D’un confinement à l’autre

Confinement, déconfinement, reconfinement ; voilà des mots que nous n’avions sans doute jamais prononcés avant le mois de mars. Inévitablement Ils doivent former le trio de ceux  les  plus utilisés durant cette maudite année 2020.

Le premier confinement, je l’ai vécu à Paris, le deuxième c’est à Niort que je l’entame. En dehors de l’aspect géographique il y a, pour ma part, bien d’autres différences.

Bien qu’elle soit qualifiée de « plus souple » j’avoue vivre (encore)  beaucoup moins bien le début de cette deuxième saison ; certaines séries devraient  se passer de suites.

En mars, nous avons été surpris, une sorte d’effet de sidération nous envahissait, cela  nous empêchait presque de réfléchir et d’analyser l’extrême gravité de la situation (surtout occupés que nous étions, enfin pas tous, à apprendre à faire notre pain, à ranger nos placards et à nous livrer à une introspection sans limite).  Malgré tout, assez vite, nous nous sommes rendu compte que, malgré ces saines occupations, ce ne serait pas facile, surtout à l’annonce de la première « prolongation ». Mais, il nous restait l’espoir de penser  qu’il s’agissait d’un phénomène  unique, même si commençait à être agité le spectre d’une deuxième vague.

Et puis nous étions en mars, après un hiver calamiteux  d’un point de vue météo (pas uniquement sur ce plan là, d’ailleurs), le soleil s’imposait et même pour ceux qui étaient « claquemurés » dans un espace réduit (ce qui pouvait être d’autant plus difficile à admettre), le ciel était bleu et les journées rallongeaient. Quant à ceux qui bénéficiaient  ne serait-ce que d’un carré de pelouse, Ils étaient presque les rois.

Enfin, même si au fur et à mesure nous nous rendions  compte que ce serait plus long que prévu, nous gardions l’espoir d’une certaine utilité. Effectivement les courbes se sont inversées. La suite nous prouva que décidément rien n’est jamais acquis.

Maintenant, c’est différent. Nous savons ce qui  nous attend, nous sommes en automne avec des jours de plus en plus courts et nous avons le sentiment que le confinement du printemps n’a servi à rien,  que nous n’avions rien appris, qu’il allait coûter très cher, que certains ont été sacrifiés inutilement et que son bénéfice a été dilapidé. Nous n’ignorons pas qu’avec ce « deuxième round »  les dégâts seront encore plus nombreux. Il s’agit d’un désespoir annoncé. L’accumulation des épreuves est indigeste, comme l’addition d’un stress causé par des situations contre-nature.

Aux drames sanitaires s’ajouteront des drames économiques et qu’aux 200. 000 petites entreprises déjà fermées viendront s’en additionner  beaucoup d’autres. Pour beaucoup en l’occurrence pour ceux qui sont en difficulté professionnelles, cela ne manque pas d’altérer la santé psychologique et physique.

Il existe aussi une différence de taille ; en mars il n’y avait qu’une France, celle qui pouvait travailler (exceptés  les malheureux chômeurs victimes d’un mal que nos différents gouvernements n’ont jamais pu juguler, ou si peu).

Maintenant, il y a deux Frances. Celle qui – heureusement – continue à travailler et l’autre pour qui c’est interdit. Il faut être concerné pour savoir ce que cela représente.  Qui accepterait d’être privé de revenu  durant huit mois, sans savoir quand il pourra à nouveau « gagner sa vie » ? Si, en plus il n’est pas contraint de mettre « la clef sous la porte » et se trouver ainsi plongé dans un gouffre sans fond en ayant perdu l’engagement d’une vie. (« La clef sous la porte », voilà encore des mots qui n’ont jamais été aussi souvent prononcés.)

Indiscutablement nous ne sommes pas égaux devant les sacrifices demandés. Pour certains, cela ne change pas grand-chose, tant mieux ; d’autres ont même prospérés ; enfin il y a ceux qui ont tout perdu, ou vont tout perdre dans les semaines à venir.

Cette différence de traitement entraîne d’inévitables  clivages, elle ne facilite pas la cohésion dont notre pays aurait pourtant  besoin dans ces moments difficiles. La division est palpable !

Sans contestation, la santé est primordiale, mais lorsque l’on perd son travail et les efforts d’une vie, il s’agit d’un vrai traumatisme, on risque  d’y perdre la santé et même parfois bien davantage. D’inévitables drames ne manqueront pas de survenir lorsque des familles entières seront plongées dans la précarité et la misère.

Au cours de sa dernière intervention, le Président de la République déclarait que le « travail continuait ». Peut-être qu’il considère  que gérer un restaurant, un théâtre, une salle de sport, être acteur ou comédien (et j’oublie bien d’autres secteurs) n’appartient pas au monde du travail. C’est grave d’oublier tous ceux pour qui la vie a basculé ou va bientôt basculer. Peut-être que même, au plus haut niveau – faute d’être concerné directement – on ne mesure pas  certaines situations désespérantes.

Nous ne sommes pas égaux devant les sacrifices qui sont imposés au pays. D’autant que les aides annoncées par le gouvernement sont bien souvent insuffisantes au regard du montant des pertes enregistrées depuis des mois. De plus, elles sont souvent soumises à des conditions que l’on peut remplir. Si elles avaient été suffisantes il n’y aurait pas autant d’entreprises obligées de fermer.

Et puis ce reconfinement intervient après huit mois d’épreuves, d’informations anxiogènes, de décomptes macabres ; imaginons qu’il en soit de même chaque soir pour les différentes causes de mortalités qui endeuillent chaque jour notre pays. Nous avons eu droit à une  exception, lors de la petite pause estivale, mais manifestement nous avons été négligents, à moins que ce soit le déconfinement qui  n’ait pas été bien préparé ?

Pour ceux qui sont concernés par l’impossibilité de travailler et pour qu’ils tiennent le choc, il faut aller chercher dans des réserves d’énergie et de courage qui ne sont pas inépuisables. A tout cela s’ajoute un manque de confiance envers ceux qui décident pour nous (le doute est omniprésent et justifié), mais aussi  en notre propre capacité à franchir  un mur chaque jour un peu plus haut, même avec la volonté la plus farouche, à moins de transgresser les interdits.  Des interdits qui empêchent l’exercice de certaines professions qui pourtant  ne semblent pas plus à risque, et même beaucoup moins, que d’autres ; des interdits qui empêchent de se cultiver le corps et l’esprit.

Souhaitons que nous n’ayons pas à établir d’ici quelques mois  un nouveau comparatif avec un troisième confinement  que certains commencent à nous prédire pour le printemps prochain. Toutes ces annonces qui sont autant de mises en garde que d’informations destructrices de moral, à fortiori  pour ceux qui l’ont déjà bien entamé.

Alors oui, pour certains d’entre nous ce deuxième confinement est plus difficile à vivre puisqu’il s’ajoute au  premier qui a fait déjà tant de dégâts, surtout  lorsque pour une catégorie de la population, il se déroule dans la solitude avec un périmètre de liberté limité.

Il reste l’espoir, l’espoir qu’avec le temps la situation s’améliore, mais surtout qu’il ne soit pas trop tard. Cela va bientôt faire neuf mois que chaque jour « nous espérons » !

Les pratiquants d’arts martiaux sont des guerriers, dans le sens le plus noble du terme, mais contre quel(s) adversaire(s) ?

Mes démonstrations. Deuxième partie.

Après avoir évoqué ma toute première démonstration effectuée au village-vacances du Golfe-bleu à Beauvallon-sur-Mer durant l’été 1977, aujourd’hui j’évoque celle qui a vraiment déclenché trois décennies de prestations au service du ju-jitsu.

C’était la même année, au mois de septembre. Un évènement, ou plus exactement un non-évènement a été à l’origine de cette aventure.

A l’automne 1977, devaient avoir lieu les championnats du Monde de judo. A l’époque ce rendez-vous planétaire se tenait tous les deux ans. C’est Barcelone qui devait les accueillir, or de graves évènements politiques secouaient le Pays basques, annulant un rendez-vous médiatique important.

La fédération française de judo a voulu compenser cette absence de Mondial par une soirée de gala, durant laquelle le point fort serait une rencontre en match aller-retour opposant l’équipe de France de judo à une équipe universitaire japonaise. La soirée devait proposer en alternance avec les combats différentes démonstrations, dont une de ju-jitsu que  j’ai eu l’honneur et le plaisir de présenter, toujours en compagnie de Michel Yacoubovitch.   Cette méthode, appelée « Atemi ju-jitsu »  venait en complément du judo, elle commençait à intéresser un large public et à garnir les dojos. J’étais Uke et  Michel  endossait le rôle de Tori.

C’est au stade Pierre de Coubertin que se tenait cette soirée, ce bon vieux stade qui a vu se tourner tant de pages du sport en général et du judo en particulier.

La démonstration a connu un vif succès. Il est vrai que le ju-jitsu est à la fois une méthode de self-défense à l’efficacité incontestable et certaines des techniques utilisées peuvent être très spectaculaires.

Nous avions proposé deux parties. Une première dans laquelle nous présentions  différentes ripostes en réponse à différentes attaques. Une deuxième, selon le système des techniques démontrées puis enchaînées (une technique démontrée, une deuxième, puis enchaînement des deux. Une troisième démontrée et enchaînement des trois et ainsi de suite, jusqu’à cinq et parfois six), ce qui permettait de finir sur une touche dynamique.

Lorsque j’y repense, je constate que nous en étions aux balbutiements et que par la suite j’ai eu à cœur d’innover, sans trahir l’esprit de notre art martial.

Pour être franc, nous n’imaginions pas un tel succès ; il a engendré tout de suite beaucoup de sollicitations de la part d’organisateurs de galas qui souhaitaient  notre présence dans différentes fêtes de club.

Bien d’autres articles sur mes démonstrations viendront compléter les deux premiers, le sujet est vaste et ne manque pas de grands moments et de petites anecdotes.

Bilan et questions

Cela va faire cinq mois que le dojo de la Rue Victor Chevreuil a fermé ses portes, victime de la COVID 19. Après ces mois on ne peut plus éprouvants, le besoin de faire un bilan s’est fait ressentir comme celui de partager quelques interrogations avec mes (anciens) élèves.

Aussi, j’ai pris l’initiative de leur adresser un courriel la semaine dernière. N’ayant rien à cacher, j’ai pensé le rendre public. Je le publie donc en intégralité !

Que les choses soient clairs, il ne s’agit pas de se plaindre pour se plaindre (loin de là) et ni de baisser les bras (encore moins), mais juste de faire une mise au point, de faire état de certains doutes et d’exprimer ce qui me semble être une légitime colère !

Chers élèves, Chers parents,

Presque cinq mois après la fermeture du dojo de la rue Victor Chevreuil, j’ai pensé faire le point en vous donnant quelques nouvelles et impressions. Il y a aussi un bilan à faire six semaines après la rentrée et des questions se posent suite aux récentes annonces présidentielles.

D’abord, à propos de notre dojo « mort-né », certains, ils ne sont pas nombreux, ont pensé que je n’aurais pas dû fermer si vite. A cela, je répondrai plusieurs choses.
(A noter que, bien malheureusement, je ne suis pas le seul !)

En premier lieu, je ne leur en veux pas, lorsque l’on n’a jamais été confronté à l’entreprenariat privé, certaines choses nous échappent.

Ensuite, il ne s’agissait pas d’une décision, mais d’une obligation. Notre  toute jeune structure n’avait  pas eu le temps de faire des réserves, de constituer un « trésor de guerre ». Aussi, lorsque du jour au lendemain vous est imposée une fermeture d’une durée illimitée, comme cela a été le cas le 16 mars dernier, que vous ignorez totalement la date de reprise, mais que vous pressentez que cela ne va pas être une affaire de semaines mais de mois, et que d’un autre côté vous êtes sommé de régler un loyer que vous ne pouvez pas régler pour cause d’activité réduite à zéro, vous n’avez pas d’autres choix.

Certes, j’aurais pu attendre d’être expulsé, ce qui n’aurait pas manqué de survenir puisque le gouvernement n’a rien fait pour les locataires, la priorité étant manifestement  réservée « aux possédants ». J’aurais donc été expulsé ou bout de plusieurs mois avec une dette colossale de loyers, de pénalités et de frais de justice, ruinant ainsi définitivement tout espoir de survie ! J’ai préféré faire un taï-sabaki, c’est-à-dire une esquive. A quoi aurait-il servit  d’enseigner toute une vie l’art de ne pas s’opposer à la force brutale et violente, si ce principe fondamental  n’était  pas appliqué au quotidien lorsque les difficultés s’abattent ? Même avec la volonté la plus farouche, personne n’arrêtera  tout seul un TGV ! Il est préférable d’être à côté des rails. Il s’agit d’une métaphore un peu brutale, mais de circonstance.

Ce que nous sommes en train de vivre actuellement  ne fait que confirmer ce pressentiment qui était le mien.  Les dernières mesures annoncées vont être cataclysmiques pour certains secteurs d’activité.

Bien sûr que je regrette cette issue fatale, comment pourrait-il en être autrement ? Ce que  je ne regrette pas  c’est d’avoir évité un combat qui n’avait pas de sens ; un combat d’une inégalité aussi effrayante que désespérante. D’ailleurs il ne s’agissait pas d’un combat, mais d’une exécution. Je ne suis pas la seule victime et leur nombre ne cessera de croître dans les semaines et mois à venir.

Plusieurs mois après  la fermeture imposée du 16 mars, les clubs qui ont réussi à reprendre l’activité en passant la première vague grâce à leur ancienneté, sont à leur tour en grande difficulté face à cette deuxième vague. A Paris et dans de nombreuses régions, la pratique des sports de combat a été à nouveau  interdite pour les adultes. Quant aux structures municipales, qui n’ont pas de frais de location, elles sont confrontées à d’autres problèmes, notamment celui de l’accès  aux infrastructures, pour des questions de responsabilité.  Concernant les salles de sport, elles restent fermées.

Les mesures annoncées par le Président de la République risquent d’être le coup de grâce pour beaucoup de « survivants ».

A propos de responsabilité, à qui attribuer celles qui  ont conduit (et vont conduire) des milliers d’entreprises à disparaître et à jeter des millions de gens dans une terrible précarité ? A ce virus, bien sûr,  dont nous ne pouvons nier l’existence et les terribles dégâts ; mais peut-être aussi à la gestion de cette crise ! Prenons un seul  exemple, parmi beaucoup d’autres : comment  ne pas s’interroger  quand on voit sur les plateaux de télévision des experts de la même spécialité s’écharper parfois de façon incompréhensible, presqu’indécente  et surtout inquiétante en nous offrant des analyses
contradictoires et qui de toutes les façons, quoiqu’il advienne, ne connaîtront jamais de fins de mois difficiles, tout comme nos donneurs d’ordres.

Pour conclure je dirai que je suis triste pour ceux qui avaient fait confiance à ce dojo. Je suis inquiet pour les arts martiaux en général et le ju-jitsu en particulier, il faudra du temps pour remonter la pente. Je ne pensais pas un jour assister à un tel massacre de mon métier. Je suis en colère face au sort qui est réservé à la majorité des  petits artisans, dont je fais partie. Il s’agit bien d’une catastrophe économique plongeant les victimes dans d’effroyables conditions.  Les inégalités de traitement seront-elles éternellement présentes dans notre société ?

Une toute dernière conclusion à l’attention de ceux qui m’ont proposé une aide financière pour que le dojo ne ferme pas. Je voulais les remercier, bien sûr, mais aussi leur dire que si j’ai refusé, c’est que les sommes qu’il aurait fallu engager étaient trop importantes, que nous partions dans l’inconnu le plus totale, que la gestion de la crise avait de bonnes raisons de nous laisser perplexes  et que manifestement, vu la tournure des événements, nous avons la confirmation que cela aurait été fait en pure perte.

Malgré ce message qui, il faut l’avouer, n’est pas très gai, à l’image de la vie que  beaucoup d’entre nous vivent en ce moment, je ne désespère pas que nous puissions un jour nous retrouver sur un tatami et/ou à défaut, nous revoir.  Au fond de moi la flamme de l’espoir brille encore, heureusement d’ailleurs !

Chers élèves et Chers parents, je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ce message jusqu’au bout et je vous adresse mes salutations amicales les plus sincères et les plus chaleureuses.

Eric Pariset

Mes démonstrations. Le début !

 

 

 

 

 

 

Même si elles n’ont pas été l’essentiel de ma vie professionnelle, celle-ci étant occupée à 99 % par l’enseignement, les démonstrations ont représenté de grands moments dans ma vie de budoka et elles ont largement participé à une modeste notoriété dans le monde des arts martiaux, dans notre pays et au-delà !

Leur préparation prenait du temps, mais j’éprouvais autant de plaisir dans l’élaboration de l’enchaînement  que lors de sa présentation.  La préparation était un travail minutieux qui consistait à choisir les techniques et les enchaînements, de façon à obtenir une présentation la plus complète possible de la discipline. Ensuite il y avait de nombreuses répétitions, cela  me rassurait et surtout j’avais à cœur d’essayer de proposer un travail soigné. La présentation, pour peu qu’elle soit appréciée, était la récompense de ce travail durant lequel les heures et la sueur n’étaient pas comptées.

Pour resituer les choses précisément, c’est au camp varois du Golfe-Bleu, bien souvent évoqué dans mes articles, que leur histoire a connu ses débuts.(Il s’agissait d’un camp de vacances où se tenait chaque été un stage international de judo.)

Cette première présentation n’avait pas grand-chose à voir avec les suivantes, elle  avait avant tout le goût des vacances, nous étions davantage dans l’animation d’une soirée d’été que dans l’ambiance d’un gala d’arts martiaux.

Comme dans beaucoup de villages de vacances les soirées proposent différents spectacles.

Nous étions en 1977. Cette année là, je dirigeais un stage de ju-jitsu durant le mois d’août en compagnie d’un élève de mon père, Michel Yacoubovitch. De dix ans mon ainé et cinquième dan à l’époque, il avait été un brillant compétiteur  de niveau national en judo et était convaincu lui aussi par la méthode de ju-jitsu.

Le responsable des animations nous avait demandé de mettre au point  une démonstration ayant pour  thème un combat à mains nues entre deux samouraïs.

Le scénario était le suivant : « Une légende raconte que certaines nuits de pleine lune, dans un jardin d’un temple japonais, les statuts représentant d’illustres samouraïs s’animent pour revivre les combats de leurs glorieux ancêtres ». Un peu « bateau » je l’admets, mais nous étions au mois d’août sur la côte d’azur.

Michel étant mon ainé en âge et en grade, c’est tout naturellement que le rôle d’Uke me fût attribué.

Bien qu’étant dans un centre où se déroulait l’un des plus grands rendez-vous du judo de la planète, nous étions à une époque où les tatamis n’étaient pas amovibles, c’est  sur le plancher de la scène du petit théâtre du village que nous dévions évoluer.
Nous avions donc décidé de présenter une démonstration uniquement composée de techniques effectuées au ralenti. Nous n’étions pas vraiment en tenue de samouraïs, ni même en kimonos, mais tout simplement en pantalon et torse nu ; jeunes, musclés et bronzés !

Le rideau se levait alors que j’étais porté en « kata-guruma » par mon partenaire ; tous les deux parfaitement statufiés. Un texte présentait le pitch et une musique asiatique suivait.

A partir de ce moment Michel me reposait et nous entamions un combat en donnant l’impression d’un film diffusé au ralenti. La prestation n’excédait pas quelques minutes elle était composée de techniques pouvant s’effectuer très lentement. L’ensemble étant accompagné d’un magnifique jeu de lumières.

Nous avons remporté un joli succès, cela  m’a donné l’envie de continuer et c’est donc par une douce nuit provençale qu’a débuté l’histoire de mes démonstrations.

La suite eu lieu assez vite, un mois après en septembre, à Paris au Stade de Coubertin, elle fera l’objet d’un prochain article.

Mon ju-jitsu

Aucune appropriation, ni prétention dans ses deux mots, mais juste l’expression de mes préférences.  Celles que j’éprouve en matière de ju-jitsu, une appellation dans laquelle on retrouve presqu’autant d’écoles que de pratiquants, avec souvent de grandes différences, non seulement techniques mais aussi « philosophiques ». C’est un autre sujet.

Le ju-jitsu que je pratique, enseigne et démontre (quand un virus ne vient pas l’interdire) c’est  tout naturellement en France, avec mon père que je l’ai appris. Il a été l’un des premiers judokas français à conquérir un palmarès exceptionnel, ce qui ne l’a pas empêché d’être passionné par les autres disciplines de combat. Sa croisade pour la réhabilitation du ju-jitsu au début des années 1970 en est la meilleure preuve. Ce que l’on appelé à l’époque la méthode « atémi ju-jitsu » qui soulignait la revalorisation du secteur des coups, m’a tout de suite séduit.

Les deux premiers qualificatifs que je lui associerais sont : simplicité et évolutivité.

Simplicité, dans la mesure où, à l’aide d’un enseignement adapté, tout le monde peut pratiquer cet art. Evolutif, justement parce que la richesse technique donne d’infinies possibilités d’évolution. Le nombre de techniques, les variantes et les différentes combinaisons sont sans limites.
Le principe de non-opposition qui parfois est oublié, lui confère une sorte d’universalité.

L’ensemble de ces éléments lui donne une efficacité incontestable en matière de self-défense. Le ju-jitsu est aussi une formidable méthode d’éducation physique et mentale.

La construction d’enchaînements dans lesquels on recherche la fluidité entre les différentes composantes m’a toujours passionné. On peut être performant dans les trois secteurs qui composent le ju-jitsu (coups, projections et contrôles) sans forcément faire preuve de fluidité lorsque que l’on doit les enchainer. Or, c’est cette capacité à enchainer les différentes techniques, qui fait l’efficacité et l’intérêt de notre ju-jitsu.

Que ce soit à l’occasion de mes démonstrations, mais bien plus encore dans mon enseignement, j’ai toujours apprécié cette création d’enchainements dans lesquels les techniques se suivent le plus naturellement possible. Partant du principe, par exemple, qu’un coup enchaîné avec une projection et un contrôle ne devaient faire qu’un. Loin d’une « salade composée », mais plus proche d’un plat unique dans lequel le liant donne toute la saveur.

Les livres et DVD présentés sur la photo d’illustration de cet article ne sont pas des recueils  de recettes de cuisine, mais bien composés de techniques et d’enchaînements de ju-jitsu. Leur publication  a été faite dans le but de servir de support à un enseignement qui ne peut se faire que sous la responsabilité d’un professeur. Cela a représenté un gros travail qui venait en complément de mon métier, des stages et des démonstrations effectués en France et à l’étranger. Mais la passion est un excellent pourvoyeur d’énergie.

Privé depuis quelques mois d’action pour cause de virus, l’exhumation des souvenirs  est un palliatif salvateur, en attendant de pouvoirs créer d’autres moments qui marquerons la mémoire. L’action, quand elle sera possible, se transformera forcément en souvenirs.

Est-ce que demain aujourd’hui sera hier ?

eric@pariset.net

Un état des lieux et une question…

La semaine dernière, j’évoquais l’importance de la régularité dans la pratique. Ce n’est pas cette année qu’il sera facile de suivre cette recommandation, même avec la meilleure volonté du monde, surtout dans certaines régions. Certes, le gouvernement a revu sa copie en autorisant les moins de 18 ans à fouler les tatamis, mais pour les adultes il faudra patienter encore au moins quinze jours, dans les fameuses régions en rouge. Nous ne sommes plus à quelques changements de programme près.

Combattre le virus réclame sans doute des réglages, des « adaptations à la situation », on aimerait juste un peu moins de cacophonie,  moins de divergences d’opinion entre les scientifiques et plus  de cohérence (et de vérité) de la part des politiques.

On ne peut que constater le manque d’accueil dans les hôpitaux, mais est-ce notre faute à nous, contribuables de base, si  l’argent public (notre argent) est mal utilisé ? D’autant que ceux qui sont en charge de cette « utilisation » ne sont jamais sanctionnés financièrement à titre personnel en cas de faute et de mauvaise gestion. Par contre, la sanction  est tombée pour des citoyens qui n’ont commis aucune  faute et qui ne demandaient qu’une chose : travailler. C’est juste insupportable !

Peut-être aussi qu’en six mois il aurait été possible de faire en sorte de  ne pas être pris au dépourvu face à cette deuxième vague pourtant  largement annoncée !

Il y a la gravité de la pandémie, mais maintenant commencent à se faire sentir les d’autres dommages. Nous entrons, pour certains domaines, dans une phase destructive sur bien des plans, c’est indiscutable.
Les aides promises, si les promesses sont tenues, sont de toutes les façons bien insuffisantes face au montant des préjudices.  Nous allons devoir faire face au chômage pour certains, aux faillites personnelles pour d’autres, des familles entières plongées dans la précarité et ensuite dans la misère avec  d’inévitables drames humains.

Sans compter que le fait que tout le monde ne soit pas impacté de le même manière a tendance à opposer certains secteurs à d’autres ; cela ne va pas dans le sens d’une indispensable cohésion sociale. Peut-être est-ce souhaité ?

Je ne pensais pas qu’un jour ce beau métier (professeur d’arts martiaux), celui de dispenser un savoir,  serait un jour attaqué de la sorte.  Ce métier qui a été aussi celui de ceux qui m’ont tout appris et que nous sommes encore nombreux à exercer.

Dans les arts martiaux, il y a trois types de victimes. Les pratiquants, les professeurs et nos disciplines.

Pour les pratiquants, la frustration est le premier effet négatif. Pour beaucoup en ce moment, elle s’accompagne d’un sentiment d’injustice, tout du moins d’incompréhension. Il y a la frustration consciente et celle qui l’est un peu moins, mais plus destructive. La première est très simple à expliquer : on est déçu, tout simplement. Déçu de devoir arrêter un processus de progression, déçu de ne plus passer un moment agréable durant lequel on fortifie son corps, améliore son esprit et tisse du lien social.  La deuxième, c’est tout notre corps (y compris notre tête) qui en pâti. C’est un secret pour personne que lors des entraînements nous fabriquons de l’endorphine, qui est une sorte de drogue naturelle (licite), mais dont il est difficile de se passer. Cette endorphine est aussi un antidépresseur naturel qui ne coute rien à la société. Or depuis plusieurs mois, on subit un sérieux sevrage. C’est dommageable pour chaque individu et par conséquent pour la collectivité. Les bienfaits du sport sur la santé sont connus, c’est presqu’irresponsable de s’en passer. On me dit qu’il y a plus grave, mais à force de tout reléguer au second plan, la vie va vite devenir « compliquée » et dépourvue de toute saveur.

Quant aux professeurs, pour ceux dont ce n’est pas le métier, c’est contrariant, même très contrariant, la responsabilité vis-à-vis d’un groupe que l’on se doit de faire progresser est remise en cause d’une certaine façon. Pour ceux dont c’est le métier, c’est catastrophique. J’emploie volontairement le mot de métier, plus noble que « travail ». Surtout un métier comme professeur, qui plus est, professeur d’un art. Ce qui nous conduit au mot artisan, les définitions du « Larousse » me conviennent parfaitement. En effet, il y en a deux, celle qui fait état de l’aspect purement administratif : «Travailleur indépendant, qui justifie d’une qualification professionnelle et d’une immatriculation au répertoire des métiers pour l’exercice, à son propre compte, d’une activité manuelle ». Et puis, la seconde qui reflète bien la réalité : « Personne qui pratique un métier manuel selon des normes traditionnelles ». Parfait !

Toute ma vie, j’ai travaillé, sans ne jamais rien réclamer à personne. Je comptais sur ma force de travail et mes compétences. Lorsque surgissaient des obstacles, je les franchissais, parfois dans la douleur, mais je ne reculais pas ! Confronté à l’INTERDICTION, la volonté ne sert à rien ! A moins de devenir hors-la-loi et s’exposer à une forte répression.

Dans notre domaine, les dernières victimes sont nos disciplines. Un arrêt comme celui que nous avons connu de mars à l’été dernier, en plus d’être inédit, est ravageur. Et, dans certaines régions, dès cette semaine, cela recommence, c’est un peu trop, quand même !  Le plus préoccupant, c’est la stigmatisation qui risque d’entourer nos arts de combat, freinant inévitablement de nouvelles vocations. Or, comme dans toutes les sociétés, s’il n’y a pas de renouvellement, il y a extinction de la race. Nous n’en sommes pas encore là, il n’est pas envisageable que les arts martiaux cessent de vivre, mais ce qui est important, c’est que les structures qui les accueillent et les professeurs qui les enseignent, puissent survivre. La vigilance et la combativité sont plus que jamais de mise, même pourvues de faibles moyens.
Juste une question pour conclure : pour combattre ce virus, n’y avait-il vraiment aucun autre moyen que celui de mettre notre pays à l’arrêt et de massacrer des pans entiers de notre économie ? Ce qui ne manquera pas d’anéantir d’autres vies.

eric@pariset.net

Nouveau coup dur ou coup de grâce ?

L’annonce faite par le ministre de la santé concernant la fermeture des salles de sports dans certaines régions est un nouveau coup (très) dur, on peut presque parler d’exécution !
Cette annonce – émanant d’une décision prise unilatéralement par des gens qui ne connaîtront jamais les fins de mois difficiles ni l’angoisse de la faillite personnelle – prise en plein mois de septembre, le mois des inscriptions, risque d’être fatale à ceux qui avaient réussi à passer la première vague !
Quelle tristesse. Je sais qu’il faut toujours garder l’espoir. « Tant qu’il y a de la vie… ». Je ne suis pas persuadé que ce genre de  formule ait encore un sens dans la situation actuelle. Il ne s’agit pas de pessimisme, mais de réalisme.
Il y a l’aspect assassin pour ceux dont c’est le métier, mais il y a aussi l’aspect affectif. Assister â un tel massacre ne peut laisser insensible ! Certes, il faut garder l’espoir, nous sommes des combattants, mais contre quel adversaire et avec quels moyens ? Entre ce virus et sa gestion, il y a fort à faire (surtout sa gestion). Quelle désolation !
eric@pariset.net

Régularité, rigueur et souvenirs.

Il s’agit d’un article déjà mis en ligne  il y presque un an, mais quelque peu remanié.

Pour peu que la crise laisse la possibilité et l’autorisation de pratiquer les disciplines de combat, la régularité sera un élément déterminant dans cette pratique.

Davantage que la quantité de cours suivis par semaine, c’est la régularité qui prime pour réaliser des progrès. Un quotidien stressant (il ne l’a sans doute jamais été autant qu’en ce moment) ajouté parfois à une boulimie d’activités diverses ne facilitent pas la mise en place d’un rythme qui pourra pourtant s’avérer bénéfique sur bien des plans.

Lorsqu’il est possible de s’imposer une certaine rigueur, par exemple celle de fidéliser son entraînement sur les mêmes horaires, les résultats sont au rendez-vous ; pour progresser, mais aussi tout simplement pour adhérer à une forme de discipline, dans le but de prouver que nous sommes capables d’être soumis à quelques efforts qui ne ressemblent pas à d’extraordinaires contraintes. Au final ils nous offriront de belles autosatisfactions.

S’entraîner quand on le veut et s’entraîner quand on le peut, ce n’est pas la même chose. Comme expliqué plus haut, le stress du quotidien lié aux contraintes de certains métiers et aux obligations familiales sont des raisons recevables, mais lorsque l’on va s’entrainer parce que l’on a rien à faire de mieux, c’est regrettable ; certes nous sommes dans les loisirs mais nous pratiquons des disciplines particulières dans lesquelles « le mental » joue un rôle important, il n’est jamais inutile de le renforcer, ça peut servir dans notre quotidien.

La régularité est bonne pour l’esprit, mais aussi pour le corps. Celui-ci à une mémoire, il se souvient et lui imposer des irrégularités dans une pratique ne fera que semer le trouble, ce qui ne manquera pas de créer de néfastes désordres.

« Dans le temps », au célèbre dojo parisien de « La rue des Martyrs », il y avait cours de judo tous les soirs. Certains venaient les mardis et vendredis, d’autres les lundis et jeudis, ou encore les mercredis et samedis.  Chaque soirée avait sa spécificité. Et bien, il ne serait venu à l’idée de personne de manquer une seule de ces séances ou de la déplacer sur un autre soir, sauf nécessité absolue due à un souci de santé.  Il ne serait pas non plus venu à l’idée d’accepter une invitation ou d’organiser une réception chez soi lors de ces deux soirs. L’entraînement passait avant le reste.

A cette époque, ces réactions n’étaient peut-être pas le fruit d’une pleine conscience des bienfaits précités, mais sans aucun doute elles étaient dictées par une forme de respect plus important de la discipline que ça ne l’est actuellement ; ce n’est pas forcément la faute des pratiquants, mais d’une société qui nous abreuve immodérément de produits jetables.

C’est bien dommage, ce n’est certainement pas la meilleure façon pour s’immerger complètement  dans l’art martial. Le professeur possède aussi sa part de responsabilité, dans la mesure où c’est à lui de proposer des méthodes d’apprentissage et d’entraînement attractives qui donneront l’envie de persévérer, ainsi qu’une ambiance à la fois sérieuse et légère.
Finissons par une note positive en déclarant qu’une pratique, même «hachée » est préférable à aucune pratique et qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et s’imposer une petite discipline, dans la mesure de nos possibilités.
Il n’a échappé à personne, surtout pas à moi, que cette année est particulière et que beaucoup de raisons ne favorisent pas la régularité, ni même la pratique et tout simplement l’inscription dans des disciplines dites de contact. Assister à cet état de fait en en ne disposant que d’une étroite marge de manœuvre, c’est difficile ! Espérons un coup de pouce du destin !

La photo d’illustration représente le dojo de la Rue des martyrs à Paris, au début des années 1960.

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La tenue

Après avoir évoqué le dojo il y a quinze jours, puis le professeur la semaine dernière, aujourd’hui intéressons nous à « la tenue ».

« L’habit ne fait pas le moine », un peu quand même.

Par facilité on l’appelle le « kimono », mais ce nom désigne plus spécifiquement un vêtement, très joli, par ailleurs.

Chaque art martial possède sa propre appellation pour désigner ce que l’on revêt dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. On évoque très peu le « jujitsugi ». Pour les principaux arts martiaux japonais  on peut le nommer « dogi ». En taekwondo, c’est le dobok. Quel que soit son nom, cette tenue est importante et ne saurait être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » ; il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi.

Ensuite, grâce à sa texture cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts et autres sévices qu’on lui fait subir. Elle est hygiénique, elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements. Cette uniformité possède également comme vertu d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Nous sommes tous égaux pour ces moments d’étude et de partage. Enfin, dans le combat rapproché elle évite une proximité qui peut  être rebutante pour certains et certaines.

Cette tenue, je la respecte au plus haut point ; n’est-elle pas mon principal « outil de travail » ? (quand on a du travail).  Elle est aussi  devenue au fil des années ma « deuxième peau ». Parfois elle a même été mon « bleu de travail », comme nous le verrons plus bas. Certains s’en affranchissent quelques fois,  c’est dommage, surtout dans des disciplines dites à traditions.

Au début des années 1970, à l’initiative du champion de judo néerlandais Anton Geesink, il y eut une tentative de kimonos de couleurs qui n’a pas vraiment connu le succès. Ensuite, au début des années 1990, le kimono bleu est apparu lors de certaines compétitions de judo, dans le but de facilité la compréhension des combats. Dans le même esprit, j’ai moi-même opté pour cette couleur dans mes démonstrations et dans des ouvrages. Quelques professeurs l’utilisent à l’occasion de leurs cours, cela a été mon cas durant quelques temps, pour « aérer » mes tenues de démonstration, à l’époque où j’en faisais. Une fois cette époque passée, je suis revenu à la pure tradition. Et puis un enseignant doit pouvoir se distingue davantage par son savoir et son aura que par sa tenue.

Dans cet article j’évoque les arts martiaux, mais d’autres sports de combats possèdent leur propre tenue (boxe, lutte, etc.) et continuent à l’arborer fièrement.

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self-défense, dans des cours spécifiques. Ce pourra être aussi une approche et une étape avant de rejoindre le monde des budos.

En illustration, un kimono ayant appartenu à Jigoro Kano !

Le professeur

Il y a des professeurs qui ont  une technique parfaite et une très bonne pédagogie, c’est l’idéal. Il y a ceux qui ont une maitrise technique moyenne mais une excellente pédagogie, c’est l’essentiel.  Il y a ceux qui maitrisent parfaitement les techniques, mais qui ne possèdent qu’une pédagogie relative, c’est dommage. Enfin, il y a ceux qui sont mauvais techniciens et mauvais pédagogues, heureusement c’est rare ! Ces derniers ne doivent pas avoir beaucoup d’élèves, sauf s’ils n’ont pas de concurrence.

La semaine dernière j’évoquais le choix d’une discipline, mais le choix du professeur est tout aussi important. Démontrer parfaitement une technique est une chose,  qu’elle soit assimilée par les élèves, en est une autre. « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent ». Cette citation d’André Giordan (dont vous trouverez le parcours sur Internet) est éloquente. Un cours n’est pas un show et les explications se doivent d’être concises et ne pas se transformer en un discours interminable.

Comment savoir si l’enseignant d’un dojo est compétent et s’il nous conviendra ? Un néophyte est forcément privé de moyens d’évaluation.  Il y a la réputation bien évidemment, mais encore faut-il que celle-ci soit fondée  sur ce que nous recherchons. Un professeur peut former d’excellents champions, mais si l’objectif est de trouver une pratique utilitaire ou essentiellement tournée vers le loisir,  ces compétences là ne seront pas utiles.

Si c’est  un ami qui nous conduit dans son dojo, ce qui est souvent le cas, il est préférable (là aussi) que les aspirations de cet ami soient en concordance avec les nôtres.  Il faudra donc souvent  s’en remettre à la première impression et surtout ne pas avoir peur d’échanger avec le professeur et avec quelques habitués du dojo avant de s’engager.

Le métier de professeur, quelque soit la discipline enseignée (français, mathématiques, chant, danse, arts martiaux, etc.) est un des métiers les plus beaux mais aussi les plus difficiles. Lors du confinement que l’on nous a infligé au printemps dernier, certains parents, obligés de faire la classe à leurs enfants, ont pris conscience de cette réalité. Certes, chacun son métier et on peut opposer que c’était difficile pour eux dans le mesure ou ce n’est pas le leur, mais quand même…!

Pour être enseignant il est préférable de posséder quelques prédispositions, mais cela ne suffit pas. Georges Brassens disait : « Le talent sans le travail n’est qu’une sale manie ».
Donc, il faut toujours se remettre en question à chaque début de saison et veillez à ce que la passion ne s’éteigne jamais.

L’une des principales qualités d’un professeur qui s’adresse à différentes populations, comme c’est souvent le cas dans les arts martiaux, c’est d’être capable de s’adapter à l’âge et au niveau technique des élèves. Et en particulier aux débutants (qui sont les ceintures noires de demain). D’où l’importance du « premier professeur », celui qui bâtit les fondations. Dans un des mes articles publiés sur mon blog et sur Facebook, j’avais insisté sur ce point essentiel. J’avais même cité en exemple l’ex-danseuse étoile, Marie Agnés Gillot, résidant à Paris et qui accompagnait son fils chaque semaine en Normandie pour qu’il commence la danse avec celui qui avait été son premier professeur.

Dans le domaine qui est le notre, le professeur est un passeur de technique, mais il est aussi le transmetteur des fortes valeurs attachées aux arts martiaux, notamment ce fameux « Code moral », souvent affiché, pas toujours appliqué !

Donc, au moment de commencer, il est préférable de ne pas se tromper. Les mauvaises habitudes se prennent plus vite que les bonnes et elles sont tenaces.

Avec le temps on se souviendra que c’est à ce premier professeur que l’on doit d’être le pratiquant que l’on devenu ; il nous a fait découvrir et aimer une discipline et un art dans lequel nous nous épanouissons.

eric@pariset.net