Trois mouches

Voilà une petite histoire qu’il me plait de proposer régulièrement en été.

Découvrir ou redécouvrir une leçon de sagesse issue du précieux et délicieux recueil intitulé « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Cela ne peut qu’être instructif et bénéfique. En toute saison d’ailleurs.

Le livre en question aborde plusieurs thèmes illustrés par différentes petites histoires. Le récit proposé ci-dessous matérialise l’art de vaincre sans combattre, ce qui est pour le moins une conduite dans laquelle intelligence et efficacité se marient à merveille.

Trois mouches

Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

(Ronin, selon la définition du Larousse : »Samouraï qui quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d’aventures.)

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Utilité de la beauté du geste

Lecture d’été.

Voilà un conseil de lecture approprié en ce milieu d’été et au moment où les Jeux Olympiques battent leur plein. L’auteur Thierry Grillet propose « Petit traité du geste, pour la beauté du sport ». Ci-dessous, la quatrième de couverture.

« En cette année olympique, cet essai entre dans le sport par le « geste ». Depuis la sculpture antique du Discobole, on n’a cessé de célébrer le geste, brique première des disciplines sportives. Il fascine, émeut et inspire. Ce petit traité en propose une lecture, qui révèle, au-delà de la performance physique, sa beauté et sa charge culturelle.

Prenant appui sur des performances mythiques de champions – le service de Federer, la paneka de Zidane, le « tir » à l’arc d’un maître de kyudo, le saut révolutionnaire « cool » de Fosbury, etc. -, l’auteur puise dans l’histoire de huit disciplines sportives mais aussi dans celle des arts et des idées, et bâtit ainsi une « petite mythologie du geste », invitant le lecteur à percer aux côtés de sociologues, d’artistes,  de scientifiques, le mystère du geste parfait. »

Personnellement, j’appartiens pleinement à la catégorie de ceux qui défendent cette thèse, celle qui consiste à ne pas opposer l’efficacité à la beauté du geste, bien au contraire, y compris dans les disciplines de combat. Chacun peut et doit tenter l’effort de conjuguer beauté du geste et efficacité, ce qui aboutit au « geste parfait ». Celui qui semble le plus naturel dans son exécution, en devenant une seconde nature après des sommes de répétions.

Lorsqu’une performance sportive est spectaculaire, elle est encore plus  appréciée du public.

Maintenant, on peut argumenter, avec raison, que dans les méthodes de self défense et en cas de survie, on se moque de la beauté du geste. Mais, à moins d’être un soldat en guerre, on ne sauve pas sa vie tous les jours et à l’entraînement les efforts pour aboutir au geste parfait, alliant efficacité et esthétisme, ne gâcheront rien.

On peut aussi utiliser le mot d’élégance. L’élégance technique et physique, mais aussi  l’élégance comportementale, dans la victoire, dans la défaite et dans la vie de tous les jours.

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Essayiste, Thierry Grillet a publié plusieurs ouvrages consacrés à l’art et au cinéma. Longtemps maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, il a aussi dirigé le département culturel de la BNF. Il est commissaire de l’exposition « Le sport, pour la beauté du geste qui s’ouvre début 2024 aux Franciscaines à Deauville.

Les anciens

Anciens, séniors, vétérans, vieux, vieillards, ancêtres, etc. Voilà un échantillon de noms, plus ou moins agréables, qui désignent le troisième âge et même, maintenant le quatrième !

Ayant intégré une décennie qui me place largement dans une des ces catégories, j’ai pensé livrer quelques réflexions sur le sujet.

Vieillir, comme disait Jean d’Ormesson, c’est encore la meilleure façon de ne pas mourir. Cette expression mise à part, il existe quelques avantages à prendre de l’âge, mais en toute objectivité ils sont moins nombreux que les désagréments.

Cet article se voulant positif, c’est la mise en avant des « privilèges » qui sera favorisée. Ils sont connus, sans doute n’est-il pas inutile de les rappeler.

Ce n’est pas toujours évident de vieillir, alors autant bien le faire. Pour cela il faut bénéficier avant tout d’une bonne santé. Cette santé qui est le fruit de différents facteurs : la génétique, l’entretien physique, l’hygiène de vie et… la chance. Mais aussi l’environnement  et un certain confort qui offre des soins, une vie sociale et familiale digne de ce nom. Vieillir dans la solitude et la précarité ne devait pas exister.

Donc, revenons aux quelques avantages que doit (ou devrait) apporter l’avancée en âge : l’expérience, la connaissance, la sagesse, la tolérance, la relativisation et sans doute quelques autres. Toutes ces qualités mériteront un prochain article.

Dans nos disciplines, ceux qu’on appelle affectueusement « les anciens » sont, pour certains, des puits de science. Ils doivent être respectés. Pas uniquement ceux-là, mais tous ceux qui ont fait preuve d’un engagement et d’une fidélité totale à leur discipline.

Ni vénération, ni idolâtrie, simplement de la considération pour un parcours et pour une personne qui forcement a un chemin plus important. Un « ancien » est par définition… plus ancien, il a forcément des choses à apprendre aux plus jeunes. Surtout quand ils ont été professeurs ; se souvenir de ce que l’enseignant a apporté, que sans lui, on ne serait peut-être pas le pratiquant que l’on est devenu. Malheureusement, parfois, l’ingratitude n’est pas qu’un mot.

Même si le physique n’est plus tout à fait le même, la connaissance technique ne s’altère pas et encore moins l’esprit ; c’est aussi ce que voulait mettre en avant Jigoro Kano avec le « shin gi tai ». C’est l’occasion de rappeler que les grades ne sont pas que le reflet des aptitudes physiques, ni des connaissances techniques, mais aussi et surtout celui de la durée d’un engagement.

Une société qui ne respecterait plus « ses anciens » n’aurait sans doute que peu d’avenir.

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Vaincre sans combattre…

Pour bien  commencer l’été, je propose la rediffusion d’une histoire savoureuse qui illustre à merveille l’article de la semaine passée.

Toujours extraite du recueil  “Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon”. On ne s’en lasse pas. Bonne lecture.

L’art de vaincre sans combattreL’intelligence au service de la victoire. Un concept qui n’a pas d’âge, et pourtant…

« Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maîtrise du sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire : «Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot » ? Budoken répondit calmement : -«  Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu. » Le samouraï se gratta le crâne et demanda : – « Mais alors, quelle est ton école ? » – « C’est l’école du combat sans armes. » – « Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ? – « Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi. » Exaspéré, le samouraï continua : -«  Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ? » – « Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne ! » Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bukuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat. Budoken enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant. Budoken se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria – « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! »

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Vaincre sans combattre

Ci-dessous, un texte extrêmement intéressant, encore davantage dans la période de violence que nous connaissons. La violence physique mais pas que, celles de certaines décisions (ou d’absence de décision), et de paroles méprisantes sont parfois plus meurtrières.

Ce texte – que je vous conseille vraiment de lire intégralement – est issu du recueil qui devrait être le livre de chevet de tout pratiquant d’arts martiaux digne de ce nom. Il s’agit de « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ».

Plusieurs chapitres composent ce livre et développent ainsi différents thèmes. Un de ceux-là est consacré à l’art de « vaincre sans combattre ». Différents récits le composent et j’en ai déjà proposé un certain nombre sur mon blog.

Aujourd’hui, c’est l’introduction de ce chapitre que je présente. Un texte riche d’enseignement et de sagesse. C’est le petit plus de l’art martial, celui qui fait que je lui reste fidèle.

« Les grands Maîtres n’ont cessé de répéter que « la plus haute maîtrise est de vaincre sans combattre ». Ils considéraient que leur Art  ne devait pas servir à tuer, mais à protéger la vie.

Pour eux, quoi de plus facile que d’utiliser leur écrasante supériorité contre un agresseur ? Alors que se débarrasser d’un attaquant sans le blesser, sans même qu’il y ait un combat, relève de l’exploit. Et après tout, la véritable efficacité ne consiste-t-elle pas à décourager ou à se concilier l’éventuel adversaire car, comme le dit un proverbe chinois, « un ennemi que tu vaincs reste ton ennemi. Un ennemi que tu convaincs devient ton ami » ?

Vaincre sans combattre n’est pas à la portée du premier venu. «Un homme ordinaire dégainera son sabre s’il se sent ridiculisé et risquera sa vie, mais il ne sera pas appelé un homme courageux. Un homme supérieur n’est pas troublé même dans les situations les plus inattendues, car il a une grande âme et un noble but, aimait à dire Funakoshi Gishin (le fondateur du karaté). Celui qui ne peut se dominer face à un danger risque de devenir agressif et de réagir violemment. Il entre ainsi dans le jeu de l’adversaire. Parfois il peut même croire qu’il est menacé alors qu’il n’en est rien. Tandis que celui qui reste maître de lui dans toutes les situations peut faire face avec toute sa lucidité, tous ses moyens.

Réagir violement est une solution de facilité, rester calme est un tour de force. C’est ce qu’exprime Lao-Tseu dans une des fameuses sentences du Tao-tö king : « Imposer sa volonté à autrui est une démonstration de force ordinaire, se l’imposer à soi, un témoignage de puissance véritable. »

Si, malgré lui, un maître est entraîné dans un combat, il parvient, en fait, à neutraliser son adversaire sans vraiment combattre. L’essence des Arts Martiaux japonais est profondément non violente. Elle repose en effet sur le principe de non résistance qui consiste à utiliser l’attaque de l’adversaire pour le mener à sa propre perte. Celui qui se défend, au lieu d’essayer de bloquer le mouvement adverse, l’esquive et le canalise de façon à le retourner contre l’agresseur. Si l’adversaire pousse, il suffit d’esquiver ou de le tirer pour qu’il tombe de lui-même. S’il tire, il n’y a qu’à le pousser. Plus l’attaque est puissante, plus le choc en retour est désastreux. Le principe de non-résistance conduit l’attaquant à devenir la victime de sa propre attaque et à récolter le fruit de ses mauvaises intentions. Quoi de plus juste ?

Le véritable Art Martial, ou selon l’étymologie orientale, l’« Art d’arrêter la lance », est une excellente mise en pratique de ce que les enseignements taoïstes ou Zen appellent le wu-wei. Généralement traduit par « non agir », le wu-wei signifie plus exactement : laisser faire, agir sans intervenir, sans résister. Pour reprendre une image taoïste : « c’est le principe du wu-wei qui meut toutes choses. Simplement parce que l’essieu ne bouge pas, la roue tourne.»

Dans la tradition orientale, l’eau est l’élément naturel qui symbolise le mieux le wu-wei, la non résistance : « L’eau ne s’oppose à personne, et ainsi, nul ne peut l’affronter. » « L’eau cède au couteau sans qu’il puisse la déchirer ; Elle est invulnérable car elle ne résiste pas. »

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Sans respect…

« Sans respect aucune confiance ne peut naître »

Voilà la définition inscrite sur le Code moral. Ce Code moral qui est parfois l’objet de railleries en étant nommé « Code mural ».

En complément d’un article qui a déjà traité le sujet, je propose quelques réflexions sur une notion qui semble (malheureusement) être de moins en moins…respectée !

Lorsqu’on se proclame « pratiquant d’arts martiaux », on se doit de respecter certaines choses. Si le respect est une valeur qui doit exister dans la vie de tout être humain, c’est encore plus vrai quand on pratique nos disciplines. On doit être exemplaire dans ce domaine. Ci-dessous une petite liste de personnes, de rituels et de comportements qui méritent ce respect.

Tout d’abord respecter la discipline que l’on a choisie en lui étant fidèle. On n’avance pas dans les arts martiaux en changeant de pratique tous les ans. Cela n’empêche pas de satisfaire un esprit de curiosité de temps en temps ou bien après avoir atteint un certain niveau en s’offrant une complémentarité.

Ensuite, le respect existe envers le dojo, ce lieu où nous trouvons la voie. On salue en y entrant, en montant sur le tatami et en en descendant. Dans un dojo on ne parle pas fort, surtout dans la pratique et bien évidement on ne parle pas du tout pendant les explications du professeur.

Le respect envers le professeur est incontournable et assurément un des plus importants. C’est lui qui nous a donné l’envie de nous engager dans l’art choisi et c’est lui qui nous apprendra beaucoup et pas uniquement sur le plan technique.

La tenue mérite aussi du respect. On la respecte d’abord en n’y dérogeant pas. Ensuite elle doit être propre, par respect pour les partenaires et tout simplement pour soi-même.

Les partenaires de dojo, on les respecte aussi dans les échanges, que ce soit avec un plus haut gradé ou un moins gradé. Dans les combats d’entraînement en excluant toute violence ou condescendance. On est à l’écoute des plus gradés et attentionné à l’égard des moins gradés.

On se respecte soi-même, en fortifiant notre corps, et non pas en l’abîmant avec des pratiques démesurément violentes.

Sur le plan moral, on respecte ses convictions, son éthique et les principes attachés à la discipline que l’on pratique. On ne retourne pas sa veste de judogi, au gré de la mode.

Quand on parle des autres disciplines et des experts qui les enseignent, on les respecte. On évite la critique systématique. Chacun fait ses choix en direction de ce qui lui semble le plus adapté ; on respecte ce choix.

Enfin j’ai gardé pour la fin le respect envers ceux à qui on doit tant de choses, ceux qu’on appelle affectueusement « les anciens ». On a tendance à tourner les pages de plus en plus vite en oubliant nos racines.

Autant de valeurs à respecter. Pour avoir les moyens de le faire, il faut d’abord le vouloir et posséder un minimum de volonté. Cela s’acquiert et se renforce, même s’il faut se discipliner, se donner des objectifs. S’engager dans une voie et respecter les efforts qu’il faudra fournir, surtout qu’ils ne sont pas démesurés, quitte à être à contre-sens d’un air du temps qui favorise et sanctifie le « zapping » !

Il ne s’agit pas simplement de belles valeurs, mais de valeurs indispensables pour le « bien vivre » en société.

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Ju-jitsu, encore et toujours

Screenshot

Après deux articles consacrés au « bon vieux ju-jitsu » je propose de « disséquer » cet art martial. D’abord en évoquant sa composition technique,  puis en partageant mes préférences et les objectifs qui sont les miens au travers la méthode que j’enseigne.

D’abord sa pluralité technique, incontestablement c’est un atout majeur. Coups, projections et contrôles, travail debout et au sol.  Percuter, projeter, contrôler ; développons.

Dans le travail des coups, on utilise les bras et les jambes. On apprend à donner les coups, mais aussi à s’en défendre. Il s’agit d’un travail à distance. Quand je dis donner des coups, c’est avec contrôle ou du matériel pour les amortir.

Les projections sont utilisées dans le corps à corps, mais aussi à l’aide d’un déplacement qui permet de ne pas prendre frontalement la poussée ou la tentative de saisie de l’adversaire pour faire en sorte de l’utiliser et qu’elle se retourne contre lui. Sur des saisies très rapprochées, elles sont pour ainsi dire irremplaçables.

Enfin, le domaine des contrôles est très vaste, avec des clefs en torsion et en hyper extension sur toutes les articulations, debout et au sol. Mais aussi des étranglements qui doivent être pratiqués avec beaucoup de maîtrise et de « dosage ». Enfin, les immobilisations qui, comme leur nom l’indique, permettent d’immobiliser quelqu’un.

Cette pluralité technique offre deux avantages essentiels : d’abord l’efficacité qui permet de répondre à beaucoup de situations d’attaques, à distance ou en corps à corps, debout et au sol. Ensuite de pouvoir, si la situation le permet, moduler la riposte. Certains coups et certaines projections peuvent s’avérer fatals, d’autres permettent de « calmer » sans détruire, quant aux contrôles, là aussi comme leur nom l’indique, ils offrent la possibilité de maîtriser une personne en attendant les secours ou arriver à lui faire retrouver ses esprits.

Pour ce qui concerne mes préférences. Venant du judo, j’avoue avoir un faible pour les projections. L’efficacité indiscutable, la recherche de la finesse technique et la beauté du geste en sont les raisons.

Mais ayant hérité aussi d’un bagage technique conséquent dans le domaine du travail au sol, je l’apprécie énormément notamment au cours des randoris, avec un engagement physique total, mais sans violence et une notion de jeux que l’on doit conserver. Sans compter que l’on peut s’y adonner très longtemps. Technique et stratégie étant déterminantes.

Pour le travail des coups, lorsqu’il est pratiqué avec quelqu’un qui possède un état d’esprit identique, c’est un exercice très agréable et très utile.

Enfin, les particularités de mon enseignement.

D’abord sur le plan technique, j’aime et je favorise ce que j’appelle les liaisons entre les différentes composantes du Ju-Jitsu. Maitriser chacune d’elle, c’est une chose, maîtriser une bonne liaison entre ces liaisons en est une autre. C’est l’intérêt majeur de cet art. La recherche du détail qui fait la différence est une quête qui ne cesse de m’animer.

Quant au physique, l’objectif est de l’améliorer et non pas de l’abîmer.

Sur le plan mental, je ne me lasse pas d’insister sur l’état d’esprit éducatif, constructif et non pas destructif qui doit entourer la pratique. Une nuance que l’on ne retrouve pas partout.

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Le bon vieux ju-jitsu (2)

Cet article est la suite de la première partie publiée la semaine dernière. Un article intitulé « le bon vieux ju-jitsu ». Cette expression émanait d’un pratiquant, suite à la mise en ligne d’une vidéo, cela évoquait le ju-jitsu pratiqué dans notre pays au siècle dernier.

Autre réflexion à propos d’une question récurrente, à savoir « quelle est la méthode de self défense la plus efficace » ?  Si on me pose la question, je ne vais pas répondre que ce n’est pas la mienne. Je répondrai que ce « bon vieux ju-jitsu » est une méthode qui envisage  des réponses à un maximum de formes d’agressions, mais que l’efficacité dépend de celui qui l’enseigne et de ceux qui la pratiquent.

D’autre part, j’attache autant d’importance à l’éducation physique et mentale qu’à l’éducation « utilitaire ». Une bonne condition physique ne nuira pas en cas d’agression et elle permet de vivre en meilleure santé. Une éducation mentale, dans laquelle on trouvera de belles valeurs, aidera à ne pas faire n’importe quoi, à se maîtriser dans toutes les circonstances, mais aussi à se soumettre à quelques efforts et s’imposer une certaine rigueur dans la pratique, synonyme de résultats dans bien des domaines, pas simplement dans celui de l’efficacité. On ne négligera pas la recherche du détail, de la finesse technique, sans se satisfaire du minimum.

Avec cette méthode de self défense accessible à tous, j’ai beaucoup d’exemples d’élèves qui ont affronté une agression et qui s’en sont sortis.

Toujours sur l’aspect défense, nous ne sommes pas tous égaux face au stress occasionné par une agression. Cependant, il n’est pas question de provoquer un affrontement pour se tester. Même si certains prétendent que l’épreuve de la rue est la seule qui vaille !

Comme indiqué plus haut, je connais des personnes qui s’en sont sortis avec peu de pratique, mais il est incontestable que la régularité et l’ancienneté dans la pratique seront les meilleurs atouts.

Et puis, toujours à propos du ju-jitsu, j’aime bien la tenue qu’on appelle familièrement le kimono. Bien que judogi, kekogi, ou tout simplement dogi soient plus corrects. C’est mon « blanc de travail », pratique et hygiénique. Chaque sport possède une tenue qui lui est propre et qu’il respecte. Dans un art martial où sont défendues les traditions, signes de respect, il serait dommage d’en négliger un bel exemple.

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Le « bon vieux ju-jitsu »…

–       C’est du judo ?

–       Non, c’est du ju-jitsu.

–       Du J.J.B.(ju-jitsu brésilen) ?

–       Non, du ju-jitsu

Voilà un petit échange qui a eu lieu il y a quelques jours, avec une personne qui passait la tête, alors que nous finissions notre séance par quelques randoris au sol.

Cela m’a donné envie de proposer à nouveau un article paru il y a un an, quelque peu remanié. J’avais intitulé cet article : « Le bon vieux ju-jitsu », suite à un commentaire posté sur une de mes vidéos.

Devant une offre conséquente en matière de disciplines de combat, un peu d’information et de rafraîchissement de mémoire ne sont pas inutiles. Oui, je suis fidèle à ce ju-jitsu que je pratique et enseigne depuis des décennies, sans jamais le renier, ce qui ne m’a pas empêché, dans le cadre d’une formation professionnelle complète, de pratiquer d’autres disciplines institutionnelles.

Le ju-jitsu a su traverser les siècles et, même s’il a connu des périodes de repli, il a toujours su renaître des ses cendres, il est intemporel, inoxydable. Il sait faire le dos rond face aux assauts de nouvelles méthodes (de toute façon nous avons tous deux bras deux jambes et c’est la manière dont elles sont utilisées qui fait la différence) ; il a pour lui la force de sa vérité. Beaucoup d’écoles existent, certaines fantaisistes, d’autres un peu contraires à l’esprit de base, il faut savoir faire le tri.

Cette pluralité de styles existait déjà au temps de Jigoro Kano, quand il a décidé de faire une synthèse pour créer sa propre école qu’il appela « judo ».

Pour ma part, je reste attaché à un style qui rassemble richesse et finesse technique, tout en proposant un état d’esprit constructif. Tous ces éléments sont autant de raisons qui font que ma fidélité lui est acquise et c’est toujours avec la même passion que je l’enseigne. Et pourquoi renier ce que l’on aime et que l’on pense juste ?

Il n’est pas question d’immobilisme, moi-même, en son temps, j’ai apporté ma contribution dans l’évolution de ma discipline, mais toujours à partir des mêmes racines, des mêmes principes et du partage des mêmes valeurs. Je n’ai jamais confondu évolution et régression.

L’évolution, par définition, doit se faire dans le bon sens. Il y a des principes et des techniques qui doivent être respectés, faute de perte d’identité et de qualités.

Je suis inflexible sur l’éducation (technique, physique et mentale). J’ai quelques formules que mes élèves connaissent bien, elles valent ce qu’elles valent, avec juste un peu d’humour, elles ont le mérite d’être explicites. En voici quelques-unes : « sur ma carte professionnelle est inscrit éducateur sportif et non pas destructeur sportif ». « On est ici pour apprendre et non pour en prendre ». « Il faut construire un système de défense, plutôt que de se limiter à détruire ». « Apprendre à maîtriser en se maîtrisant ». Ce sont des formules avec des mots, et les mots ont leur importance lorsqu’il s’agit de transmission au service de l’éducation.

La semaine prochaine, je proposerai la deuxième partie de cet article.

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Discipline

DISCIPLINE SPORTIVE, DISCIPLINE PERSONNELLE, DISCIPLINE COLLECTIVE, etc.

On donne plusieurs sens à ce mot : on l’utilise pour définir une pratique sportive, ou des règles de conduite, entre autres.

Cependant, il y a un lien entre ces définitions.

Quand on utilise le mot discipline pour évoquer une activité physique, cela signifie que cette activité est entourée d’une certaine… discipline ? Peut-on pratiquer une discipline sportive uniquement en loisir ? N’est-ce pas contradictoire ? Se faire plaisir en faisant de temps en temps une balade à cheval, une partie de tennis de table, un peu de natation, etc. cela semble naturel, mais si ce n’est qu’épisodique, sans autre but compréhensible que de se « changer les idées », de s’offrir un moment de plaisir, l’appellation discipline est-elle méritée ?

Ce mot ne demande-t-il pas une implication régulière ? Pas forcément pour briller et remporter des médailles, mais simplement pour approfondir le sujet, essayer de le maîtriser, pas uniquement le survoler. D’autant que dans les arts du combat, si on veut avancer, il ne faut pas se contenter du « de temps en temps ».

Plus généralement, s’imposer une discipline personnelle (avant de l’imposer aux autres), c’est s’astreindre à réaliser quelque chose régulièrement, un rituel, ne pas renoncer par facilité en évoquant un prétexte qu’on le trouvera toujours. Cela peut aller de s’imposer une pratique sportive de façon régulière, ne pas invoquer un coup de fatigue passager, décliner une invitation un soir d’entraînement. Ce peut être simplement faire une marche quotidienne, quelque soit le temps, un nombre de pages de lecture par jour, ou encore la création d’un article hebdomadaire.

Certes il ne faut pas que ce soit une torture. Quel que soit le sujet, il faut l’apprécier,  sinon on en choisit un autre. Mais à partir du moment où l’on s’est décidé, il est souhaitable de s’imposer une régularité que l’on ne regrettera jamais. Parce que – forcément – elle nous apportera des satisfactions, en premier celle de progresser, de s’être montré volontaire, de ne pas abandonner au moindre prétexte. Etre fier d’avoir accompli une tâche qui sans persévérance n’aurait pu aboutir. Bref, être satisfait du travail accompli.

La discipline, c’est aussi celle que l’on doit respecter dans la société, ce qui n’est pas forcément la caractéristique de notre époque.  C’est une raison supplémentaire  pour que les enseignants d’arts martiaux, montrent l’exemple en respectant et en faisant respecter le règlement inhérent à un dojo. Surtout dans la mesure où il ne s’agit pas d’une « discipline de fer », simplement de quelques règles communes qui permettent la pratique dans les meilleures conditions : sécuritaires et relationnelles.

Il ne s’agit pas de discipline pour la discipline, mais pour une organisation qui rendra la vie plus facile.

En conclusion : il est souhaitable de « se discipliner dans la discipline choisie ».

Cet article est un résumé de ce que l’on pourrait développer de manière plus approfondie.

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