Réglement, réglement…

Vous trouverez ci-dessous un extrait du règlement du premier club de judo en France, le judo ju-jitsu club de France, créé et animé par Maitre Kawashi. J’ai trouvé intéressant de le publier. Certes, les mœurs évoluent au fil des années et  cela dans tous les domaines. Le domaine sportif n’y échappe pas, surtout dans la mesure ou il est associé aux loisirs. Loisirs dans lesquelles la rigueur et la discipline ne sont pas forcément associèes. Bien sûr, il n’est pas question de revenir dans les années 1930, début des années 1940, date de l’établissement de ce règlement, mais il n’est peut-être pas inutile de le rappeler à notre bon souvenir. Conserver l’esprit,  assouplir certaines règles, mais en aucun cas les regner.
« Il est interdit de quitter le tapis, la leçon commencée, sans motif. Au cours des séances, le silence absolu est de rigueur. Pendant la durée des cours, les judokas travaillant sur le tapis ne peuvent parler, saluer, ou s’entretenir avec des personnes rentrant dans la salle. Les judokas attendant l’heure de leur cours doivent s’abstenir de troubler de quelque façon que ce soit le déroulement de la séance en cours. »

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Ceinture noire, côté prof

Avec Florent Dumuret et Julien Fernandes, le club compte deux nouvelles ceintures noires depuis le week-end dernier. Cela porte à sept le nombre de nouveaux promus à ce grade pour cette saison, plus un 2e dan. À plusieurs reprises je me suis exprimé sur cette ceinture noire qui reste emblématique. En complément des articles précédents, j’aimerais poursuivre sur le sujet, mais en l’évoquant cette fois, côté professeur. Dans un premier temps, il y a de la fierté. En toute objectivité, qui pourrait affirmer le contraire ? Ensuite et surtout il y a ce sentiment du devoir accompli et de l’objectif atteint. Le sentiment du devoir accompli me semble très important, même si la réflexion peut paraître banale, il s’agit simplement d’un travail, dans le meilleur sens du terme, qui a manifestement été fait correctement. Ce n’est pas le professeur qui est sur le tatami le jour de l’examen, mais il y est un peu pour quelque chose quant à la qualité, ou pas, de la prestation. Pour ce qui est de l’objectif atteint, cela va de pair. Participer à la réalisation d’une quête apporte une immense satisfaction. Pouvoir former quelqu’un et lui faire acquérir ce qui représente quelque chose de très important, apporte une grande satisfaction. Et puis cela prouve une utilité. D’autant que ? et ceux qui me connaisse un peu ne seront pas surpris par ce trait d’ironie ? pour certains, ce n’était pas gagné d’avance ! Je crois d’ailleurs – et sans aucune malice – que je peux l’affirmer : le plaisir est d’autant plus important dans ce cas de figure. Encore toutes mes félicitations à l’ensemble des promus de cette saison. Et je souhaite à tous les élèves qui n’ont pas encore atteint cette distinction de connaître un jour le plaisir que son accession procure.

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L’arme fatale

L’arme fatale…
… ou dissection de l’étranglement.
Vous devez être nombreux à vous souvenir de la fin du premier opus de L’Arme fatale. A cette occasion,  Mel Gibson terrasse son ultime adversaire à l’aide d’un superbe sankaku-jime. Superbe au niveau de l’efficacité, moins sur le plan de la pureté technique. Il s’agissait davantage d’une forme hybride, mi-étranglement, mi-clef de cou. Peu importe, cela entraîne l’élimination de l’adversaire. Certaines des techniques qui composent l’arsenal de notre discipline sont d’une dangerosité extrême. Toutes sont efficaces, mais force est d’admettre qu’une clef au bras, même portée sans aucune maîtrise, n’aura pas les mêmes conséquences dévastatrices qu’un étranglement. Non contrôlé, il est forcément fatal. A moins de faire preuve d’une parfaite connaissance des techniques de réanimation. L’efficacité pure des strangulations n’est pas leur seul atout. Il faut aussi compter sur l’aspect psychologique. D’abord pour celui qui subit et notamment le débutant, rien qu’à l’évocation du nom, cela déclenche chez lui une certaine angoisse. Il n’est qu’à observer les regards dans lesquels passent des lueurs d’effroi lorsque pour la première fois ils entendent prononcer le mot sur le tatami. Ensuite, pour celui qui porte la technique. En l’occurrence, chez les pratiquant qui s’adonnent au randori (combat d’entraînement). Administrer un étranglement à son adversaire est psychologiquement très puissant. Il est bien souvent intéressant de constater qu’apparaît sur le visage de la personne qui vient de conclure par une telle technique, un faciès différent de celui qui aura dominé par une clef ou une immobilisation. Il y a là une réelle impression de maîtrise. Même s’il n’est pas dans nos habitudes de tirer quelque gloriole que ce soit de la domination d’un être sur un autre, si cen’est le plaisir de constater les progrès réalisés. Mais c’est ainsi, certaines techniques, lors de leur application, génèrent un véritable enthousiasme interne qui est décelable sur qui ne maîtrise pas totalement ses émotions ! 
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Tenue de ville, ou pas ?

Pour cause de 1er mai, la parution de l’article hebdomadaire est avancée.
Tenue de ville ou pas ?
Ce sera la question du prochain sondage. Depuis pas mal de temps déjà elle fait débat. Il y a ceux qui pensent que dans la mesure où l’on pratique de la self-défense, la tenue de ville est de rigueur. Et il y a ceux qui pensent le contraire.
Avantages et inconvénients de la tenue dite « de ville ».
Le premier avantage peut résider dans l’aspect purement matériel, puisqu’il n’y a pas d’investissement. Un vieux jean et un tee-shirt feront l’affaire. Ensuite, on pourra travailler les techniques et les automatismes dans une tenue proche de celle du quotidien. Enfin, pour les réfracteurs à un habit identique qui, selon eux, pourrait déjà révéler une forme d’embrigadement, c’est la liberté totale.
Les inconvénients existent. Le premier d’entre d’eux s’appelle l’hygiène. Transpirer dans un pantalon de ville n’est ni très sain, ni très confortable. Ensuite, on n’est jamais vraiment en tenue de ville, tout du moins dans celle de tous les jours. À moins de travailler avec des chaussures — ce qui n’est pas pratique et plutôt dangereux — et sans oublier les vêtements qui, pour des raisons de cohérence, doivent varier au fil des saisons. Manteau, imperméable pour l’automne et l’hiver, tenues très légères pour le printemps et l’été. De quoi sacrifier une bonne partie de sa garde-robe. On ne peut ignorer que les vêtements seront soumis à rude épreuve pendant toute la durée des cours.
Il existe aussi la solution « médiane », celle qui consiste à travailler en survêtement. Elle s’adresse à ceux qui souhaitent, à juste titre, un certain confort pour transpirer sainement, mais qui refusent ce qu’ils assimilent à des contraintes, à savoir la tenue, le salut et les grades. Tenue de ville ou jogging, ce sont les habits de ceux dont l’intérêt est essentiellement utilitaire.
Maintenant, il faut bien admettre que les adeptes du kimono (on doit dire judogi, ou keikogi, mais il faut reconnaître que l’appellation kimono est pratique et tout le monde sait de quoi on parle) sont quand même nombreux et ils ont de solides arguments.
En premier, un vêtement conçu pour être confortable et qui pourra absorber des hectolitres de sueur ; une tenue pratique, commode ! Une uniformité considérée comme une unité sociale. On ne viendra pas frimer sur les tatamis avec le dernier kimono à la mode, ça n’existe pas. Et puis qui dit kimono dit grades. Pour certains, il s’agit de récompenses qui sont autant d’encouragements, donc de motifs de régularité. Enfin, il ne faut pas oublier que l’efficacité passe par de nombreuses répétitions et que d’une certaine façon, ce fameux kimono est étudié pour !
Il s’agit d’un vrai débat dans lequel, par définition, chacun peut donner son sentiment. Cela peut être fait sur le blog ou sur Facebook.
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Les 16 techniques et compagnie !

Les 16 techniques, les 16 bis, les 16 ter, les 16 contrôles, les 16 atémis. Certains se demandent s’il existe une signification autour du chiffre 16 !  Au risque de décevoir les personnes fétichistes, il n’y a  aucune raison particulière. Il s’agit du fruit du hasard, celui-ci possède malgré tout son histoire.
Pour les besoins d’une démonstration à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de judo féminins en 1982 à Paris, la FFJDA  ?  à laquelle j’appartenais à cette époque  ?, avait accepté l’idée de proposer une démonstration de ju-jitsu effectuée par une femme et je m’en étais vu confier la responsabilité. J’avais préparé un enchaînement dans lequel j’étais Uke (le méchant), pour le rôle de Tori (la gentille) j’avais choisi Marie-France Léglise, une élève ceinture noire.
Nous avions mis au point deux parties, une première très technique, avec ralenti et vitesse normale pour chaque mouvement et une deuxième très rapide dans laquelle nous enchaînions treize techniques comme « bouquet final » de notre prestation.
Nous étions à l’époque où ça bougeait un peu en matière de ju-jitsu en France, avec notamment la création d’une commission nationale. Même s’il existait déjà la progression par ceinture et d’autres supports techniques tels que les katas, la nécessité de proposer de nouveaux enchaînements se faisait ressentir. À la fois pour étoffer les programmes mais aussi pour signifier le renouveau. C’est ainsi que j’ai proposé les « 13 techniques » qui avaient déjà fait leur preuve. Il manquait des défenses contre armes qui, lors de la démonstration, n’existaient pas dans la partie rapide. C’est ainsi qu’en rajoutant les trois défenses contre armes, les « 16 techniques » ont été finalisées.
Par la suite, j’ai pensé qu’il serait utile de créer de nouveaux enchaînements, mais afin de limiter les problèmes de mémorisation, qu’il serait opportun de travailler à partir d’attaques déjà existantes.  C’est ainsi que sont nées les 16 bis, les 16 ter et les 16 contrôles. Quant aux 16 atémis, le but était   simplement de rester dans une forme de cohérence et de fidélité.
Pour conclure et pour satisfaire, quand même, les fétichistes évoqués plus haut : 1 + 6 = 7 (chiffre magique).

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D’autres enchaînements sont en gestation, je ne manquerai pas de vous informer sur leur avancée.

Résultat du dernier sondage

Le sondage du mois de février révélait que dans le domaine du travail au sol une large majorité affectionnait plus particulièrement les clefs au bras (59 %). En deuxième arrivaient les étranglements (26 %) et enfin les immobilisations (15 %).
Ces résultats répondent à une certaine logique.
Tout d’abord, en matière de self-défense et dans la façon de l’envisager. Placer les immobilisations en dernière place n’apparaît pas saugrenu, elles n’offrent pas une solution « radicale ». A l’inverse, mettre en premier les clefs prouve deux choses : la recherche de l’efficacité et la possibilité de la « gérer ». La clef est à la fois une arme redoutable et modulable. Elle permet de maîtriser une personne sans forcément mettre ses jours en danger. C’est un peu plus difficile à gérer avec une strangulation.
Sur l’aspect purement sportif, ou bien lors des entraînements en dojo, il s’agit là d’un choix purement  personnel. L’avantage des clefs et des étranglements réside dans la rapidité du contrôle, en sachant que les petits gabarits s’expriment très bien dans les étranglements qui ne demandent pas particulièrement de puissance mais plus exactement des articulations fines et souples qui feront office de lassos. Les immobilisations recueillent les suffrages de ceux qui aspirent à installer leur maîtrise dans la durée ; une sorte de jeu du chat et de la souris. 
Quoiqu’il en soit, la richesse de notre art martial offre un maximum de possibilités de s’exprimer dans des domaines diverses. Pour apprendre à se défendre, se renforcer physiquement ou tout simplement s’amuser…Ce qui me semble être important, aussi ! En sachant que plus on maîtrise, plus on s’amuse et que plus on s’amuse, plus on prend gout à l’entraînement et plus on progresse ; il s’agit d’un cercle vertueux. Malheureusement l’inverse est également vrai ! Un nouveau sondage est en ligne sur le site du club : www.jujitsuericpariset.com

Ouverture d’esprit

Il n’est pas donné à tout le monde de posséder une ouverture d’esprit suffisante à l’exercice de certaines professions. Une élève du club déménage et souhaite s’inscrire dans un dojo de sa nouvelle ville pour continuer sa pratique du ju-jitsu commencée plusieurs années auparavant dans mon dojo. Elle est ceinture bleue, montre sa carte de club et demande si elle peut porter son grade. Réponse du professeur : non. Pourquoi, interroge l’élève, un peu dépitée ? Parce que nous ne faisons pas partie de la même fédération. Cela dépasse le simple manque d’ouverture d’esprit et de tolérance, cela mérite un autre qualificatif que mon éducation m’empêche d’écrire.  Au-delà de qualités techniques et pédagogiques qu’il paraît indispensable de posséder pour accomplir ce beau métier qui est celui de professeur, il est tout aussi indispensable de faire preuve d’un minimum de psychologie. Ce n’est assurément pas le cas ici. En faisant subir les conséquences de querelles intestines bien souvent dictées par la jalousie à une élève en la « dégradant » (le mot prenant d’ailleurs tout son sens), sans même avoir pris la peine de la regarder travailler, le professeur commet une faute dont il ne doit pas mesurer les conséquences. Il faut que certains comprennent enfin que les problèmes de rivalités entre les écoles et les fédérations sont dépassés et que, surtout, c’est le cadet des soucis de l’immense majorité des pratiquants. De tels comportements vont à l’encontre des préceptes des grands maîtres, tel Jigoro Kano, qui prêchaient l’entraide mutuelle et la tolérance. Certes, il existe des fédérations qui ont pour mission de développer et d’organiser la discipline dont elles ont la charge, mais les professeurs jusqu’à la ceinture noire ont l’entière responsabilité de leur enseignement. Bien sûr, ils doivent le calquer sur les programmes de grades que leur propose leur fédération, mais n’existe-t-il pas d’autres moyens d’amener le nouvel arrivant, qui dispose d’un bon bagage technique,  vers le programme propre au club que celui de le dégrader brutalement au risque tout simplement de le décourager ?
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Sondage de janvier

Le sondage du mois de janvier demandait aux internautes de désigner la discipline qu’ils considéraient comme la plus complémentaire au ju-jitsu. Ainsi étaient proposés le judo, le karaté et l’aïkido.
Une grande majorité s’est prononcée pour le judo avec 42 % des suffrages. Viennent ensuite l’aïkido avec  33 %  et  le karaté qui recueille 25 %. Il n’y a rien de surprenant à ce que le judo arrive en tête si l’on considère l’aspect historique. On n’échappe pas à son destin ! Effectivement ju-jitsu et judo sont intiment liés. Dans un précédent billet consacré à Jigoro Kano, le sujet à été largement abordé. La première place du judo relève donc d’une certaine logique. Maintenant, est-ce un choix pragmatique ou bien celui du cœur ? Telle que la question était posée, j’opterai pour la première hypothèse. La deuxième place de l’aïkido pourrait paraître plus surprenante, mais si on y regarde de plus près, pas tant que cela. Sur le plan historique, un lien très intime existe de façon incontestable. À partir de l’ancien ju-jitsu a été créé le judo, mais une autre branche a donné naissance à l’aïkido. Il y a eu une phase intermédiaire appelée aïki-jitsu. Sur le plan technique, on retrouve beaucoup de similitudes, en l’occurrence sur certains contrôles en clefs au bras. Le goshin-jitsu en est un parfait exemple. Et puis, le principe de non-opposition et d’utilisation de la force de l’adversaire est un bien commun aux deux disciplines. L’aïkido en a fait sa principale base de travail. Il ne faut pas non plus oublier que, comme nous, il s’agit d’un art martial à but non compétitif. Le karaté ferme la marche, avec malgré tout un score honorable qui montre que le travail des atemis (les coups) ne doit pas être négligé. Même s’il est vrai que le combat se termine bien souvent « au contact », il commence à distance.  

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Maître Kawaishi

Kawaishi2Ce nouveau billet est en parfaite liaison avec le précédent, puisqu’il s’agit d’un hommage à un personnage qui a écrit les pages les plus importantes du judo et du ju-jitsu français et qui n’est autre que l’inventeur des ceintures de couleur, il s’agit de Mikinosuke Kawaishi (1889 – 1969).
Maître Kawaishi est arrivé en France en 1936. Incontestablement il a été une des figures les plus marquantes du judo français et européen. C’est lui qui a véritablement installé le judo dans notre pays. C’est autant sa forte personnalité que ses compétences techniques qui ont fait aboutir sa mission et fondé sa réputation.
C’est davantage pour donner mon sentiment sur cet illustre personnage que pour retracer sa vie que j’avais envie de lui consacré ce billet. Il sera facile de retrouver tout son parcours via Internet.
Je ne l’ai pas connu personnellement. Pour moi il représente trois choses : les ceintures de couleur, en judo : la « méthode kawaishi », et puis, parallèlement  un programme de self-défense.
C’est lui qui a mis en place le système  des ceintures que nous évoquions dans le précédent article. En effet au Japon, avant la ceinture noire, n’existaient que la blanche et la marron. Maître Kawaishi a très vite compris l’esprit français empreint d’un besoin de reconnaissance matérialisé par des récompenses. C’est ainsi que naquirent les ceintures de couleur qui existent toujours à notre époque. Elles ont même fait des petits avec les demi-ceintures dans les années 1990. D’autres disciplines qui n’ont rien à voir avec les arts martiaux ont d’ailleurs adopté un système de graduation calqué sur ce modèle. Les « flocons » en ski, les « galops » en équitation, etc.
Pour gravir ces échelons, il eut une autre bonne idée en créant la fameuse « méthode Kawaishi ». Il s’agissait dans un premier temps de « nomenclaturer » les techniques en les classant par famille et en leur attribuant un nom bien français. Ainsi o-soto-gari devint 1er de jambe, de-ashi-barrai : 2e de jambe, ippon-seoe-nage : 1er d’épaule, ainsi de suite. Je pourrais presque toutes les réciter par cœur, elles ont été mon apprentissage. Par la suite, pour des raisons évidentes d’universalisation, l’appellation japonaise a été adoptée.
Parallèlement il a mis au point une méthode de self-défense. Pour des raisons que j’ignore, il ne souhaitait pas l’appeler « ju-jitsu », mais bien « self-défense ». Peut-être pensait-il  que nous étions réfractaires à l’appellation japonaise. Et que pour être bien compris, mieux valait utiliser un mot  plus facile à prononcer et très explicite. Pourtant, le mysticisme qui entourait tout ce qui venait d’Orient était bien présent à cette époque. Peut-être jugeait-il aussi que l’appellation ju-jitsu était dépassée par l’avènement du judo, ce qui fut le cas au japon, lorsque Jigoro Kano, à partir de l’ancien ju-jitsu, créera le judo.
Pour réaliser ses travaux, il ne faut pas oublier qu’il était assisté, entre autres de Moshe Feldankrais, physicien israélien proche de la famille Curie. Il a sans doute aidé Kawaishi à comprendre notre mentalité. En tout cas, cela s’est révélé être une collaboration fructueuse qui permit l’éclosion du judo en France et dans toutes les couches sociales. Les « mystères de l’est » fascinaient les novices, une méthodologie rigoureuse satisfaisait et fidélisait les pratiquants. Ceux d’aujourd’hui sont tous un peu des enfants de Maître Kawaishi.
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Enseigner

Le métier d’enseignant est un des plus beaux métiers. Affirmer cela, c’est un peu énoncer une évidence, mais pourquoi s’en priver, surtout en ce moment. Aussi, parce qu’il s’agit d’un métier difficile, et peut-être plus particulièrement depuis quelque temps. On ne peut affirmer qu’il ait vraiment été valorisé ces dernières années, notamment dans l’Education nationale. Et puis, on en réclame souvent davantage aux enseignants, des fois bien au-delà de leur mission qui est de transmettre un savoir.
Ce métier réclame des connaissances, de la pédagogie et de l’autorité. Puis de l’enthousiasme et de l’abnégation.
Un métier difficile, quelle que soit la matière ou la discipline, quels que soient les élèves, leur âge, leur niveau. Dans le public, ou dans le privé, pour les matières dites de l’esprit et pour celles du corps. Non seulement il faut détenir un savoir, mais être en capacité de le transmettre. J’adhère complètement à une phrase d’un Professeur qui s’appelle André Giran, qui explique : « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Il n’y a rien à ajouter.
Dans ce métier, lorsque l’on s’adresse aux enfants – aux plus grands parfois aussi –, à l’école ou en  sport, il est indispensable de se faire respecter et – même pourvu des qualités nécessaires – ce n’est  pas  facile partout. Il faut aussi gérer la relation avec les parents. Parfois (pas très souvent, mais parfois quand même !), le principal problème des enfants, ce sont les parents. Mon expérience me permet de l’affirmer, au risque de m’en mettre quelques-uns à dos ! Il y a une (petite) partie qui possède une vision unilatérale des qualités de leur progéniture : si  ça va mal, c’est tout simplement parce que le professeur manque de compétences. Un peu caricatural, mais parfois pas si éloigné de la vérité. C’est un peu comme en sport, lorsque l’enfant gagne en compétition, c’est grâce à ses qualités. S’il perd, c’est bien évidement le prof qui doit se remettre en cause. Cela me rappelle une réflexion de la maman d’un enfant qui avait fait 3e à une coupe technique (pas mal déjà !) : « En fait, puisqu’il n’a pas gagné, c’est qu’il n’est pas fait pour cela, il vaudrait mieux qu’il arrête » !!!!! Ce que j’écris est absolument véridique.  Que répondre à cela ? No comment !
Pour conclure, j’affirmerai aussi que transmettre un savoir doit être entouré de passion, il s’agit d’une nécessité. Elle permet de ne pas être avare d’efforts et d’être convaincant, donc plus efficace, dans cette transmission. Celle-ci étant une des plus nobles tâches, ne serait-ce que pour permettre, notamment en direction des enfants, de donner le savoir et donc les moyens d’affronter la vie. Ou bien tout simplement, dans le cadre des loisirs, fournir à l’élève la possibilité  de s’exprimer, de se réaliser, de se faire tout bonnement plaisir et rendre ainsi sa vie plus agréable. Enfin,  j’évoquais plus haut l’abnégation ; Et bien le professeur doit s’appliquer une règle primordiale qui est celle de laisser tout problème personnel aux portes de l’établissement. Certes, cela vaut pour d’autres métiers au contact direct, mais inévitablement et peut-être davantage pour celui-ci.

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