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Durant cette période estivale, j’ai pensé proposer chaque semaine un  article parmi ceux qui ont le plus « marqué » la saison qui vient de s’achever.

Celui qui arrive en tête (selon un compteur visible « coté administrateur » de la page du club)  est un billet publié le 27 janvier dernier et qui était consacré à…la self-défense. Ce n’est pas très étonnant et cela amène à s’interroger sur l’orientation ultra sportive prise par bon nombre d’arts martiaux, alors que c’est l’aspect utilitaire qui est largement plébiscité.

Bonne lecture

Self-défense et notamment défense contre armes.

Cet article proposé (sur mon blog et Facebook) est un peu plus long qu’à l’habitude ; le sujet le mérite.

C’est un secteur délicat en matière de self-défense que celui des défenses contre armes. Toute agression peut engendrer de désastreuses conséquences, à fortiori lorsque c’est à main armée. Les conseils en la matière pullulent sur les réseaux ; je ne me permettrai pas de porter de jugement à leur égard, d’autres n’hésitent pas ; je me contenterai de prodiguer quelques recommandations issues de mon expérience, non pas en tant que familier des combats de rue (très loin de là), mais tout simplement comme professeur qui enseigne depuis plusieurs décennies et qui a aussi collecté un nombre important de témoignages rapportés par des personnes (élèves ou professeurs, hauts-gradés ou pas, jeunes ou plus âgés, hommes ou femmes) qui ont pu se sortir indemnes d’agressions . Les quelques lignes qui suivent sont donc le fruit d’expérience, de témoignages et… du simple bon sens.

Commençons par le bon sens avec des conseils basiques et évidents qui s’appliquent – si on le peut – à toutes formes d’agressions et en l’occurrence celles avec arme. D’abord en évitant les endroits à risque, ensuite en favorisant la fuite (nul ne connais l’issue d’un affrontement) ; si celle-ci n’est pas possible, entamer un dialogue, une négociation. Si malheureusement l’affrontement est inévitable, il faut d’abord savoir que tout le monde n’a pas la même lucidité dans ces moments. Nous ne sommes pas tous égaux psychologiquement lors d’une agression. Pour savoir comment on réagi face à une telle situation, il faut avoir une expérience en la matière ; si tel n’est pas le cas, il est totalement déconseillé de se tester de son propre chef dans de telles conditions, c’est juste inimaginable (et répréhensible). Lorsque l’on est professeur, l’obligation de mettre en garde ses élèves sur les dangers et les conséquences multiples d’une agression, est obligatoire. On doit aussi se souvenir que la meilleure victoire est celle que l’on obtient sans combattre ; il ne s’agit pas de lâcheté, mais d’intelligence.

Quand l’affrontement semble inévitable, il est évident, que plusieurs facteurs entreront en ligne de compte, dont un qui n’est pas mince, je veux parler de la chance. Ensuite, la maitrise technique et les automatismes feront la différence ; cette maitrise sera acquise par l’apprentissage et le perfectionnement technique, pour ce qui concerne les automatismes, des centaines et des centaines de répétitions seront indispensables. Une bonne condition physique et une tonicité correcte ne gâcheront rien. Enfin, il ne faut jamais arrêter l’entrainement d’autant plus qu’à un certain moment on doit avoir découvert dans la pratique d’autres intérêts que l’unique coté utilitaire (c’est plus sain), même s’il est la raison première de l’élaboration de méthodes de combat.

Tous ces conseils et ceux qui suivent, sont encore plus vrais quand il s’agit d’attaques avec une arme ; surtout lorsqu’il est question d’objets tranchants ; le couteau excluant bon nombre de projections, celles-ci imposant un contact incompatible avec l’acier tranchant ou piquant. Parer ou bloquer l’attaque représente l’évidente première phase. La deuxième étant le coup (l’atemi) – ou plusieurs – pour fixer, stopper et déséquilibrer l’adversaire.

Enfin, pour finaliser face à une arme blanche, la maitrise des clefs est indispensable, à moins d’être persuadé que l’utilisation des coups sera d’une radicalité permettant de se passer de l’étude des contrôles en clef de soumission ; cet état d’esprit s’apparente peut-être à une forme de présomption !

Je finirai cet article avec quelques exemples qui sont autant de témoignages recueillis auprès de personnes que j’ai fréquentées et qui ont été victimes d’agressions (notamment avec armes). Grâce à leur technique elles ont pu se sortir d’affaire. Il y a d’abord ce haut gradé dans la police et dans le ju-jitsu qui a pu, grâce à un waki-gatame de bonne facture, maitriser quelqu’un qui lui brandissait un revolver sur le front ; puis, cette ceinture noire féminine qui a sorti un importun de la rame de métro avec un tai-sabaki (déplacement du corps) ; ensuite un « presque débutant », ceinture orange au moment des faits et qui a désarmé un agresseur muni d’un couteau en utilisant une clef au bras très basique (ude-gatame) ; ce septuagénaire haut gradé – mais septuagénaire quand même – qui a « confisqué » le revolver d’un voleur de portefeuille avec un contrôle au niveau du poignet ; certes il s’agissait d’un jouet mais la victime potentielle l’ignorait ; enfin, je termine avec ce monsieur qui, juste après sa première leçon, a réussi à se débarrasser d’un voleur de sacoche dans le métro en appliquant une technique qu’il venait de répéter quelques minutes plus tôt.

Il y a bien d’autres exemples ; et puis il y a ceux et celles qui affirment qu’à partir du moment où ils ou elles ont commencé à pratiquer, ne se sont plus jamais fait embêter, alors que c’était fréquemment le cas avant : cela s’explique assez facilement par une certaine assurance qui émane de la personne possédant quelques moyens de ne pas subir. L’assurance en question étant ressentie par l’agresseur qui n’insistera pas, n’étant pas un exemple de courage de par sa nature. Cependant il ne faut pas tout miser sur cette assurance.

Enfin, je finirai par un clin d’œil à l’attention de ceux qui affirment que leur méthode est la meilleure, tout en critiquant parfois les autres, en leur soumettant l’idée qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, à partir du moment où l’on étudie toutes les formes de ripostes à toutes les situations d’attaques et que toutes les « armes naturelles » du corps sont utilisées. Par contre, il y a des bons et des moins bons professeurs et des élèves avec des qualités et des compétences naturelles moins développées ; ce sont d’ailleurs souvent ceux-là qui persistent et progressent le plus.

Une toute dernière recommandation : le package « sachez vous défendre en tant de séances », ça n’existe pas. Etude, perfectionnement, entrainement et répétitions sont les uniques recettes, non pas de l’invincibilité, elle n’existe pas non plus, mais pour cultiver et augmenter un potentiel naturel.

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Résumé du « dictionnaire »

Il y a quelques mois, sur mon blog et sur Facebook, j’ai entrepris la rédaction d’un « modeste dictionnaire des arts martiaux » dans lequel j’évoque ce qui m’a marqué dans ma vie de pratiquant. Ce sont des personnalités qui forment l’essentiel de cet abécédaire, mais y sont aussi rassemblés des techniques, des lieux, des évènements et des objets qui ne m’ont pas laissé insensible.

A ce jour il ne reste plus que deux lettres, le Y et le Z ; je les traiterai à la rentrée. Pour beaucoup de pratiquants c’est le début des grandes vacances, j’ai pensé proposer un résumé de chaque mot, ou personnalité qui ont composé ce dictionnaire, ceci à l’aide d’une ou deux lignes très significatives. Aujourd’hui, c’est une première partie qui est proposée, la seconde le sera la semaine prochaine.

A comme arts martiaux : le ju-jitsu et le judo, évidemment, mais tous les autres aussi sont une grande partie de mon univers.

B comme Bercy : ça été un peu « mon jardin ». Le plaisir et l’honneur de démontrer le ju-jitsu que j’aime devant 15 000 personnes à douze reprises.

C comme Henri Courtine : un deuxième père, un « père spirituel » ; c’était d’ailleurs le meilleur ami du mien, un judoka au style aussi élégant qu’efficace ; aujourd’hui il est le seul français 10ème dan

D comme démonstrations : il y a eu les démos de Bercy, mais il y a eu aussi des centaines de galas en province et à l’étranger. Elles sont une grande partie de ma vie et de ma carrière.

E comme enchaînements : les enchaînements qui ont composé mes démonstrations, mais aussi et surtout les enchaînements techniques tels que les « 16 techniques », les 16 Bis, les 16 Ter, etc. Le sentiment d’avoir été utile !

F comme Fils de quelqu’un : une fierté, une responsabilité, un nom à préserver, un prénom à se faire. Pas facile d’être le fils de Bernard Pariset dans le monde des arts martiaux.

G comme Anton Geesink : le géant hollandais, « la gloire de mon père » qui a réussi à le battre une fois, c’était en finale des championnats d’Europe toutes catégories en 1955 devant un stade de Coubertin en folie. Ensuite Anton Geesink – entre autres exploits – a fait pleurer tout un pays en terrassant le japonais Kaminaga lors de la finale des J.O. de Tokyo en 1964.

H comme honneur : vaste programme ! Il ne suffit pas d’utiliser le mot ou de l’afficher sur le mur du dojo, encore faut-il en être pourvu !

I comme Ippon seoi nage. Ma projection favorite, celle qui illustre bien des principes de notre discipline, « le petit qui passe sous le grand » !

J comme Ju-jitsu : comment pourrait-il en être autrement pour moi. Mais J comme judo aussi.

K comme Jigoro Kano : il a ressuscité le ju-jitsu, nous lui devons la mise en place d’une méthode d’éducation physique et mentale intemporelle.

L comme Jean-Claude Leroy : un judoka exceptionnellement talentueux, un des plus beaux (et efficace) uchi-mata de la planète, un ami et même presqu’un grand frère ; à partir de 1973 nous avons fait un grand bout de chemin ensemble, pour la cause du ju-jitsu notamment ; c’était avant que la maladie ne l’emporte bien trop tôt.

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W comme Waza (suite de mon dictionnaire des arts martiaux)

Waza, voilà un mot couramment utilisé par les pratiquants et enseignants de ju-jitsu. On le traduit communément par «travail », mais utiliser « technique » est plus proche de la vérité et correspond mieux à ce qu’il représente réellement. Il est aussi moins rébarbatif que le mot travail qui, il y a quelques siècles, évoquait un instrument de torture.

Ceci étant, « technique » se traduit également par « jitsu » (ju-jitsu : technique de la souplesse). Le japonais, comme beaucoup de langues, possède plusieurs traductions pour un même mot ; avec sans doute quelques nuances.

Les trois grandes familles « de waza » sont l’atemi-waza : les techniques de coups, le nage-waza : les techniques de projections et le katame-waza : les techniques de contrôles. Ces trois familles se trouvent aussi bien dans le tai-chi-waza (techniques debout) que dans le ne-waza (techniques au sol).

La recherche de la finesse technique sera la quête de chaque pratiquant ; le geste parfait, réalisé avec précision et rapidité, mais aussi, n’en déplaise à certains, avec style et élégance. Personnellement je n’assimile pas le mot technique à ce qui est réalisé avec une unique brutalité.

Chacun des trois grands groupes offre des subdivisions. Dans l’atemi-waza il y a ce qui est pratiqué avec les membres supérieurs (te-waza) et ceux avec les jambes (geri-waza). Pour les projections, les sous-groupes sont nombreux, du koshi-waza qui qualifie les projections réalisées à l’aide des hanches, jusqu’aux techniques de sacrifice (sutemi-waza), en passant par les techniques de jambes (ashi-waza). Quant aux techniques de contrôles, elles réunissent les immobilisations avec l’osae-waza, les étranglements et les clefs avec respectivement le shime-waza et le kantsetsu-waza.

Chaque pratiquant a ses préférences. Il y a deux catégories de techniques que l’on affectionne plus particulièrement, il y a celles que nous faisons bien, nos « spéciaux » et celles qui nous font rêver, peut-être justement parce qu’elles représentent un challenge.

A titre personnel, j’apprécie les techniques qui regroupent trois critères : l’efficacité, l’esthétisme et la sécurité dans la pratique en opposition. J’ai un faible pour le nage-waza (les projections) ; quoi de plus beau qu’un uchi-mata parfaitement exécuté, par exemple ?

Certes, dans le combat de rue, lorsque sa vie ou celle d’un tiers en dépend, il n’est pas question de « faire dans la finesse technique », il est question de sauver sa vie ou sa dignité, ou bien celles d’une personne en danger. Mais, d’une part nous ne sommes pas agressés tous les jours et d’autre part la recherche de la perfection dans tous les domaines, y compris celui de l’esthétisme, demande des efforts, lesquels efforts seront forcément générateurs d’efficacité dans l’art et la manière de s’extirper d’une mauvaise situation. « Le beau est plus utile que l’utile » Victor Hugo.

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V comme « la Vie en rose »

D’autres V

Dans un article proposé le 10 avril dernier j’avais choisi le mot Violence, plus exactement « non-Violence » (vaste programme), pour illustrer la lettre V de mon dictionnaire des arts martiaux. D’autres noms ou mots commençant par la même lettre ont marqué ma vie de pratiquant.

V comme Victoire. Pas forcément celle conquise sur les tatamis, ou dans les stades, mais celle que l’on obtient sur soi-même ; pas celle qui consiste – parfois – à écraser ou humilier un adversaire, mais celle qui permet de s’élever. « Ce qui est important ce n’est pas tant d’être meilleur que les autres, mais d’être meilleur soi-même ». Paroles, on ne peut plus sages, de Jigoro Kano.

V comme Volonté. En phase directe avec le paragraphe précédent. Pas de victoire sans volonté. Cela peut être la Volonté d’être simplement…heureux !

V comme Vérité. Sans elle, pas de confiance, pas de relations durables.

V comme Valeur. Des valeurs morales avant tout ; celles que l’on retrouve dans le Code moral affiché dans les dojos (pas toujours respecté, par ailleurs).

V comme Vitesse et Vélocité. Des qualités physiques importantes dans tous les sports et encore davantage dans les disciplines de combat. Que ce soit pour porter une attaque ou pour parer celles de l’adversaire. Mais aussi, parfois, pour prendre des décisions !

V comme Valéra. Dominique Valéra, un monument des arts martiaux français (et mondiaux). Karatéka exceptionnel au palmarès qui ne l’est pas moins. Dans les années 1970, c’est lui qui a introduit dans notre pays « le Full-Contact » ancêtre du Kick-Boxing. Valéra, c’est une technique, un physique, un caractère et «une gueule ».

Pour conclure je peux citer des V exécrables, comme Vanité, Vantardise et Vulgarité. J’ai quelques fois rencontré des personnages qui n’étaient pas dépourvus d’un, ou de plusieurs, de ces défauts. Je n’oublie pas le V de Vilenie. La Vilenie humaine, chacun d’entre nous, un jour ou l’autre et plus ou moins, n’a pas manqué d’en être victime. Souvent elle incite à un autre V, celui de Vengeance ; même si l’on ressent un puissant besoin d’en user, elle n’est bien souvent qu’une perte de temps et d’énergie.

Pour terminer sur V positif, j’affirme que j’ai aussi croisé la route de Valeureux personnages.

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Où est l’infirme ?

Dans la collection « Spiritualités vivantes» publiée chez Albin Michel, j’ai fais l’acquisition d’un petit recueil dans lequel sont proposés 120 contes zen. Ce sont de très courtes histoires teintées d’humour et de poésie, au travers desquelles nous sont offertes de véritables leçons de vie. En voici un extrait avec un conte qui se nomme : « Ou est l’infirme ? ».

Deux hommes marchaient dans la nuit sur un chemin qui traversait une forêt obscure dans une montagne reculée. L’un des deux était aveugle, et son compagnon le guidait. Dans les fourrés sombres, soudain un démon se dressa sur le chemin. L’aveugle n’éprouva pas la moindre crainte, alors que son compagnon fut terrorisé ! L’infirme conduisit alors son ami…

Cette courte histoire nous offre quelque enseignement.

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Entre les mains du destin

Nous sommes dans une « petite semaine » et deux zones sont en vacances de printemps. Ce sont des périodes favorables à quelques petites réflexions. Comme souvent dans ces moments-là, mon billet hebdomadaire propose une petite histoire riche d’enseignement. Une fois de plus elle est issue du magnifique recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». « Entre les mains du destin » (c’est le titre du conte du jour) insiste sur le pouvoir du mental.

Un grand général, du nom de Nobunaga, avait pris la décision d’attaquer l’ennemi, bien que ses troupes fussent largement inférieures en nombre. Lui-même était sûr de vaincre, mais ses hommes, eux, n’y croyaient pas beaucoup. En chemin, Nobunaga s’arrêta devant un sanctuaire Shinto et déclara à ses guerriers : « Je vais me recueillir et demander l’aide des Kami*. Ensuite, je jetterai une pièce. Si c’est face, nous vaincrons mais si c’est pile nous perdrons. Nous sommes entre les mains du destin ». S’étant recueilli quelques instants, Nobunaga sortit du temple et jeta une pièce. Ce fut face. Le moral des troupes se regonfla à bloc. Les guerriers, fermement convaincus d’être victorieux, combattirent avec une si extraordinaire intrépidité qu’ils gagnèrent rapidement la bataille.

Après la victoire, l’aide de camps du général lui dit : « Personne ne peut changer le destin. Cette victoire en est une nouvelle preuve. – Qui sait ? répondit Nobunaga en lui montrant une pièce…truquée, qui avait une face de chaque coté. »    

*Un kami est une divinité ou un esprit vénéré dans la religion shintoiste

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Jeanne Lieberman

https://www.facebook.com/194210463958714/posts/2267815486598191?sfns=mo

 

La vidéo, ci-jointe, qui présente Jeanne Lieberman en 1976, alors âgée de quatre vingt cinq ans, en compagnie de son groupe de fidèles élèves, toutes d’âge très respectable, a suscité un grand intérêt sur les réseaux sociaux ; cela m’a donné l’envie d’ajouter quelques informations et commentaires personnels, dans la mesure où cette femme singulière a été l’élève de mon père au dojo de la rue des Martyrs. Il lui avait remis une ceinture noire qui n’était pas qu’honorifique dans la mesure où l’on applique les vraies valeurs du grade, à savoir : « shin-ghi-tai » (l’esprit, la technique, le corps) ; l’esprit primant sur la technique et le physique. Ce qui, soit dit en passant, n’est plus vraiment pris en compte, alors qu’il s’agit d’une précieuse spécificité des arts martiaux ; nous aurions presque tendance à inverser l’ordre de ces qualificatifs, avec un développement souvent hyper-sportif.

Avant d’évoquer Jeanne Lieberman dans les quelques lignes qui suivent et à l’aide de quelques souvenirs personnels, on peut faire un commentaire sur cette vidéo en notant qu’à l’époque on ne s’embarrassait pas avec la recherche d’une salle vraiment adaptée à nos pratiques, puisque c’était tout simplement dans son appartement que se déroulaient les leçons, nous étions à une autre époque ; une époque où les réglementations (aujourd’hui de plus en plus strictes) n’avaient pas tendance à corseter les initiatives.

Jeanne Liebermann a donc fréquenté le célèbre dojo parisien de la Rue des Martyrs (qui n’y a pas mis au moins une fois les pieds ?), c’était dans les années 1950. Mon père dirigeait le club tout en se forgeant un palmarès exceptionnel sur les tatamis du monde entier. En plus de suivre ses cours Jeanne Liebermann ne manquait pas de lui prodiguer de nombreux conseils d’hygiène de vie, de diététique, de préparation mentale, etc. Elle lui prodiguait aussi de simples conseils de bon sens favorisant une bonne gestion de l’énergie, comme : « simplifiez-vous la vie !», ces quelques mots sont empreints d’une évidence trop souvent négligée.

Elle se réclamait aussi d’un certain pouvoir de prédiction. On m’a rapporté qu’en se penchant sur mon berceau elle avait conseillé à mes parents de me prénommer Jean, que cela me porterait bonheur. Ils n’ont pas suivi le conseil…Le choix définitif ayant déjà été fait, malgré tout c’est en second prénom que « Jean » m’a été attribué, ce qui n’a pas manqué d’émouvoir une tante répondant au petit nom de Jeanne et qui a cru que c’était en pensant à elle qu’avait été fait ce choix ; nous ne l’avons jamais contrariée.

Malgré tout, ses prévisions n’atteignaient pas 100 % de fiabilité, puisqu’elle avait prédit que je serais tellement intelligent que je mourrais d’une méningite ; tout le monde peut se tromper !

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V comme non-Violence

Pour la lettre V de mon dictionnaire, j’ai choisi le mot « violence » (plus exactement « non-violence »). Comme beaucoup je milite pour l’éradication de ce fléau, sans ignorer qu’il a toujours existé, les racines sont profondes et les raisons multiples. Cependant il n’est pas interdit d’espérer.

Il ne s’agit pas d’un exposé sur les origines et les causes des différentes formes de violences, je me limiterai à mon domaine de compétence professionnelle et à l’impact positif que mon métier se doit d’apporter à la société.

Chaque professeur, quelle que soit sa place et quelle que soit la discipline qu’il enseigne, a un rôle à jouer. Dans cette lutte l’éducation est fondamentale, elle permet de prendre le mal à la racine. Certes, cela s’inscrit sur du long terme, mais cet enjeu le mérite.

Les professeurs d’arts martiaux ont une responsabilité encore plus importante dans la mesure où ils enseignent des techniques de combat ; celles-ci pouvant engendrer une issue fatale si elles sont appliquées sans contrôle ; elles devront donc être considérées et enseignées avant tout comme des armes de dissuasion et être utilisées exclusivement à bon escient.

C’est toute la difficulté de l’enseignement de nos disciplines ; il doit se faire dans un but éducatif et non destructif (bien que, comme indiqué plus haut, ce soit la vocation de la plupart des techniques). On ne répond pas à la violence par la violence. Je sais que cette phrase a été dite et écrite à de nombreuses reprises et que certains considèrent de tels propos comme empreints d’un angélisme inadapté ou d’un laxisme répréhensible, ou pour le moins d’utopie. Ceux-là ne peuvent   être considérés comme des éducateurs responsables.

Etre contre la violence n’est pas forcément faire preuve d’inconscience ; lorsque l’on est agressé violemment, il faut être capable de riposter efficacement, avec un niveau technique et mental permettant d’agir rapidement, mais avec nuance dans la mesure du possible, sans ignorer les notions de légitime défense et de respect de la vie.

Faire le constat que certains arts martiaux peuvent être utilisés à de mauvaises fins, ou enseignés de façon brutale, violente, est navrant ; heureusement, c’est le fait d’une minorité de personnes qui ne peuvent être considérées ni comme des éducateurs, ni comme des budokas. La majorités des enseignants sont heureusement conscients de l’enjeu.

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U au pluriel

La semaine dernière c’est le mot Utile qui illustrait la lettre U de mon dictionnaire ; quelques autres noms commençant par la même voyelle m’ont marqué. Les voici avec pour chacun d’entre eux une courte définition personnelle.

Uchi-mata : pour moi c’est LA projection. Sa parfaite réalisation demande de rassembler énormément de qualités en terme de forme de corps, de précision, de vitesse d’exécution, d’assimilation des principes mécaniques naturels ; pour l’exécutant elle offre un plaisir exceptionnel au niveau du ressenti et un régal pour les yeux du spectateur, surtout quand on sait ce que cela représente en matière d’apprentissage et de répétitions. Certes, quelques qualités intrinsèques et prédispositions naturelles ne nuisent pas.

Ura-nage et Utsuri-goshi : deux magnifiques projections qui, elles aussi, allient efficacité et beauté du geste (en judo se sont des contre-prises). Sans avoir assimilé certains mécanismes naturels il est impossible de les réaliser correctement. Lorsque cette étape a été franchie le contentement est immense.

Ura-mawashi-geri : cette fois nous sommes dans le domaine des coups (coups de pied, en l’occurrence), avec une technique aussi spectaculaire qu’efficace. Certes, ce n’est pas la plus facile à exécuter, mais elle a toute sa place ; là aussi quand elle est réalisée correctement on rassemble efficacité et expression corporelle.

Ukemi : les chutes, ou brise-chutes. Sans les maitriser il est impossible d’avancer dans l’art des projections, mais leur étude est également fortement conseillée afin d’éviter les fâcheuses conséquences que peuvent entraîner une mauvaise chute dans le quotidien

Uchi-komi : il s’agit d’un exercice de répétition principalement utilisé pour progresser dans les projections, mais il peut être appliqué au sol et dans l’étude des coups. De mon point de vue, c’est la meilleure méthode d’entraînement. Certains y trouvent une forme de contrainte, mais c’est un effort qui colle bien à la volonté et à la rigueur dont doit être pourvu tout pratiquant d’arts martiaux qui se respecte. La récompense, sera dans les inévitables progrès réalisés grâce à cet exercice.

Uke : l’inséparable « compagnon » de Tori. Ce personnage qui offre à Tori la possibilité de progresser, à condition de se mettre à chaque fois dans la position permettant de réaliser la bonne opportunité ! Il ne suffit pas d’être un bon Tori, il faut aussi être un bon Uke.

Union : « l’union fait la force », voilà une évidence, presqu’un poncif. Malheureusement l’application de cette belle phrase n’est pas toujours possible humainement. Dans la réalisation des techniques d’arts martiaux ont recherchera l’union des principes et des énergies en présence.

L’Utilisation de la force de l’adversaire : en lien direct avec le paragraphe précédent. Le merveilleux principe qui permet à David de terrasser Goliath.

Enfin, parmi les personnalités qui ont marqué les arts martiaux et dont le nom commence par la dernière voyelle de l’alphabet, il y a Maître Ueshiba, le créateur de l’aïkido. L’aïkido, cet art martial qui sait à merveille utiliser les énergies positives en présence.

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U comme Utile

Pour la lettre U de mon dictionnaire c’est le mot Utile que j’ai choisi.

Chaque métier (je préfère ce mot à celui de travail) possède ses utilités ; la première étant de subvenir à nos besoins et à ceux dont on a la charge. Ensuite, il est incontestable que certains métiers ont une utilité plus directe sur le bien être de nos contemporains ou sur celui des générations futures. La médecine et la recherche en sont deux beaux exemples.

De mon point de vue, viennent ensuite ceux qui sont liés à l’éducation. Je pense avoir la chance d’exercer une profession qui n’est pas dénuée de responsabilité, ni d’utilité. Et puis, « Professeur » est un beau titre (même si d’autres noms, plus administratifs que représentatifs remplacent cette belle terminologie). Certains n’ont pas hésité à l’appeler « le plus beau métier du Monde ». Comme dans beaucoup de professions, on ne peut échapper à quelques incompétences et/ou à des usurpateurs pseudo-professionnels.

Dans les arts martiaux nous avons une triple utilité. L’éducation physique, l’aspect « purement utilitaire » (justement) avec la self-défense et enfin une formation mentale et morale.

L’éducation physique, avec des répétitions qui développent de façon harmonieuse les parties de notre corps qui sont aussi nos « armes naturelles ». Ce renforcement s’acquiert de façon plus agréable que par l’intermédiaire de machines inhumaines et austères. Et puis, cette pratique se faisant dans un sens naturel, les risques de blessures sont moins importants que celles provoquées par un développement disons « artificiel ». Nous ne faisons que révéler des qualités et des compétences intrinsèques. On obtiendra de la souplesse, de la tonicité, de la précision et de la vitesse dans l’exécution des techniques et dans l’acquisition des réflexes. Tout cela étant au service de notre « science du combat ».

Cette science, pour ce qui concerne le ju-jitsu, est utile sur un plan purement pratique (c’est son ADN), il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas en convenir ; j’ai consacré un bon nombre d’articles sur le sujet, on peut les retrouver sur mon blog. Les techniques ont été souvent utiles à des personnes lâchement agressées (être agressé lâchement est une sorte de pléonasme).

Enfin, sur le plan mental, ce qui n’est pas le moindre, les bienfaits de l’exercice physique ne sont plus à démontrer. L’étude des arts martiaux (correctement enseignés) inculque des valeurs morales utiles à la vie en société ; enfin, un enseignement sérieux et ludique apporte un bien être général. Ce qui est bon pour la tête est utile et bon pour le corps.

Voilà les principaux bienfaits offerts par une pratique bien encadrée et correctement animée ; ces quelques lignes ne manqueront pas de faire la démonstration du caractère UTILE de ma profession, j’en suis fier.

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