Anatomie des 24 Techniques

Comme promis, une petite présentation de l’enchaînement des 24 techniques.

En 1992 un professeur de judo qui postulait à un « dan » important, butait sur l’unité de valeur ju-jitsu ; celle-ci consistait à présenter une expression libre de plusieurs minutes sur le sujet. Il avait deux mois pour se préparer. Il était venu me demander si je pouvais l’aider.

Devant le peu de connaissance de ce professeur en matière de ju-jitsu et avec un temps de préparation assez mince, je me suis attelé méthodiquement à cette entreprise, partant du principe que rien ne résiste à une bonne organisation.

D’abord il était indispensable de présenter le plus possible de situations d’attaques, à mains nues et armées, à distance et au contact. En terme de ripostes, il était nécessaire de faire état des principales composantes de notre discipline (coups, projections, contrôles) ainsi que des techniques les plus représentatives de chacun de ces groupes. Il fallait également mettre en avant différents schémas d’enchaînements. Enfin, et c’était important, inclure tout cela méthodiquement de façon à ce que la mémorisation s’impose facilement.

J’ai opté pour un classement des attaques par groupes de trois : tentatives de saisies, défenses sur coup de poing, sur coup de pied, etc. Une fois la mission accomplie (l’unité de valeur ayant été validée), j’ai pensé que ce serait dommage de ne pas continuer à utiliser cet enchaînement ; je l’ai donc inclus dans mon programme d’enseignement. Manifestement, il donne satisfaction à bon nombre de pratiquants de tous niveaux. Il y a déjà quelques années, j’ai créé deux supports techniques sur ces « 24 techniques », un livre et un DVD (épuisé).

Sur le plan purement technique, comme spécifié plus haut, on retrouve dans cet enchaînement les composantes du ju-jitsu et dans ces composantes un maximum de grandes techniques.

J’ajoute que cet enchaînement reflète l’indiscutable complémentarité et la parfaite compatibilité entre le ju-jitsu et le judo, ce qui est historiquement et techniquement incontestable.

Cette suite présente un triple intérêt. D’abord l’apprentissage des techniques par elles-mêmes. Ensuite leur enchaînement, mais aussi et surtout la fluidité avec laquelle doit être exécutée chacune d’entre elles.

Pour le professeur c’est un excellent outil de travail dans la mesure où il peut aussi proposer les mêmes attaques et les mêmes schémas de ripostes, mais avec d’autres techniques choisies par les élèves.

La première série est déjà très représentative du ju-jitsu. On y trouve trois situations dans lesquelles est démontré le même schéma de ripostes (coups, projections et contrôles) avec trois ripostes différentes en fonction du fait que la première attaque vient de face, la deuxième de côté et la troisième sur l’arrière. Les trois attaques étant les mêmes : tentatives de saisie.

En conclusion, il s’agit d’un enchaînement dans lequel on travaillera et peaufinera chaque technique, mais aussi l’indispensable fluidité (l’identité du ju-jitsu) dans les liaisons entre chacune d’elle et bien évidemment, ce qui est propre à tout enchaînement, la condition physique, la rapidité et les automatismes. Ce qui confère aux enchaînements de ce type, l’appellation de « méthodes d’entraînement ».

(La photo d’illustration présente la première technique. Issu du livre « Ju-Jitsu enchaînements de base et avancés » 1995 aux éditions SFJAM)

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Atemi ju-jitsu story

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J’avais promis de revenir sur la remise en valeur du ju-jitsu dans notre pays au début des années 1970, avec la méthode « Atemi ju-jitsu ».  Un  sujet déjà évoqué, mais peut-être est-il  oublié chez certains et méconnu pour d’autres, l’évoquer à nouveau n’est donc pas inutile.

Nous étions au tout début des années 1970. Le judo connaissait une popularité croissante,  malgré tout une partie de la population ne se retrouvait pas dans un aspect sportif trop présent et s’orientait vers d’autres disciplines.

Mon père, Bernard Pariset, après avoir mis un terme à une carrière de compétiteur au palmarès exceptionnel, se consacrait essentiellement à son club parisien de la rue des Martyrs : « Le Club Français de judo ju-jitsu ». A ce titre il était attentif à la demande des néophytes qui se présentaient à l’accueil du dojo. Ce qui lui permettait de constater que beaucoup de demandes de renseignements n’évoquaient pas le judo, mais le karaté. Cet « art de la main vide » attirait de plus en plus d’adeptes. En l’occurrence des personnes à la recherche d’une méthode de self défense. Étant ouvert d’esprit et ayant dans son club une belle section de cet art martial, mon père n’était pas jaloux,  cependant il pensait que c’était dommage d’avoir mis de côté un secteur qui appartenait au judo ju-jitsu : l’atemi-waza.

C’est à partir de ce constat qu’il a souhaité accoler le mot « atemi » à celui du ju-jitsu, pour marquer les esprits et signifier la remise en valeur d’un secteur qui avait été négligé.

« L’idée force » était la création d’une méthode rassemblant plusieurs critères : self défense, activité physique et mentale et loisir. Une méthode accessible à tous les âges, à toutes les conditions physiques et à but non compétitif. Non pas qu’il ait été contre la compétition (comment aurait-il pu l’être avec son palmarès ?), mais il estimait que tout le monde n’en possédait pas l’envie ou les capacités, et qu’un art martial traditionnel ne pouvait être pratiqué en affrontement direct. Et puis, tout simplement, l’aspect utilitaire est (et restera) toujours présent dans les esprits.  Cependant  il fallait dépoussiérer ce ju-jitsu quelque peu oublié et lui donner davantage de dynamisme, notamment dans les méthodes d’entraînement.

C’est ainsi qu’en accord avec Henri Courtine,  à l’époque  Directeur Technique National, mon père a conçu une méthode de « ju-jitsu self défense » en parallèle à celle du judo. Ce qui permettait d’offrir un complément de techniques axées sur l’aspect utilitaire tout en respectant l’esprit et les principes de nos disciplines. On élargissait le champ d’accueil des populations. On offrait un potentiel supplémentaire aux professeurs.

Les premières sections ont vu le jour dans ces années 1970. A partir de 1980, le développement a été fulgurant. J’y ai pris une part très active avec des responsabilités fédérales, des stages, des démonstrations en France et à l’étranger (dont douze Bercy), la publication de nombreux supports techniques, sans oublier l’enseignement au quotidien.

Au milieu des années 1990, d’autres orientations ont été prises au niveau national, en termes de contenu technique, notamment. Ces changements ne me convenaient pas et contrariaient mon attachement et ma fidélité à une forme de travail et d’enseignements que j’avais appris, pratiqués et démontrés. A regret j’ai pris mes distances pour pouvoir continuer à promouvoir et enseigner un ju-jitsu qui me correspond totalement. Et puis, j’éprouve trop de passion pour renier mes convictions.

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Critères

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Je reviens sur les critères qui me semblent incontournables dans la pratique et l’enseignement d’un art martial. Ils guident mon action professionnelle et mon engagement.

Curieusement le hasard les fait commencer par la même lettre. C’est donc quelques E que je propose. J’ai déjà évoqué le sujet, je me plais à le faire de nouveau. J’y attache une attention particulière.

Efficacité. Bien sûr, surtout quand il s’agit de self défense. Avec le ju-jitsu traditionnel nous couvrons toutes les situations avec un ensemble de ripostes graduées.

Education. Elle est incontournable, surtout lorsqu’on est détenteur d’une carte professionnelle sur laquelle est mentionné « Educateur sportif ». Pour le bien du corps et de l’esprit. À une époque où la violence s’invite quotidiennement le rôle des éducateurs sportifs est déterminant. On peut combattre sans que suinte la violence.

Épanouissement. Intimement lié au précédent critère. Cet épanouissement physique et mental qui permet d’être « bien dans son corps, bien dans sa tête ». Unr formule qui n’est pas démodée, au contraire. Dans ce monde de plus en plus « spécial », elle est un remède dont il serait dommage de s’émanciper.

Expression corporelle. Avec ces moments durant lesquels nous nous exprimons et qui nous apportent satisfaction et qui renforcent l’estime et la confiance personnelles. Autant d’éléments qui permettent d’avancer positivement dans la vie. Ce goût de l’effort souvent récompensé et qui, dans le cas contraire, efface tout regret et remord.

Effort. Sans eux, sur le long terme, aucun résultat ne sera possible. L’effort physique qui améliore le corps, l’effort mental qui renforce l’esprit.

Esthétisme. Pour certains, il est superflu. J’ai déjà écrit que lorsqu’on sauve sa vie ou celle d’une tiers personne, il n’est pas d’actualité, mais à l’entraînement, il ne gâche rien. Il demande des efforts toujours récompensés. « La recherche du beau »  finalise un accomplissement personnel.  Elle est le résultat de l’alchimie de plusieurs éléments. Aucun d’eux ne doivent être négligés.

Voilà quelques réflexions pour une pratique qui fait partie d’un mode de vie. Les arts martiaux ne sont-ils pas « des Écoles de vie » ?

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De la patience…

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Vacances pour certains et petite semaine pour d’autres, voilà un moment propice à  la rediffusion d’un comte extrait du délicieux recueil « comtes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Une belle leçon de patience qui mène à une sage efficacité.

« Le roi de Tcheou avait confié à Chi Hsing Tseu le dressage d’un coq de combat prometteur, qui paraissait doué et combatif. Le roi était donc en droit de s’attendre à un dressage rapide… et il ne comprenait vraiment pas que dix jours après le début de l’entraînement il n’ait toujours pas eu de nouvelles des progrès du volatile. Il décida d’aller en personne trouver Chi pour lui demander si le coq était prêt. -« Oh non, sire, il est loin d’être suffisamment mûr. Il est encore fier et coléreux », répondit Chi. De nouveau dix jours passèrent. Le roi, impatient, se renseigna auprès de Chi qui lui déclara : – « Le coq a fait des progrès, majesté, mais il n’est pas encore prêt car il réagit dès qu’il sent la présence d’un autre coq. » Dix jours plus tard, le roi, irrité d’avoir déjà tant attendu, vint chercher le coq pour le faire combattre. Chi s’interposa et expliqua : – « Pas maintenant, c’est beaucoup trop tôt ! Votre coq n’a pas complètement perdu tout désir de combat et sa fougue est toujours prête à se manifester. » Le roi ne comprenait pas très bien ce que radotait ce vieux Chi. La vitalité et la fougue de l’animal n’étaient-elles pas la garantie de son efficacité ?! Enfin, comme Chi Hsing Tseu était le dresseur le plus réputé du royaume, il lui fit confiance malgré tout et attendit. Dix jours s’écoulèrent. La patience du souverain était à bout. Cette fois, le roi était décidé à mettre fin au dressage. Il fit venir Chi et le lui annonça sur un ton qui trahissait sa mauvaise humeur. Chi prit la parole en souriant pour dire : – « De toute façon, le coq est presque mûr. En effet, quand il entend chanter d’autres coqs il ne réagit même plus, il demeure indifférent aux provocations, immobile comme s’il était de bois. Ses qualités sont maintenant solidement ancrées en lui et sa force intérieure s’est considérablement développée. » Effectivement, quand le roi voulut le faire combattre, les autres coqs n’étaient visiblement pas de taille à lutter avec lui. D’ailleurs ils ne s’y risquaient même pas car ils s’enfuyaient dès qu’ils l’apercevaient. »

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Professeur et entraîneur : ce n’est pas pareil.

Même si une personne peut endosser les deux rôles, les objectifs ne sont pas les mêmes, chacun a sa propre mission.

Ci-dessous deux définitions données par le Larousse :

« Professeur : Personne qui enseigne, qui dispense les connaissances relatives à une matière, à une discipline, en général dans le cadre d’une activité.

Entraîneur : Personne qui, par des exercices gradués, entraîne un athlète, un boxeur, un nageur, une équipe, etc., et les prépare à une compétition. »

Les compétences réclamées pour chacun de ces postes ne sont pas identiques, même si, comme indiqué plus haut elles peuvent s’associer. Le professeur dispense la technique, y compris et surtout les bases et l’entraîneur demande des résultats, en s’appuyant sur les fondations précitées, en renforçant la condition physique et le mental (l’œil du tigre !).

Le premier doit faire preuve de pédagogie, le second de psychologie.  Le premier doit maîtriser les méthodes d’apprentissage et le second les méthodes d’entraînement.

Le public auquel s’adresse le professeur n’est pas le même que celui de l’entraîneur. Souvent existe une confusion, une confusion qui peut être fâcheuse, quand on confond (volontairement ou pas) les rôles.

L’entraîneur sera dans la lumière pour peu que « ses entraînés » obtiennent des résultats. Le professeur est dans l’ombre, pourtant c’est lui qui fait le travail le plus important. Sans professeur, pas d’entraîneur !

Certains professeurs confondent parfois les deux rôles et préparent à la compétition des élèves qui n’ont pas encore le bagage technique suffisant pour y participer, ou bien, pire encore, qui ne le veulent pas ; situation qui entraîne des abandons qu’on a tendance à oublier.

Cependant,  un professeur peut aussi être capable de préparer des élèves aux championnats, si le club n’a pas la possibilité d’avoir un entraîneur spécifiquement dédié, mais il faudra qu’il fasse la part des choses, en évitant de stigmatiser ceux qui n’ont pas cette vocation.

La compétition est une bonne expérience si elle n’est pas une finalité, qu’elle n’est pas la guerre et qu’elle ne doit pas faire oublier les autres aspects de nos pratiques.

Et puis, j’y reviens souvent, certains arts martiaux perdent une grande partie de leur substance lorsque, pour des raisons évidentes de sécurité, beaucoup de techniques ne sont plus autorisées en compétition.

Conclusion. Professeur et entraîneur : deux passions et des compétences différentes (qui peuvent s’additionner), mais aussi deux missions distinctes, avec chacune sa spécificité et ses objectifs.

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Les arts martiaux : violents ?

Cet article vient en complément à celui proposé la semaine dernière.

« Les arts martiaux ? Mais c’est très violent, ce n’est pas pour moi ! ». Malheureusement, voilà ce que j’entends de plus en plus souvent de la part de néophytes.

Il fût un temps où les arts martiaux bénéficiaient d’une réputation plus apaisante. Avant, quand j’évoquais ma pratique et mon métier, se manifestaient de la curiosité et l’envie de découvrir des disciplines dans lesquelles se mariaient efficacité et sagesse. On admirait ces méthodes de combat où la force mentale et la finesse technique s’associaient  pour terrasser la brutalité. Les raisons de ce changement ne sont pas difficiles à deviner. La récurrence d’images violentes n’est pas faite pour rassurer et donner envie.

À l’inverse, de la part de personnes friandes de nouveautés, de mode et de sensationnel, émanent  des réflexions qui qualifient les arts martiaux traditionnels de méthodes du passé, presque ringardes.  Le judogi (avec des noms un peu différents en fonction de la discipline, bref la tenue) semble d’un autre âge et beaucoup de traditions avec.

Concernant la tenue, avec ironie, je dis souvent que je serais convaincu lorsque je verrais des footballeurs en judogi sur un terrain de foot. La plupart des disciplines sportives respectent leur tenue, il est surprenant que les nôtres, dites « à tradition »,  s’en affranchissent. Chacun est libre, mais jusqu’à une certaine limite, celle d’un règlement. Certes, c’est loin d’être une généralité, mais prenons garde. On commence par ne pas respecter la tenue, peut s’en suivre les saluts, l’ambiance apaisée qui doit régner dans un dojo et bien d’autres valeurs qui ont traversé les années et même les siècles.

Il est vrai que la tendance est d’aller vite, de zapper, de ne pas s’encombrer avec des us et coutumes qui sont arriérés pour certains. Cependant pour acquérir une technique, mais aussi et surtout la faculté de la contrôler, c’est-à-dire de l’utiliser à bon escient, il faut du temps, de la patience et de la  rigueur. A quoi sert une technique si elle ne sert qu’à détruire ?

La sagesse comportementale est plus longue à acquérir que la gestuelle. Une technique permet de sauver sa vie de deux façons : avec son application et prioritairement avec la dissuasion.

Dans un art martial, l’enseignement tend vers l’acquisition de l’efficacité, mais aussi du respect, notamment celui de l’intégrité physique. Mais aussi de le maîtrise corporelle et de l’élévation mentale. Ce qu’on appelle des valeurs.

Même si ce n’est pas la tendance actuelle, avec une société qui baigne dans la violence, chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, pour la combattre. Pourquoi renoncer ?

Autre aspect dérangeant, un peu en marge du sujet  : le reniement de sa « discipline de base » ou de l’enseigner sous un autre nom plus à la mode. La fidélité envers des  racines, une École, une méthode, est une vertu non négociable, semble-t-il.

Il n’est pas question de refuser l’évolution, mais elle doit réellement en être une et d’autre part elle doit se faire sur les bases solides en respectant des principes intemporels.

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Plaidoyer pour une certaine pratique

Une pratique dans laquelle ne « suinte » pas la violence, parce qu’une pratique violente n’est pas la meilleure façon de combattre ce fléau.

Une pratique dans la maîtrise de soi.

Une pratique qui respecte l’intégrité physique.

Une pratique qui donne confiance en soi, qui ne décourage pas.

Une pratique sans obligation de compétition, pour les disciplines qui en proposent, sans renier cet aspect, ni sans ostracisme envers ceux qui ne font pas ce choix.

Une pratique dans laquelle on ne sauve pas sa vie, mais où on apprend des gestes qui offrent la possibilité de la sauver.

Une pratique efficace, davantage tournée vers la subtilité technique et tactique que vers la brutalité.

Une pratique tonique, mais adaptée aux différents âges et différentes conditions physiques.

Une pratique encadrée qui limite les blessures, parce qu’être souvent blessé est la meilleure façon de ne pas progresser.

Une pratique qui respecte les valeurs léguées par les arts martiaux. Ces arts martiaux qui ont traversé les siècles pour nous apprendre beaucoup.

Une pratique qui offre à la plus grande partie de la population la possibilité de s’exprimer, de se défendre, de se détendre, de se mettre – ou remettre- en condition physique.

Enfin, une pratique qui offre des moments de partages, de rencontres, de concorde, de brassages sociaux et de loisirs.

Tout ce qui permet d’inscrire cette pratique dans la durée, en évitant la lassitude, les blessures, en élevant le niveau mental en partageant des valeurs telles que le respect et le goût de l’effort. Une pratique récompensée par les progrès, certes, mais aussi par un accomplissement personnel qui renforce l’estime de soi-même.

Sur le plan technique, ce sera la recherche de la finesse technique, du détail qui fait la différence, tout le contraire d’une brutalité bien trop facile. La maîtrise de soi pour mieux maitriser, se contrôler pour mieux contrôler. Tout ce que nous avons appris des arts martiaux et qu’on semble parfois oublier.

Une pratique éducative et non pas destructive.

Voilà ce qu’est la mission d’un éducateur sportif.

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Self défense

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Il y a un an, l’article qui suit avait déjà été publié. Mais comme « le cercle » s’est élargi avec de nouveaux abonnés et qu’il n’est jamais inutile d’enfoncer le clou, une rediffusion n’est pas superflue !

A propos de self défense

Entre ceux qui disent que ça ne sert à rien d’apprendre à se défendre, ceux qui affirment que leur méthode est la meilleure ou encore ceux qui soutiennent que la vraie expérience est celle de la rue, il y a de quoi être perplexe, sinon perdu.

On se doute que mon opinion est plus modérée et plus pragmatique.

UNE BONNE MÉTHODE, UN BON PROFESSEUR,  UNE BONNE RÉGULARITÉ

D’abord je pense qu’il n’y a rien sans travail. A la base, nous possédons tous un potentiel, plus ou moins important en matière de défense personnelle. Un potentiel que l’on pourrait graduer de 1 à 100. Et bien, chaque séance permettra de l’augmenter, en sachant qu’on n’arrivera jamais à 100, c’est-à-dire à l’invincibilité.

Pour se sortir d’une mauvaise situation, il y a d’abord deux éléments à prendre en considération. Premièrement essayer de ne pas s’y retrouver. Deuxièmement, si on y est, tenter de désamorcer le conflit afin d’éviter un affrontement qui finira forcément mal, pour l’un des deux, l’agressé ou l’agresseur, ou encore pour les deux.

Ensuite, c’est mon point de vue, au moins trois éléments sont déterminants : la chance, le stress et la pratique.

Concernant la chance, nous n’y pouvons rien, par définition. Même si quelques fois il nous est possible de la forcer.

Pour ce qui concerne le stress, là aussi c’est très personnel, nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine. Même entraîné physiquement et affuté techniquement, on ne sait pas comment nous réagirons.

Cependant, si nous n’avons jamais été confrontés à ce genre de situation, il n’est pas envisageable d’en provoquer une, juste pour voir…

Enfin, ce qui est certain, comme indiqué plus haut, c’est qu’une pratique inscrite dans la durée et la régularité est indispensable. A moins d’être dans les mains d’un enseignant incompétent et/ou pratiquer une méthode incomplète.

Le professeur est déterminant, comment pourrait-il en être autrement ? Il doit donner l’envie de commencer et surtout  de continuer. De continuer en proposant une pratique efficace dans laquelle la lassitude ne s’installera pas et surtout qui limite les blessures. En effet, la régularité est indispensable pour faire des progrès. Être souvent blessé est la meilleure façon de ne pas s’entraîner et donc de ne pas progresser.

Enfin, il doit proposer une pratique dans laquelle ne suinte ni brutalité, ni violence. Loin du stress de la vie quotidienne, une pratique apaisée, mais efficace. La maîtrise de soi facilitera une réactivité adaptée aux différentes situations. Un problème de place de parking ou une attaque à main armée, ce n’est pas pareil !

Ceux qui affirment que la réalité est brutale et violente et que de ce fait il faut faire la même chose à l’entraînement ne sont pas très raisonnables. La réalité c’est la réalité, on sauve sa vie, mais l’entraînement c’est l’entraînement. Dans un dojo nous ne sommes pas en survie, bien heureusement. Dans un dojo on s’élève techniquement, physiquement et mentalement !

En conclusion, la méthode est déterminante, certes, mais celui qui l’enseigne l’est tout autant. Une bonne méthode mal enseignée n’est d’aucune utilité, bien au contraire !

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Nage Waza

Rédhibitoire pour certains à cause des chutes, le « nage-waza » (technique de projections) offre beaucoup d’intérêts, comme nous le verrons un peu plus loin. D’autres font des choix différents ou ne s’y intéressent pas, à moins qu’une mauvaise expérience soit à l’origine de ce désintérêt.

C’est pour cette raison que l’apprentissage des projections va de paire avec celui du « savoir chuter ». Si mon partenaire ne maîtrise pas les chutes, je ne peux pas pratiquer les projections. Cet apprentissage doit être progressif pour ne pas décourager.

Apprendre à bien chuter sera utile dans un dojo, mais aussi dans la vie de tous les jours, (sans forcément que ce soit tous les jours, on ne passe pas nos journées à tomber).

Des différences existent dans les opportunités et les finalités, selon que l’on pratique le judo ou le ju-jitsu, mais la forme de corps est la même et les méthodes d’entraînements sont proches.

Sur le plan purement utilitaire, il serait dommage de s’en passer, sur certaines formes d’agressions, l’utilisation du nage-waza est redoutable, sur des saisies par exemple, mais pas que.

Le nage-waza demande beaucoup de travail, de répétitions et donc de patience (c’est peut-être pour cela que certains s’en désintéressent), mais en supplément de la plus-value en termes d’efficacité, on découvrira une véritable science du combat, une science qui répond à des principes techniques très fins, à une utilisation des déséquilibres qui nécessite une parfaite coordination. La fluidité dans « le geste juste au moment  juste » sera déterminante; soit en utilisant directement l’énergie du partenaire (ou de l’adversaire) ou après l’avoir fait réagir, avec un coup (en ju-jitsu), ou avec le principe « action réaction » (principalement en judo) .

Tous ces mécanismes qui entrent en jeu sont plus naturels que l’on croit, simplement tant que nous ne les avons pas utilisés, nous l’ignorons, il faut juste les mettre au grand jour à l’aide d’un révélateur. Ce révélateur, c’est le professeur et ses qualités de pédagogue.

Enfin, on découvrira un monde dans lequel la recherche de la finesse technique, l’esthétisme et l’expression corporelle ont toutes leurs places. Elles seront autant de plaisirs procurés. Certaines projections sont magnifiques dans leur exécution.

N’oublions pas les bienfaits physiques procurés par une pratique régulière de ce secteur : un développement musculaire naturel, une bonne condition physique et bien d’autres qualités.

Il est faux d’affirmer que tout le monde ne possède pas la capacité d’exceller dans ce domaine, c’est davantage le manque d’envie et/ou de volonté qui limite les progrès.

Au travail !

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Le premier dojo

J’ai souvent évoqué le premier professeur, celui qui nous a donné l’envie de commencer et de continuer, celui qui a été l’artisan de nos bases, celui à qui on doit beaucoup. Parallèlement nous n’oublions pas notre premier dojo.

Le premier professeur et le premier dojo sont associés, avec des formes de souvenirs complémentaires. L’un est une personne, l’autre un lieu. Mais un dojo n’est pas un lieu comme les autres. Rien de religieux, cependant il y règne une ambiance particulière, incontestablement une ambiance dotée d’une âme. Après tout, n’est-il pas un personnage à part entière ? Il est souvent identifié au professeur, lorsque celui-ci reste assez longtemps dans la place.

On lui doit un respect particulier, nous sommes censés y trouver la voie, c’est d’ailleurs sa traduction littérale (la voie de la sagesse, entre autres valeurs). On salue en y entrant, idem avec le tatami, avant de l’investir et lorsqu’on en descend.

C’est un lieu qui mérite le respect, il a pour mission d’améliorer l’humain. (Et non pas le détériorer.)

Certes les grands dojos municipaux ne nous offrent plus tout à fait la même ambiance que celle qui régnait dans ceux qui ont marqué les débuts des arts martiaux dans notre pays.

Pour ma part, c’est tout naturellement dans le dojo où mon père avait lui-même commencé sa pratique, que j’ai revêtu mon premier judogi, je veux parler du mythique dojo parisien de la rue des Martyrs.

Créé en 1945 par Roger Piquemal, professeur de sports devenu professeur de judo et de jiu-jitsu (comme on l’écrivait à l’époque). Il a transformé ce qui avait été une écurie et/ou un lavoir en un lieu qui a marqué des générations de pratiquants.

En 1947, Bernard Pariset, un jeune homme de dix-sept ans franchit la porte du 11 de la rue des Martyrs, dans le neuvième arrondissement de Paris. Ce fût le début d’une carrière qui a marqué le judo et même plus largement le sport français avec un palmarès exceptionnel.

A la mort de Roger Piquemal, en 1954, il reprend les rênes de cet endroit, jusqu’à sa propre disparition en 2004. C’est là que, tout naturellement, j’ai revêtu mon premier judogi à la fin des années 1950. J’y ai appris presque tout ce que je sais et c’est là que j’ai exercé mon métier durant de nombreuses années.

Grâce au lien en bas de ces quelques lignes, on accédera à un article de l’année dernière qui offre un historique plus complet concernant cet endroit qui a été contraint de fermer ses portes en 2005.

https://www.ericpariset.com/un-petit-tour-par-la-rue-des-martyrs/

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