Un jour (!) on pourra remettre le kimono, fouler les tatamis, transpirer sans masque, s’affronter en toute amitié dans des randoris d’enfer, bref pratiquer sans limite dans une ambiance à la fois studieuse et conviviale avec l’envie de progresser, de fortifier notre corps et notre esprit.
En attendant, il nous faut ronger notre frein, faire preuve de patience et même de résilience. Incontestablement il existe de bonnes raisons d’être inquiet et parfois animé d’une incompréhension légitime face à quelques incohérences et injustices. Je sais de quoi je parle, les dégâts sont terribles, il faudra rebâtir, cela prendra du temps et de l’énergie. Souhaitons ne pas en être dépourvus le moment venu.
Pour faire patienter je souhaitais revenir sur une partie importante de la pratique de la plupart des arts martiaux et notamment du ju-jitsu, je veux parler des katas. Pour cela je propose « la rediffusion », un peu remaniée, d’un article publié il y a un an.
Il n’est pas inutile de revenir aux premières raisons d’être ainsi qu’à l’utilité de ces exercices.
Ils sont avant tout des moyens d’apprentissage, des méthodes d’entraînement et ils permettent de codifier et de transmettre les techniques au fil des années.
Certains les considèrent comme « une purge » qu’il est nécessaire de s’administrer pour monter en grade, ou encore, toujours pour les examens et pour quelques jurys, ils sont un moyen d’exercer une autorité ! Que ces « formes imposées » intègrent un ensemble de contenus techniques d’évaluation, cela semble juste, mais ils ne sont pas que cela, heureusement.
Les katas permettent de rassembler les techniques par famille et/ou par thème, ils sont aussi et surtout de formidables méthodes d’entraînement. Bien souvent ils ne sont abordés et étudiés qu’à l’approche d’un examen, c’est dommage. En effet, ils sont le reflet d’un combat, d’un combat codifié (pour des raisons évidentes de sécurité, un bon sens qui parfois échappe à certains), mais il s’agit bien du reflet d’un affrontement et c’est pour cela que les attaques de Uke doivent être sincères, fortes et réalistes de façon à ce que les ripostes de Tori le soient tout autant.
Le kata est également un exercice de style, une certaine attitude doit être respectée. C’est ce qui différencie l’art martial de la simple méthode de combat ou de self-défense, même si cela ne doit pas être au détriment de l’efficacité, ce qui est parfois le cas.
Ils sont aussi et tout simplement une addition de techniques qui sont intéressantes à pratiquer une par une ; il n’est donc pas nécessaire d’attendre que se profile à l’horizon un examen pour commencer à les étudier.
Cependant, un problème, et même un mystère, demeure et entoure les katas : il s’agit des incessantes modifications dont ils sont les victimes, surtout quand elles interviennent sur des détails, pour ne pas dire des broutilles ; ce qui a pour effet de décourager bon nombre de pratiquants.
Maitre Tomiki, créateur du Goshin-Jitsu, aurait-il été admis au grade supérieur en présentant « son kata » tel que dans la vidéo qui accompagne cet article ?
Lors de l’exécution d’un kata pour un examen, l’évaluation doit concerner, avant toutes autres considérations, l’efficacité ; ça passe par la sincérité des attaques et des ripostes (encore faut-il que le jury soit apte à discerner une attaque et une riposte réaliste). Ensuite, puisqu’il s’agit de formes imposées, il est nécessaire de respecter l’ordre de la présentation, les déplacements et emplacements, sans oublier l’attitude dans laquelle sont exclus désinvolture et relâchement corporel.
Pour faire apprécier le kata, il suffit simplement de le présenter comme partie intégrante d’une progression et non pas comme un passage imposé pour obtenir un grade