abord les combattants et combattantes sont de plus en plus d’exceptionnels athlètes ; un physique impressionnant, abritant une puissance qui ne l’est pas moins. Ensuite, il y a la confirmation que de nouvelles variantes se sont installées dans certaines familles de techniques, je pense au seoi nage « inversés », par exemple. Si leur efficacité semble incontestable, il n’en est peut-être pas de même pour la sécurité lors de la chute. Le physique de ces supers athlètes est sans doute en capacité de supporter de telles techniques, mais ce n’est peut-être pas la même chose dans les dojos, lorsque certains veulent imiter les champions et font subir à des partenaires au physique disons normal, les réceptions spéciales imposées par ces projections.

Toujours sur le plan technique, et ça ne date pas d’hier, il est dommage que le travail au sol ne soit pas davantage pratiqué. La faute aux arbitres qui interrompent trop rapidement ces phases, ou aux combattants qui négligent ce secteur, peut-être aux deux ?

Sur la plan de l’arbitrage, mais là aussi c’est déjà le cas depuis longtemps, il semble que les waza-ari et les Ippons soient distribués généreusement. Est-ce une consigne pour offrir davantage de rythme à ces journées de compétitions ? Afin de rendre plus télégénique une discipline qui de toutes les façons n’est et ne peut être appréciée que par ceux qui la pratiquent. Rester deux journées entières à regarder du judo, si on n’est pas judoka, c’est juste impossible. Certains sports peuvent intéresser un large public, au-delà de leurs pratiquants, c’est un peu moins vrai pour le judo. D’un autre coté cela en fait un public unique !

Enfin, en termes de bilan et sur un plan comptable, il est dommage que l’équipe de France n’ait pu nous offrir davantage de résultats, puisqu’aucune médaille n’est tombée dans l’escarcelle des garçons ; il s’agit là d’une disette qui malheureusement sévit déjà depuis quelques temps. Quelles sont les raisons ? Il y a l’émergence de nouvelles nations qui entraînent un nivellement, mais est-ce suffisant comme explication ? Peut-être faut-il s’interroger sur le système d’enseignement, entre autres hypothèses ?

Je finirai avec du positif en affirmant que regarder des combats de judo, surtout à l’échelle mondiale et lorsque l’on aime ce sport, est forcément un moment savoureux, dont on ne se lasse pas. Et puis nous sommes dans une discipline structurée au fort potentiel éducatif (lorsque l’encadrement est à la hauteur), et c’est rassurant.

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T comme Technique

Pour la lettre T de mon dictionnaire, c’est assez naturellement que le mot « Technique » s’est imposé ; il est en effet très utilisé quand on est professeur de ju-jitsu et d’arts martiaux. On l’emploi à longueur de cours, en tant que nom, pour désigner ce que nous enseignons, mais aussi comme adjectif, lorsque nous évoquons certaines qualités.

Nous appelons les « techniques » ce qui constitue l’ensemble de ce que nous transmettons ; techniques debout, au sol, de percutions, de base, avancées, supérieures, etc. Mais elles sont aussi dans les katas pour lesquels la nomenclature est organisée de la façon suivante : 1ere technique, 2ème technique, etc. Et plus particulièrement dans le ju-jitsu que j’enseigne, pour designer des enchainements comme celui des « 16 techniques », par exemple !

Mais comme indiqué en introduction, nous employons aussi ce terme comme adjectif pour souligner des qualités ; les qualités techniques de telle ou telle personne, c’est d’ailleurs très valorisant d’être qualifié de bon technicien.

C’est plus particulièrement ce deuxième aspect, celui de l’adjectif que je retiens pour cet article. La recherche de la perfection technique est une des motivations importantes pour un pratiquant de budo, c’est peut-être aussi ce qui différencie l’art martial d’une simple lutte. La quête du geste parfait exécuté avec précision au bon moment est primordiale ; pour l’efficacité, mais aussi pour la satisfaction que représente un beau geste, à l’instar de celui du patineur ou du gymnaste, ou encore quand un sculpteur, un peintre ou un écrivain réalise une belle œuvre. Dans nos disciplines cette finesse technique (garantie d’efficacité) sera prioritaire par rapport aux qualités physiques, puisque celles-ci déclineront fatalement plus vite avec l’âge.

Le but est donc d’élever son propre niveau technique lorsque l’on est étudiant, puis celui de ses élèves quant on enseigne. Retrouver dans les élèves la « patte » technique d’un professeur, c’est pour lui une belle récompense, encore davantage lorsque, sans connaitre l’identité de l’enseignant, il sera reconnu au travers des qualités d’un élève.

Que ce soit pour désigner un programme, ou des qualités, le mot technique est donc un des mots les plus utilisés sur un tatami, mais il est aussi omniprésent dans l’esprit de tous les pratiquants quand il s’agit de s’approcher de l’excellence… TECHNIQUE.

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S comme Stages et Soulac-sur-Mer

La semaine dernière j’avais consacré la lettre S de mon dictionnaire au mot Samouraï. Rien ne m’interdit de proposer un deuxième article pour la même lettre ; aussi c’est S comme Stage, mais également S comme Soulac-sur-Mer que j’ai choisi. Les deux mots ayant été intimement liés vingt cinq années durant. (La photo d’illustration nous ramène au milieu des années 2000.)

J’aurai pu choisir S comme solidarité, mais cette denrée est devenue tellement rare… Revenons aux stages et à Soulac.

Les stages ont été des moments importants de ma vie, la station balnéaire de Soulac-sur-Mer également.

Dans le tiercé de mes activités professionnelles (en terme de temps passé)  les stages arrivent en deuxième position entre la dispense des cours et les démonstrations. Quant à Soulac-sur-Mer, pendant un quart de siècle je m’y suis rendu tous les étés, de 1986 à 2010.

Des stages, j’ai eu le plaisir de pouvoir en animer des dizaines, soit à titre privé ou dans un cadre fédéral. Sur une demi-journée, une journée, un week-end ou bien une semaine, comme à Soulac, à Paris, en province et à l’étranger. Pour ceux qui se déroulaient en dehors de « mon territoire », c’était à chaque fois l’occasion de retrouver des habitués, mais aussi de faire de nouvelles connaissances qui, pour certaines, se sont perpétuées en relations durables.

Pour les pratiquants, le stage vient en complément d’un travail régulier effectué dans son dojo ; il permet de se faire plaisir en s’adonnant de façon intensive à son art et de cette façon à accélérer la progression. C’est un travail complémentaire sur le plan technique et physique, mais c’est aussi un engagement plus important qui démontre une implication qui ne l’est pas moins. Certes tout le monde n’a pas la possibilité de participer, en plus des entrainements hebdomadaires, à ces rassemblements. Ceux qui ne peuvent s’y consacrer ne sont pas pénalisés, ce sont ceux qui le peuvent qui sont favorisés.

Quant à S comme Soulac-sur-Mer, c’est avec un réel plaisir que je retournais chaque été dans cette belle et attachante station balnéaire de la Pointe de Grave dans le département de la Gironde. Stage et Soulac ont été associés pour le meilleur. Pouvoir passer des vacances, en profitant tout à la fois des bienfaits de l’océan dans un lieu de villégiature à taille humaine en pratiquant intensivement chaque jour sa discipline martiale ne peut être que bénéfique sur bien des plans : la santé, le moral et les progrès. Chaque année, il y avait un mélange de jujitsukas habitués et d’autres qui découvraient une des « perles du Médoc ». Le stage rassemblait des élèves mais aussi des professeurs venus de toute la France et de pays européens.

Pour les autres stages, ceux qui sont organisés en province et à l’étranger, ils permettent de découvrir de nouvelles contrées, de nouvelles personnes et ils sont l’occasion d’échanges passionnés sur le ju-jitsu, et lorsqu’il s’agit du ju-jitsu en France, il y a beaucoup à dire.

Après l’année 2010, étant « empêtré » dans une suite de graves problèmes qui devaient absolument être réglés et ne pouvant être sur tous les fronts, il m’a fallu faire des choix. J’ai donc arrêté d’encadrer et d’organiser ces rendez-vous. Ayant maintenant recouvré une certaine liberté d’action, je peux à nouveau aller à la rencontre de pratiquants pour leur faire profiter de mon expérience et partager une passion restée intacte.

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