Ippon Seoi Nage

C’est un article plus technique que je propose aujourd’hui avec la lettre I de mon dictionnaire, I comme Ippon Seoi Nage.

Mon but n’est pas de développer une étude approfondie, mais d’expliquer simplement les raisons de mon engouement pour cette projection qui est l’une des plus emblématiques du ju-jitsu et du judo. Elle est utilisée aussi bien en self-défense qu’en compétition. J’ai une affection particulière pour elle, et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, c’est une des premières projections que l’on apprend, bien qu’elle ne se réalise pas aussi facilement que l’on puisse l’imaginer lorsque nous la regardons exécutée par un spécialiste. Mais, répondant à des principes naturels, si elle est bien expliquée, son apprentissage se fait assez rapidement ; elle offre une des premières satisfactions aux nouveaux étudiants. De plus, Tori (celui qui exécute), même s’il est encore balbutiant, ne rencontre pas de difficultés particulières pour bien retenir Uke (celui qui subit) dans la chute, ce qui est rassurant et sécurisant. L’aspect spectaculaire ne retire rien au plaisir de la réaliser ou de la voir bien exécutée.

Son principe de base consiste tout simplement à faire passer le partenaire « par-dessus nous », en se servant de son déséquilibre avant. Celui-ci étant obtenu de différentes manières, selon que l’on se situe en ju-jitsu ou en judo. Comme dans toutes les techniques il existe des variantes, elles sont fonction du gabarit, mais aussi de l’influence du professeur.

En ju-jitsu, elle est utilisée aussi bien sur des attaques venant de face, comme un coup « en marteau » en direction de la tête, que sur des saisies arrière, à la gorge ou au dessus des bras. En judo le nombre des opportunités, combinaisons, contres, liaisons debout-sol est colossal.

Ippon Seoi Nage, en règle générale, est pratiqué par des plus petits sur des plus grands, puisque passer sous le centre de gravité est la première des conditions. Bien exécutée, cette projection ne demande pas d’efforts physiques particuliers, ce qui par ailleurs doit être la condition de toutes les techniques, puisqu’à l’origine la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire et l’utilisation la plus rationnelle de notre propre énergie, sont les fondements du ju-jitsu. On pourrait facilement prendre Ippon Seoi Nage comme modèle pour expliquer des principes parfois négligés et même oubliés.

Enfin, si j’apprécie particulièrement cette technique c’est aussi parce qu’elle était l’un des redoutables « spéciaux » de mon père qui, lors de ses exploits sportifs, a « terrassé » plus d’un « grand » grâce à elle. Par atavisme, mimétisme et avec un excellent apprentissage, elle est devenue l’une de mes projections favorites.

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Régularité, persévérance et fidélité

SAMOURAIUne fois l’inscription concrétisée dans un dojo, les principales bonnes résolutions seront la régularité et la persévérance.

Tout d’abord il faudra définir le nombre de fois que l’on va consacrer à la discipline choisie et s’y tenir. Etablir cette fréquentation hebdomadaire en fonction de nos disponibilités personnelles liées à la famille, au travail et à l’éloignement, mais aussi par rapport à notre âge, à notre forme et à notre passé sportif. L’idéal sera de venir deux fois par semaine, mais que contrairement à ce que certains pensent, il est malgré tout préférable de s’entraîner une fois par semaine plutôt que… zéro fois I En matière de progrès, c’est la régularité qui prime, quels que soient les objectifs : apprendre à se défendre, s’épanouir physiquement et mentalement, progresser dans l’art, tout simplement.

Il ne sera pas nécessaire de commencer, ou de reprendre de façon trop intensive. Il incombera au professeur la tâche de freiner un enthousiasme parfois débordant. Il sera préférable de pratiquer raisonnablement mais régulièrement, plutôt que de commencer de façon excessive et de s’arrêter au bout d’un mois.

Quelle que soit la fréquence définie, il faudra s’y tenir et si possible à jour fixe, question de rigueur et d’efforts. Cela peut paraitre curieux et même rébarbatif d’utiliser ces mots dans le cadre d’un loisir, mais entrer dans le monde des arts martiaux dans lequel existe un code moral n’est pas anodin. Rester dans cet univers se mérite. Aussi les cours seront en bonnes places sur notre agenda et ne devront pas passer après un ciné, une sortie entre amis, etc. Bref ne pas se dire que l’on ira au dojo « faute de mieux… »

Si pour un cas de force majeure, l’impasse est faite durant une semaine ou deux, il sera souhaitable de rattraper la ou les séance(s) perdue(s) de façon à conserver « une moyenne hebdomadaire ».

Il ne faudra pas faire preuve d’impatience, même si on ne le ressent pas comme tel, chaque séance permet de progresser. Parfois nous envahit la sensation de stagner, tout simplement parce que c’est par palier que nous constatons nos progrès.

Au travers de cette pratique régulière on prendra du plaisir dans la satisfaction d’avoir fait preuve de ténacité et de rigueur, prouvant ainsi que nous sommes un peu maitre de notre vie ! Les progrès en auront que davantage de saveur.

Sur le plan des satisfactions personnelles, je n’oublie pas celle que procurera l’évolution dans les grades. Ils ne sont ni des hochets pour personnes en mal de récompenses, ni à l’inverse des finalités. Ils valident et sont la reconnaissance d’un parcours. « Ils sont un accomplissement et non pas un aboutissement ».

On ne peut clore ce billet sans évoquer la fidélité, celle que l’on doit à sa discipline, à son dojo et à son professeur, elle aussi fait partie de l’ADN des arts martiaux….On ne pratique pas les arts martiaux pour six mois, ou pour une saison (même si quelques fois des situations nous éloignent des tatamis), on ne change pas de discipline au gré du vent, il en est de même pour le professeur, sauf en cas de déménagement, bien sûr. Par contre, en toute légitimité, la curiosité et le besoin de faire évoluer notre pratique pourra se faire sentir, sans pour cela renier nos origines, ni être avare de reconnaissance.

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L’heure du choix

judogiMasques et tubas, palmes et maillots de bain, crème solaire et serviettes de plage, sacs à dos et chaussures de randonnées, etc., autant d’accessoires qui doivent être remisés dans les placards pour y attendre l’été prochain. Tous ces vêtements et autres équipements qui évoquent les vacances, pour ceux qui ont la chance de pouvoir en prendre, vont être remplacés par des tenues différentes et adaptées à la discipline sportive que l’on va retrouver ou que l’on s’est promis de pratiquer durant la saison qui commence.

Pour les disciples des arts martiaux, il s’agira de ce que l’on appelle communément le kimono, sachant que cette appellation heurte les puristes qui n’ont pas vraiment tort puisque ce mot désigne un vêtement d’intérieur. C’est par facilité que nous l’utilisons.

Ce préambule pour venir au sujet de ce billet : « le choix d’une discipline », ce qui en terme journalistique se nomme un « marronnier », à savoir un sujet qui revient de façon récurrente à la même période de l’année comme le « coût de la rentrée scolaire », le « palmarès des hôpitaux », etc. A chaque début de saison, la question se pose pour des milliers de personnes désireuses d’assumer les bonnes décisions prises durant l’été : « cette fois, au mois de septembre, je m’y mets ! ».

Choisir l’art martial qui convient n’est pas facile, dans la mesure où  « l’offre » est importante. Dans les années 1950, le choix se faisait vite, puisqu’il n’y avait que le judo. (J’évoque les arts martiaux, en dehors des disciplines de combat existantes déjà dans notre pays, comme la lutte, la boxe et la boxe française.) Dans les années 1960, avec le karaté, puis l’aïkido, l’offre s’élargissait. C’est à partir des années 1970 que les arts martiaux connurent un développement phénoménal, Bruce Lee était passé par là, plus exactement par le grand écran. Sa disparition prématurée et le mystère qui l’entoura contribueront à construire une légende. Ses qualités techniques et physiques ainsi qu’un certain charisme n’avaient pas manqué de le faire connaitre. Le kung-fu faisait une entrée fracassante dans le paysage des arts martiaux et c’est aussi durant cette décennie que la boxe américaine, appelée aussi « full-contact », enrichissait le monde des disciplines de combat. Je n’oublie pas le taekwondo que l’on appelait le « karaté-volant » lorsqu’il est arrivé en France. C’est bien sûr aussi à cette époque que le ju-jitsu à but non-compétitif, qui tel le Phénix, renaissait de ses cendres sous l’appellation « atémi-ju-jitsu ».

Ensuite, à partir des années 1980, styles, et sous-styles, se développèrent de façon plus ou moins organisée, au grand dam des fédérations délégataires souvent animées d’une boulimie de réglementation bien française et du besoin de tout maîtriser. Parfois, ce n’est pas inutile face à quelques dérives, surtout lorsqu’il est question d’éducation et d’enseignement de techniques de combat, notamment en direction des enfants.

Donc, à l’heure actuelle, pour un néophyte, il n’est pas aisé de se décider. Souvent cela se fait en fonction de critères qui ne sont pas forcément ceux du cœur, mais de l’opportunité, comme la proximité d’un dojo, ou les conseils d’un ami.

Maintenant, il est dommage de se tromper de voie et certains critères ne devront pas être ignorés. Il faudra savoir si l’on est davantage attiré par un sport de combat ou un art martial à but non compétitif. Si l’on redoute le corps à corps, ou si c’est le travail des coups qui rebute. Certains (et ils sont nombreux, même s’ils ne l’avouent pas toujours) ne sont intéressés que par l’aspect utilitaire, d’autres par l’envie de s’exprimer au travers des arts du combat pour se «vider physiquement ». Pour d’autres encore, il s’agira de la recherche d’un travail plus interne offert par certains arts martiaux. Et puis il y a ceux qui souhaitent réunir plusieurs critères dans la même pratique. N’oublions pas non plus le simple aspect loisir, ô combien important dans une société quelque peu stressante.

Alors, au moment du choix, et comme je le répète depuis des années, il faudra aussi faire confiance au ressenti personnel, et pour cela il ne faut pas hésiter à participer à une ou deux séances à l’essai que les dojos ne peuvent vous refuser, partant du principe que bien souvent la première impression est la bonne, surtout dans la mesure ou, comme je me plais à le répéter : « plus que le choix d’une discipline, c’est celui d’un club et surtout celui d’un professeur qui est déterminant ». La réputation du dojo et le parcours de l’enseignant doivent également être pris en compte, mais la séance d’essai permettra de constater, si oui ou non, nous sommes en osmose avec la façon de présenter l’art. Bref, si le courant passe !

Un dernier conseil : la pratique d’un art martial s’inscrit dans la durée et c’est là une raison supplémentaire pour qu’elle ne soit pas dangereuse. La préservation de l’intégrité physique est primordiale. Cette pratique se doit d’être éducative physiquement et mentalement. La sécurité l’entourant est déterminante. Les assurances ne classent pas les arts martiaux et les sports de combat dans les disciplines pour lesquelles les risques sont élevés, souhaitons qu’il en soit ainsi encore longtemps, mais lorsque l’on assiste à certaines dérives on peut se poser la question quant à la pérennité de ce jugement. Finissons positivement en affirmant que la sagesse l’emportera et que ces belles disciplines continueront à être aussi une belle Ecole de vie.

Bonne saison à tous !

eric@pariset.net  www.jujitsuericpariset.com

 

Entraide

Nous voilà arrivés à ces fameuses fêtes de fin d’année. Est-ce vraiment une période de joie pour tous ? Évidement non. Voilà un moment où les gens habituellement heureux le sont souvent davantage et au cours duquel les gens malheureux le sont parfois encore bien plus. Quel rapport avec le ju-jitsu et les arts martiaux, me direz-vous ? Tout simplement la solidarité et l’entraide, chères au fondateur du judo, Jigoro Kano. Ce petit homme par la taille, mais immense par la connaissance et l’humanité, souhaitait que la pratique des arts martiaux ne développe pas uniquement des principes techniques et des qualités physiques, mais suscite aussi une ouverture d’esprit faite d’entraide qui se vérifierait en dehors des tatamis. L’entraide au sein d’un dojo, du plus haut gradé vers le novice, par exemple, n’a rien d’extraordinaire, quoique parfois dans certains clubs, le souffle de Kano n’y soit plus vraiment. Finalement, la planète ne pourrait-elle pas être un immense dojo au sein duquel les règles de ce lieu seraient ainsi appliquées à son échelle. Utopie, naïveté, etc. Peu importe, en cette période de l’année, il n’est pas interdit de rêver. Au cours des autres non plus, d’ailleurs ! De l’abbé Pierre à Coluche, ils sont nombreux à avoir dénoncé une certaine forme d’égoïsme qui entraîne une exclusion imméritée et inhumaine. Le message de ce billet ne se veut pas moraliste mais réaliste et il n’est pas superflu, en tant qu’éducateur, de sortir parfois de sa simple zone de compétence technique pour encourager et pour faire progresser ? également ? l’esprit et le cœur.
Bonnes fêtes à tous.

Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com