Tori et Uke, amis pour la vie 

Tori et Uke sont deux personnages bien connus des pratiquants d’arts martiaux et notamment des jujitsukas. Pour les novices et afin de faciliter les présentations, nous pourrions expliquer que dans ce couple d’inséparables, Tori incarne « le gentil » et Uke « le méchant ».

Cette définition, même si elle facilite l’identification des rôles, est un peu simpliste dans la mesure où les deux protagonistes, dans ces positions interchangeables, sont complémentaires et non pas adversaires. Sans Uke, Tori n’existe pas. Dire que c’est Tori qui conclut une action est plus juste pour signifier les implications respectives.

Une traduction littérale nous révèle que Tori est celui qui « prend » ou « choisit » et Uke celui qui « reçoit » ou « subit ».

Dans la connivence qui unit ces deux personnages, il n’existe aucune rivalité, ils doivent être continuellement en quête d’une parfaite osmose.

Bien souvent c’est Tori qui attire davantage l’attention et le rôle d’Uke n’est  pas toujours considéré à sa juste valeur et parfois même il peut paraître ingrat. Or, son rôle est déterminant. C’est grâce à lui que Tori réalise ses progrès, qu’il peut ouvrir et élargir son champ des connaissances.

En plus d’une parfaite maîtrise de la chute,  Uke doit être capable d’adopter toutes les situations, les postures et les réactions qui peuvent se présenter à son partenaire. Il se doit d’être d’une disponibilité corporelle totale, malléable à souhait, dans le bon sens du terme. Il doit «jouer le jeu ».

Pour parfaitement maîtriser une technique ou un enchaînement, il est indispensable de pouvoir les répéter des dizaines, des centaines, des milliers de fois. Imaginons un seul instant le faire sur un mauvais partenaire, pire encore sur un partenaire qui résiste systématiquement ! Pas de répétition, pas de progrès.

Le rôle d’Uke étant déterminant, il serait presque préférable d’être d’abord un bon Uke avant de devenir un bon Tori.

Au-delà de cette constatation, somme toute assez logique, par l’intermédiaire de ce billet, c’est l’occasion de rendre hommage à ces personnages et de rappeler qu’entre eux il n’y a ni vainqueur ni vaincu, mais une victoire commune, celle de la conquête du savoir.

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Les grades

Martial arts black belt knot

La semaine dernière, avec une actualité un peu compliquée, il n’y a pas eu l’article technique hebdomadaire. On se rattrape dès ce lundi avec quelques lignes consacrées aux grades.

Dans les arts martiaux, les grades occupent une place importante. Cependant, il ne faut ni les surévaluer, ni les négliger.

Ils permettent de situer le niveau de maîtrise technique et d’ancienneté dans la pratique, mais aussi d’évaluer le parcours du pratiquant, cela en fonction de la couleur de la ceinture qu’il porte autour de la taille.

Au début, les ceintures de couleur n’existaient pas, seules la blanche, la marron et la noire « tenaient » la veste du judogi. C’est à l’initiative de Maître Kawaishi , lorsqu’au milieu du siècle dernier il prit en main le judo français, que les ceintures de couleur ont fait leur apparition. Il avait bien compris l’esprit européen (et français en particulier) toujours friand de reconnaissances à arborer.

Jigoro Kano, fondateur du judo en 1882, a souhaité hiérarchiser les valeurs pour l’accession à ces différents niveaux avec le fameux « shin-gi-tai » ! Ce qui signifie : l’esprit, la technique et le corps. L’ordre établi n’est pas le fruit du hasard. L’esprit (le mental) arrive en premier, il nous habite jusqu’au bout. Ensuite, il avait placé la maîtrise technique, que l’on peut démontrer assez longtemps et enseigner tout le temps. C’est assez logiquement que le corps (le physique) arrive en dernier, avec l’âge, même si on en prend soin, le déclin est inéluctable.

L’expérience qui m’anime me fait dire qu’il y a deux ceintures très importantes dans la vie d’un budoka : la ceinture jaune et la ceinture noire. La ceinture jaune, tout simplement parce que c’est la première et la ceinture noire parce que, malgré tout, elle représente toujours un symbole très fort. Une sorte de graal !

Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas une finalité, mais simplement une étape importante. Elle est une belle récompense, la preuve d’une pratique qui s’est inscrite dans la durée, synonyme de rigueur. Cependant, elle doit représenter aussi un contrat signé avec l’art martial que l’on pratique et… avec soi-même. Un engagement qui signifie, qu’à partir de son obtention, s’impose le devoir de ne  jamais abandonner les tatamis, sauf cas de force majeur.

Les grades sont des encouragements à ne pas lâcher la pratique et même à la renforcer dans la dernière ligne droite de chaque préparation.

Dans un dojo, l’idéal est de retrouver tout le panel. Si un club « n’affiche » que des ceintures foncées, on peut se poser la question de la place réservée aux débutants. A l’inverse, s’ils n’y a pas de hauts grades, il est légitime de se demander si l’enseignement est adapté pour accueillir les « ceintures noires de demain ».

Certains assimilent les grades à des « hochets », ou bien leur donnent une connotation militaire et les négligent. Il est tout à fait possible de pratiquer et de s’en passer, mais nous sommes dans un système où ils existent et nous devons les accepter et les respecter. Même si parfois on peut s’interroger légitimement sur quelques attributions cocasses.

Peut-être que leur valeur prend vraiment son sens par rapport à l’organisme ou à la personne qui les décernent. De toute façon, arrivé à un certain niveau, le pratiquant ne peut pas tricher avec lui-même.

Quoiqu’il en soit, l’obtention d’un grade (mérité) provoque une grande satisfaction pour l’ensemble des pratiquants d’arts martiaux. Ne seraient ils qu’une motivation supplémentaire à poursuivre la pratique, leur utilité serait démontrée.

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Le randori

Il y a quelques semaines j’avais consacré un article aux méthodes d’entraînement. Parmi elles, il y a le randori, l’équivalent en boxe de l’assaut que l’on nommait aussi « l’assaut courtois », il y a un certain temps.

Le randori, ou l’assaut, c’est un peu la récompense de fin de séance. C’est le moment où l’on peut tester nos techniques dans un système d’affrontement très codifié et axé sur l’initiative, c’est-à-dire sur l’attaque ; l’aspect ludique ne doit jamais être absent de ces joutes respectueuses  avec lesquelles on perfectionne aussi la défense, puisqu’il est nécessaire de tenter d’esquiver les initiatives du partenaire.

Malheureusement, trop souvent le randori  est quelque peu dénaturé et confondu avec le « shai », c’est-à-dire le combat, la compétition (en judo, par exemple). C’est dommage. Ceci étant tout dépend des objectifs, ceux-ci ne sont pas les mêmes selon que l’on se situe dans une pratique loisir ou bien à l’occasion d’entraînements  de haut-niveau ; même si à ce stade là il devrait -aussi – être indispensable de ne pas négliger cet exercice.

En ju-jitsu on peut le pratiquer dans le domaine des coups (atemi-waza), des projections (nage-waza) et du sol (ne-waza).

Le but du randori est avant tout de se perfectionner et d’essayer (en fonction du secteur dans lequel on souhaite le faire) de « passer » des techniques, d’aboutir et de résoudre différentes situations d’opposition ; pour les projections, de tenter de faire tomber un partenaire qui s’oppose intelligemment. C’est volontairement que j’utilise le mot de partenaire et non pas d’adversaire. Du latin par (avec) et ad (contre).

C’est-à-dire que dans le randori, le partenaire travaille avec moi et non pas contre moi, il m’aide à progresser en proposant une opposition raisonnée, m’obligeant à travailler ma vitesse d’exécution, ma réactivité, ma condition physique, mais aussi – fatalement –  un système de défense axé exclusivement sur les esquives et non pas à l’aide de blocages qui annihilent toute initiative et par conséquent tout progrès. Imaginons deux joueurs de tennis à qui on « confisque » la balle !

Dans certains randori de projections ont peut même exclure toute technique de « contre direct » et n’autoriser que les contres répondant à l’appellation « sen o sen » (l’attaque dans l’attaque). Le contre peut faire des dégâts physiques, mais aussi phycologiques en  limitant les initiatives de peur de subir un contre ravageur ; ce qui limitera obligatoirement les progrès.

Il y a très longtemps je bénéficiais de l’enseignement d’un professeur de boxe française, Marcel Le Saux, qui comparait l’assaut poing-pied à une conversation. Chacun s’exprimant à tour de rôle en développant ses arguments, évitant de parler en même temps et trop fort, pouvant couper la parole poliment si l’opportunité se présente, mais surtout en ne proférant ni invective, ni grossièreté. Belle métaphore !

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Cinq E du ju-jitsu

Efficacité, Éducation, Élévation, Esthétisme et Épanouissement

Voilà les quelques  E que j’ai trouvés dans la forme de ju-jitsu que j’enseigne et que j’ai démontrée avec plaisir, passion et professionnalisme.

Efficacité. Elle est indiscutable, et plus rapidement qu’on pourrait l’imaginer. Toutes les situations sont étudiées et l’ensemble des armes naturelles du corps sont utilisées. L’efficacité d’une discipline tient à sa vocation et à sa composition, mais aussi à celui qui l’enseigne et à ceux qui la pratiquent. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises disciplines, mais des professeurs plus ou moins compétents et des élèves plus ou moins « réceptifs ».

Education. Si le ju-jitsu est une méthode de défense efficace, c’est aussi une méthode d’éducation physique et mentale. Il permet d’améliorer la tonicité, la condition physique, mais aussi d’autres qualités comme la coordination, les automatismes, etc. Pour l’éducation mentale, là aussi le rôle du professeur est capital. Le professeur est aussi un  éducateur. Il doit construire une méthode de défense et permettre de développer des qualités de maîtrise, de contrôle et de bonne conduite en société.

Élévation. Dans la suite du paragraphe précédent. Il s’agit d’élever le niveau technique et le niveau  mental. Sur le plan technique on recherchera le perfectionnement, en n’hésitant pas à peaufiner les techniques apprises et en ayant comme objectif de les améliorer en ne se satisfaisant pas de l’acquis. Ne pas rechercher l’évolution, c’est stagner et puis régresser. On recherchera le détail, le moment opportun, la parfaite coordination. Sur le plan mental il  est aussi question  de s’élever, de renforcer sa volonté, son esprit, ce qui permettra d’être en capacité d’affronter non seulement d’éventuelles agressions physiques, mais aussi de plus facilement faire face à celles que l’on rencontre dans la vie en général. S’élever mentalement, c’est aussi être plus réceptif et apte au dialogue.

Esthétisme.  Sur un plan purement efficace, quand on sauve sa vie, on ne s’en soucie guère, mais dans la pratique, la recherche du beau, dans certaines techniques qui le permettent, n’est pas inutile. En plus d’offrir une  satisfaction personnelle, elle demande des efforts techniques, physiques et mentaux qui serviront aussi à se renforcer sur le plan de l’efficacité pure, tout est intimement lié.

Épanouissement. Enfin, les quatre paragraphes précédents conduiront inévitablement à un épanouissement général, pour se trouver bien dans son corps et bien dans sa tête. Une vie en société avec des gens épanouis ne peut qu’aller mieux.

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Ko-uchi-gari

L’article hebdomadaire est consacré à Ko-uchi-gari

Ko-uchi-gari se traduit par petit fauchage intérieur. Petit fauchage, mais grande technique, en tout cas pour moi. En judo, ce fut mon « spécial ».

Un spécial, c’est la technique que l’on maîtrise le mieux, forcément on l’affectionne. Le contraire n’est pas forcément vrai, on peut aimer une technique sans pour autant la maîtriser parfaitement. On l’aime parce qu’on la trouve efficace et esthétique et c’est justement l’envie de progresser dans son exécution qui nous fait l’apprécier.

Pour revenir à ko-uchi-gari, elle s’applique en ju-jitsu, avec quelques belles opportunités, mais c’est vrai qu’elle occupe plus de place en judo. Elle peut être une finalité, j’en atteste, mais elle est aussi utilisée pour provoquer des réactions qui amènent à placer une technique de plus grande amplitude comme uchi-mata, par exemple. Pour ce qui est d’être une finalité, elle a sa place en enchaînement ou encore mieux en feinte d’une technique sur l’avant. Exemple avec ippon-seoi-nage et ko-uchi-gari-maki-komi.

Elle possède des variantes, à l’instar d’autres techniques. Elle se fait principalement en « gari », c’est-à-dire en fauchage, mais elle peut se faire en « gake » (accrochage) et en baraï (balayage). Quant à la position des mains, différents « kumi-kata » (prise de garde) sont possibles, en fonction des techniques pratiquées sur l’avant.

Cette projection ne demande pas de puissance, mais de la rapidité, de la précision, et une certaine agilité. Une petite anecdote à son sujet, avec la réflexion d’un ami qui s’est exclamé à mon sujet : « Ce n’est pas un pied qu’il a, c’est une main ».

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L’échauffement…

Partie incontournable et indispensable d’une séance, l’échauffement est parfois vécu comme redondant, ennuyeux ou trop difficile.

C’est dommage, parce qu’il est d’une grande utilité, à la condition de savoir le présenter !

Sa vocation est de mettre le corps et l’esprit dans de bonnes dispositions pour la suite de la séance. Il influence forcément l’ensemble du cours. Il ne permet pas uniquement de limiter les risques de blessures, il donne aussi le ton, Il ouvre le chemin !

Par définition il ne doit être ni trop long, ni trop difficile, il ne faut pas confondre échauffement et épuisement. Il doit être attractif, et non pas rébarbatif.

Les exercices peuvent être choisis en fonction du thème principal développé lors de la séance.

Sur un plan purement pratique, ce n’est pas tant le choix des exercices qui est important, mais la façon de les pratiquer. Certains exercices qu’on a l’habitude d’exécuter pour s’échauffer peuvent être dangereux s’ils sont fait n’importe comment : trop fort, trop vite, ou trop longtemps.

D’autres auxquels on ne pense pas forcément  peuvent être proposés s’ils sont faits intelligemment, avec mesure. Par exemple des exercices d’opposition très codifiés au cours desquels les partenaires sont en parfaite osmose. Avec des pratiquants d’un bon niveau, des répétitions telles que des retournements ou des renversements au sol pourront être pratiquées. S’adressant à des débutants, on sera plus prudent avec une sélection de techniques plus « classiques ».

Si l’échauffement est utile afin d’éviter les blessures, il n’est pas un « blanc seing » pour le reste du cours durant lequel le professeur pourrait se permettre de faire travailler certaines techniques et exercices dangereux, sous prétexte que l’échauffement a été effectué. Mais la suite de la leçon, c’est un autre sujet !

En conclusion de ce petit article sur l’échauffement, on peut dire qu’il doit être court, attractif et pourquoi pas récréatif, nous sommes aussi dans le loisir. Il doit échauffer les principales articulations et groupes musculaires, solliciter le système cardio-pulmonaire et provoquer un bien être général qui sera un atout pour le reste de la séance.  Un bon échauffement sera la première des conditions pour une séance réussie.
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Vacances et ju-jitsu à Soulac-sur-Mer

VACANCES ET JU-JITSU à SOULAC-SUR-MER (Gironde).

Ci-dessous quelques informations sur le stage de l’été prochain. (Et quelques arguments pour y participer.)

Du 13 au 18 août 2023 et pour la deuxième année consécutive, on renoue avec les stages d’été à Soulac-sur-Mer.

Durant vingt-cinq saisons, de 1986 à 2010, les stagiaires venus de toute l’Europe ont pu découvrir le charme de la station balnéaire située à l’extrémité de la Pointe de Grave.

Un tel stage, c’est un moment privilégié qui permet d’associer vacances et immersion totale dans l’art martial. A une intensité technique et physique conséquente, mais adaptée, viennent s’ajouter les rencontres avec des pratiquants venus d’écoles et de pays différents.

L’été dernier ce fût donc un vrai plaisir de retrouver les tatamis et l’océan. On attaque la saison suivante en pleine forme. Reposé et affûté !

Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à me le faire savoir assez vite.

Ce stage est ouvert à tous les pratiquants d’arts martiaux.

– Période : Du dimanche 13 au Vendredi 18 août 2023

– Participation : 180 € la semaine.

– Stage ju-jitsu : trois heures d’entraînement le matin de 9 h 00 à  12 h 00, dont trente minutes en extérieur. Tous les aspects du ju-jitsu traditionnel seront travaillés. L’après-midi est entièrement libre. Une semaine « ju-jitsu et vacances ».

– Soulac-sur-Mer : Situé à 80 kilomètres de Bordeaux, Soulac, c’est : des kilomètres de plages de sable fin, des hectares de forêt et un microclimat.

– Accès : du Nord de la France, prendre le Bac à Royan. Du Sud : Bordeaux – Soulac.

– Activités annexes : toutes les activités proposées par une station balnéaire digne de ce nom. Il y a la plage et l’océan, mais aussi toute la Pointe de Graves qui offre de belles surprises, et pas simplement dans les vignes.

– Ouverture du stage : Dojo municipal à côté du gymnase municipal, en face de la gendarmerie, le dimanche 13 août à 9 h 00. Clôture le vendredi 18 à 12 h 00.

– Hébergement : toutes les formules d’hébergement sont proposées : camping, maisons d’hôtes, Airbnb, etc. Office du tourisme 05 56 09 86 61 et le site Internet de la ville.

Pour toute autre information : 06 14 60 18 25  eric@pariset.net

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Contrôler et se contrôler

Le contrôle peut être interprété de deux manières  différentes mais forcément liées.

Il y a le contrôle que l’on connaît bien dans nos disciplines qui, à l’aide des « katame waza », permet de maîtriser quelqu’un sans forcément mettre ses jours en danger. Puis le contrôle qui amène une maîtrise de soi.

Donc, un contrôle physique de l’adversaire et un contrôle personnel (celui-ci n’étant pas forcément le plus facile).

Sur le plan technique, la famille des katame waza regroupe des immobilisations, des clefs sur les articulations et des étranglements. Contrôler avec un étranglement semble contredire ce qui est affirmé  plus haut, mais il faut savoir qu’à un certain niveau de maîtrise, on peut (justement) « modérer » ce genre de technique.

Cette famille de techniques qui permettent de maîtriser quelqu’un en limitant les atteintes à son intégrité physique, demande beaucoup de travail. Pour bien maîtriser une clef, par exemple, il faut de la patience et de la ténacité.

Je n’ignore pas que cela est parfois rebutant ; c’est dommage. D’abord parce qu’en self défense leur efficacité est incontestable, mais il est également indispensable de prendre en considération cette notion de légitime défense et de respect de la vie ; ces techniques permettent de moduler la riposte. Certes….quand on sauve sa vie…

Ensuite, il y a notre propre contrôle, ce contrôle qui permet de maîtriser nos réactions physiques, ce qui dans certaines situations est plus facile à dire qu’à réaliser.

Cependant, la pratique régulière d’un art martial doit aussi nous élever dans ce domaine, sinon à quoi bon ? Construire un système de défense qui ne rime pas forcément avec détruire, ce n’est pas inutile à bien des égards.

La pratique d’un art martial est faite pour s’améliorer techniquement et physiquement, mais aussi pour s’élever mentalement.

Alors étudions les contrôles et apprenons à nous maîtriser !

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Le respect

Le premier article de l’année porte sur un sujet majeur, un des piliers de l’éducation : le respect.

Faisons le tour de ce qui doit être respecté dans un dojo.

Tout d’abord le lieu. Rien de sacré dans ce lieu d’apprentissage et de partage, juste le respect de quelques règles de base de politesse, comme le salut, normalement en y entrant et avant de monter sur le tatami.

Pour des raisons d’hygiène, on ne marche pas les pieds-nus en dehors du tatami, évidemment on arbore la tenue dans laquelle la discipline doit être pratiquée et, cela va sans dire, la tenue en question se doit d’être propre.

Quant au salut, il est exécuté collectivement au début et à la fin de la leçon mais aussi avant de travailler avec un partenaire et au moment d’en changer. Il se fait dans une tenue correcte, c’est-à-dire que l’on rajuste son « dogi », avec la veste sous la ceinture, on ne salue pas débraillé.

Ensuite, dans un dojo on ne parle pas fort, on ne s’interpelle pas. Lorsqu’on échange avec son partenaire, on le fait à voix « mesurée ». Quand le professeur démontre une technique, on s’abstient de discuter avec son voisin.

La ponctualité est aussi une marque de respect. Je n’ignore pas que nous ne faisons pas toujours ce que nous voulons, mais un cours est un ensemble et le salut du début en fait partie. Il est une marque de politesse, « on se dit bonjour ». C’est aussi le moment où le professeur donne le ton de la séance, avec quelques mots il insuffle l’élan nécessaire ; il ouvre la séance. Lorsqu’on arrive en retard, ce qui peut arriver à tout le monde, sans que cela devienne une habitude, l’élève doit attendre sur le bord du tatami que le professeur l’invite à y monter.

On doit évidemment respecter les consignes du professeur comme le « hajime » et le « matte » ; il s’agit de politesse, mais aussi de sécurité. Imaginons qu’en randori un des deux combattants ne respecte pas le « matte » du professeur et continue d’attaquer alors que l’autre s’est déjà relâché en respectant la consigne en question !

A l’inverse, il y a le respect du professeur vis-à-vis de ses élèves. Il doit se faire respecter avec une autorité naturelle qui ne nécessite en aucun cas un langage de garde-chiourme. Il doit respecter le niveau et l’aspiration des élèves, par rapport aux compétitions par exemple, dans les disciplines qui en proposent. Quant à arriver à l’heure et à être présent, sauf cas grave, cela semble évident. Il doit aussi veiller à ce que l’intégrité des élèves soit respectée. Il est aussi un éducateur et non pas un destructeur. Il n’est pas non plus qu’un distributeur de techniques, il doit veiller à ce que soient respectées toutes les règles attachées au dojo.

Toutes ces marques de respect ne doivent pas être considérées comme « pas très utiles » ou ringardes. Non, elles sont la condition sine qua non  d’une pratique harmonieuse dans le respect du lieu, des personnes et tout simplement de l’art qu’on pratique.

Elles permettent une pratique sécuritaire, il s’agit de disciplines de combat, un maximum de concentration est donc indispensable. Tout cela sans pour autant sacrifier ni à la bonne humeur ni à une bonne ambiance qui nous rappellent que nous sommes aussi dans le loisir.

Pour aller un peu plus loin, mentionnons le respect du souvenir des « anciens ». De ceux qui ont marqué leur discipline et de ceux qui ont été à un moment nos professeurs. En premier lieu le « premier professeur », celui qui a participé en grande partie à faire de vous le pratiquant que vous êtes devenu.

Je n’ignore pas que les pages se tournent de plus en plus vite, la mémoire est de plus en plus relative,  mais justement, marquons notre différence dans nos disciplines qui sont des disciplines à traditions.

Si dans celles-ci nous ne respectons pas certaines consignes, où seront-elles respectées ? Les respecter participe à leur valorisation.

Terminons par ce qui est peut-être le plus important, à savoir le respect des engagements, notamment les engagements moraux, ceux de la parole donnée.

Pour ma part j’essaie de respecter ma mission d’éducateur technique, physique et mental.

Alors, comme nous sommes en début d’année, au moment des bonnes résolutions, ces marques de respect s’imposent. Elles ne rendront que plus agréable le déroulement des cours et plus largement notre existence.

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Vaincre sans combattre

Cette semaine, à la place de l’article technique, c’est une petite histoire savoureuse extraite du recueil “Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon” que je propose. Ce n’est pas une première, mais on ne s’en lasse pas. Et puis, peut-être que certains la découvriront avec délice.

L’art de vaincre sans combattre.

L’intelligence au service de la victoire. Un concept qui n’a pas d’âge, et pourtant…

« Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maitrise du sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire : «Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot » ? Budoken répondit calmement :
-« Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu. »
Le samouraï se gratta le crâne et demanda :
– « Mais alors, quelle est ton école ? »
– « C’est l’école du combat sans armes. »
– « Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ?
– « Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi. »
Exaspéré, le samouraï continua :
-« Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ? »
– « Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne ! »
Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bukuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat.
Budoken enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.
Budoken se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria – « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! »

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