Janvier 2020

Il y a un an, nous ignorions ce qui allait nous tomber sur la tête deux mois plus tard et l’ampleur du désastre.Nous ignorions  la chance qui était la nôtre de vivre une vie normale. Certes, les transports étaient paralysés dans notre pays depuis le début du mois décembre par la plus grande grève que notre pays ait connue, mais la vie continuait, nos activités étaient pratiquées comme c’était le cas depuis des lustres. A titre personnel, mon jeune dojo fêtait ses six mois d’existence et même s’il prenait presque tout mon temps, j’avais pu animer deux stages à l’extérieur durant ce premier mois de l’année.
Le premier, le dimanche 19 à Joigny et le deuxième, le week-end d’après aux Pays-Bas.

A chaque fois, c’est un plaisir de retrouver des personnes que l’on connaît depuis longtemps et qui font preuve de fidélité, mais c’est aussi l’occasion de découvrir de nouveaux visages. C’était le cas pour ces deux rassemblements.

A Joigny, dans l’Yonne, cela doit bien faire une trentaine d’années que je connais Michel Baillet. Il ne ménage pas ses efforts pour faire vivre dans sa région plusieurs styles de ju-jitsu (dont celui que j’ai le plaisir d’enseigner) et pour partager sa passion auprès de ses élèves.

Avec les Pays-Bas, c’est aussi une longue histoire. J’y suis allé à de nombreuses reprises, pour des stages, mais aussi pour des démonstrations. Dirk Klok est mon « correspondant », tout comme Michel Baillet en Bourgogne, il est devenu un ami. J’y ai aussi une histoire plus personnelle.

Ces journées de transmission technique, sont aussi des moments forts en échanges humains, dans un climat très chaleureux ; elles représentent une part importante de nos privations actuelles. Et puis,  j’y suis toujours extrêmement bien reçu. J’allais dire « j’y étais » comme si ce genre d’évènement (comme bien d’autres) appartenait définitivement au passé.

Chassons ces mauvaises  pensées et croyons que les budogi ne vont pas stagner trop longtemps dans nos armoires et que nous pourrons à nouveau les « malmener » dans des répétitions et des randoris qui nous manquent cruellement.

Le loyer et l’injustice

Il ne s’agit pas d’une fable, ou alors très mauvaise.

J’ai pensé disserter un peu sur le loyer. Il a été la principale cause de la fermeture de mon dojo en juin dernier. En ce moment pour beaucoup d’entreprises, c’ est un vrai problème, puisqu’elles sont obligées de le régler même quand l’activité est interdite.

Dans ce domaine, j’ai quelques  connaissances et expériences. D’ailleurs, étant enfant, ne voulais-je pas devenir avocat ? (Ou écrivain !) Je suis devenu  professeur d’arts martiaux. Un métier qui concerne l’éducation et qu’à ce jour, comme beaucoup d’autres enseignants, je n’ai plus le droit d’exercer.

Je voulais  évoquer ce sujet par rapport à ce que nous vivons depuis le mois de mars. Il semble incompréhensible et inacceptable qu’un locataire se trouve dans l’obligation de régler un loyer pour un endroit qu’il lui est  interdit d’exploiter. Il y a un non-sens et une injustice manifeste.

A la fin du mois d’avril dernier, je reçois un appel de l’agence  gestionnaire du local où avait été récemment installé le dojo.

– Monsieur Pariset, vous n’avez pas réglé le loyer du mois d’avril.
– Et bien non, je ne peux pas travailler, donc je ne peux pas payer mon loyer. Cela semble évident ! Et comme vous le savez mieux que tout le monde, l’entreprise est toute jeune et n’a pas pu faire des réserves de trésorerie.
– Oui, je comprends bien, mais la propriétaire n’y est pour rien.
– Moi non plus.
– Vous comprenez, elle a besoin de ses loyers pour vivre.
– Et vous, vous ne comprenez pas que j’ai besoin de pouvoir travailler pour régler mon loyer ?  Vous savez, cela ne va pas pouvoir durer longtemps de cette manière, à savoir que d’un côté on m’interdise  de travailler et que de l’autre on me harcèle afin que je paie des loyers pour un endroit que je ne peux exploiter. (Fin de la conversation surréaliste)

Le problème, c’est que contrairement aux promesses, rien n’a été fait pour les loyers. Le Président avait déclaré qu’ils seraient bloqués, mais la forte influence des possédants a dû avoir raison de déclarations faites le 15 mars au soir.

Du côté du gouvernement, on nous dit qu’il est impossible d’agir, puisqu’il s’agit d’un domaine privé. Je m’inscris en faux, dans la mesure où c’est bien ce même  gouvernement nous a bien imposé la fermeture de nos établissements qui, pour  certains, sont des établissements privés. On me dit que c’est pour des raisons sanitaires ; et bien,  ces  mêmes raisons pourraient être évoquées pour imposer – au moins – un partage équitable entre le propriétaire et le locataire. Il ne semble pas juste que seul le locataire assume les conséquences de la crise.

Et puis, je pense qu’il existe tout simplement un problème de droit et je m’étonne que personne ne se soit penché sur le sujet. Dans un bail commercial, il est indiqué que le bailleur (le propriétaire) a l’obligation de faire jouir paisiblement le preneur (le locataire) pendant la durée du bail. Si tel n’est pas le cas, le bail doit être rompu avec en compensation le versement d’une indemnité d’éviction. J’avoue qu’à ce moment-là,  je ne me sentais pas d’attaque pour partir dans une procédure dont on ignore la durée (de longs mois et parfois des années) et dont l’issue n’est jamais inscrite dans le marbre.

Il  n’empêche que ni la propriétaire, ni les assurances (aux abonnés absents), ni l’état n’ont indemnisé les entreprises qui ont dû fermer. Personne ne devait rester au bord du chemin, « quoiqu’il en coûte ». Certaines ne sont pas au bord du chemin, mais au fond du ravin. Il est certain que les premiers de cordés sont hyper protégés, c’est celui qui est en bout de chaîne qui se prend la déflagration.

Plus d’outil de travail, plus de travail et plus de revenu et en tant qu’indépendant, pas de droit au chômage (Sans compter le montant de l’investissement jeté à la poubelle lorsque l’entreprise est récente). Les propriétaires, les assurances et l’état – eux – ont peu de chance de se retrouver à la rue. Belle démonstration d’égalité et de solidarité.

Hebdo rétro

Chaque semaine un article est publié conjointement sur ce blog et sur  la page « Club Jujitsu Eric Pariset » de Facebook. Cela ne m’empêche pas de proposer presque quotidiennement un petit « post » sur ma page personnelle, toujours sur le même réseau. Pour ceux qui ne s’y rendent pas, j’ adresse l’ensemble de ces très courts articles, qui peuvent se limiter à une citation, en fonction des circonstances. Ci-dessous, la rétrospective des huit derniers jours.

Mardi 5 janvier :
« L’essentiel n’est pas de vivre, mais de bien vivre. »
Platon

Mercredi 6 janvier :
« L’humanité préfère à la vie des raisons de vivre »
Simone de Beauvoir

Jeudi 7 janvier :
Que ceux qui pourraient s’inquiéter et  penser que je suis abattu se rassurent. Un combattant n’est jamais abattu, il peut être battu, mais pas abattu (sauf s’il est exécuté ou assassiné) ! Un samouraï ne baisse pas la garde. Mais il n’empêche qu’une certaine colère gronde en moi, il y en existe des saines et justes lorsqu’elles combattent l’injustice.
Un exemple, en termes d’aberration (parmi tant d’autres) : impossibilité de travailler depuis dix mois – donc absence totale de revenu – pour un professeur d’arts martiaux (disciplines à haute valeur éducative), mais 30 % de chiffre d’affaire en plus cette année pour les cavistes! Faut-il en rire (sans modération)? Ça dépend de quel rire !

Vendredi 8 janvier :

Manifestement, plus il y a de restrictions, moins la situation s’améliore ! Est-ce la bonne méthode ?

Concernant les arts martiaux, pour les adultes, endosser à nouveau le « dogi » n’est pas pour tout de suite !

Pour les professionnels, il y a l’aspect matériel, qui pourrait le contester ? Mais tous les pratiquants et tous les enseignants souffrent. Il y a le désespoir de voir s’enfoncer un peu plus chaque jour nos disciplines dans des sables mouvants. Quel gâchis, quelle tristesse !

Pas de reprise avant le 15 février, au mieux, ce n’est plus une condamnation sans appel, mais une véritable exécution !

Samedi 9 janvier :

En ce début d’année, propice aux bonnes résolutions, je vous conseille une lecture :
« Petite philosophie du matin », de Catherine Rambert. 365 pensées positives pour être heureux tous les jours.
Chaque matin, un conseil qui pourra vous aider à passer une bonne journée. En ce moment, ce n’est pas superflu !
Il existe le même pour le soir « Petite philosophie soir ». Faire un bilan quotidien n’est pas inutile non plus.

Dimanche 10 janvier :
J’évoquais déjà le sujet cette semaine !
Il n’est pas question de jalousie, mais c’est quand même ahurissant qu’en même temps (c’est peut-être le fameux « en même temps » du Président) on assiste à l’agonie de certains secteurs, comme celui du sport, pendant que celui des boissons alcoolisées est en pleine expansion. (Peut-être que l’abus de sport est dangereux pour la santé.)

 

 

 

Lundi 11 janvier :

Entre optimisme et réalisme.

L’optimisme n’empêche pas d’être réaliste. Nous ne doutons pas de pouvoir fouler à nouveau les tatamis dans un futur plus ou moins proche et que ceux, dont c’est le métier, puissent à nouveau l’exercer et bénéficier ainsi du fruit de leur travail (comme beaucoup d’autres citoyens). Mais quand et dans quel état ?

Il y aura ceux qui reprendront le chemin des dojos, quel que soit le moment de la reprise, avec une motivation sans bornes. Mais beaucoup d’autres auront sans doute abandonné et se seront tournés vers d’autres activités. Quand aux nouvelles adhésions, elles se heurteront peut-être à une certaine méfiance.

Il faut aussi espérer qu’il restera suffisamment de clubs et de professeurs.

Plus le temps passe, plus il sera nécessaire de faire preuve de pugnacité et d’optimisme.

Il est évident qu’il n’est pas question de baisser les bras, à condition qu’ils ne nous soient pas coupés.

Beaucoup de pratiquants évoquent un combat dans lequel ils ne lâcheront rien, c’est juste et courageux, mais au risque de me répéter, les adversaires sont « spéciaux ». D’abord un virus (celui-ci ne porte pas de judogi) ensuite des pouvoirs publics qui ont…tous les pouvoirs !

Espoir et courage restent les maîtres mots pour que cesse ce cauchemar et que nous puissions vivre une vie normale et non pas une survie !

Drolatique

Nouveaux mots et nouvelles habitudes

Avant de se jeter à pieds joints dans la nouvelle année, évoquons celle que nous venons de quitter. Faisons-le avec un peu d’humour, même grinçant, il ne peut pas nuire. Le mal est déjà fait.

Durant cette année que nous venons, non pas de vivre, mais de subir,  nous avons assisté à la réapparition de mots que l’on croyait disparus à jamais,  à l’apparition de nouvelles appellations, ainsi qu’à  des expressions inédites, mais aussi à des habitudes originales et surtout à des  attitudes surprenantes. Je n’oublie pas l’accumulation des interdictions, jusqu’à celle de travailler : du jamais vu !

Voici quelques exemples drolatiques.

Concernant un mot que l’on croyait appartenir au passé, on trouve bien évidemment « confinement » ; il n’a  pas dû être utilisé depuis le moyen-âge.  Mais aussi  « laissez-passer » et « couvre-feux » ; ceux-là rappelaient aux plus anciens de tristes périodes. D’autres ont fait leur apparition, c’est le cas de  dé confinement, ou ont été inventés comme re confinement.  En espérant que re re confinement ne voit pas le jour. Pangolin, Wushan, télétravail, écouvillon se sont imposés dans le « top 10 ». De même que le fameux gel hydro-alcoolique, qui manifestement détient un puissant pouvoir d’addiction si l’on en croit l’impressionnante satisfaction émanant de certains lorsqu’ils se « frottent les mains » avec ce produit (c’est vrai qu’il y a, par définition, de l’alcool) !

Nous avons aussi utilisé des expressions et des mots qui n’ont pas manqué de surprendre, tant leur association  était spéciale et même parfois douteuse. La palme revenant à la « distanciation sociale », ou « distanciation physique » (pas mieux) : tout un programme. Les « gestes barrières » qui font penser que nous sommes considérés un peu comme des  bestiaux. Quant à la « jauge » c’est à se demander si de bête nous ne sommes passés à bagnole. Cela nous conduit à « cluster » qui rime avec « panzer ».
Enfin, il faudra oublier l’horrible et discriminant « non essentiel », surtout lorsqu’il est question de culture. Culture physique et spirituelle !

D’autres mots n’ont jamais autant été utilisés, comme la résilience et l’introspection. Ces deux-là n’ont d’ailleurs pas survécu au premier confinement.  N’oublions pas non plus le « prenez-soin de vous », aussi gentil et prévenant que surprenant !

Ensuite, il y a les comportements, les attitudes. Dès le premier confinement, alors que la pénurie de masques sévissait et que seuls quelques « privilégiés » pouvaient cacher leur visage, il arrivait de se faire traiter d’assassin, si nous étions dépourvus de cette muselière. Au minimum, on se faisait « fusiller du masque ». Je peux en témoigner, je n’aurais jamais pensé, quelques mois auparavant, être un jour qualifié de la sorte, juste en étant dans le rue (attestation en bonne et due forme dans la poche »). J’ai aussi assisté à de sérieux  accrochages  verbaux  pour cause de promiscuité trop importante, à des bons de quatre mètres sur le côté au moment de se croiser. La méfiance et même la peur étaient palpables chez les rares passants qui arpentaient les rues de nos villes transformées en « cités fantômes » (et qui le redeviennent petit à petit).

A propos des masques (outre le fiasco du printemps), on peut être surpris par certains comportements. Il y a ceux qui  l’utilisent, alors qu’ils sont seuls dans leur voiture, on n’est jamais trop prudent. D’autres le portent  sous le nez, tout en approuvant les restrictions et en donnant des leçons.

Ah, les donneurs de leçons ! Nous n’en avons pas été privés ! Sur bien des sujets, notamment économiques. Il est plus facile de prôner le black-out, quand on est assuré de toucher son salaire en fin de mois, quoiqu’il arrive (une autre version du « quoiqu’il en coûte », non suivi d’effet, par ailleurs) et que l’on pourra payer son logement et nourrir sa famille sans se retrouver à la rue ! Voilà le signe d’une solidarité à sens unique à laquelle s’ajoute parfois une compassion qui ne coûte pas cher.

Et puis, il y a ce que l’on risquait en termes de verbalisations : 135 euros si on était surpris assis sur un banc. En  cas de double récidive, cela pouvait conduire en garde à vue pour mise en danger de la vie d’autrui.

Enfin, des choses surprenantes avec, par exemple et entre autres, les parcs et jardins interdits durant des  semaines et les transports en commun bondés, etc. Cela permet de souligner le nombre croissant d’interdictions qui nous envahissent, jusqu’à – pour certains – l’interdiction de travailler. Et là, ce n’est plus drôle du tout.

N’oublions pas  les slogans qui faisaient de vous un héros si vous restiez assis toute la journée sur votre canapé. De quoi démolir toute volonté d’entreprendre.

Quant aux applaudissements de 20 h 00, à l’attention des soignants qui furent d’ailleurs abandonnés lors du deuxième confinement, si sympathiques qu’ils étaient  pour ceux à qui ils s’adressaient, ils ne pouvaient remplacer une meilleure considération en termes de moyens pour l’hôpital et son personnel, sacrifiés et maltraités depuis des années. Ce qui est d’ailleurs la principale cause de la situation dans laquelle nous sommes plongés.

Souhaitons que cette nouvelle année nous ramène à des comportements rationnels et à une « vie vivable » !

Classement 2020

Chaque semaine sur la page Facebook « Club Jujitsu Eric Pariset » (partagé sur ma page perso) et sur mon blog, je publie un article. Du côté « administrateur » je bénéficie d’un compteur qui me communique le nombre de « personnes touchées ». Il me donne une indication sur les articles qui ont attiré le plus l’attention.

Cette année, ce classement ne mérite pas le nom de palmarès dans la mesure, comme on pouvait l’imaginer ce n’est pas un article glorieux qui devance, et de loin, tous les autres. En effet, il s’agit d’un bien pénible article, celui paru le 29 mai avec le titre évocateur de  « triste obligation », celle de rendre les clefs du dojo qui avait ouvert ses portes juste un an plus tôt. Avec plus de 86 000 visites, c’est un triste record qui a été établi par l’article en question.

Le deuxième est loin derrière avec 18 609 personnes touchées. Il évoquait l’importance du professeur, en l’occurrence du premier professeur ; un sujet beaucoup plus optimiste, qui remue un peu plus le couteau dans une plaie béante.

En troisième position, avec le chiffre de 15 330,  on trouve la « lettre ouverte » que j’avais adressée au Président de la République pour lui faire part de mon incompréhension et de ma colère mais aussi de l’injustice que  représentait – et représente toujours – l’assassinat d’un  beau projet et surtout de la perte de mon outil de travail. Et que, contrairement à ce qui avait été promis et le « quoiqu’il en coûte qui accompagnait les propos présidentiels, beaucoup ont été laissés « au bord du chemin » et même au « fond du ravin ». J’avais reçu une réponse dans laquelle m’étaient posées quelques questions auxquelles j’ai répondu ; cela est resté sans suite, cette fois.

La place de quatrième revient à un post évoquant « mon ju-jitsu », avec 11 216 personnes atteintes. Une place qui, elle aussi, accentue les regrets de ne plus pouvoir transmettre une belle discipline.

C’est avec une certaine logique que le sujet traitant de mes démonstrations se place en cinquième position avec un compteur indiquant 10 127.

Ce classement signifie bien l’importance que représentent les conséquences désastreuses engendrées par l’épidémie et sa gestion. Aujourd’hui, le but n’est pas de polémiquer, mais juste de constater et d’espérer au plus vite une sortie de cauchemar.

Avec la deuxième place qui évoque le professeur s’exprime la forte reconnaissance envers certaines valeurs.

Enfin, la quatrième et la cinquième positions  saluent sans doute le travail accompli.

Dates de parution des publications :
Triste obligation : 29 mai.
Le professeur : 8 septembre.
Lettre ouverte…: 12 juin.
Mon ju-jitsu : 5 octobre.
Mes démonstrations : 8 novembre.

Neuf mois, triste période…

Neuf mois d’une vie particulière et ce n’est pas fini, puisque  une troisième vague nous est annoncée, à moins que – plus précisément – ce soit la première qui n’en finisse pas. Quand ce cauchemar cessera-t-il ? Une vague impression nous submerge, celle de constater que plus sont restreintes nos libertés, plus le virus progresse. A quand une vie normale ?
Si toutefois c’est possible pour ceux dont la vie a basculé en une soirée de mars 2020, suite à une injonction présidentielle.

Évoquer sa grand-mère n’est pas réservé au Ministre Darmanin (il cite souvent son aïeule), la mienne disait : « Chacun voit midi à sa porte ». Il est évident que les conséquences de cette crise ne sont pas identiques pour tout le monde, il en est donc de même pour les réactions.

Qui pourrait supporter neuf mois sans revenu ? Qui ? C’est pourtant c’est ce qui arrive à bon nombre de petits entrepreneurs qui vont être projetés dans  la précarité, dans la désespérance et puis dans la misère. Il ne faut pas nier la gravité de la crise sanitaire que nous vivons, mais il n’est pas utile d’être un grand devin pour pronostiquer d’autres conséquences sur le plan de la santé ; elles seront (et sont déjà)  d’une extrême gravité, celles engendrées par la destruction d’une carrière professionnelle. Ce ne sont pas des  conséquences indirectes, mais  des conséquences directes, elles sont liées à la perte de ce que l’on appelait dans le temps « le gagne-pain ». Cette expression populaire est expressive à souhait. Je n’ose pas imaginer les réactions que cela pourrait susciter dans des secteurs mieux défendus. Les travailleurs indépendants ne bénéficient ni de syndicats ni de chômage.

Certains ont été touchés directement  dans leur chair par le virus, d’autres vont l’être directement par la perte de ce « gagne-pain ».

Je sais qu’il est difficile d’imaginer ce que représente l’interdiction d’exercer son métier et par conséquent de gagner sa vie. Une interdiction mise en place brutalement, au nom d’une solidarité, de toute évidence à sens unique ; sans retour d’ascenseur. Une partie de la population a été sacrifiée, je n’exagère pas la formule.

On a beau être des combattants de par la discipline que nous pratiquons, mais si l’on casse les pattes de n’importe quel mammifère, avec la meilleure volonté du monde, il ne peut plus avancer.  Quant à entrevoir la possibilité d’une reconversion, en période de crise économique, c’est loin d’être gagné.

A cette misère annoncée, suffisante pour « craquer », il y a le terrible sentiment que le sport en général et bien plus encore nos disciplines dites de contact sont marginalisées, stigmatisées et même sacrifiées. Leur enseignement est pourtant d’une haute valeur éducative et une passion dont il est difficile de se passer.

D’autre part,  s’il est indispensable d’interdire des activités jugées trop dangereuses pour être autorisées en période de pandémie, il faut le dire clairement. Or ce n’est pas le cas. Un seul exemple : jeudi dernier le Premier Ministre déclare que toutes les pratiques en intérieur seront interdites y compris pour les mineurs et le lendemain matin on nous annonce le contraire. Comment comprendre et interpréter ces incessants revirements ?  On voudrait jouer avec les nerfs des personnes concernées, on ne s’y prendrait pas autrement. Si l’on ajoute qu’il est précisé que les activités de contact devront se faire…sans contact, c’est à se demander si nous ne sommes pas considérés comme des imbéciles.

Dans certains secteurs les solutions palliatives et/ou de rebond ne sont pas faciles à mettre en place, pour ne pas dire impossibles.  Certains de façon courageuse, qu’il faut saluer, tentent de garder le contact avec des animations en ligne, mais elles ont leurs limites. Il n’est pas difficile de comprendre  que faire de la natation, pratiquer l’équitation ou le judo tout seul chez soi est tout simplement impossible. Ce qui a justifié mon commentaire accompagnant la vidéo mise en ligne samedi matin.

Ils sont nombreux aussi, ceux qui de façon toute aussi courageuse annoncent qu’ils ne « lâcheront rien », mais c’est nous qui sommes lâchés !

Oui, un jour nous pourrons vraisemblablement pratiquer à nouveau. Mais tout d’abord, quand ? Et lorsque cela sera enfin possible, il faudra reconstruire sur un champ de ruines et être doté d’une longue et terrible patience. Sans doute des années seront nécessaires pour retrouver un fonctionnement équilibré. Encore faudra-t-il qu’il ne soit pas trop tard.

A grand renfort de communication on nous annonce que des milliards d’aides sont versés aux entreprises en difficulté. Mais ces aides seront largement insuffisantes par rapport aux dégâts,  quand il ne manquera pas des cases qui vous exclurons des bénéficiaires par rapport aux aides en question. Et qu’en est-il pour les entreprises qui sont déjà fermées ? Celles qui ont déjà mis la « clef sous la porte » (encore une belle « expression expressive ») à l’occasion de la première vague du printemps.

Tout le monde n’étant pas frappé de la même manière, nous assistons à un début d’affrontement entre deux France. Avec d’un côté ceux qui n’ont rien perdu (tant mieux pour eux) et de l’autre ceux qui vont tout perdre, ou qui ont déjà tout perdu. Cette réflexion n’est pas l’émanation d’une quelconque jalousie, mais de l’incompréhension et de la colère face à une forme d’injustice dans la mesure où seulement quelques secteurs subissent la charge et les conséquences de cette pandémie.

eric@pariset.net

Cinquième et dernier volet concernant mes démonstrations

Pour conclure cette rétrospective qui couvre presque trente années de démonstrations au service du ju-jitsu, c’est  la décennie  1995/2005 qui est évoquée. (Il est possible de retrouver les « épisodes » précédents sur mon blog.)

Durant ces dix années, ce fût plus calme en nombre de démonstrations présentées. Trois participations au festival de Bercy, en 1977, 2000 et 2005. Quelques passages en province, à Nice par exemple en 2004 et à l’étranger aux Pays-Bas, en 2003.

Le temps fort de cette période fût incontestablement l’année 2000 (tout un symbole) lorsque le magazine Karaté-Bushido, l’organisateur du festival annuel des arts martiaux de Bercy, m’a confié la rude tâche de présenter une démonstration qui ferait revivre un fait marquant de l’histoire du judo et du ju-jitsu porté à l’écran en 1943 avec le magnifique film d’Akira Kurozawa :« La légende du grand judo ».

Nous avons pris certaines libertés  en proposant avec quelques tableaux l’histoire de la naissance du judo, après que  Jigoro Kano, ayant visité plusieurs écoles de ju-jitsu, donna naissance à sa propre synthèse.

Ce fût la plus longue de toutes les démonstrations présentées, celle qui a demandé le plus de préparation.

Elle déclinait plusieurs tableaux. En ouverture nous présentions des techniques réalisées au ralenti. Un deuxième tableau mettait en scène deux couples censés représenter des « Ecoles de ju-jitsu » visitées par Jigoro Kano. Le premier proposait une forme de travail basée sur le katame-waza (les contrôles), le  deuxième sur le nage-waza,(le travail des projections). Après avoir assisté à ces deux styles, j’enchainais, dans le rôle prestigieux de Jigoro Kano, avec une démonstration  présentant quelques grandes techniques, le fruit de l’observation et de la recherche du grand homme.

Avant le dernier volet,  l’exécution par deux couples en parfaite synchronisation présentait une partie de l’enchaînement des « 16 Bis ».

La dernière phase était consacrée, comme toujours, à un combat contre plusieurs adversaires. Cette fois, ils étaient six à « vouloir ma peau ».

Que me soit confiée cette tâche fut à la fois un grand honneur et une grande responsabilité. Trois mois de répétitions ont été nécessaires pour mener à bien ce challenge. Il s’en est fallu de peu que tout soit remis en question quelques jours avant pour cause d’entorse à la cheville. Heureusement celle-ci était bénigne et avec l’aide d’un bon « strap », tout a pu se dérouler de la meilleure façon.

En 2005, quelques mois après la disparition de mon père, Karaté-Bushido avait tenu à ce que je sois présent, rendant d’une certaine façon hommage à cette personnalité des arts martiaux. Pour cause de programme très chargé, nous n’avions que quelques minutes pour démontrer le ju-jitsu. Parmi mes partenaires, il y avait un de mes plus anciens élèves, Olivier Beyrand, disparu bien trop tôt.
Ce festival des arts martiaux 2005 clôturait plusieurs décennies de prestations. Il s’agissait du dernier Bercy et tout simplement de ma dernière démonstration.

Même si toutes ces participations n’ont pas constitué la part la plus importante de mon parcours au service du ju-jitsu, mon métier étant avant tout l’enseignement, je pense qu’elles ont largement contribué à la reconnaissance de cette belle discipline et qu’à titre personnel, elles sont tout simplement des moments d’une extrême puissance et de merveilleux souvenirs. Les préparations, les déplacements, l’avant démonstration avec l’inévitable trac, le moment vécu sur le tatami et ensuite la « délivrance » – pour peu que le public ait apprécié – avec la satisfaction du travail accompli  et celle d’avoir été utile.

Il est évident que sans mes partenaires, rien n’aurait été possible, « sans Uke pas de Tori » (l’inverse est vraie, aussi). Vous trouverez ci-dessous la liste de ceux et celles qui m’ont accompagné sur les tatamis en France et à l’étranger à l’occasion de ces nombreux galas.
Qu’ils soient remerciés.

Sébastien Argence, Marc Barbat, David Barbeau, Franck Bénacquista, François Bernier, Olivier Beyrand, Serge Dang, Hakim Guerda, Madgid Guerda, Olivier Hermeline, Benjamin Houot, Christian Jouve, Jean-Marie Lambert, Marie-France Léglise, André Ohayon, Christophe Pourcelot, Frédéric Pourcelot, Roger Pozza, Bruno Puech, Laurent Rabillon, Laurent Rochat, Juan Rodriguez, Josiane Tabone, Eric Toutain, Michel Yakoubovitch.

En photo d’illustration, le DVD présentant les sept dernières démonstrations effectuées à Bercy.

Démonstration, quatrième partie

Pour le quatrième volet consacré à l’histoire de mes démonstrations, c’est la période allant de 1985 à 1995 qui est abordée aujourd’hui. A titre personnel, il s’agit d’une décennie particulièrement faste et intense en termes d’activités professionnelles. Dans cet article, c’est la partie qui concerne les démonstrations qui reste le sujet.

Proposer des prestations avec plusieurs Uke était la principale nouveauté d’une longue série de représentations. Ainsi au cours de cette décennie j’ai pu compter sur la collaboration de Jean Rodriguez, Franck Bénaquista, Serge Dang, Olivier Hermeline et bien évidement André Ohayon et Laurent Rabillon, les deux partenaires qui ont le plus de chutes à « leur compteur ».

Cette période à été riche en nombre de festivals et autres galas. A Paris, avec neuf participations au festival des arts martiaux de Bercy,  en province avec une quantité impressionnante de régions visitées,  et à l’étranger : Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Suisse, Israël et Canada.

Durant la saison 1985/1986, nous avons eu la chance et l’honneur de participer à une série de galas organisés par la FFJDA, appelés « la tournée d’adieu d’Angelo Parisi ». De septembre à juin nous avons assuré  « les premières parties » d’un des plus prestigieux judokas mondiaux dans une dizaine de villes de province.

Durant ces dix années, j’ai essayé de me renouveler dans le scénario, la mise en scène et l’accompagnement musical. Pour ce qui concerne le choix des techniques proposées, cela restait du ju-jitsu. Il n’était pas question d’en inventer, l’originalité résidait dans la construction des enchaînements.

Le choix de l’accompagnement musical n’était pas anodin, il demandait un peu de temps et d’imagination pour à la fois se renouveler  et pour que cette musique colle  aux enchaînements présentés. De la musique classique à l’électronique en passant par de célèbres bandes originales de films connus, nous avons consommé beaucoup de genres.

Préparer de telles prestations  demande de l’imagination, de l’organisation, mais surtout beaucoup de répétitions. Pour peaufiner chaque enchaînement, les mémoriser parfaitement, mais aussi pour s’assurer une excellente  condition physique qui permet de maintenir le rythme. Personne ne peut nier que ces démonstrations étaient assez physiques, pour le moins.

C’est aussi au cours de cette période que j’ai commencé à revêtir un kimono bleu. Les tenues  de couleur sont  apparues à cette époque en judo pour faciliter la compréhension du déroulement des combats, j’ai pensé qu’il en serait de même pour la présentation de notre discipline. De plus cela ajoutait un peu de couleurs, ce qui ne pouvait pas nuire à l’ensemble du spectacle

Dans la préparation de ces grands moments, j’avais deux objectifs qui ne sont pas forcément faciles à concilier : plaire aux néophytes et satisfaire les pratiquants. Tout  cela, sans trahir ni l’esprit ni l’histoire du ju-jitsu.

Je reconnais  que notre art a la chance de posséder un potentiel  technique aussi  efficace que spectaculaire. Il s’agit juste d’être capable de les présenter de façon harmonieuse et cohérente.

Parmi toutes ces démonstrations effectuées au cours de cette décennie, j’ai une petite préférence pour  l’année 1995 avec celle présentée à Bercy. Ce n’est que mon avis. Il n’est pas facile de se juger soi-même avec une parfaite objectivité. Soit on fait preuve d’une autosatisfaction béate, soit on est son pire critique. Les deux  cas ne sont pas constructifs. Mais mon sentiment me conduit à penser qu’elle est la plus aboutie, notamment sur le plan purement technique. C’est pour cette raison que je l’ai choisie pour illustrer cet article.

Bernard Pariset et le ju-jitsu

Il y a seize ans, le 26 novembre 2004 disparaissait mon père, Bernard Pariset. Il est allé rejoindre le « jardin des samouraïs ». Je lui ai consacré un nombre important d’articles qui rendaient hommage à l’homme et à son parcours exceptionnel.

Aujourd’hui je voulais insister sur son action en faveur de la remise en valeur du ju-jitsu dans notre pays au début des années 1970.

A la fin de sa carrière de champion, au début des années 1960, il a occupé différentes fonctions auprès de la fédération de judo, mais c’est la gestion de son club parisien de la Rue des Martyrs qui était devenue son activité principale. De là, il pouvait « prendre le pouls » de la population et plus exactement celui d’élèves et futurs élèves. Bien que le judo continuait son essor et que l’équipe de France rayonnait sur le plan international, cela révélait une attirance certaine pour l’aspect utilitaire des arts martiaux, c’est à dire la self-défense.

C’est en faisant ce constat qu’il eut l’idée de réhabiliter la discipline des samouraïs en insistant sur une des composantes qui avait été négligée, à savoir le travail des coups, l’atemi-waza. D’où l’idée d’associer les deux mots pour créer la méthode « Atemi ju-jitsu ».

Loin de lui l’idée de mettre en concurrence judo et ju-jitsu, comment cela aurait-il pu être possible avec son prestigieux passé de judoka ? Non, c’est en complémentarité que s’inscrivait son initiative. La preuve avec cette méthode conçue en parallèle parfait avec la progression française de judo de l’époque, dans le but de faciliter la tâche des professeurs. (Cela n’a pas toujours été compris.)

Entre 1970 et 1980, mon père publia quelques ouvrages privés sur le sujet et certains supports techniques et pédagogiques ont été proposés par la fédération. J’ai eu l’honneur de participer à la publication  de deux livres fédéraux présentant la progression debout et au sol et d’un film « super 8 » (nous n’étions plus à l’époque des dinosaures,  mais pas  tout à fait encore à celle des vidéos).

Durant cette décennie, peu de clubs s’intéressent à cette méthode, par contre ceux qui le font connaissent immédiatement  un succès retentissant, je peux en témoigner avec les effectifs du moment au club de la Rue des Martyrs.

C’est à partir des années 1980 que le développement au niveau national et international s’est véritablement opéré, mais ce n’est pas le sujet de cet article dont l’objectif est de rendre un nouvel hommage à un homme qui avait parmi ses nombreuses qualités celle d’être un visionnaire.

Suite de l’histoire de mes démonstrations, troisième partie

A partir de 1978 commença une longue période de démonstrations effectuées  en compagnie d’un nouveau partenaire : François Bernier. Il officia en tant que Uke jusqu’en 1984. Il s’était inscrit au club de la Rue des Martyrs en 1973 et avait rapidement gravi les échelons grâce à une pratique intensive.

Six années de démonstrations à travers la France et à l’étranger, mais aussi à l’occasion de quelques événements majeurs comme la « Nuit des arts martiaux » organisée par le magazine « Karaté-Bushido » en 1982 à Coubertin (le deuxième épisode d’une série, qui s’appelle maintenant le « Festival des Arts Martiaux), le Tournoi de Paris en 1983 et l’inauguration de Bercy en 1984 lors d’une soirée organisée par les fédérations d’arts martiaux, qui – pour une fois – s’étaient associées.

Ces prestations ont permis au ju-jitsu que je véhiculais de s’imposer  dans le monde des arts martiaux au-delà de celui du judo, et au-delà des frontières.

Si démontrer sa discipline dans des salles aussi importantes  que Coubertin ou  Bercy, représente de grands moments,  il est aussi important et peut-être plus chaleureux de le faire à l’occasion de galas en province.

Dans des salles plus modestes ont ressent davantage  la chaleur du public et son enthousiasme pour peu que la prestation l’enchante. Ensuite, à l’occasion des « après-galas » (à l’image de certaines  troisièmes mi-temps)  qui ne manquent pas d’être organisés, c’est l’occasion de contacts directs avec les dirigeants et  les pratiquants du club organisateur. Ces « après galas » », qui nous emmenaient systématiquement  jusqu’à plus d’heure, étaient la garantie de rudes lendemains. Mais la satisfaction du travail bien accompli, les nouvelles connaissances, les échanges et l’assurance d’excellents souvenirs effaçaient toute fatigue.

C’était aussi l’occasion de créer de nouvelles relations durables. Il n’était pas rare de retourner plusieurs fois dans certaines régions. Je pense notamment à la Vendée, chez Louis Renaudeau évoqué dernièrement à l’occasion de sa triste disparition. Entre les stages et les démonstrations j’ai dû me rendre une dizaine de fois dans le bocage vendéen. La disparition de Louis m’a beaucoup peiné.

Durant cette période de démonstrations qui allait de 1978 à 1984, il y eut une date particulière, c’était en 1982, à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de Judo féminins qui se déroulaient en France à Coubertin. Nous étions au début de la deuxième étape de ce que l’on a appelé « la relance du ju-jitsu » avec entre autres actions la mise en place d’une commission nationale au sein de la FFJDA. L’occasion était belle de promouvoir ce renouveau  et il était logique que ce soit une femme qui le fasse en endossant le rôle de Tori.  Ce jour-là, j’avais repris celui de « Uke », et c’est une de mes élèves ceinture noire, Marie-France Léglise, qui me « maltraitait ». Je me souviens d’une partenaire  paralysée par le tract devant un Coubertin plein à craquer. Il faut avouer que pour une première ce n’est pas évident. Je peux affirmer que nous avons réussi notre pari et marqué les esprits. Lors de cette journée, l’équipe de France féminine de judo avait « envahi » les podiums, installant définitivement le judo féminin – et français en l’occurrence – à la place qu’il méritait.

Pour l’anecdote, c’est à cette occasion que sont nés deux enchaînements majeurs avec une première approche des « 16 techniques » et des « 24 techniques ». Si je voulais favoriser le côté spectaculaire de notre discipline avec une grande partie « des 16 », j’avais à cœur de la présenter comme une méthode structurée et très technique en présentant  quelques techniques « des 24 ».

Ces prestations peuvent avoir  plusieurs vertus : celles d’enchanter le public, de faire connaître la discipline et parfois, comme ce fût le cas, d’être à l’origine de créations qui bénéficieront aux élèves en intégrant les programmes d’enseignement.

C’est aussi au cours de cette période que j’ai commencé à mettre de la musique sur les démonstrations. En France, j’ai dû être l’un des premiers à oser. Maintenant, on ne pourrait imaginer le contraire. Je me souviens que justement c’était en province, à Oyonnax dans l’Ain, une ville dans laquelle nous nous sommes rendus trois années de suite. C’est sur une musique de Jean-Michel Jarre que nous avons effectué cette première.

La prochaine partie de cet historique couvrira une décennie, celle allant de 1985 à 1995.

Vous pouvez trouver davantage de photos sur la page Facebook du club : Club Jujitsu Eric Pariset