Masques et tubas, palmes et maillots de bain, crème solaire et serviettes de plage, sacs à dos et chaussures de randonnées, etc., autant d’accessoires qui doivent être remisés dans les placards pour y attendre l’été prochain. Tous ces vêtements et autres équipements qui évoquent les vacances, pour ceux qui ont la chance de pouvoir en prendre, vont être remplacés par des tenues différentes et adaptées à la discipline sportive que l’on va retrouver ou que l’on s’est promis de pratiquer durant la saison qui commence.
Pour les disciples des arts martiaux, il s’agira de ce que l’on appelle communément le kimono, sachant que cette appellation heurte les puristes qui n’ont pas vraiment tort puisque ce mot désigne un vêtement d’intérieur. C’est par facilité que nous l’utilisons.
Ce préambule pour venir au sujet de ce billet : « le choix d’une discipline », ce qui en terme journalistique se nomme un « marronnier », à savoir un sujet qui revient de façon récurrente à la même période de l’année comme le « coût de la rentrée scolaire », le « palmarès des hôpitaux », etc. A chaque début de saison, la question se pose pour des milliers de personnes désireuses d’assumer les bonnes décisions prises durant l’été : « cette fois, au mois de septembre, je m’y mets ! ».
Choisir l’art martial qui convient n’est pas facile, dans la mesure où « l’offre » est importante. Dans les années 1950, le choix se faisait vite, puisqu’il n’y avait que le judo. (J’évoque les arts martiaux, en dehors des disciplines de combat existantes déjà dans notre pays, comme la lutte, la boxe et la boxe française.) Dans les années 1960, avec le karaté, puis l’aïkido, l’offre s’élargissait. C’est à partir des années 1970 que les arts martiaux connurent un développement phénoménal, Bruce Lee était passé par là, plus exactement par le grand écran. Sa disparition prématurée et le mystère qui l’entoura contribueront à construire une légende. Ses qualités techniques et physiques ainsi qu’un certain charisme n’avaient pas manqué de le faire connaitre. Le kung-fu faisait une entrée fracassante dans le paysage des arts martiaux et c’est aussi durant cette décennie que la boxe américaine, appelée aussi « full-contact », enrichissait le monde des disciplines de combat. Je n’oublie pas le taekwondo que l’on appelait le « karaté-volant » lorsqu’il est arrivé en France. C’est bien sûr aussi à cette époque que le ju-jitsu à but non-compétitif, qui tel le Phénix, renaissait de ses cendres sous l’appellation « atémi-ju-jitsu ».
Ensuite, à partir des années 1980, styles, et sous-styles, se développèrent de façon plus ou moins organisée, au grand dam des fédérations délégataires souvent animées d’une boulimie de réglementation bien française et du besoin de tout maîtriser. Parfois, ce n’est pas inutile face à quelques dérives, surtout lorsqu’il est question d’éducation et d’enseignement de techniques de combat, notamment en direction des enfants.
Donc, à l’heure actuelle, pour un néophyte, il n’est pas aisé de se décider. Souvent cela se fait en fonction de critères qui ne sont pas forcément ceux du cœur, mais de l’opportunité, comme la proximité d’un dojo, ou les conseils d’un ami.
Maintenant, il est dommage de se tromper de voie et certains critères ne devront pas être ignorés. Il faudra savoir si l’on est davantage attiré par un sport de combat ou un art martial à but non compétitif. Si l’on redoute le corps à corps, ou si c’est le travail des coups qui rebute. Certains (et ils sont nombreux, même s’ils ne l’avouent pas toujours) ne sont intéressés que par l’aspect utilitaire, d’autres par l’envie de s’exprimer au travers des arts du combat pour se «vider physiquement ». Pour d’autres encore, il s’agira de la recherche d’un travail plus interne offert par certains arts martiaux. Et puis il y a ceux qui souhaitent réunir plusieurs critères dans la même pratique. N’oublions pas non plus le simple aspect loisir, ô combien important dans une société quelque peu stressante.
Alors, au moment du choix, et comme je le répète depuis des années, il faudra aussi faire confiance au ressenti personnel, et pour cela il ne faut pas hésiter à participer à une ou deux séances à l’essai que les dojos ne peuvent vous refuser, partant du principe que bien souvent la première impression est la bonne, surtout dans la mesure ou, comme je me plais à le répéter : « plus que le choix d’une discipline, c’est celui d’un club et surtout celui d’un professeur qui est déterminant ». La réputation du dojo et le parcours de l’enseignant doivent également être pris en compte, mais la séance d’essai permettra de constater, si oui ou non, nous sommes en osmose avec la façon de présenter l’art. Bref, si le courant passe !
Un dernier conseil : la pratique d’un art martial s’inscrit dans la durée et c’est là une raison supplémentaire pour qu’elle ne soit pas dangereuse. La préservation de l’intégrité physique est primordiale. Cette pratique se doit d’être éducative physiquement et mentalement. La sécurité l’entourant est déterminante. Les assurances ne classent pas les arts martiaux et les sports de combat dans les disciplines pour lesquelles les risques sont élevés, souhaitons qu’il en soit ainsi encore longtemps, mais lorsque l’on assiste à certaines dérives on peut se poser la question quant à la pérennité de ce jugement. Finissons positivement en affirmant que la sagesse l’emportera et que ces belles disciplines continueront à être aussi une belle Ecole de vie.
Bonne saison à tous !
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