Quelques exemples

Cet article est en quelque sorte la suite de celui proposé le 21 janvier dernier. Il était question de self-défense, un sujet qui ne cesse de passionner, ce qui semble normal ; être en capacité de défendre son intégrité n’est pas extraordinaire, y parvenir n’est pas acquis d’avance.
Tout au long de ma carrière d’enseignant, j’ai pu recueillir de nombreux témoignages d’élèves ayant subi des agressions qui n’étaient pas la conséquence de provocations  tendant à démontrer qu’il faut être confronté « à la rue » pour se tester. Ces personnes, jeunes ou moins jeunes, pratiquantes de haut-niveau ou pas, hommes ou femmes, ont réussi à se sortir de mauvaises situations grâce à leur pratique du ju-jitsu, mais aussi du judo ou du karaté. Sans doute est-ce le cas grâce à d’autres disciplines.
J’ai déjà évoqué le sujet à plusieurs reprises. Aujourd’hui, c’est l’illustration avec quelques exemples qui m’ont été rapportés par les personnes elles-mêmes que je propose. Les noms ont été changés. Ces histoires, véridiques, prouvent, si besoin était,  que les pratiques en tenue martial, dotés d’objectifs qui ne se limitent pas à la bagarre de rue, ne sont pas incompatibles avec une efficacité certaine.
Jean-Pierre, pratiquant depuis quelques semaines, en vacances dans « les îles », a pu « faire face » à un tesson de bouteille manié par un individu qui manifestement ne lui voulait pas que du bien, cela grâce à une simple clef au bras (ude-gatame). Solange, ceinture noire de ju-jitsu, a pu mettre en dehors d’une rame de métro un voyageur qui ne cessait d’importuner les autres, et cela  à l’aide d’un simple tai-sabaki (déplacement du corps). Avec un  mae-geri (coup de pied de face) bien placé (ou mal placé, selon le camp dans lequel on se trouve) Viviane n’a pas hésité à condamner les ambitions perturbatrices d’un homme sur un quai de métro. C’est avec un autre coup de pied, yoko-géri, que Martin à « ruiné » le genou de celui qui avait jeté son dévolu sur sa sacoche. Martin était ceinture blanche, il sortait d’une séance durant laquelle avait été effectué un travail important sur ce « coup de pied de coté ».  Jean, ceinture noire 4ème dan, policier de son état doit son salut (et peut-être celui d’autres personnes) à un waki-gatame de bonne facture sur un bras armé d’un revolver. Alain, gradé en judo et en aïkido a pu faire face à une autre menace de revolver (factice, mais il l’ignorait) à l’aide d’une technique de désarmement que l’on retrouve par ailleurs dans le goshin-jitsu.
Ces quelques exemples, mais il en existe d’autres, prouvent si besoin est que la pratique d’un art martial peut être utile pour se sortir d’une mauvaise situation et même pour sauver sa vie. Cependant, rien n’est jamais acquis, plusieurs facteurs doivent être pris en considération ;  la chance, en premier lieu, la maîtrise technique, un peu de condition physique, mais aussi la capacité à ne pas perdre ses moyens dans une situation exceptionnelle. Il n’est pas inutile de rappeler qu’éviter toute confrontation, à l’issue fatalement incertaine, est la solution la plus sage.
Il m’a aussi été rapporté des histoires qui ne se sont pas aussi bien terminées, mais c’était de la part de personnes qui ne pratiquaient pas encore ; ces tristes expériences ont bien souvent motivé des inscriptions dans un dojo et curieusement – et heureusement – il n’a plus été question d’agression. Sans doute une confiance en soi ressentie par l’agresseur potentiel et l’évaluation de certaines situations à risque.
Quant à un troisième cas de figure, justement, c’est-à-dire celui d’un pratiquant dans l’incapacité de se défendre, aucun exemple ne m’a été confié ; peut-être par amour-propre ou encore parce que ce n’est pas arrivé, tout simplement. Que cela ne fournisse surtout pas la prétention, la bêtise et l’irresponsabilité de se croire invincible !

Les 24 techniques

Lors du stage qui s’est déroulé le 17 novembre à Paris, nous avons travaillé sur les «24 techniques ».

A l’intention de ceux qui ne connaissent pas ou pas bien cet enchainement, j’ai pensé qu’il serait utile de lui consacrer ce billet hebdomadaire.

En 1992 un professeur de judo qui postulait à un « dan » important butait sur l’unité de valeur ju-jitsu ; celle-ci consistait à présenter une expression libre de plusieurs minutes sur le sujet. Il avait deux mois pour se préparer et il est venu me demander si je pouvais l’aider. Juste pour info, à cette période, je faisais partie de la Commission nationale ju-jitsu de la FFJDA.

Devant le peu de connaissance de ce professeur en matière de ju-jitsu et avec un temps de préparation assez mince, je me suis attelé méthodiquement à cette entreprise, partant du principe que rien ne résiste à une bonne organisation.

D’abord il était indispensable de présenter le plus possible de situations d’attaques ; à mains nues et armées, à distance et au contact, etc. En face, en terme de ripostes, il était nécessaire de faire état des principales composantes de notre discipline (coups, projections, contrôles) ainsi que des techniques les plus représentatives de chacun de ces groupes. Il fallait également mettre en avant différents schémas d’enchaînements. Enfin, et c’était important, inclure tout cela méthodiquement de façon à ce que la mémorisation s’impose facilement. J’ai opté pour un classement des attaques par groupes de trois : tentatives de saisies, défenses sur coup de poings, sur coup de pieds, etc. Une fois la mission accomplie (l’unité de valeur ayant été validée), j’ai pensé que ce serait dommage de ne pas continuer à utiliser cet enchaînement ; je l’ai donc inclus dans mon programme d’enseignement. Manifestement, il donne satisfaction à bon nombre de pratiquants de tous niveaux, si j’en crois, entre autres réactions, celles manifestées lors du dernier stage. J’ai réalisé, il y a déjà quelques années, deux supports techniques sur ces « 24 techniques », un livre (photo d’illustration) et un DVD (épuisé). Quelques vidéos qui présentent l’enchaînement circulent sur internet, je ne cautionne pas l’ensemble. De toutes les façons, il est largement préférable de transpirer sur un tatami en pratiquant que de s’user les yeux et les doigts sur un Smartphone !

J’ajoute que cet enchaînement vient en complément d’autres réalisations que j’ai eu le plaisir de concevoir, telles que les 16 techniques, les 16 bis, les 16 ter, les 16 contrôles, entres autres.

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