Attitude au dojo

attitude-au-dojoRégulièrement et au moins une fois par saison, il n’est pas inutile de rappeler quelques règles essentielles de bienséance lors de notre présence dans un dojo. Celles-ci participeront à une pratique éducative et constructive dans de nombreux domaines. Les apprendre aux élèves et les leur faire respecter est essentiel, mais parfois les rappeler à certains professeurs n’est pas superflu. Notre rôle d’enseignant d’arts martiaux, du moins tél que je le conçois, ne se limite pas à l’apprentissage de techniques de combat. Au travers de celles-ci, notre mission est aussi d’apporter une contribution à l’éducation globale qui pourra participer à l’élaboration d’une meilleure vie en société, notamment auprès des plus jeunes. Mais partant du principe qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, les plus âgés sont aussi concernés. Afficher sur un mur du dojo les quelques lignes jointes à ce billet et faire respecter leur sens ne pourra que faciliter la tâche du   Maître des lieux.

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Quelques dates

SAMOURAIDans les semaines à venir, j’aurai le plaisir de me déplacer pour encadrer plusieurs stages de fin de semaine. D’abord les 19 et 20 novembre à Mirecourt dans les Vosges, puis le 27 à Carqueiranne dans le Var et enfin le 11 décembre à Niort dans les Deux-Sèvres.

Ces déplacements sont sources de rencontres, d’échanges et de satisfactions. Depuis plusieurs décennies, j’ai eu l’occasion de quadriller régulièrement notre pays, mais aussi d’exporter notre ju-jitsu à l’étranger. Pour différentes raisons, ces dernières années j’ai été contraint de limiter considérablement ces interventions, aujourd’hui davantage de disponibilité me permet de renouer avec elles.

Toujours bien reçu lors de ces stages, j’apprécie de pouvoir exercer mon métier et partager ma passion en faisant de nouvelles rencontres et ainsi faire la connaissance de férus de ju-jitsu qui n’hésitent pas à mettre de coté leurs habitudes dominicales durant quelques heures. C’est aussi l’occasion de « retrouvailles » que les distances rendent malheureusement trop rares. Et puis il est toujours agréable de partager ses connaissances et son expérience avec un nouveau public.

Alors, que ce soit sur la Ligne bleue des Vosges, près de la Grande Bleue ou bien dans le Marais Poitevin, j’espère avoir le plaisir de retrouver les aficionados du ju-jitsu pour quelques belles heures de partage.

Renseignements : eric@pariset.net

Les méthodes d’entraînement

harai-goshiLes « méthodes d’entraînement » sont un ensemble d’exercices destinés à améliorer une technique en particulier ou encore un thème bien précis. Dans le déroulement d’une séance elles peuvent être placées entre l’étude technique et les randoris (exercices libres), bien que ceux-ci fassent partie de cet ensemble. Elles peuvent également faire l’objet de séances spéciales. Elles prennent généralement la forme de répétitions, statiques ou en déplacement.

Très codifiées et conventionnelles, ces méthodes d’entraînement sont indispensables, leur pratique ne doit pas être négligée, même si certaines, tels que les uchi-komi en statique sur une projection (bien connues des judokas), ne sont pas considérées par les étudiants comme la partie la plus agréable d’une séance. La récompense viendra des progrès qui en découleront.

En ju-jitsu, Il en existe un nombre important, dans tous les domaines, aussi bien debout qu’au sol, dans le travail des coups et dans celui des projections.

Les plus connues, sont les fameux « uchi-komis » (déjà évoqués en amont). Ce mot est difficilement traduisible en français – le principal sens que l’on peut lui attribuer est « d’entrer » -, il s’agit de répéter une technique de projection juste dans sa première partie, de préférence en soulevant son partenaire, par série de dix ou de vingt et même davantage. L’exercice pourra être pratiqué en déplacement, sans oublier les répétitions tout seul, « dans le vide » selon une formule connue des adeptes.

Ensuite, il y a les exercices à thème, que l’on peut appeler également « exercices pré-arrangés ». Un exemple, en atemi-waza où Tori travaille ses coups et Uke ses défenses. Cela s’appelle kakari-geko (un sur deux qui attaque). Ce travail peut aussi être proposé avec les projections. Autre exemple avec le ne-waza (travail au sol) : dans une position de défense adoptée par Uke, Tori œuvre dans le but de finaliser, il peut ainsi progresser dans son système d’attaque sans craindre le contre et de fait se renforcer dans le domaine étudié.

On l’aura compris, du moins je l’espère, ces méthodes permettent de se concentrer sur une technique ou un thème particulier et par la répétition… progresser. L’objectif de ce billet n’est pas de toutes les présenter (loin de là), mais d’insister sur leur utilité et de ne pas passer directement de l’étude technique aux randoris traditionnels.

Cela ne m’empêchera pas de proposer par la suite d’autres exercices de ce type, fruits de l’expérience et de l’imagination d’un passionné !

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Le pari du vieux guerrier

06cad30e00d5b6ef2e59f9e88094c720C’est avec beaucoup de plaisir que je publie de temps à autres une histoire issue du recueil de Pascal Fauliot « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Ces petites histoires nous offrent une belle matière à réflexion et nous rappellent que nos disciplines ne sont pas que de simples activités physiques.

 

Le pari du vieux guerrier.

Le seigneur Naoshige déclara un jour à Shimomura Shoun, l’un de ses vieux samouraïs : « La force et la vigueur du jeune Katsushige sont admirables pour son âge. Quand il lutte avec ses compagnons il bat même les plus âgés.

Bien que je ne sois plus tout jeune, je suis prêt à parier qu’il ne parviendra pas à me vaincre », affirma le vieux Shoun.

Naoshige se fit un plaisir d’organiser la rencontre qui eut lieu le soir même dans la cour du château, au milieu d’un grand nombre de samouraïs. Ceux-ci étaient impatients de voir ce qui allait arriver à ce vieux farceur de Shoun .

Dès le début de la rencontre, le jeune et puissant Katsushige se précipita sur son frêle adversaire et l’empoigna fermement, décidé à n’en faire qu’une bouchée. A plusieurs reprises, Shoun décolla du sol et faillit aller rouler dans la poussière ; cependant, à la surprise générale, il se rétablissait à chaque fois au dernier moment.

Exaspéré, le jeune homme tenta à nouveau de le projeter en y mettant toute sa force mais, cette fois, Shoun profita habillement de son mouvement et c’est lui qui réussit à déséquilibrer Katsushige et à l’envoyer au sol.

Après avoir aidé son adversaire à demi inconscient à se relever, Shoun s’approcha du seigneur Naoshige pour lui dire : «Etre fier de sa force quand on ne maîtrise pas encore sa fougue, c’est comme si on se vantait publiquement de ses défauts. »    

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Préférences

SAMOURAISelon une étude publiée dans le quotidien Le Parisien le 18 octobre dernier, la compétition arrive en dernier quant aux motivations qui conduisent à la pratique d’une activité physique. Cette étude, réalisée auprès des franciliens, englobe tous les sports ; les disciplines de combat ne doivent pas échapper à cette analyse, si ce n’est que pour les arts martiaux l’aspect utilitaire doit être en bonne place dans les critères de motivation. Que la compétition arrive en dernier est une raison supplémentaire pour se demander ce qui amène certains arts martiaux traditionnels « à but non-compétitif » à se tourner vers un aspect contre-nature (la compétition) et qui n’intéresse donc que peu de monde ? On peut aussi se demander pourquoi, dans les sports où la compétition existe déjà, dans certains clubs (pas tous), celle-ci est souvent rendue incontournable, provoquant ainsi une stigmatisation à l’encontre de ceux qui ne souhaitent pas forcément s’y adonner, soit par manque de moyens techniques et physiques, soit tout simplement par manque d’envie ?

Dans cette étude, il ressort que la détente et le loisir arrivent en premier, en deuxième la santé, en troisième les rencontres, en quatrième le contact avec la nature et en dernier la compétition. Concernant le contact avec la nature, les arts martiaux se contenteront de la «nature humaine».

Que l’on ne se méprenne pas, je ne suis pas contre la compétition, je me suis souvent exprimé sur ce sujet (preuve en est le partage de nombreuses vidéos sur me page Facebook), simplement, dans les disciplines où la compétition est possible, celle-ci doit être une étape (non obligatoire) mais sûrement pas une finalité. Certes il s’agit là d’une bonne expérience, développant de belles qualités, et pour le sport en question, cela tient lieu de vitrine. Cependant, existe aussi le «revers de la médaille », c’est un autre sujet qu’il sera intéressant de développer ultérieurement.

Dans les disciplines de combat qui pratiquent les compétitions d’affrontement direct, il a été indispensable d’établir un règlement excluant les techniques les plus dangereuses, donc les plus efficaces, celles qui sont le fondement d’un art de combat. Etant interdites en compétition, bien souvent elles ne sont plus enseignées dans les cours, par une fâcheuse manie qui consiste à faire la part belle uniquement à celles autorisées, reléguant au second plan un enseignement s’inscrivant dans une pratique traditionnelle, complète, efficace, ouverte à tous les gabarits et toutes les conditions physiques, mais aussi à tous les âges. Sans oublier l’aspect formateur sur un plan mental, apportant un bien-être personnel, mais aussi collectif.

Là aussi, tout comme pour le sujet de la semaine dernière sur la « tenue », mes propos ne sont pas l’émanation d’un refus d’évoluer, mais tout simplement du respect d’une identité et d’une forme de logique. Enfin, la complémentarité entre un judo, – dans lequel existe des compétitions – et un ju-jitsu traditionnel – sans compétition d’affrontement direct -, permettait à chacun de pratiquer en fonction de ses aspirations. De plus, cette complémentarité offrait de belles passerelles entre deux formes de travail aux racines communes.

J’ai bien souvent abordé le sujet, mais la publication de l’étude évoquée plus haut m’a paru être une bonne occasion d’y revenir. Et puis, nous sommes encore en début de saison et ceux qui viennent de rejoindre la grande famille des arts martiaux, n’ont peut-être pas le loisir de remonter le temps sur ce blog.

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Un peu de tenue…

kimono-jigoroPar facilité on l’appelle « kimono », bien que ce nom soit plus particulièrement réservé à un vêtement d’intérieur. Peu importe, que ce soit le judogi, le karatégi, le kékogi, et même le ju-jitsugi, il s’agit de la tenue d’entraînement de nos disciplines japonaises et il me semble souhaitable de la conserver. Non pas pour des raisons s’apparentant à un conservatisme psychorigide et encore moins de façon ostentatoire, tout simplement parce qu’il s’agit notre tenue traditionnelle liée à notre histoire. Même si elle a un peu évolué au niveau de sa coupe, de son épaisseur, parfois de sa couleur, il n’empêche que l’on ne peut déroger à la veste au pantalon et à la ceinture.

(En illustration, le fameux kimono d’entraînement de Jigoro Kano)

J’avais déjà évoqué ce dossier, mais devant une certaine tendance qui se voudrait évolutive et libertaire, ou même négligente, je trouve utile d’y revenir.

Tout d’abord l’uniformité de la tenue d’entraînement existe dans la plupart des sports et des activités. Nous n’allons pas à la piscine en judogi et les footballeurs ne s’adonnent pas à leur sport en tenue de ski. Cette uniformité appartient au patrimoine de chaque discipline, elle fait partie de son identité, elle a ses raisons d’être. A sa manière elle permet aussi d’abattre les barrières sociales. C’est également le cas dans les sports de combat, la tenue des boxeurs n’est pas identique à celle des lutteurs ni à celle des judokas. Cela pour insister sur le fait qu’il n’est pas question de remettre en cause les différentes façons de se vêtir, à chacun son identité et ses traditions. A ce titre, je ne vois pas pour quelles raisons nos disciplines qui se réclament de l’appellation « traditionnelle », ne respecteraient pas ces us et coutumes.

Que chaque méthode particulière au sein des disciplines défende sa tenue, rien de plus normal, mais il n’est pas nécessaire de le faire avec des arguments non crédibles d’efficacité, ceux liées à l’identité propre et à la singularité suffisent. La pratique en kimono n’est pas moins efficace que les autres. Si l’objectif est de coller au plus prêt à la réalité il faudra non seulement abandonner le kimono, mais aussi le T-shirt, le pantalon de survêtement (ou short/bermuda) et choisir le jean blouson baskets, ou encore opter pour le costume pardessus et chaussures de ville, même parfois pour le tailleur et les chaussures à talons. On ne trouve aucune de ces tenues dans les salles d’entraînement ni dans les dojos.

Concernant notre fameux kimono, il possède un avantage hygiénique non négligeable dans la mesure où il permet d’absorber des litres de sueur, il limite aussi quelque peu une proximité parfois gênante avec le partenaire et enfin grâce à son ampleur il offre la possibilité de s’entraîner dans de bonnes conditions. Ce qui présente une garantie de progrès et par conséquent d’efficacité.

Ne perdons ni notre identité, ni notre histoire, encore moins nos traditions. Respectons toutes les autres disciplines, mais commençons par respecter la notre !

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

 

Les trois familles

webkanjiAu printemps dernier, le 19 mai exactement, sur ce même blog, j’avais mis en avant l’importance que représente la maîtrise des liaisons entre les différentes composantes du ju-jitsu. Bien gérer chacune de ces familles est essentiel, les enchaîner avec une parfaite fluidité l’est tout autant.

Aujourd’hui, l’objectif est de revenir sur chacun de ces groupes en les « explorant » un peu plus profondément. Je rappellerais qu’il s’agit de l’atemi-waza (le travail des coups), du nage-waza (le travail des projections) et du katame-waza (le travail de contrôles).

L’atemi-waza regroupe les coups qu’il est possible de donner avec les bras et avec les jambes, (moins glorieux, mais existant quand même, ceux portés avec la tête). Ils sont principalement utilisés debout, mais peuvent l’être également au sol. En ju-jitsu (j’évoque ici l’art martial et non pas la version combat sous forme d’affrontements directs) il existe deux spécificités. D’abord – s’agissant aussi d’une méthode de self-défense – les coups interdits dans les boxes traditionnelles sont étudiés. Ils le sont avec contrôle, heureusement. Ensuite, les atemi ne représentent pas une finalité, à l’inverse des disciplines qui se limitent aux techniques dites « poings-pieds ». Dans notre art, les coups ont pour rôle d’arrêter l’adversaire, de le déséquilibrer favorablement au profit d’une projection, d’un contrôle ou bien des deux. Cela signifie qu’ils doivent être utilisés avec des attitudes (des gardes) compatibles avec les autres composantes du ju-jitsu. Ils peuvent servir, le cas échéant, de « contrôle final », même s’il ne semble pas souhaitable d’abuser de l’image d’un adversaire frappé à terre. L’étude de l’atemi-waza, permet de progresser dans l’art de donner des coups, mais aussi et – même surtout – dans l’art de ne pas en recevoir. Par conséquent la maitrise de l’esquive ne devra pas être négligée. Si l’atemi-waza est pratiqué avec contrôle, et donc avec un bon état d’esprit dans lequel le contrôle sera la priorité, il permettra – en plus d’acquérir de l’efficacité dans le travail à distance -, de parfaire sa souplesse, sa tonicité et sa vélocité, sans oublier sa précision, essentielle dans bien des domaines, mais peut-être encore plus particulièrement dans celui-ci.

Le nage-waza, par définition se pratique debout, puisque son but est de projeter, de faire chuter, de mettre à terre quelqu’un qui est…debout. C’est le domaine le plus vaste en nombre de techniques. Régit par des principes dans lesquels la technique prime, il demandera beaucoup de patience et participera ainsi activement à une bonne formation mentale. Ce qui n’est jamais inutile. Sur le plan de l’efficacité, le nage-waza est redoutable dans le domaine du corps à corps. Soit après un déséquilibre obtenu par un atemi, soit sur une attaque directe, opportunité au cours de laquelle la force de l’adversaire sera utilisée (le principe de base du ju-jitsu dont la traduction signifie « technique de la souplesse » dans le sens de l’adaptabilité physique et mental), mais aussi en cas d’attaque surprise telle qu’une saisie par l’arrière. Sur le plan corporel ce secteur développera de multiples qualités, dont une bonne coordination entre les membres supérieurs et les membres inférieurs.

Enfin, le katame-waza. Il s’agit là aussi d’un domaine important et pour plusieurs raisons. D’abord, il est très souvent la finalité d’une défense, ensuite parce qu’il donne la possibilité de maîtriser une personne sans forcément mettre ses jours en danger (ce qui est à prendre en considération sur le plan de la légitime défense). Dans ce groupe, on y trouve trois « sous-groupes » : les clefs, les étranglements et les immobilisations. Lorsque l’on évoque les contrôles on pense assez naturellement au travail au sol (le ne-waza), ce qui est le cas en judo, mais dans le ju-jitsu bon nombre de clefs et d’étranglement s’appliquent également debout. Leur assimilation nécessitera aussi d’être armé de patience afin de saisir toutes les subtilités qui existent dans certaines clefs ; celles-ci demandant beaucoup de précision. C’est un secteur plus technique que physique, ceci étant les pratiquants qui connaissent les randori au sol dont le but est de faire abandonner son partenaire à l’aide de ces contrôles, savent de quoi il est question en matière de débauche d’énergie !

Lorsque vous avez assimilé ces trois groupes et que vous êtes en mesure de les enchaîner avec une parfaite fluidité, sans temps morts entre chaque secteur, vous êtes un parfait ju-jitsuka.

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Gilbert Gruss

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Je ne connaissais pas personnellement Gilbert Gruss. Mais depuis longtemps sa réputation dépassait largement le monde du Karaté. C’est avec tristesse que j’ai appris sa disparation la semaine dernière. Sans doute l’un des derniers Samouraïs, le monde des budos est en deuil.

Il avait commencé la pratique du Karaté dans les années mille neuf cent soixante à une époque où « l’art de la main vide » arrivait dans notre pays et provoquait une grande curiosité : « Quelle était donc cette discipline qui vient rivaliser avec le Judo ? » C’était l’époque où la question la plus posée était la suivante : « Du judo et du karaté, quel est le plus efficace ? » Ensuite l’intérêt qui lui a été porté n’a jamais faibli.

Ceinture Noire 9ème dan, Gilbert Gruss a participé très largement au développement de sa discipline, d’abord en tant que compétiteur, et de belle manière, puisqu’il a été champion d’Europe en individuel et champion du Monde par équipe. Equipe dans laquelle se trouvait un certain Dominique Valéra. C’était en 1972 à Tokyo. Ensuite, il consacra le reste de sa carrière à la divulgation de son art en défendant très fermement ses convictions personnelles. .

Bien que n’ayant pas eu la chance de le rencontrer directement et même lors de mon « passage » à la FEKAMT (Fédération européenne de karaté et d’arts martiaux traditionnels) , dont il était le directeur technique, en plus des compétences techniques, je retiendrai la passion qu’il avait mit au service de son art dans sa vie de compétiteur, de professeur, mais aussi pour son ouverture en direction des autres arts et tout simplement sa conception personnelle de « l’art martial ». Mes plus sincères condoléances à sa famille, ses proches, mais aussi à la grande famille du karaté.

 

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Self-défense

tomoe-nageNous sommes encore en début de saison et certains n’ont peut-être toujours pas choisi l’activité qui va être la leur durant les mois à venir. J’évoque ici la self-défense qui est la principale motivation, avouée ou pas, qui conduit un néophyte jusqu’à un dojo.

Parmi les personnes sensibles à cet aspect, nous pouvons distinguer deux groupes. D’abord, celui dans lequel sont rassemblés ceux pour qui l’aspect utilitaire est important mais sans être le seul. Le désir de s’épanouir également dans une discipline physique et mentale les anime. Et puis dans le second groupe se trouvent – justement – les personnes intéressées uniquement par la self-défense. Pour cette seconde catégorie, la pratique n’a que peu de chance de s’inscrire dans la durée, à moins d’être un professionnel de la sécurité. Aller plusieurs fois par semaine s’entraîner avec pour seul objectif celui d’être capable d’éliminer un agresseur le plus vite possible peut vite s’avérer lassant et reflète un état d’esprit particulier. De plus dans cette catégorie certains se sont laissés abuser par la promesse d’être efficace en quelques séances. Un néophyte peut y croire, (quoique), mais lorsqu’un (soi-disant) enseignant le propose, il y a un problème. Il est vrai qu’existe une question récurrente : « En combien de temps, pourrai-je apprendre à me défendre ? », et même, une fois, une réflexion encore plus surprenante émanant d’une personne à qui j’expliquais que les inscriptions se faisaient pour une saison : « Ah non, moi je veux prendre quelques séances, juste le temps pour apprendre à me défendre et ensuite, je reprendrai la danse ! ».

Dans ces conditions il y a un travail de persuasion pour expliquer que l’invincibilité, tout comme la perfection, n’existe pas chez le commun des mortels, l’envie de s’en approcher est déjà une belle motivation et cela s’inscrira dans la durée.

Il est du devoir des professionnels de ne pas laisser les néophytes dans une telle ignorance, tout comme à l’inverse, il est faux d’affirmer que vouloir essayer de garantir son intégrité physique (et celle de son prochain) est illusoire et que la pratique d’un art martial n’apportera rien dans le domaine de l’utilitaire. Que cela est l’affaire de professionnels.

Comme dans toutes choses, c’est le juste milieu qu’il faut rechercher, le domaine de l’efficacité n’y échappe pas.

Premièrement, effectivement il n’existe pas de méthode miracle offrant l’invincibilité. Deuxièmement, la pratique d’un art martial réveillera des réflexes intrinsèques et permettra l’acquisition de techniques et d’automatismes. Troisièmement, chacun possède un potentiel personnel (et oui, là non-plus, nous ne sommes pas tous égaux) et chaque séance permettra de l’augmenter. Enfin, il faut rappeler qu’il n’est pas question d’apprendre à attaquer (ce n’est pas le rôle du citoyen, celui-ci se mettrait d’ailleurs en porte-à-faux avec la justice), mais juste à se défendre, ce qui est déjà suffisant.

Ne nous quittons pas sans évoquer le choix de la discipline (de la méthode de self-défense) et celui d’un club, d’un professeur, plus précisément, puisqu’il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, mais de bons professeurs et…de moins bons ! Tout d’abord, autant s’orienter vers un art qui étudie tous les cas de figures en matière de combat : travail à distance, en corps à corps, debout et au sol, etc. Ensuite, Il est indispensable de s’assurer des compétences de celui qui va être l’enseignant. Dans notre pays nous ne sommes pas dépourvus en matière de réglementation, mais certains arrivent à passer au travers et parfois notre secteur d’activité n’échappe pas au charlatanisme. Donc, il ne faut pas hésiter à bien se renseigner, demander quelles sont les qualifications, formations, diplômes, etc. Et faire confiance à la réputation. De plus, le ressenti personnel, après la (ou les) séance(s) à l’essai – que le professeur ne manquera pas de proposer – sera très important. Il faudra être attentif à ce que l’ambiance soit « saine » psychologiquement, et que règne un bon état d’esprit dans le dojo ; la violence n’étant certainement pas le remède à la violence. Tout est une question d’éducation, les professeurs d’arts martiaux sont aussi des éducateurs, leur rôle et leur responsabilité sont majeurs !

Enfin, en matière d’agression, il faut savoir que les surprises existent. Il est arrivé à des personnes pourtant très affutés de ne pas avoir pu se sortir d’une mauvaise situation et d’autres, bien qu’étant au début de leur pratique, réussir à faire face (à leur grand étonnement d’ailleurs). Le facteur «  chance » entre en ligne de compte et puis, confronté au terrible stress que représente une agression chacun ne réagira pas de la même façon. Comme je pense (et espère) que personne n’envisagera de provoquer ce cas de figure dans l’unique but de se tester, il faut souhaiter deux choses : la première de ne jamais se trouver dans une telle situation et la seconde d’être doté naturellement d’un sang-froid à toute épreuve. Et puis, au risque d’être répétitif (justement), avoir mis le plus de chances de son coté grâce à une pratique régulière. Ce dernier point est bien souvent en fonction de la motivation et la motivation est l’affaire… de l’enseignant !

Bonne pratique à tous.

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Les 16 enchaînements, suite et fin.

yoko-gerRetour à un article très technique avec la suite – et la fin – de nos 16 enchaînements. Pour rappel il s’agit de proposer une alternative à de possibles réactions du partenaire sur les défenses appartenant à nos 16 techniques traditionnelles. Il y a quinze jours nous avions abordé les six premières. Vous pouvez les retrouver sur ce blog à la date du 8 septembre.

Aujourd’hui nous poursuivons et concluons.

7ème technique : A partir de la position « sur le dos » Tori tente de renverser Uke vers l’arrière. Sur la résistance de celui-ci Tori saisit le bout de la manche gauche avec sa main droite et place sa main gauche sur le devant de la cheville droite d’Uke. D’une action coordonnée de la main droite qui tire vers le bas et l’intérieur, de la main gauche qui pousse sur le devant de la cheville et du pied droit qui agit à la façon d’un tomoe-nage, Tori fait basculer Uke par-dessus lui.

8ème technique : Sur l’avancée d’Uke, Tori tente de l’arrêter avec un yoko-geri à droite en direction de la poitrine. Uke pare le coup avec son avant-bras gauche au niveau du mollet, vers l’intérieur. Tori reprend son équilibre en posant son pied droit. Il enchaîne immédiatement avec ushiro-geri-keage et uchi-mata.

9ème technique : Sur la saisie de cheveux, Uke résiste pour ne pas subir la tentative de torsion de poignet que Tori tente de lui faire subir. Sans relâcher la saisie de la main d’Uke, Tori glisse sa jambe gauche devant lui pour se mettre à plat dos et appliquer ainsi une forme de sutemi. Une fois sur le dos, en roulant sur sa droite il administre une redoutable torsion de poignet à Uke qui n’a d’autre issue que celle de se dégager en chute avant.

10ème technique : Sur la saisie de coté Tori tente d’appliquer o-goshi (ou uki-goshi), Uke esquive sur sa droite. Tori revient au contact d’Uke et, cette fois, lui applique Harai-goshi, empêchant ainsi toute récidive d’esquive.

11ème technique : Sur l’attaque en coup de poing circulaire Tori applique une esquive rotative et avant qu’il puisse conclure avec ko-soto-gari, Uke réagit et enchaîne avec ura-uchi à gauche. Tori bloque le coup avec ses avant-bras, porte ura-mawashi-geri à droite au niveau de l’abdomen et conclut avec hara-gatame sur le bras gauche d’Uke.

12ème technique : Tori a été déséquilibré et se retrouve sur le dos face à Uke. Il tente de le faire passer par-dessus lui avec un renversement à l’aide de ses jambes. Sur la résistance de son adversaire il change de direction et, toujours en se servant de ses jambes, il repousse Uke et le renverse sur l’arrière. En gardant le contact il peut enchaîner pour se retrouver « à cheval ».

13ème technique : Uke est placé derrière Tori qui tente de l’arrêter avec ushiro-geri à droite. Uke esquive le coup de pied en se déplaçant sur sa droite et se positionne devant Tori (pour lui saisir la tête avec son bras gauche, par exemple). Immédiatement Tori vient au contact avec le dos d’Uke pour lui appliquer ushiro-goshi.

14ème technique : Sur la menace de couteau Tori porte mikazuki-géri et tente kote-gaeshi. Uke résiste, sur cette réaction Tori pivote sur sa droite et sans relâcher le poignet d’Uke il lui administre waki-gatame à gauche.

15ème technique : Sur le coup de bâton en diagonal, Tori esquive en passant sous le bras armé, il porte yoko-geri à droite et tente de conclure avec o-soto-gari. Pour ne pas subir la projection Uke lève sa jambe, Tori va chercher l’autre jambe pour lui faucher au niveau de la cuisse.

16ème : Uke menace Tori avec son revolver. Simultanément Tori esquive en reculant le pied droit, pare vers le bas avec sa main gauche et porte uchi-oroshi à droite au visage. Il tente de conclure avec la torsion de poignet sur l’arrière (variante de kote-gaeshi. Dès qu’il sent une résistance il peut – à la façon de la défense sur couteau – tout de suite réagir sur sa droite et appliquer moune-gatame qui est une sorte de variante de waki-gatame se réalisant à l’aide de la poitrine sur l’articulation du coude.

Comme je l’avais indiqué lors du précédent billet consacré à cet enchaînement (qui s’adresse plus spécialement aux initiés), pour le moment il n’existe pas de support technique. Cela rend plus délicat son étude, mais c’est aussi une façon de solliciter la réflexion et de réclamer un petit effort d’analyse. Je suis à la disposition de ceux qui souhaiteraient une explication complémentaire. Et puis, peut-être aurons-nous le plaisir de nous retrouver cette saison sur des tatamis de façon à disséquer cet enchaînement qui enrichit (encore) un peu plus le patrimoine technique – déjà très vaste – de notre ju-jitsu.

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