Le choix…

En terme journalistique, cet article s’appelle un « marronnier », c’est-à-dire un sujet qui revient tous les ans à la même époque.

Ça n’échappe à personne qu’une nouvelle saison commence, c’est-à-dire que nous sommes « à la rentrée ». Cette année il s’agit d’une rentrée presque normale, ce qui n’était pas le cas depuis les débuts de cette crise sanitaire.

Beaucoup de pratiquants vont retrouver leur discipline, leur dojo et leur professeur. Quant aux novices, souvent pour eux se pose la question du choix.

Il existe des différences techniques et des objectifs distincts entre les arts martiaux ; ils guident naturellement les choix. Entre l’aspect compétition, le côté utilitaire, un travail « interne » et le sport loisir, il y a des offres différentes. Mais ce qui n’est pas non plus négligeable, c’est le choix d’un professeur. Il n’y a pas de bonnes, ni de mauvaises disciplines, par contre c’est parfois la façon de les enseigner qui les distinguent. Il y a le niveau technique, mais surtout la pédagogie et l’état d’esprit, la « philosophie » de l’enseignant, c’est-à-dire sa conception de l’art martial et sa façon de l’enseigner. Il faut s’assurer que ces éléments nous correspondent, pour cela, il faut pouvoir faire une séance d’essai.

Si un débutant n’est pas forcément en capacité de juger du niveau technique du professeur, par contre il est capable d’avoir un ressenti global. Souvent, la première impression est la bonne. Si, notamment, en tant que débutant, il est satisfait de la façon dont on s’est occupé de lui, si ce n’était ni trop dur techniquement ni physiquement.

Ceci étant, ce n’est pas toujours évident, quand il n’y a pas suffisamment de cours dans la grille horaires, de pouvoir satisfaire tous les niveaux, cependant, il est indispensable que chacun puisse travailler son programme.

Pour revenir à l’ambiance générale du dojo, il y a le professeur, mais il y a aussi les élèves. Bien souvent, ils véhiculent un état d’esprit identique. Il est important de s’assurer que, comme dans tout dojo qui se respecte, l’entraide n’est pas qu’un mot et que les anciens sont là aussi pour s’occuper des débutants. La transmission se fait par le professeur mais aussi par les plus gradés.

Avant de pénétrer dans un dojo, on peut aussi se fier à sa réputation, mais c’est avant tout un ressenti personnel qui sera déterminant.

Pour ma part, je suis heureux de pouvoir enfin renouer avec un enseignement régulier, à partir de cette semaine. Refaire mon métier, partager ma passion, donner  des connaissances techniques et du plaisir à ceux qui le souhaitent, voilà un beau programme.

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Atemi ju-jitsu et combat

Cette « publication souvenir » nous ramènent au milieu des années 1970.

La méthode « atemi ju-jitsu » avait pour objectif la remise en valeur du ju-jitsu – et d’un groupe de techniques délaissées, en l’occurrence les percussions (atemi) – afin de répondre à la demande émanant d’une population intéressée par l’aspect utilitaire et pas forcément par l’aspect sportif. Cette initiative permettait d’élargir et de satisfaire un important panel de pratiquants. L’association avec le judo était naturelle, elle  établissait une solide complémentarité.

Par la suite, l’instauration de compétitions d’affrontement direct en ju-jitsu allait à l’encontre du but initial, celui de proposer un enseignement à but non compétitif.  Je me suis souvent exprimé sur le sujet en affirmant que je n’étais pas contre la compétition (bien que parfois certains excès interpellent), mais que certaines disciplines pouvaient difficilement s’adapter à des affrontements directs, sauf à être tronquées techniquement pour des raisons évidentes de sécurité. Par conséquent, elle est quelque peu dénaturée et perd l’objectif initial.

La formule peut être attractive et intéresser certains pratiquants, mais sous une autre appellation que ju-jitsu, et puis elle est malgré tout difficilement praticable. De plus, à partir du moment où existent des compétitions, beaucoup de professeurs se limitent à l’enseignement des seules techniques qui y sont autorisées. Nous ne sommes plus dans la self-défense, nous retournons à la case départ en éloignant les hommes et les femmes à la recherche d’un simple loisir utilitaire, doté d’un engagement physique abordable et mesuré.

Certains clubs, qui le peuvent et le veulent, proposent les deux formes de travail (traditionnel et « combat »), mais par manque de créneaux horaires, c’est souvent la deuxième forme qui est privilégiée. Privant les clubs de judo ju-jitsu d’un potentiel non négligeable de pratiquants se tournant vers d’autres horizons, déçus de ne pas trouver ce qu’ils recherchent.

Pour ma part je suis plus que jamais attaché à la forme traditionnelle de notre ju-jitsu, elle est sa vraie nature. Dans cette forme il reste une complémentarité indiscutable au judo, ou encore sa meilleure approche.